vendredi 15 février 2013 - par MUSAVULI

RD Congo – Famille Kabila, quel héritage politique ?

C’est avec un réel malaise que les Congolais ont découvert l’identité de l’homme à la tête du commando qui se préparait pour mener un raid sur Kinshasa et liquider le régime de Joseph Kabila. L’homme n’est autre qu’Etienne Kabila, né d’une relation entre Laurent Kabila et Zaina Kibangula, Joseph Kabila étant né de Sifa Mahanya, selon wikipédia. Ainsi le sort d’une nation risquait de basculer sur fond de haine entre deux frères, fils de l’ancien Président Laurent Kabila, considéré comme l’incarnation d’une certaine fierté patriotique dans la lignée des lumumbistes. 

On se dit d’emblée que l’un est sûrement allé trop loin en envisageant de mener un raid qui aurait coûté la vie à son Président de frère. Mais on relève aussi, avec étonnement, que tout un Chef d’Etat a pu laisser un climat aussi malsain se propager dans les rangs de sa famille. Joseph Kabila a même fait pire en entrainant l’Etat congolais dans son conflit de famille. En effet, il est inimaginable qu’un gouvernement décide, comme l’a fait le gouvernement de Kinshasa, de remettre en cause un lien de filiation, quelle que soit la personne concernée (Chef de l’Etat). C’est aux cours et tribunaux de trancher ce genre de questions en s’appuyant sur le code de la famille.

On sait que la famille biologique de Laurent-Désiré Kabila est traversée par des conflits, mais là, on a franchi un cap. Etienne Kabila, qui a toujours nié le lien de filiation entre Laurent Kabila et Joseph Kabila – et il n’est pas le seul[1] - vit en exil en Afrique du Sud. Il est rejoint sur cette thématique par une assez large partie de l’opinion congolaise, notamment de la diaspora, qui n’a jamais été convaincue ni de la filiation biologique de Joseph Kabila, ni de sa nationalité congolaise d’origine, ce qui menace les fondements même de la république, le Président devant être un « Congolais d’origine » (article 72 de la Constitution).

Ainsi le débat sur les origines familiales de Joseph Kabila est-il extrêmement sensible au Congo. Mais surtout, le Chef de l’Etat, sur son parcours, est desservi par trois révélations devenues indéniables : son passage avéré dans les rangs de l’armée rwandaise, le fait qu’il n’ait vécu qu’à l’étranger (Tanzanie, Ouganda) toute sa vie et n’a pu découvrir le Congo que durant la guerre de l’AFDL, et surtout, le fait qu’il mène une politique étrangement conciliante avec le Rwanda et l’Ouganda, deux pays se livrant à des guerres répétées d’agression contre le Congo.

Ces deux pays, bien qu’ayant aidé militairement Laurent Kabila à renverser Mobutu, étaient devenus par la suite ses ennemis jurés qu’il a combattus jusqu’au jour de son assassinat le 17 janvier 2001.

La question qui se pose aux Congolais est de savoir à quoi rime la politique conciliante de Joseph Kabila vis-à-vis de Kigali et Kampala, accusés par l’ONU de commettre des crimes au Congo, et qui ne rêvent que de balkaniser la Patrie de Lumumba. Difficile d’affirmer ou d’infirmer que Laurent Kabila aurait fini par mener une politique comparable.

Une chose est tout de même certaine : le Congo est dans un état catastrophique. On ne peut pas avoir été un révolutionnaire, avoir passé des années à se battre dans les maquis, pour s’accommoder de l’image actuelle du Congo. C’est un pays ruiné, tout dernier au classement mondial de la pauvreté, dévasté par la corruption, l’impunité, les violences contre les personnes, les viols (capitale mondial du viol) et gouverné par des dirigeants incapables de protéger la population et le territoire national.

Les autorités congolaises appellent systématiquement à l’aide extérieur, provoquant dans certains milieux des ricanements à peine voilés, ce qui conduit à la ruine, jour après jour, de l’estime que mérite pourtant ce grand pays au centre de l’Afrique.

Il est possible qu’Etienne Kabila, comme de nombreux Congolais en lutte contre le régime de Kinshasa, ait été alarmé par la descente aux enfers du pays pour lequel son père avait consacré des années de lutte. Il s’est sûrement persuadé que le Congo dont rêvait son père n’est sûrement pas celui-ci et qu’il faut, comme tout patriote, tenter de faire quelque chose.

Mais ce n’est pas la réplique qui manque du côté de son « frère », Joseph Kabila, aux commandes du pays depuis l’assassinat du « père ». En s’appuyant sur les années de maquis et sur le fait qu’il lui a succéder au pouvoir, Joseph Kabila est objectivement dans la meilleure situation pour dire quel Congo doit être associé à l’héritage politique de Laurent-Désiré Kabila.

Un débat impossible à trancher puisque Laurent Kabila fut assassiné avant d’avoir eu le temps de publier ses mémoires et ainsi de brosser le profil de l’héritier politique devant mériter son estime.

On ne saura donc jamais lequel d’entre Etienne et Joseph Kabila serait en adéquation avec l’héritage politique que Laurent-Désiré Kabila aurait voulu léguer à la postérité.

Boniface MUSAVULI


[1] Pierre Péan, Carnage - Les guerres secrètes des grandes puissances en Afrique, Éditions Fayard novembre 2010, pp. 413-416 et 418.

 



5 réactions


  • Mwana Mikombo 15 février 2013 14:30

    « Etienne Kabila...a toujours nié le lien de filiation entre Laurent Kabila et Joseph Kabila ».


    Il peut toujours chanter celui-là d’Etienne. En tout cas, son faciès n’a rien à voir avec celui de Laurent-Désiré le défunt père. Il a plutôt l’air d’un métèque de type arabe. C’est plutôt Joseph qui, de faciès, ressemble à Laurent-désiré. Mais bon !



    • MUSAVULI MUSAVULI 15 février 2013 20:34

      Mwana Mikombo,
      La « ressemblance physique » comme argument en matière de filiation ?
      J’espère que vous ne parlez pas sérieusement.


  • Constant danslayreur 15 février 2013 14:36

    Et Marikou chtwala ? Métèque aussi ?

    Déjà dehors


    • Constant danslayreur 15 février 2013 14:51

      Fallait pas prononcer ce mot du coup les associations ben... elles viennent.

      Avec ma gueule de métèque de juif errant de pâtre grec et mes cheveux aux quatre vents

      Mais surtout surtout de mémoire c’est marqué à l’intérieur, ça ne risque pas de s’effacer...

      Qui donc a fait descennnnnndreuu
      de Nazareth un soirrrrr
      une juive aux yeux noirrrs
      cheveux de palissannnnnndreuu
      cheveux de palissandreuu
      son corps était à prennnndreuu
      pour quelques pièces d’orrrr
      toi, tu couchais dehorrrs
      où tu poivais t’étennnndreuu
      quand tu pouvais t’étennnndreuuu
      pauvre Judas, qui tendait les mains
      Judas le mendiant, Judas les mains videuuuus
      qui t’a rappelé tous les parricideuuus
      qui se sont cognés pour quelque putain


    • Constant danslayreur 15 février 2013 14:57

      Pu... on n’en fait plus des comme ça
      http://www.youtube.com/watch?v=LgB3P3Jb_wI


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