mercredi 17 août 2011 - par Kessonfait ?

Un sursaut démocrate aux Etats-Unis ?

La commission d’enquête parlementaire sur la crise financière (FCIC) aux Etats-Unis, composée de 6 démocrates et 4 républicains qui rejetèrent les conclusions du rapport, a été créée en 2009, « pour une enquête approfondie et complète sur les causes de la crise financière ». Cela incluait les pouvoirs judiciaires permettant d’aller fouiller dans les comptes des banques, d’assigner des témoins à comparaître et d’entamer des poursuites. La commission pensait que lors de la publication du rapport, « les évènements de 2008 et leurs conséquences seraient loin derrière ». Or elle constata « qu’après la crise le secteur financier américain se trouve plus que jamais concentré entre les mains d’une poignée d’institution systémique ». Le renflouement accordé à la stabilisation et au sauvetage d’institution financière fut jugé urgent par le gouvernement car le risque de faillite menaçait tout le système. La commission dut étudier le paradoxe qui se trouvait dans le choix de l’effondrement total du système ou dans l’injection de milliers de milliards de dollars du contribuable alors que des millions d’américains perdaient leur emploi, leur maison et leur toit.

Il s’agissait, pour la commission, de comprendre la cause de la crise en déterminant ce qui s’était produit et comment, en exposer les faits, nommer les responsabilités, combattre les mythes et aider à comprendre comment cette crise aurait put être évitée. Bien que le potentiel de la crise ait mis des années à se former, l’explosion de la bulle de l’immobilier en fit le déclencheur puis se généralisa à l’automne 2008. Selon les conclusions du rapport, entre 1978 et 2007, le secteur financier fit passer sa détention de dette de 3000 à 36000 milliards de dollars et sa part au PIB fit plus que doubler.

Quelles furent les découvertes et les principales conclusions de la commission d’enquête dont le rapport fut rendu le 27 janvier 2011 ?

Cette crise était évitable, des avertissements furent ignorés dans la finance et la régulation publique. La soumission au dogme d’auto –régulation, qu’a répandue Alan Greenspan pendant trois décennies, a eu raison de tous les gardes -fous qui auraient pu empêcher cette folie. Les banques d’affaires et les holdings bancaires prirent trop de risques avec peu de capitaux les rendant dépendante d’emprunt à court terme. Les grosses primes de la part des prêteurs aux vendeurs d’hypothèques afin d’inciter à vendre plus gros, l’augmentation des activités suspectes et le tri des prêts insuffisants pour la revente sous forme de paquets à des investisseurs participèrent à l’érosion du sens de responsabilité et de l’éthique. Les normes d’éligibilités aux prêts hypothécaires furent réduites et permirent l’initiation de la crise. Les produits dérivés de gré à gré jouèrent un rôle significatif tandis que les agences de notations du crédit prirent le rôle essentiel dans la destruction financière. Les Etats-Unis furent privés de la force et de l’indépendance à la protection de sa stabilité financière.

La croissance du pouvoir financier prédateur et destructeur n’a eu d’égal que la décroissance de l’économie physique productive des Etats-Unis. Ce rapport fut ignoré par Obama qui continua a renflouer Wall Street au détriment du peuple. Récemment un sénateur démocrate du Kentucky, Perry Clark, le compare à Hitler pour la formation du super congrès qui prive le congrès de contre-pouvoir.



15 réactions


  • interlibre 17 août 2011 13:21

    Je vois pas très bien ou est le sursaut. Si ce n’est dans un énième rapport qui à déjà du finir dans la broyeuse à papier.

    En France aussi on a des rapport objectif mais aucun politique n’en tient compte. 
    C’est pour l’image, pour faire croire aux gens que l’on connait les causes des pbl et qu’on va les résoudre. 
    Ces gens n’ont plus l’excuse de la stupidité depuis longtemps, ils savent très bien ce qu’ils font.


    • Kessonfait ? 17 août 2011 14:12

      Au sujet de la crise tu trouves que nous avons des rapports objectifs en France. Lesquels ?


    • interlibre 17 août 2011 17:18

      J’ai lu 2 rapports intéressants et objectif concernant non pas la crise financière mais des problèmes sociétaux plus ou moins liés. Les 2 ont du finir à la poubelle comme celui ci.

      L’un concernant les rapports entre Français et Administrations (en général) Rapport annuel du médiateur de la république je crois.
      L’autre concernant le rapport entre Français et Représentation médiatique/démocratique. Je n’arrive pas à retrouver le lien :(
      Les deux étaient assez accablants.

    • Roosevelt_vs_Keynes 17 août 2011 17:23

      Le lien de Perry Clark est mort.

      Le voici . Je pense que c’est en ce sens que l’auteur pose la question à propos d’un sursaut démocrate aux USA...


    • Kessonfait ? 17 août 2011 19:17

      @ interlibre

      Des problèmes sociétaux plus ou moins liés ne sont pas les causes même de la crise. Ici il s’agit de spéculation, de dérégulateurs, de mensonges afin de déconstruire la nation américaine qui est la seule a possédé dans sa constitution un autre système économique (le crédit productif public) que celui des britanniques. Wall Street est plutot considéré comme traitre à la nation. La commission Pecora, en 1933, l’avait démontré non seulement Wall Street gérait le pays pour ses propres intérêts, avait provoqué la crise de 1929 pour prendre plus de pouvoir mais finançait l’Angleterre, la montée de Mussolini, et des fascistes aux Etats-Unis. Ici la commission ne me semble pas avoir le même flair que Ferdinand Pecora mais elle pose quand même les bases pour un sursaut.

      @RvsK

      Effectivement c’est bien dans ce sens que je l’entendais, afin de dire qu’il y avait une opposition à l’intérieur du clan démocrate. Certains républicains ont l’air de se joindre aussi à l’appel du Glass Steagall pour sauver la nation. Petit à petit la contestation se dirige vers quelque chose de sensé.
      Un autre lien que j’ai trouvé pour la lettre complète de Perry


  • Ferdinand_Pecora 17 août 2011 19:23

    @ L’auteur

    Dans cet article, il est question à la fois de finances spéculatives et de mise au pouvoir d’Hitler.

    Est-ce la même stratégie qui fut appliquée dans les années 1930 ? Si oui, qui tira alors les ficelles et qui les tire aujourd’hui ? Sont-ce les mêmes personnes ? Si elles sont trop vieilles - ce dont je ne doute pas -, il s’agit alors de réseaux qui agissent par delà les générations.

    En poussant le raisonnement jusqu’au bout : jusqu’à qu’elle époque peut-on retracer ces réseaux et, concrètement, QUI agit ainsi, DANS QUEL BUT, et surtout 1) COMMENT LES METTRE EN LUMIERE POUR LES ELIMINER et 2) PAR QUOI LES REMPLACER : y-a-t-il l’équivalent dans le monde en « forces du bien » ? Si oui, QUI, QUOI ?


    • Kessonfait ? 18 août 2011 14:54

      Où as-tu lu qu’il était question de mise en place d’Hitler ? Etait-ce vraiment un des 2 points essentiels de l’article ?

      Etant-donné ton pseudo, je ne m’étonnes pas du rapprochement que tu fais entre finance spéculative et fascisme. Une question me vient à l’esprit, est-ce que les rôles d’Obama et de Hitler sont les mêmes ? Et je rajoute celle ci, est-ce qu’Obama peut dévier du plan comme Hitler l’a fait ?

      Pour la question de l’élimination, je suis inquiet de ton intention. L’insistance par le caractère majuscule me pose un problème que tu peux résoudre.Cela m’évoque, dans un premier temps, l’expression d’une pensée extrême (élimination physique) qui, me semble t-il, ne traduit pas l’idée véritable (où alors je l’ai mal comprise) du mouvement de LaRouche et Cheminade que tu évoques fréquemment. Dans un second temps, l’expression sous-jacente d’une volonté humaniste (élimination du principe dans la pensée publique). Qu’en est-il ?


  • Piotrek Piotrek 18 août 2011 11:15

    Cette crise était évitable, des avertissements furent ignorés dans la finance et la régulation publique

    Toutes les personnes intègres et avertissant des dangers imminent ou à long terme ont étés écartés de leur poste à responsabilité par leur hiérarchie.

    Je pense à
    Brooksley Born (CFTC)
    Elizabeth Warren
    Et à une autre virée en 2005 d’une petite agence obscure de régulation dont je me souviens plus du nom.

    Donc ces personnes qu’on pourrait qualifier d’héroïnes, n’ont pas étés « ignorées », mais activement contenues et empêchées pour que le buziness continue sans accrocs.

    composée de 6 démocrates et 4 républicains qui rejetèrent
    les conclusions du rapport, a été créée en 2009, « pour une enquête approfondie et complète sur les causes de la crise financière »

    Bien j’ai lu le rapport, que je peux qualifier de « sévère » compte tenu du milieu de la langue de bois pour lequel il a été conçu.
    Je pense que le rejet du rapport n’est pas du à l’interprétation même de la crise, ce n’est du qu’a la distribution des responsabilités de la crise. Comme le panel est majoritairement démocrate, je pense qu’ils n’ont pas vu d’un très bon oeuil que Freddie Mac Et Fannie Mae aient été placés au coeur des causes de la crise.

    Il est évident qu’une décision de politiciens qui protègent les leurs, ne débouchera sur rien de bon !

    Quant au rapport, il ne cite pas vraiment de noms... Rien à propos de
    Magnetar et des autres ? L’affaire a pourtant valu un second prix Pulitzer à ProPublica !
    Si le capitalisme était ce qu’il devrait être, son créateur Alec Litowitz, pendouillerait haut et court au bout d’une corde sur le panneau de Wall Street, juste pour rappeler ce qui devrait se produire quand on foire avec l’argent des autres (riches)


    Récemment un sénateur démocrate du Kentucky,
    Perry Clark, le compare à Hitler pour la formation du super congrès qui prive le congrès de contre-pouvoir.

    Franchement, il y a mieux comme sursaut démocrate smiley


    • Kessonfait ? 18 août 2011 13:30

      As-tu vraiment lu tout le rapport ? Si tu le juges sévère pour son niveau de langue de bois tu ne me parais pas trés sérieux. Tu aurais pu relever toi même l’ambiguité de mes propos sur le rejet des conclusions. Seuls les républicains l’ont rejeté. Lorsque la commission a commencé son enquête, ses membres pensaient que le rapport serait donné bien aprés la fin de la crise. Au fil de l’enquête, me semble t-il, ils se sont réveillés. Etant donné le refus républicain de valider les conclusions et que la présidence était sous la responsabilité d’un démocrate, Phil Angelides, il a bien du y avoir des désaccords. C’est ici que je vois un sursaut démocrate. Pas seulement Perry Clark, qui traite Obama d’Hitler pour le coup porté au congrès en le court circuitant et formant un supercongrès d’une douzaine de personnes.

      La reconnaissance de l’évitabilité et de la prévisibilité de la crise donne raison à l’homme d’Etat Lyndon LaRouche sur la nécessité de rétablir la loi Glass-Steagall = protection de l’épargne populaire tout en limitant la puissance des établissements financiers privés et la banqueroute des spéculateurs non solvables. Il est aussi mentionné que l’émission monétaire telle qu’elle a été aurait pu ne pas engendrer la crise si l’investissement avait été fait dans l’économie productive réelle et non dans l’économie virtuelle des produits dérivés. C’est comme si les bookmakers étaient à la tête du pays.

      Même si le rapport n’a pas été aussi rapide que la commission Pecora, le ton n’est pas non plus identique à celui que nous entendons à la maison blanche. Il est ici le sursaut. Certains républicains soutiennent aussi le projet de retour à une activité de banques prudentes.


  • BOBW BOBW 18 août 2011 13:38

    Bof une « bulle vitrtuelle et anesthésiante » pour amuser la galerie et éviter les véritables mesures contre les « banksters ».


    • Kessonfait ? 18 août 2011 14:58

      Qu’est-ce que tu veux dire ?


    • BOBW BOBW 18 août 2011 15:43

      « nommer les responsabilités, combattre les mythes et aider à comprendre comment cette crise aurait put être évitée.  »


      Un leurre rassurant pour calmer une explosion ?? :

      Ceci semblerait valable accompagné de mesures concrètes appliquées effectivement mais je crains bien comme interlibre que ce soit seulement une vaine promesse : « C’est pour l’image, pour faire croire aux gens que l’on connait les causes des pbl et qu’on va les résoudre. »

      Un peu comme celle de sarko étalée dans toutes les médias « 

      Le 16 : Journal de fr2 de 20h : »le gouvernement français va prendre les grandes fortunes pour cibles"

    • Kessonfait ? 18 août 2011 16:17

      La commission n’a pas eu pour mission d’émettre des recommandations politiques mais de prendre la véritable mesure de la crise.
       - qu’est-ce que dans les conclusions du rapport tu estimes être un leurre ? N’ont-ils pas pris la mesure de la crise ?

      Sur la taxation des fortunes, quel leurre y vois-tu ?


  • himmelgien 18 août 2011 23:09

     C’est l’entrée dans le Chaos ( ou « 1984 » , au choix...)  : voter contre ce texte alors que l’on est « pour » lui, du moins pour l’essentiel  !... Je réserve mon avis sur l’initiative d’Obama qui en créant un « super-Congrès » commettrait en fait un coup d’Etat contre les institutions fédérales ( et un acte de trahison ! ). Celà signifierait que les US n’existent plus et qu’une structure « flottante » attend les nouvelles évolutions ( et les nouveaux maîtres !...) 
     Qui seront-ils ?... La crise des subprimes a déjà sonné le glas du capitalisme en tant que puissance dominante : il n’est plus qu’une force économique d’opposition, tout comme le Parti Communiste d’URSS a passé à l’opposition, pendant la perestroïka de Gorbatchev ( 1° mai 1988 ) !... Avec tous ces « Necker » contrariés, on semble s’acheminer vers un scénario à la « Zardoz » ( l’effrayant film de John Boorman de 1973 ) : c’est la ruée des gargouilles !... L’Armée ne pourra pas rester à l’écart du conflit dans la société civile , avec des troupes occupantes prises au piège et disséminées dans le monde entier !... D’où les actuelles opérations sur la Somalie ou le Yemen pour s’assurer des bases solides dans l’Océan Indien !... Sans oublier le Pacifique et l’Atlantique ( en quittant ses positions en Europe et en Méditerranée) !... La guerre qui s’annonce sera sans doute « la guerre des océans » !... « Voyage au fond des mers » ne sera plus une série TV à succès ( l’équivalent de « Stargate SG1 » des années 60 ...) , mais un cauchemar politique dans les abysses ! ... ( On regrettera la science-fiction !... ) 


    • Kessonfait ? 19 août 2011 11:42

      Ce super congrès sera chargé de couper 1500 milliards de dollars supplémentaires en plus des coupes budgétaires de l’accord de début août. Il ne sera pas demander au congrés de voter pour ou contre mais de choisir, sans amender ou discuter, entre des coupes uniquement dans le social ou à la fois dans le social et l’armée. La constitution a encore était bafouée (aprés la décision de la guerre en Libye)
      Quant « aux nouveaux maîtres », ils ne vont pas changer. Cela va rester Wall Street et la City de Londres et un nouveau plan de renflouement (quantitative easing 3) pourra passer plus facilement. Ceux sont les mêmes qui ont fait monter les régimes fascistes dans les années 20 et 30 ce que Ferdinand Pecora démontra dans les 100 premiers jours de la présidence de Roosevelt en 33.
      Pour éviter de se demander dans quel film de SF nous allons être, une seule solution, le Glass Steagall.
       


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