vendredi 11 juillet 2014 - par Michel Segal

Ukraine : Histoire d’une guerre (2)

LES COMPTES - 6 juillet 2014

Voici de courts extraits de la séance du conseil de sécurité de l’ONU du 24 juin[1] portant sur un bilan chiffré. Pour mieux cerner les protagonistes, il importe de lire très attentivement les déclarations de leurs ambassadeurs dont les discours sont le plus souvent écrits en équipe et en liaison étroite avec le gouvernement qu’ils représentent. Bien qu’il s’agisse toujours de traduction, les mots, l’allure du discours et même le ton que l’on peut deviner entre les lignes sont importants. La séance commence par l’exposé d’un rapport du sous-secrétaire général aux droits de l’homme :

" Ce rapport couvre la période du 7 mai au 7 juin 2014. (…) Les progrès demeurent lents en ce qui concerne le processus de responsabilisation en cours pour les violences commises à Maidan et les incidents survenus le 2 mai à Odessa. Certains éléments des unités Berkut ont été arrêtés, mais des poursuites n’ont toujours pas été engagées relativement aux 113 personnes qui ont été tuées entre novembre 2013 et février 2014 pendant les événements de Maidan. Au moins six enquêtes ont été lancées concernant les événements tragiques survenus le 2 mai à Odessa. (…)En raison de ces multiples enquêtes, il y a un risque élevé de problèmes de communication et de contamination des éléments de preuve. Le manque de transparence dans la conduite des enquêtes suscite également des préoccupations. Il faut impérativement que ces enquêtes soient menées rapidement, en toute impartialité et de façon approfondie. (…) [Dans l’est du pays] la situation s’est détériorée davantage depuis la date butoir du rapport [7 juin]. Selon des estimations qui se fondent sur des informations recueillies auprès de sources officielles, 423 personnes, des militaires et des civils, ont été tuées entre le 15 avril et le 20 juin. Il y a eu une augmentation du nombre d’armes et une intensification de recrutements au sein des groupes armés. (…) Les enlèvements et les détentions par les groupes armés constituent toujours une tendance préoccupante. L’anarchie prend de plus en plus d’ampleur. Les violations des droits de l’homme commises par les groupes armés se multiplient et le nombre de crimes de droit commun augmente. Les observateurs ont relevé 222 cas de personnes qui ont été enlevées (…) Il y a de plus en plus d’informations faisant état d’une augmentation de cas de disparitions forcées et d’usage excessif de la force dans le cadre des opérations de sécurité menées par le Gouvernement. Il y a eu des victimes au sein de la population suite à ces agissements.(…) Les membres de la population se déplacent, en partie parce qu’ils ont peur mais aussi en raison des conditions économiques et sociales qui se dégradent. Au cours des deux dernières semaines, le nombre de déplacés dans le pays a doublé (…) En date du 23 juin, le Haut- Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés avait recensé plus de 46 100 déplacés, (…)En l’absence d’un système officiel d’enregistrement et compte tenu du fait que nos partenaires humanitaires ont un accès limité à certaines zones, le nombre de déplacés est probablement plus élevé (…)Le Gouvernement a été invité à répondre aux besoins humanitaires des personnes déplacées, notamment en mettant en place un système d’enregistrement, en adoptant des lois et des règlements destinés à faciliter l’accès à des droits sociaux et économiques importants et en mettant en place des programmes d’assistance publique (…)Environ la moitié de la population de la région de Donetsk est confrontée à des difficultés s’agissant de l’accès à l’eau.(…)"

 

Remarques : 

1) Les chiffres annoncés datent d’il y a un mois et ce sont les plus récents

2) dans les victimes n’appartenant pas à l’armée, l’orateur ne peut pas distinguer les civils des combattants car ils n’appartiennent pas toujours à des groupes identifiables ;

3) il est fait référence à des « groupes armés ». Qui sont-ils ? Deux réponses possibles : soit les membres d’auto-défense accusés par Kiev d’être des terroristes et des criminels, soit les milices nationalistes comme Pravyi Sector (Secteur droit) ou encore les bataillons formés à la hâte par les gouverneurs de provinces voisines nommés par Kiev ;

4) Les évènements d’Odessa (2 mai) font référence à la mort de 45 manifestants (chiffre minimal donné par la presse) enfermés dans un bâtiment et asphyxiés, brûlés vifs ou tués par balle ;

5) l’orateur précise que ses chiffres sont « des estimations fondées sur des sources officielles » ;

6) il précise en outre que le nombre de déplacés est supérieur.

Comme simple illustration de la difficulté, sinon l’impossibilité, de trouver des chiffres fiables et actuels, la BBC[2] publiait le 3 juillet le bilan suivant : 250 civils tués, 200 soldats tués, 800 rebelles tués, au moins 110 000 réfugiés en Russie et 54 000 déplacés en Ukraine, bilan recueilli auprès du gouvernement ukrainien. De son côté, RIANOVOSTI [3]publiait le 29 mai un bilan recueilli auprès des rebelles faisant état de 1200 soldats de l’armée tués et 200 rebelles tués.

 

L’ambassadrice des Etats-Unis prend alors la parole pour une diatribe contre la Russie l’accusant d’envoyer ses agents sur le terrain, puis, parlant du bilan :

"(…) Je n’ai nullement l’intention de minimiser les très réelles conséquences humanitaires de la crise que connaissent l’est de l’Ukraine et la Crimée, et notamment le fait que des dizaines de milliers de personnes sont déplacées à l’intérieur des frontières ukrainiennes. Mais nous devons être objectifs, nous appuyer sur des faits concrets, et dire ce qui est quant à ce qui a provoqué ces conséquences humanitaires désastreuses, à savoir l’appui politique et militaire que la Russie continue de fournir à la violence des séparatistes armés. Or, il est remarquable que, alors même qu’ils essuient les attaques des séparatistes et cette propagande incendiaire, le Gouvernement et le peuple ukrainiens font montre, en paroles et en actes, d’une volonté sans faille de trouver une solution pacifique. Les Ukrainiens ont élu un dirigeant, Petro Poroshenko, qui a fait campagne en faveur de l’instauration d’une Ukraine pacifique, démocratique et unifiée. Depuis qu’il a pris ses fonctions, le Président Poroshenko s’efforce constamment d’atteindre cet objectif par la voie du dialogue et de la réconciliation, y compris face aux provocations et à la violence (…) " 

 

Suivent de nombreuses interventions sans élément marquant, puis celle de l’ambassadeur de la Fédération de Russie  :

"(…)Kiev n’a pas non plus pris de mesures pour désarmer les groupes armés illégaux, en particulier les combattants dudit Secteur droit et d’autres ultra- radicaux, ainsi que les diverses milices régionales, comme Dnepr ou Azov, et la Garde nationale, dont le fondement constitutionnel est douteux. La crise ukrainienne est fortement marquée par le fait qu’il s’agit d’une conséquence directe du changement anticonstitutionnel et violent de gouvernement de février. Les habitants du sud-est se sont heurtés au mépris des autorités autoproclamées, ils ont copié les tactiques de « Maidan » et pris les armes pour proclamer leurs revendications légitimes. Or, on les a traités pour cette raison de séparatistes et de terroristes, et des opérations punitives ont été menées contre des villes entières, à l’aide de l’artillerie lourde et de l’aviation. (…)La situation humanitaire reste extrêmement grave, et les réfugiés continuent d’affluer vers la Russie. Nous sommes troublés par le refus du Ministère ukrainien des affaires étrangères de coopérer avec nous à cet égard. Nous appelons à la levée de tous les obstacles artificiels à l’acheminement des denrées humanitaires, et à la création de couloirs humanitaires pour l’évacuation des civils des zones de combat, (…)Plus de 450 000 ressortissants ukrainiens ont franchi la frontière avec la Russie. La plupart vivent chez des parents ou des amis, mais rien que dans les régions frontalières, plus de 220 abris provisoires ont été installés, y compris des villages de tentes. Il y a actuellement dans ces camps plus de 19 000 personnes, dont plus de 5 500 enfants. Cependant, les districts du centre et du sud de la Russie peinent à absorber cet afflux, et de nouveaux centres d’accueil sont mis sur pied dans d’autres régions de Russie. Dans tout le pays, les populations rassemblent de l’aide humanitaire pour les habitants du sud-est de l’Ukraine. Je ne cacherai pas que nous restons sans voix face à l’indifférence dont semblent faire montre en l’occurrence certains de nos collègues du Conseil, pourtant si enclins d’ordinaire à jouer la carte humanitaire quand cela les arrange politiquement. (…) Le rapport constate l’absence de progrès dans les enquêtes parallèles menées par l’OSCE, maintenant au nombre de six, ce qui prouve que l’on essaie de noyer la vérité sous le papier, et qu’il est nécessaire qu’une enquête internationale complète soit effectuée sur la tragédie d’Odessa, (…)pourquoi omet-on de nombreux détails en ce qui concerne les habitants de la région et les journalistes, ainsi que les vidéos montrant des tirs d’artillerie sur des zones résidentielles dans des villes du sud-est et des victimes civiles, qui sont le fait de l’emploi aveugle de la force par le Gouvernement ? (…)"

 

La dernière intervention est celle de l’ambassadeur d’Ukraine :

"(…) Le document relève le nombre croissant d’actes illégaux commis par des groupes armés illégaux très organisés, en violation des lois nationales et internationales. Il est extrêmement important de préciser que les violations des droits de l’homme et les problèmes humanitaires ne touchent que les villes qui sont sous le contrôle temporaire des groupes armés illégaux, notamment Sloviansk, Kramatorsk et Snijné. Entre autres activités illégales, ces groupes se rendent coupables de meurtre, d’actes de torture, de saisie de bâtiments administratifs et publics, d’enlèvements (…) et d’actes d’intimidation et de terreur à l’encontre des populations locales. (…)Les terroristes font délibérément la guerre à la population civile, entravant notamment la libre circulation des personnes, y compris les personnes handicapées. Ces personnes sont de façon cynique utilisées comme boucliers humains. (…)Je tiens à souligner qu’il n’y a pas de crise humanitaire en Ukraine. Les problèmes humanitaires dans certaines parties des régions de Donetsk et Lougansk sont causés uniquement par les activités des groupes armés illégaux pro-russes qui sont parvenus à prendre le contrôle de ces villes. (…)"

L’ambassadeur d’Ukraine termine sur la promotion du plan de paix de Porochenko, plan commençant par le cessez-le-feu du 20 juin, en cours au moment de la réunion, et auquel Porochenko mettra fin quelques jours plus tard.

 

Commentaire : On peut remarquer le soutien sans réserve de l’Américaine pour le gouvernement de Kiev, la colère du Russe quand il évoque l’indifférence de ses collègues, c’est-à-dire des pays, devant la question des réfugiés et enfin le ton glacial de l’Ukrainien qui emploie à cinq reprises l’adjectif « illégal ».

 



16 réactions


  • wesson wesson 11 juillet 2014 18:43

    Bonjour l’auteur, 

    bon désolé de le dire comme ça mais on apprends pas grand chose dans votre papier. Les USA soutiennent inconditionnellement le pouvoir Ukrainien, l’Ukraine trouve la Russie à l’origine de la totalité de ses problèmes et se dit « obligé » de bombarder sa propre population, et la Russie se dit consternée par l’apathie de la communauté internationale face à ce qui est objectivement un début de « purification ethnique ». 

    Bref rien de nouveau. 


    Et pourtant, il y a du nouveau là. Ou est Poutine ? Dans l’Amérique qui parle Espagnol et Portugais. Il s’est payé un petit voyage à Cuba et a annulé la quasi totalité de la dette Cubaine envers la Russie. 

    Il faut interpréter cela comme un message très clair de Poutine aux Américains. « Si vous nous mettez l’OTAN à nos portes en Ukraine, nous mettront une base militaire à Cuba ». Au passage Poutine va aller claquer la bise à Kirchner qui l’as soutenu pour la Crimée, et peut-être aussi à Merkel lors de la finale de la coupe du monde de foot.

    Poutine en tournée en Amérique du Sud - chasse gardée Américaine - et rencontrant les Allemands là bas alors que le torchon brûle ouvertement entre eux et les USA, il s’agit là d’un message diplomatique qui sera on ne peut plus clairement perçu aux USA. « Si vous venez nous faire chier à nos frontières, nous vous rendrons la pareille chez vous. »

  • Michel Segal 11 juillet 2014 19:02

    @ wesson

    Vous disiez dans un précédent message que le gaz de schiste c’était de la foutaise en Ukraine et aux USA. Pourquoi dites-vous ça ? 
    Oui, Poutine en Amérique du sud, c’est intéressant, je suis d’accord. Quoique je ne suis pas sûr que ça se range dans la diplomatie. Donc, le gaz de schiste ? 

    • wesson wesson 11 juillet 2014 19:16

      voici un graphique qui permet de bien se rendre compte de la situation. Il représente la production comparé au nombre de puits. Alors que ce nombre explose littéralement, la production ne fait que se maintenir. 


      Économiquement et à cause de cette nécessité de creuser toujours plus de puits, la dette des opérateurs a fait plus que doubler lors des 4 dernières années, alors que leurs revenus n’as augmenté que de 5.6% dans le même temps. Cf cet article de Bloomberg (en Anglais).

      Et alors que la production n’augmente pas et serait même en train de décliner, les réserves gazières des USA étaient en Mars 2014 au plus bas de 5 ans (à cause d’un hiver rigoureux), et le pays est toujours importateur net de 10% de leur consommation en Gaz.

      Bref, ça a tout d’une splendide bulle spéculative, et on parle en plus des gisements qui étaient vendus comme les plus prometteurs (et par définition, on commence par extraire là ou c’est le plus facile et le moins cher).



    • wesson wesson 11 juillet 2014 19:20

      « Oui, Poutine en Amérique du sud, c’est intéressant, je suis d’accord. Quoique je ne suis pas sûr que ça se range dans la diplomatie. »


      Vous plaisantez ou quoi ? En 1962 la crise des missiles à Cuba, ça ne vous dit rien ? Si Poutine a troqué 26 milliards de $ d’annulation de dette, n’allez pas croire que ça ne se fera pas sans une solide contre partie. Si les Russes installent une base militaire à Cuba, vous allez voir comment les Américains vont le prendre !

    • Doume65 12 juillet 2014 12:59

      @wesson

      « voici un graphique qui permet de bien se rendre compte de la situation. Il représente la production comparé au nombre de puits. Alors que ce nombre explose littéralement, la production ne fait que se maintenir. »

      Bonjour.
      L’ordonnée du graphique que tu mets en lien, selon sa légende, exprime le nombre de barils produits par puits, et non pas la production générale.
      Il me semble donc que la conclusion que tu en fais est erronée, car on voit que la production par puits stagne. Comme le nombre de puits augmente, la production totale augmente.


    • wesson wesson 12 juillet 2014 14:21

      bonjour doume, 

      désolé, je maintient. 

      Les données les plus pertinentes sont celles de l’EIA (Energy Information Administration).

      C’est l’administration Américaine de l’énergie. Sauf que elle publie des données avec en gros 2 ans de retard. 
      Et sur le gaz de schiste, l’EIA note effectivement une progression jusqu’en 2012. Elle s’explique notamment par l’exploitation d’un 3ème gros gisement : Marcellus, dans les Appalaches, ainsi que beaucoup d’autres petits gisements annexes.

      sauf que déjà on voit il y a bien que l’augmentation de la production de schiste entre 2011 et 2012 se tasse . Les 2 sites principaux (Barnett et Haynesville) qui à eux deux compte pour la moitié de la production Américaine. Ils ont décliné de 20% et 28% en seulement 1 an et demi. 

      Voici pour Haynesville, et pour Barnett (juste le nombre de puits)

      Quand aux chiffres de 2013, on les aura en 2015.

      Il y a des tas d’autres sources souvent en Anglais qui vont toutes dans le même sens. La fuite en avant suite le nombre de puits et sur les concessions de nouveaux sites permet aujourd’hui de masquer l’essentiel du déclin de cette production. Mais cela a tout d’un feu de paille. Les 2 gros gisements que l’on avait estimé à 30 ans de production au bas mot auront tout donné en même pas 10 ans. Et en corollaire, l’endettement énorme des sociétés qui se sont lancés là dedans. 

      Voir cet article en Français qui explique pas mal les choses

    • Doume65 12 juillet 2014 17:02

      @ wesson
      « désolé, je maintient. »

      C’est ton droit, et il n’y a pas de raison d’en être désolé, mais tu ne réponds pas du tout à ma remarque.
      Je n’ai pas essayé de contester une certaine réalité sur l’exploitation du gaz de schiste. Je te fais simplement remarquer que ce que dit le graphique n’est pas ce que tu lui fais dire. Et toi, tu réponds « autres études ». Si tu pouvais simplement répondre à la question posée...
      Soit me dire où je me trompe, soit reconnaitre qu’effectivement, cet graphique est mal choisi.
      Merci.


    • wesson wesson 12 juillet 2014 21:49

      Comme vous voudrez. 


      « Well production » référence la production d’un site dans son ensemble, et « number of wells » référence le nombre de trous par site.

      Même si la légende est malheureuse, la signification du graphique est bien cohérente à ce que j’ai écrit. J’ai mis d’autres graphiques concernant d’autres puits pour que vous puissiez voir qu’ils ont la même forme.

    • Doume65 15 juillet 2014 12:32

      @wesson

      « Comme vous voudrez. »
      Bonjour. Ce n’est pas une question de vouloir, je n’ai rien à revendiquer, mais je voudrais comprendre.

      « Well production » référence la production d’un site dans son ensemble, et « number of wells » référence le nombre de trous par site. »
      Oui, mais il est précisé : « Well Production (BBLS per Well) ». Je suis une bille en anglais, mais ça me semble clair : barils par forage.

      « Même si la légende est malheureuse, la signification du graphique est bien cohérente à ce que j’ai écrit. »
      Dois-je comprendre le mot « malheureuse » comme « fausse » ? Il y aurait donc une légende qui nous trompe ? Si c’est bien ça, merci de le confirmer. Si ce n’est pas ça, merci de préciser, car je (et je ne devrais pas être le seul) suis toujours dans l’expectative.


    • Michel Segal 15 juillet 2014 18:11

      @doume et @wesson

      C’est bien le problème des informations... 
      @wesson
      Je vous propose de laisser tomber l’explication d’une théorie par un graphique. Vous disiez en clair que le gaz de schiste n’a pas d’avenir. Dites-moi simplement les éléments qui vous le font penser (les preuves on verra plus tard). Sérieusement, pourquoi dites-vous ça ? Cette question m’intéresse et je ne parviens pas à me faire une opinion. Et comme vous semblez très sur de la votre, ça m’intéresse réellement. 

    • Zeb_66 17 juillet 2014 11:24

      J’ai passé une bonne partie de ma carrière dans la recherche pétrolière,

      C-à-d la recherche de gisements, autrement dit : la géophysique pétrolière

      et je suis resté en contact avec de hauts cadres du domaine.

      La situation du gaz de schiste n’est pas particulièrement brillante, en particulier aux USA.

      L’historique d’un puits en fracturation montre la courbe en cloche habituelle mais très courte dans le temps.

      Montée en production très rapide en 2-3 ans suivis d’une descente aussi rapide et au terme de 6-7 ans

      le puits en fin de vie a en moyenne engendré un bénéfice assez maigre, hormis les dégâts causés

      à l’environnement .

      Ce qui fait qu’Exxon a récemment revendu tous les droits quelle détenait sur un vaste champ pourtant très prometteur.

      Dans les années 1955 (si ma mémoire est bonne) les Américains avaient fait exploser une bombe atomique

      à grande profondeur en Pennsylvanie, dans l’espoir d’amorcer un gisement intéressant mais de perméabilité

      faible à nulle.

      Le résultat fut nul, à la mesure de l’investissement. Un peu de gaz et d’huile puis terminé...

      En faite, il faudrait broyer menu tout le gisement créer la poche de gaz et établir la migration de l’huile. ^o^

      Toute une région qui a subi une intense prospection par fracturation depuis 3-4 ans est actuellement

      le siège quasi quotidien de tremblement de terre, de faible intensité certes mais quid des remontés

      à la surface des dangereux polluants utilisés.

      D’ailleurs un rapport très récent de l’agence Américaine de l’énergie, l’EIA(Energie Information Administration)

      révise très fortement à la baisse, les perspectives de production de gaz de schiste aux US.

      Par exemple nous avons un très riche gisement de pétrole dans le golfe de Gascogne, fait inconnu du

      grand public, mais définitivement inexploitable : excellente porosité et perméabilité nulle...

      Nous avons seulement pu récupérer un peu d’huile et de gaz sur la bordure du gisement, dans la région

      de Parentis, grâce aux bouleversements géologiques du soulèvement pyrénéen.


    • Michel Segal 17 juillet 2014 17:08

      @ zeb66

      MILLE mercis pour cette indication claire et cohérente.
      En fait, je me demande un peu pourquoi Obama a proposé de vendre son gaz de schiste à l’europe. Ca lui fait une bonne raison de bloquer le South Stream et de pousser l’Ukraine à ne pas payer sa facture, ce qu’il fait effectivement, mais après ? 


  • wesson wesson 12 juillet 2014 00:17

    Tiens, pour quand même bien prendre la mesure de qui finance la guerre en Ukraine, une autre info encore sur bloomberg : S&P vient de rehausser la note de la dette souveraine Ukrainienne de Négative à Stable. La raison est que l’Ukraine se qualifierai pour recevoir la seconde tranche de 17 milliards de $ du FMI, ce qui devrait lui permettre de faire face à ses échéances de dette en 2015, et de lever d’autres obligations d’état. 


    Pour parler clairement, les USA assurent à l’Ukraine le financement de leur guerre civile, et l’extension du conflit vers la Russie. 

    C’était pas mon analyse, mais là quand même, je crois que les USA ont vraiment pété un plomb.

    • ablikan 12 juillet 2014 16:05

      Par « financement » vous voulez dire « endettement », et sinon le schema n’est pas nouveau, ils l’ont utilisé en Georgie/Ossetie, revolution detournée, armement, et genocide euh je veux dire extension vers la Russie.


    • wesson wesson 12 juillet 2014 16:21

      bonjour Ablikan,


      « Par « financement » vous voulez dire « endettement » »

      bien entendu. De nos jours, celui qui contrôle un pays n’est pas celui qui contrôle son financement, mais celui qui contrôle sa dette.

      Les financements, ça passe. Les dettes, ça reste, et ça détermine justement la capacité d’un pays à recevoir du financement. 

      Plus prosaïquement, les institutions internationales savent bien la fragilité du gouvernement de Kiev, mais il n’est pas question de leur faire cadeau du coût de la guerre qu’ils tentent de livrer à la population Russophone. Alors quelque soient les prochains au pouvoir, ils devront payer cette aventure.

  • wesson wesson 12 juillet 2014 21:50

    ça va pas être facile pour Kiev


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