Une nouvelle résolution européenne pour le Tibet en 2007
A quelques jours du Nouvel an tibétain du cochon de feu, une résolution du Parlement européen sur le dialogue entre le gouvernement chinois et les envoyés du Dalaï Lama vient appuyer les demandes des Tibétains.
Par sa Résolution du 15 février 2007 adoptée par 71 votes contre un et une abstention, le Parlement européen recommande à l’Union européenne d’adopter une approche plus ferme pour favoriser le dialogue sino-tibétain. En particulier, la résolution invite le gouvernement de la Chine et le Dalaï Lama à reprendre leur dialogue sans préalable, afin de parvenir à des solutions pragmatiques qui respectent l’intégrité territoriale de la Chine et répondent aux aspirations du peuple tibétain.
De façon intéressante, cette résolution invite les États membres de l’Europe à promouvoir activement l’approfondissement du dialogue et, en l’absence de résultat tangible, à évaluer, en consultation avec les deux parties, le rôle que l’Union européenne pourrait jouer à l’avenir pour faciliter une solution négociée pour le Tibet, notamment en nommant un représentant spécial de l’Union européenne pour le Tibet.
Ce dernier point nous paraît important dans la mesure où les cinq rencontres précédentes s’inscrivant dans le cadre du dialogue engagé en septembre 2002 entre le gouvernement de la Chine et les envoyés du Dalaï Lama n’ont pas permis de régler les différences sur les problèmes de fond. En particulier, les deux parties n’ont pu atteindre une communauté de vues sur les relations historiques entre le Tibet et la Chine. Force est donc de constater que le dialogue sino-tibétain stagne.
Même si le gouvernement de la Chine exprime ses inquiétudes pour l’unité et la stabilité de la Chine, nous devons rappeler les déclarations cohérentes du Dalaï Lama, selon lesquelles ce dernier ne recherche pas l’indépendance, mais une véritable autonomie pour le Tibet.
Rappelons que le 15 Janvier 1998, le Parlement européen demandait déjà « au Conseil et à la Commission de nommer un représentant spécial de l’Union européenne pour le Tibet, chargé de prendre toutes les initiatives nécessaires pour qu’il soit donné suite aux demandes de celle-ci en ce qui concerne les droits civils et politiques au Tibet, et d’en suivre l’évolution ». Le 11 avril 2002 une autre résolution demandait encore au Conseil et à la Commission de nommer un représentant spécial de l’Union européenne pour le Tibet.
Le 12 novembre 2003, le Parlement européen adoptait une nouvelle résolution sur le Tibet qui demandait notamment au Conseil et à la Commission de nommer un représentant spécial de l’Union européenne pour le Tibet pour promouvoir dans un avenir proche des négociations sérieuses entre le gouvernement chinois et le Dalaï Lama et ses représentants.
En France, plusieurs personnalités politiques ont interpellé les gouvernements successifs au sujet de la nomination d’un représentant spécial de l’Union européenne pour le Tibet. Par exemple, en 2003, M. Bernard Piras, sénateur de la Drôme du groupe socialiste, attirait l’attention du ministre des Affaires étrangères de l’époque, M. Dominique de Villepin, sur la nomination d’un représentant spécial de l’Union européenne pour le Tibet. M. Piras soulignait que « la nomination d’un représentant spécial de l’Union européenne est dans la ligne de la démarche choisie par l’Union d’assurer la mise en application effective de sa politique, et de ses pratiques relatives à la promotion de résolutions des conflits dans d’autres régions, telles que les Balkans, la Tchétchénie et le Proche-Orient. » Il lui demandait de lui indiquer les démarches entreprises par la France pour la nomination de ce représentant spécial.
Le ministère des Affaires étrangères répondit que « la France suivait avec attention et vigilance la question des droits de l’homme en Chine, et notamment au Tibet ». Et il y avait de quoi, à l’époque de l’affaire Tenzin Delek Rinpotché, moine tibétain condamné à mort. « Sur le fond, la politique des autorités françaises a toujours été d’appeler au dialogue entre les autorités chinoises et le Dalaï Lama, méthode le mieux à même de préserver l’identité des Tibétains et de garantir la souveraineté de la Chine. » Le ministre rappelait que « des contacts ont d’ailleurs eu lieu récemment entre les deux parties et constituent des signaux encourageants » et que « dans ce contexte, la nomination d’un représentant spécial de l’Union européenne pour le Tibet a fait l’objet de discussions approfondies au sein de l’Union » ; mais que « les Etats membres ont estimé qu’une telle mesure ne serait sans doute pas, dans les circonstances actuelles, de nature à favoriser efficacement les échanges avec la Chine sur la question tibétaine, tant au niveau bilatéral que dans le cadre du dialogue euro-chinois sur les droits de l’homme. »
Trois ans se sont écoulés depuis cette réponse, et les contacts n’ont malheureusement pas abouti à une quelconque négociation entre la Chine et les représentants du Tibet en exil. Il serait donc temps que la politique étrangère de l’Union européenne soit révisée, et on espère en la circonstance que la présente résolution du Parlement inspirera les candidats aux présidentielles françaises.