mardi 13 juillet 2010 - par Peuples.net

Autopsie d’une Auto-censure au Monde

Le monde a décliné poliment le mois dernier les enregistrements réalisés illégalement par l’ex-maître d’hôtel de Liliane Bettencourt. Télérama vendait la mèche jeudi dernier, cette information était confirmée par Gérard Davet, journaliste au Monde, le lendemain sur Arrêt sur image

Suite à cette de fin de non-recevoir du Monde, ces bandes piratées étaient en partie reproduites par Mediapart. De ce refus du monde, La justice faisait table rase puisqu’elle donnait par la suite raison à Mediapart en déboutant Liliane Bettencourt de sa plainte. Le motif invoqué était en soi une évidence, mais il ne semblait pas légitime pour certains journalistes, en effet interdire la diffusion de ces bandes « reviendrait à exercer une censure contraire à l’intérêt public, sauf à ce que soit contesté le sérieux de la reproduction des enregistrements – ce qui n’est pas le cas en l’espèce ». Nous connaissons la suite…

La publication de ces bandes semblaient pourtant couler de source pour une profession en permanence à l’affut du scoop. Les répercutions politico-économiques semblaient sauter aux yeux....et pourtant Le Monde a non seulement boudé cette information mais également snobé ces enregistrements. La curiosité n’était décidément pas au rendez-vous dans cette rédaction !

Et Gérad Davet de poursuivre vendredi dernier, dans la vidéo d’Arrêt sur image , en défendant maladroitement sa chapelle : « aujourd’hui Le Monde est moins centré sur l’investigation, mais plus sur l’analyse et la chronique ». Celui-ci n’était même pas convaincu que si le quotidien du soir avait eu ces bandes en sa possession, celui-ci les auraient diffusé. Il aurait en tout cas "personnellement poussé en ce sens" rajoute-t-il tentant de faire bonne mesure. Ceci dit, une fois ce ratage de première passé, Gérard Davet nous confirmait également que le Monde est aujourd’hui à la remorque de Mediapart sur le SarkoGate. Il ajoutait également que la chasse au scoop sur le SarkoGate est à nouveau devenu la marotte du quotidien, business oblige.

Mais pourquoi donc le quotidien du soir a-t-il refusé le scoop de la décennie ?

Il y a un mois, le Monde était à vendre, aujourd’hui l’affaire est conclue et les repreneurs du Monde sont indépendants du pouvoir en place. Etrangement les informations sur le WoerthGate, qui ne semblaient pas être d’actualité le mois dernier, tombent sous le sens aujourd’hui. C’est un flagrant-délit d’auto-censure, dont nous n’aurons sans doute jamais la queue d’une preuve. 

Ceci-dit, il doit y avoir un léger malaise à la rédaction du Monde puisqu’aujourd’hui Sylvie Kauffmann, directrice de la rédaction du "Monde" s’explique . Elle défend dans un premier temps Edwy Plenel, corporatisme oblige, c’est d’ailleurs d’autant plus facile maintenant, une fois la bataille de l’information gagnée. Celle-ci noie ensuite le poisson un moment avant de revenir sur le sujet qui la tracasse par une question de déontologie à deux balles que la justice a déjà tranché comme nous venons de le voir : "Fallait-il publier ces écoutes, sachant qu’elles relèvent par essence d’un procédé moralement et légalement répréhensible ?"

Sylvie Kauffmann pose la question, mais sans y répondre, nous savons en effet aujourd’hui qu’elle a apporté la mauvaise réponse à cette question le mois dernier. Un autre passage de son papier est à la limite de la mauvaise foi : "Si Le Monde avait disposé de ces enregistrements, nous aurions utilisé les informations qu’ils révélaient, après avoir fait notre travail d’authentification et d’enquête journalistique et politique."

Il faut croire que la responsable de la rédaction à avoir voulu dans un premier temps résister à la planification de la communication de Me Metzner, soit tombée dans celle de L’Elysée jeudi dernier, du moins dans la matinée.

Sauf à croire qu’elle n’a pas échangé sur ce sujet avec Gérard Davet, mais je ne peux me résoudre à croire à un tel manque de professionnalisme de sa part , Sylvie Kauffmann nous baratine pour faire passer la pilule de l’auto-censure qu’elle a exercé sur sa rédaction. Déontologie oblige ?

Le rachat du Monde est donc d’ores et déjà une bonne nouvelle !

Publié sur Peuples.net



7 réactions


  • Mougeon Mougeon 13 juillet 2010 11:51

    L’autocensure, c’est la grande spécialité des médias traditionnels, surtout depuis le printemps 2007, et c’est ce qui va précipiter leur agonie déjà bien entamée.


  • Bulgroz 13 juillet 2010 12:06

    Grace aux nouveaux repreneurs, le Monde va faire la campagne électorale de 2012 pour le compte du PS. C’est pour cela qu’ il a été repris.

    et en 2012, après la campagne, il n’y aura plus de Monde, ce journal aura disparu.

    et on ne va pas pleurer.


  • patroc 13 juillet 2010 17:12

     Campagne pour le PS, je n’en suis pas certain, mais au moins, il sera neutre !..


  • M.Junior M.Junior 13 juillet 2010 17:47

    Dire qu’il y a 20 ans, Le Monde et Le Figaro étaient des journaux recommandés aussi bien aux lycéens qu’aux étudiants...

    Gangraine quand tu nous tiens...


    • M.Junior M.Junior 13 juillet 2010 22:44

      Gangrène

      Maintenant, ils sont recommandés pour étudier les techniques de manipulation des capitaines d’industrie.


  • Radix Radix 13 juillet 2010 22:57

    Bonsoir Junior

    Junior, vous l’êtes vraiment... même en 68 seul les étudiants de droite lisaient le Figaro !

    Radix


  • lapalette 14 juillet 2010 09:25

    Au risque de foutre le souk dans ce thread, Le Monde n’est pas un torchon, c’est un quotidien qui a commencé à dériver quand JM Colombani en a pris les rennes, il y a pas mal de temps. Jusque là, il apparaissait comme parole d’évangile et même la petite brêve dans le coin en bas avait sa valeur en tant qu’info.
    Puis est venue la dérive économique. Pour faire plaisir à un lectorat qui palpait la thune et faisait son casino, le quotidien s’est adressé à ceux-là et a perdu son âme. Puis sont venues les achats d’autres titres, la création de l’imprimerie (à Ivry, je crois), sa surcapacité et le titre a sombré peu à peu dans le jeu de l’argent.
    C’est pas parcequ’on regarde les palpeurs de pépètes avec les yeux de Chimène qu’on les rejoint. La démarche de Libé est identique ; Regardez ce qu’il est devenu.
    L’effondrement de la presse papier en France est dû à ces errances. Laissons-les se débattre dans les contradictions de leurs dirigeants et donnons notre argent à Médiapart tant qu’il ne touche pas de subventions...


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