mercredi 6 juin 2007 - par Michel Monette

Société de l’information : l’ONU ne livre pas la marchandise

Selon le récent rapport Global Information Society Watch 2007, cinq institutions internationales qui devraient contribuer à l’avancement de la société de l’information dans le monde ne jouent pas pleinement leur rôle. Coproduit par The Association for Progressive Communications et The Third World Institute, ce rapport met en doute leur volonté de permettre à la société civile et à toutes les parties prenantes de participer pleinement aux décisions qui pourraient faire en sorte que la technologie de l’information soit utilisée au profit de millions de personnes dans le monde en .

Les auteurs du rapport sont conscients que l’accès aux technologies de l’information et de la communication (TIC) ne réduit pas à lui seul la pauvreté, mais soulignent que « le manque d’accès aux TIC risque fort d’aggraver l’exclusion sociale et de créer de nouvelles formes d’exclusion ».

Les cinq organisations internationales sont pointées du doigt dans la section Institutional Overviews du rapport. Les auteurs prennent soin de mentionner qu’il manque dans leur rapport une sixième organisation jouant un rôle majeur, ne serait-ce que par les nombreuses négociations qui s’y déroulent et qui influencent le développement des TIC : l’Organisation mondiale du commerce. Ils promettent que cette omission sera corrigée dès 2008, le Global Information Society Watch se voulant annuel.

L’Internet Corporation for Assigned Names and Numbers (ICANN), l’Union internationale des télécommunications (UIT), le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) et l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI) couvrent dans leurs missions et mandats à la fois les infrastructures technologiques, la production et la propriété des contenus et l’intégration des TIC dans les politiques de développement (rapport, page 27). C’est dire l’importance de leur rôle.

Déjà en 2005, les médias soulignaient le maigre bilan du Sommet mondial sur la société de l’information qui s’est tenu en deux temps, en 2003 à Genève et en 2005 à Tunis.

Le sommet avait tout de même accouché d’un mécanisme de mise en oeuvre au plan international de la société de l’information en fonction de grandes orientations :

Soulignons que la mise en oeuvre de huit de ces orientations relève de trois des cinq institutions critiquées par le rapport : l’UIT, le PNUD et l’UNESCO.

Une fois tombée l’effervescence autour du sommet, les belles promesses ont été suivies de peu d’engagements et de moyens de mises en oeuvre des orientations, ont constaté les auteurs du rapport.

Selon eux, l’organisation qui semble avoir le plus pris à coeur les orientations qui la concernent est l’UNESCO. Son engagement ferme à faire progresser la société du savoir et surtout l’intégration des orientations du sommet dans sa stratégie à court terme (2007-2013), pourraient produire des résultats positifs pour les pays en voie de développement. On en attend toujours autant du côté de l’UIT et du PNUD.

Quand à l’ICANN et à l’OMPI, leur présence au sommet s’est bornée à veiller au grain afin que les puissants intérêts qu’elles défendent (notamment ceux des grandes corporations qui poussent pour le développement de l’Internet commercial et qui tiennent mordicus à renforcer la propriété intellectuelle) ne soient pas menacés.

En somme, la société civile a été pieusement écoutée à Genève et à Tunis, mais ceux qui dictent les règles n’ont vraiment pas l’intention de se laisser embarrasser par leur présence. Une autre preuve que l’entreprise privée tient le haut du pavé à l’ONU.



3 réactions


  • La Taverne des Poètes 6 juin 2007 19:18

    Envoyons tous de l’argent à l’UNESCO !


    • Michel Monette 6 juin 2007 22:44

      J’y reviendrai pour tenter d’expliquer ce qui distingue l’UNESCO des autres institutions internationales. Le Global Information Society Watch 2007 est très riche pour qui veut comprendre les enjeux internationaux des TIC. Mon article le lui rend pas justice.


  • hamra 19 juin 2007 18:41

    Changer le monde ? dès 1990, je le savais pour suivre des cours à la Fac de Jussieu en langues étrangères que les décrets votés à l’ONU n’étaient pas respectés par les etats unis. Super puissance à la quelle tout le monde se plie depuis leurs interventions lors des guerres mondiales. Ne sont pris au piège que les naïfs. C’est ce qui a cautionné autant de haine. Et perturbé la formation d’une Europe fière de ses mythes d’aurore. Avalisant parallèlement l’exploitation des pays pauvres, et favorisant toujours autant le déclalage Nord-Sud, pauvres et riches...Tous les pauvres ne rêvent que de partir ou de s’enrichir...pas de changer le monde. En ce sens, le combat engagé depuis la nuit des temps a toujours semblé un pari perdu. Or « agé de 100 000 ans.. j’aurais encore la force de t’atteindre ô lendemain pressenti par l’espérance » : Robert Desnos. La cohérence oui la cohérence de l’humanité est là dans cette toile de fond nommée solidarité.


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