The Economist flingue la justice étasunienne
Mes papiers critiquant l’accord entre BNP Paribas et la justice étasunienne, impérialiste et manquant de mesure, avaient déclenché des débats passionnés. Malgré des désaccords sur cette affaire, The Economist apporte de l’eau à mon moulin dans une charge virulente contre la justice de l’Oncle Sam.
La sévérité du jugement de la bible des élites globalisées est assez stupéfiante, car The Economist a parfois soutenu des actions unilatérales de Washington. Il soutient que « les entreprises doivent être punies quand elles tournent mal, mais le système légal s’est transformé en racket et extorsion de fonds ». Très dur, il demande : « Qui dirige l’organisation d’extorsion la plus profitable du monde ? La mafia sicilienne ? L’armée de libération du peuple en Chine ? La kléptocratie au Kremlin ? Si vous êtes une grande entreprise, toutes celles-ci sont moins cupide que le système réglementaire étasunien ».
Bien sûr, je comprends que l’on puisse apprécier le fait que ces condamnations montrent qu’un Etat peut encore imposer sa loi aux plus grandes entreprises du monde, qui plus est quand leur comportement n’est au-dessus de tout reproche. C’était la logique du point de vue de Frédéric Lordon sur l’affaire BNP Paribas. Mais si cet aspect a un côté réjouissant, il faut quand même reconnaître que ce qui est possible de manière aussi large pour Washington ne l’est pas forcément pour les autres pays, encore que Caracas et Buenos Aires démontrent que c’est souvent plus un problème de volonté que de capacité. Mais c’est une chose de reconnaître que l’Etat peut toujours imposer sa loi aux intérêts privés.