mercredi 30 décembre 2009 - par Caleb Irri

Ce n’est pas la presse qu’on assassine, c’est sa liberté

Le langage n’est une arme que lorsque sa voix porte. Derrière cette évidence c’est tout le problème, complexe, de la communication qui est en jeu. Avant même que Ponce Pilate ait envoyé Jésus se faire crucifier pour un potentiel « trouble à l’ordre public », tous les tyrans de la terre avaient déjà compris qu’une langue coupée c’est un ennemi de moins.

La communication est le seul moyen de se comprendre mais aussi de s’informer. l’opinion publique n’est pas le reflet de la société, c’est la société qui devient le reflet de l’opinion publique. L’opinion publique est créée par l’information, au moyen de la communication.
Il ne peut y avoir d’information sans le moyen de communication. Une information libre aide la société à se libérer. Et le contraire est vrai aussi.

C’est pour cette raison que l’information ne disparaîtra jamais. Et que l’indépendance de l’information sera toujours remise en cause. C’est cette indépendance qu’il faut préserver à tout prix, car elle seule est garante de notre liberté. La presse est le seul contre-pouvoir qui inquiète réellement les tyrans, car elle est capable à la fois d’éclairer les évènements, et de conduire aux rassemblements précurseurs de changements.

Lorsqu’elle n’est pas libre, la presse devient un instrument à la solde du tyran, qui ne fait plus de l’information, mais de la propagande. La diffusion des informations est triée et sélectionnée, orientée par une idéologie dominante. De plus, elle occulte les voix dissidentes par l’absence de l’écho qu’elle devrait trouver dans les médias, et peut même rendre invisible un mouvement contestataire.

Sous le régime nazi, il ne faut pas croire que la totalité des allemands approuvaient les faits de ce régime, ni que certains n’aient tenté de s’y opposer. A l’intérieur de la machine monstrueuse conduisant les déportations, nombreux étaient ceux au courant de l’existence et des camps, et des chambres à gaz. La peur joua sans doute un grand rôle dans le silence entourant cette existence, mais l’absence de relais diffusant cette information en a joué un aussi. Quand bien même certains criaient leur dégoût de cette barbarie, ils n’avaient pas la possibilité de le faire connaître. Et pour ceux dont la voix portait plus haut, ils étaient éliminés.

La dépendance de la presse à un pouvoir est donc une sorte de filtre éliminant facilement les petites voix, les grandes étant ensuite aisément repérables et punies. Une fois cette dépendance établie, le pouvoir possède la capacité de transformer la réalité en vérité (voir article), c’est à dire de faire l’Histoire.

C’est contre cette dépendance donc que tous les libertaires doivent être capables de se rassembler. Sans l’indépendance de la presse, il n’est aucun contre-pouvoir capable de s’opposer à la mise en place d’un régime autoritaire. Les subventions accordées à la presse par l’Etat, la requalification du statut des agences de presse, les liens entre journalistes et politiques, la propriété des grands groupes de presse, le « politiquement correct », la nouvelle législation concernant « la protection des sources », Hadopi, tout converge à la mise sous tutelle d’une presse que le système capitaliste lui-même a déjà bien avancé. Contre cette dernière les journalistes devraient s’insurger, dénoncer publiquement, utiliser ces moyens de communication dont ils disposent au service de la liberté de tous. Même formatés dans des écoles où la plupart de leurs rêves se brisent face à la réalité, les journalistes d’hier comme ceux de demain garderont en eux ce qui a déterminé le choix de ce métier : la volonté de témoigner de la réalité au plus grand nombre, afin qu’il soit le mieux informé possible de ce qu’est le monde dans sa complexité.

Le média internet est un outil formidable permettant tout à la fois de se déplacer très rapidement dans le temps et dans l’espace. jusqu’à maintenant, ce média était totalement indépendant, mais il est possible qu’il devienne rapidement un instrument de propagande aussi puissant que le fameux « télécran ». peut-être d’ailleurs certains troubles récents, certaines « affaires politico-financières » ont pu être « sorties » du fait de cet internet qui fait si peur à nos dirigeants. Avec Hadopi et ce genre de lois, les Etats tentent de se doter du filtre qui manquait à la mise sous tutelle d’internet.

Lorsque cela sera fait, ni la presse ni internet n’auront disparu : c’est la liberté qui aura reculé. Si nous voulons conserver le peu de liberté qui nous reste, il faut se battre pour l’indépendance de la presse. Car une presse totalement libre est une société complètement libre. Créons de nouvelles agences de presse sérieuses et libres, inventons de nouveaux journaux, diffusons notre volonté d’indépendance : ceux qui s’opposeront à la défense de la liberté de la presse ne pourront qu’être au moins suspects, au pire coupables.

Pour ne pas qu’un jour ce soit la faim qui nous pousse à nous rassembler sous les fenêtres de ceux qui mangent, faisons en sorte que notre rassemblement soit digne et pacifique : communiquons, et nous resterons libres



9 réactions


  • Massaliote 30 décembre 2009 12:21

    « tout converge à la mise sous tutelle d’une presse que le système capitaliste lui-même a déjà bien avancé » Tout cela va dans le sens du Nouvel Ordre Mondial : dans un passage fameux de La Démocratie en Amérique, Tocqueville fait un tableau saisissant de l’État-providence.... : « Je veux imaginer sous quels traits nouveaux le despotisme pourrait se produire dans le monde : je vois une foule innombrable d’hommes semblables et égaux qui tournent sans repos sur eux-mêmes pour se procurer de petits et vulgaires plaisirs, dont ils emplissent leur âme (...). Au-dessus de ceux-là s’élève un pouvoir immense et tutélaire, qui se charge seul d’assurer leur jouissance et de veiller sur leur sort (...). Il ressemblerait à la puissance paternelle si, comme elle, il avait pour objet de préparer les hommes à l’âge viril ; mais il ne cherche, au contraire, qu’à les fixer irrévocablement dans l’enfance (...) ; il travaille volontiers à leur bonheur (...), pourvoit à leur sécurité, prévoit et assure leurs besoins (...) ; que ne peut-il leur ôter entièrement le trouble de penser et la peine de vivre ? » Le trouble de penser est aussi combattu par la télé-pipole et sa médiocrité. Entièrement d’accord avec votre conclusion.


  • dom y loulou dom 30 décembre 2009 15:13

    très bon article merci

    je vous rejoins complètement, forcément.

    J’ajouterais volontiers que la précarité de la sitution tient aussi du fait que le système nous fait vivre de plus en plus dans les écrans et que le écrans décrivent une réalité complètement tronquée. Ce dont nous sommes nombreux à nous en être apperçus. tant mieux, mai d’autres semblent prférer cette rélité virtuelle où on se met à parler dépopulation. L’eugénisme scientiste en marche.

    Des points de ralliement réels manquent cruellement.

    Les cases à fric, voilà ce qu’on nous propose. Pas de fric ? Pas de case ... et on s’en retrouve tous avec cette sensation immonde d’isolement quand l’humanité n’a jamais été aussi consciente de son unité, depuis des millénaires.

    Les merdias nous plongent toujours de nouveau dans des débats insipides qui nous prennent tout notre temps et les esprits errent dans l’astral où les maîtres du système veulent les tenir... en-dehors du vivant.

    Il faut absolument se méfier de ce mouvement dû à la peur... le calfeutrage dans les écrans sans doute nous permet encore de communiquer, mais si nous n’en venons pas à reprendre des lieux communs de réunion GRATUITE nous serions alors déjà en prison appelée pompeusment « monde libre » cmme c’était écrit « Arbeit macht frei » à l’entrée du camp d’Auschwitz.

    reprendre les cathédrales pour y refaire la maison commune serait une posibilité, mais comment se faire entendre quand on est assimilé d’office aux tyrans et de la grande tentation de la mystification à outrance diabolisant toujours l’homme comme si nous étions étrangers à nous-mêmes ’ ?

    Bien sûr, des gens qui croient qu’ils devraient être des dieux flottant dans l’air et marchant sur l’eau (deux prouesses somme toute complètement inutiles (!) et qui se perçoivent comme des esprits « enfermés dans des sacs de chair » n’ont pas de perspective de changer cet état de fait, leur corps a des leçons à leur enseigner qui, si elles sont apprises, allège l’être. mais on ne peut pas vivre dans le déni du vivant et c’est pourtant ce qui nous est imposé.

    pure mystification, très dangereuse parce que l’attrait des écrans où les esprits peuvent se la jouer dieux, empereurs, personages grandioses hyper bien dessinés fait apparaitre leur propre être comme vil et poilu. L’esprit du moyen-âge qui traitait le poil de marque-même du diable... tous les animaux sont donc damnés pour des esprts pareils (nimp de chez nimp) et on s’autorise la cruauté encvers eux et on s’étonne des souffrances incommensurbles que nous faisons vivre aux êtres de ce monde ou on s’étonne de voir des aom traités comme des chiens ou es cochons d’abattoir.

    Ce rapport à la vie doit changer. Les dogmes moralisateurs n’ont jamais fait que nous scléroser dans la peur et justifié des punitions « bien méritées », rendant parfois la vie tellement insupportable que la mort semblerait plus douce. on nous a fait perdre de vue que c’est la VIE qui est sacrée !!! C’est la VIE qui compte et pas les morts !! On nous fait prendre des vessies pour des lanternes en permanence !!

    Comment expliquer ces quêtes incessantes de gloires pour un millimètre de hauteur , de longueur, pour une milli-seconde de plus rapide et des coupes vides derrière lesquelles semblent courir bon nombre de nos concitoyens ?? Quand ils vivent dns un système qui détruit irrémédiablement tous les fondamentaux de la vie ?? Que diont leurs enfants quand ils seront grnds et ne pourront plus sortir d’un système qui dictera leurs faits et gestes ?? Déjà des entreprises dictent à leurs employé 4minutes réglementaires pour pisser !!! Il fut refuser ce genre de main-mise sur notre être, tant pis si on perd son boulot, on en trouvera un autre, il ne faiut as accepter l’inacceptable.

    S’entretuer virtuellement dans des jeux électroniques a aussi une influence importante sur la psyché... la guerre est ainsi complètement banalisée et les écrans donnent des modèles de comportement grotesques qu’on se croirait très malin de suivre.

    En attendant que ces prises de conscience fassent leur chemin la société nous est volée et nous-mêmes vendus aux banquiers de la city et tout devient abstrait si bien que les personnes souriantes apparaissent presque exclusivement dans les écrans. 

    Et la colère ne fait que grandir au même rythme que les souffrances imposées.

    excusez-moi du pavé. Je sais c’est fatigant, on se demande ce qui ne l’est pas de nos jours franchement.


  • TITI 30 décembre 2009 16:38

    les « journalistes » se suicident aussi... tant leurs papiers sont manipulateurs, non fondés, non sourcés... information ou propagande ???


  • paul 30 décembre 2009 18:24

    « Rester digne et pacifique sous les fenêtres de ceux qui mangent ».....c’est peut être beaucoup
    demander, quoique « casse toi pov con » est devenu très banal .


  • Phil Phil 30 décembre 2009 18:38

    Bravo
    Afin d’équilbrer votre étude
    Vous nous expliquer comment les nazis ont manipuler leur population,parfait.
    vous pourriez m’indiquer comment va la presse dans les pays communiste.
    Car les nazi le problème est régler par contre les communistes et leurs idées sont encore d’actualitées.
    Par contre il est clair que l’information ne peut plus etre libre,du fait de l’argent , il faut bien faire
    chauffer la marmite ! d’ailleur l’a t-elle été libre la presse


  • chlegoff 30 décembre 2009 18:39

    La liberté de la presse était prévue dans le programme du Conseil National de la Résistance.

    la liberté de la presse, son honneur et son indépendance à l’égard de l’Etat, des puissances d’argent et des influences étrangères ;

    Cela n’a jamais pu être appliqué pour des raisons que j’ignore. Si un jour la France se libère de l’oligarchie politico-financière, cela devra être la priorité, si bien sûr la population le souhaite. Mais comme il est prévisible que la population va devoir se précariser de plus en plus, il est possible que ...

    Lucie Aubrac avait cette belle formule « résister c’est informer ».


    • Alois Frankenberger Alois Frankenberger 30 décembre 2009 23:00

      La presse a besoin d’argent pour fonctionner : soit elle le reçoit de l’Etat et elle lui est redevable soit elle le reçoit de ses sponsors et elle leur est redevable !

      Aucun journal ne parvient à vivre uniquement de la vente de son journal !

      Voilà POURQUOI la presse n’est pas totalement libre !

      Par contre, en ce qui concerne internet, il y a la possibilité que l’information reste libre compte tenu des prix de diffusion limités !


  • non667 30 décembre 2009 22:48

    à auteur,
    Pour faire bref la presse ,la radio ,la télé n’ont jamais étés et ne seront jamais libres car techniquement dépendants des financiers ;donc ne perdons pas notre temps avec eux , prenons les pour ce qu’ils sont ,:des services de propagande .Ignorons les !
    Au contraire défendons bec et ongles l’espace possible de liberté à notre porté (car techniquement peu cher ) qu’est internet et notamment AGORAVOX et d’autres et ne votons pas pour ceux qui essaient de le museler en commençant par ceux qui sont pour la loi HADOPI .
     actions :
    Porter leur noms sur une liste noire
    lancer des pétitions
    lancer des chaines de mail avec un slogan "pour la liberté d’information et un lien vers agora !


  • xray 31 décembre 2009 11:30


    Menteur comme un journaliste 
    Le premier métier d’un journaliste est de se taire. 
    Son deuxième est de mentir. 

    Les faits divers magiques 
    http://mondehypocrite.midiblogs.com/archive/2009/06/21/les-faits-divers-magiques.html 


    Les
    Français sont revenus à la situation du début des « années 40 ». 
    Ils sont soumis à : 

    - Une monnaie d’occupation ; 

    - Des journalistes d’occupation ; 

    - Des mœurs judiciaires dignes du nazisme ; 

    - Des collabos financés et au service de qui ? L’Europe,  les Américains, ou le Vatican ? 

    Néanmoins, dans les moyens mis en œuvre par l’Europe pour asservir les foules on reconnaît les méthodes de curés : 

    - « Générer l’incompréhension, les désordres, la délinquance, la criminalité, l’injustice,  la misère, les maladies, les épidémies, les conflits,  les guerres, les famines, etc. » 
    Le tout reposant sur l’ignorance permanente et des flots de mensonges sous lesquels les médias noient les individus. 

    Le Grand Guignol politique 
    http://n-importelequelqu-onenfinisse.hautetfort.com/ 

    Le bourbier européen 
    http://n-importelequelqu-onenfinisse.hautetfort.com/archive/2009/05/09/le-bourbier-europeen.html 



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