lundi 31 mars 2014 - par Idir Hamitouche

Un écrivain à la présidence...

Yasmina Khadra n’a pas récolté les parrainages suffisants pour sa candidature.

Voir un jour un écrivain mondialement connu prendre la tête de l’Algérie c’est comme dirait l’autre passer du coq à l’âne.
C’est ce qu’à souhaité réaliser Yasmina Khadra en décidant d’être candidat à la candidature pour la présidence de cette année. Son envie, disait-il, lui vint de la douleur et de l’exaspération qu’il a éprouvé lorsque Bouteflika avait décidé en 2008 de changer par un tour de force la constitution de 1996 qui limitait alors l’exercice du pouvoir à deux mandats. Déjà, il a envisagé de se présenter. Ca ne sait pas fait. Alors, cette fois, alors que les circonstances sont davantage plus grave pour le pays, il décida d’y aller. Il faut dire que cet homme des mots, cet authentique humaniste, ce bédouin homme-libre, aime trop son pays pour supporter la charge de le voir dépérir les bras croisés.

Seulement, voilà, il n’a pu récolter les signatures nécessaires pour avoir l’accord du conseil constitutionnel. Retoqué. La demi-désillusion l’ayant rattrapé, il se consolera déclarait-il dans le JDD d’aujourd’hui avec " ses millions de lecteurs qui [l']encouragent, une famille qu’[il]adore, des amis formidables. "

Mais son constat reste amer et craintif quant à l’avenir du pays. Interrogé sur une insurrection presque imminente des algériens, signalant qu’"elle a déjà commencé dans les esprits ", il fait part de sa crainte de voir une nouvelle fois l’Algérie plonger dans la violence à laquelle cette fois, contrairement à la décennie noire des années 90, elle ne survivrait pas. N’hésitant pas à viser le " clan " qui gravite autour de Bouteflika d’être à l’origine de ce quatrième mandat " absurde " similaire à " une fuite en avant suicidaire ".
Néanmoins il en appelle à se rendre aux urnes, montrant son opposition aux boycotteurs dont la démarche est qualifiée de " reddition " et de " désertion ".

On retiendra, ce qui n’est pas étonnant d’une plume, quelques phrases chocs comme " En Algérie, on assassine surtout les esprits ", " une grande majorité (…) préférant la paix à l’émancipation " ou encore " Quand vous sortez indemne de huit ans de guerre, vous culpabilisez. Alors, pour légitimer votre survie, vous essayer de donner un peu de vous même là où d’autres ont donné leur vie. "

Alors Yasmina Khadra aura été encore plus court que Mario Vargas Llosa au Pérou, un nouvel écrivain-candidat qui a échoué pour la présidence.

I.H.



1 réactions


  • Gabriel Gabriel 31 mars 2014 10:13

    Dommage, il aurait peut-être gouverné comme il écrit et cela aurait pu être un fabuleux voyage pour l’Algérie. Dur pour les rêveurs, les justes et les poètes de s’imposer dans ce terrible monde. Qu’il continue de noircir les pages blanches avec l’élégance qu’on lui connait car la puissance des mots quand ils touchent les cœurs n’est jamais vaine.


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