mardi 21 mai 2013 - par Réseau Voltaire France

Chrétiens de Syrie : le mensonge organisé des médias français

Après avoir, dans le premier volet de cette étude sur la couverture médiatique mensongère en France des événements de Syrie, raconté et analysé le déroulement d'un débat truqué à l'Institut du Monde Arabe organisé le 24 février par Jack Lang, je montre comment la presse française a donné la parole presque exclusivement à un prêtre italien pour dénoncer le « régime de Bachar », alors même que la totalité des évêques et Patriarches chrétiens de Syrie le soutient. Il ne s’agit bien sûr que d’un exemple du biais médiatique dans les pays de l’OTAN, ce prêtre ayant été invité identiquement en Amérique du Nord et en Europe. La presse chrétienne n’a pas échappé au jeu colonial, ses journalistes étant les mêmes que ceux des organes profanes. J'avertis par avance de la longueur inhabituelle de cet article. Un des objectifs était d'être le plus exhaustif possible, pour disposer d'une base de données de référence dans ce domaine. 

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Au moins 1 700 églises ont été profanées ou détruites par les "révolutionnaires" islamistes en Syrie, selon les autorités écclésailes.

Introduction

Il existe bien des façons de démontrer que la Syrie est victime depuis deux ans d’une campagne de propagande intense visant à persuader l’opinion française et otanienne de la nécessité d’armer l’opposition et de renverser Bachar el Assad, l’ignoble-dictateur-qui-torture-et-massacre-son-propre-peuple. On peut évoquer l’imposture que constitue le prétendu Observatoire Syrien des Droits de l’Homme (OSDH), on peut rapporter des témoignages qui vont dans le sens inverse de la version officielle, on peut remonter l’histoire et constater que la déstabilisation actuelle de la Syrie depuis l’étranger s’inscrit dans une dynamique très ancienne (Sykes Picot 1916) dont la crise actuelle ne constitue que la dernière étape, on peut faire la comparaison avec d’autres campagnes de propagande ayant abouti aux renversements de chefs d’état sur la base de fausses preuves (Saddam Husseïn, Mouammar Kadhafi), on peut évoquer le jeu d’alliances de la Syrie avec le Hezbollah et l’Iran, qui gêne les velléités expansionnistes d’Israël et s’oppose au plan de remodelage par les Etats-Unis du grand Moyen Orient, on peut souligner les intérêts gaziers et pétroliers dans la région, qui font de la Syrie une proie d’autant plus convoitable que ces ressources d’énergie fosile sont en voie de raréfaction et que leur contrôle est un des enjeux majeurs du XXIème siècle..

On peut aussi pointer la loupe sur certains personnages mis en avant dans les médias commerciaux. La propagande pour être crédible s’appuie sur des témoins de choix, souvent minoritaires dans le camp qu’ils sont censés représenter. En comparaison, d’autres personnes, souvent plus nombreuses et plus représentatives, sont systématiquement écartées des plateaux, voire diffamées sans qu’elles aient la possibilité de se défendre médiatiquement.

Le cas du père Paolo Dall’Oglio, censé représenter le point de vue des chrétiens de Syrie, omniprésent dans les grands médias commerciaux à l’automne dernier, et de nouveau en ce mois de mai 2013, à la différence d’autres personnalités bien plus représentatives, permet de démontrer de façon irréfutable que le traitement de la crise syrienne par les médias commerciaux français et otaniens est presque intégralement mensonger et orienté.

L’histoire que je vais raconter commence par une conférence organisée à Paris en septembre dernier.

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                       Père Paolo Dall’Oglio s.j.

 

Une conférence sur la Syrie à la mairie du XXème arrondissement de Paris

Le 25 septembre dernier était organisée, dans la salle des fêtes de la mairie du XXème arrondissement de Paris, une conférence intitulée « regards croisés sur la Syrie ». Cette conférence mettait en scène un intervenant unique, le père Paolo Dall’Oglio. Elle était prévue pour durer 2 heures, une heure de parole pour le père Paolo suivie d’une heure d’échange avec le public.

Habitué depuis des mois à passer chaque matin devant cette mairie, j’avais forcément remarqué une immense banderole qui en recouvrait la façade, et qui appelait par un biais tendancieux à la fin des massacres en Syrie. La mairesse du XXème arrondissement, Frédérique Calandra avait à l’évidence choisi son camp : celui de l’ « opposition », contre celui du « régime de Bachar el Assad ».i

Je savais plus ou moins à quoi à m’attendre en me rendant à cet événement ; mais c’était tout de même une bonne occasion d’entendre quelqu’un qui avait vécu longtemps en Syrie et qui pouvait donner le point de vue d’un témoin direct confortant la version officielle.

Je n’avais jamais entendu parler du père Paolo Dall’Oglio. Son nom m’avait échappé dans le flot d’actualités quotidien sur la Syrie, et les médias indépendants eux-mêmes n’y avaient guère prêté attention.

La salle des fêtes de la mairie du XXème était très bien remplie, 300 personnes au jugé. C’est dans une salle bondée que commença la conférence. A proprement parler ce n’était pas une conférence, mais un jeu de questions réponses entre un journaliste et le père Paolo. Il ne s’agissait donc pas de « regards croisés », comme suggéré dans l’intitulé de la conférence, mais du « regard » du père Paolo, qui n’était affligé d’aucun strabisme convergent. Le journaliste, étant complètement acquis à la cause du père il n’y avait pas de contradicteur dans ce « croisement ».

Je commençai à prendre des notes. La salle était mal insonorisée, et le père Paolo, en plus de s’exprimer dans un français parfois incertain, était dur à suivre dans son exposé. Il rendit hommage à la révolution tunisienne et à la révolution égyptienneii, plus généralement au printemps arabe, dans lequel s’inscrivait naturellement selon lui la révolution syrienne. Il insista sur la pratique systématique de la torture et l’emprisonnement des opposants par le régime de Bachar el Assad. Il se félicita d’avoir en juin 2011 tiré la sonnette d’alarme : le régime de Bachar el Assad était construit exclusivement sur le mensonge, cela faisait partie de son ADN. A deux reprises il compara ceux qui remettaient en cause la version officielle de la révolution syrienne à ceux qui remettaient en cause la version officielle du génocide des juifs, qu’il assimila a du négationnisme et à une pathologie de l’esprit. Il expliqua que la négation de la version officielle était le fait de forces d’extrême gauche et d’extrême droite coalisées pour l’occasion. Il fustigea le rôle de la Russie, qui mettait régulièrement des vetos aux résolutions de l’ONU contre la Syrie, car elle pensait à tort avoir été bernée sur l’affaire libyenne l’année précédente et sur l’affaire du Kosovo il y a quelques années. Il expliqua, quoiqu’il fût prêtre et par nature religieuse opposé à l’usage de la force, qu'il fallait cependant armer les rebelles (en ne se trompant pas sur les destinataires) et qu’il y avait un devoir d’ingérence à intervenir en Syrie. Il se paya d’une diatribe sur le Réseau Voltaire, qu’il semblait tenir (puisque c'est le seul organe de presse indépendant qu'il nomma) pour le principal responsable de la campagne de désinformation sur la Syrie ; il nia absolument le fait qu’il pût exister une alliance entre le Qatar, l’Arabie saoudite, la France et le Royaume Uni (je rajoute la Turquie et la Jordanie qu’il a omises dans sa liste), pour déstabiliser la Syrie. Et si l’ONU ne pouvait résoudre le problème... c'était une théorie du complot diffusée par le régime de Bachar el Assad pour cacher ses exactions, il devenait urgent de « passer outre le droit international ».

Pour être juste, le journaliste osa poser une question cruciale : comment lui, chrétien, prêtre qui plus est, pouvait-il appeler à armer l’opposition ? N’y avait-il pas là une contradiction fondamentale ? Une personne du public relaya cette préoccupation. Cette question fut posée en préambule, et le père Paolo y répondit avec certains des arguments que je viens d’énumérer.

Je passe sur la séance de questions qui s’ensuivit. Elles furent pour la plupart extrêmement consensuelles, et beaucoup dans la même veine persuasive plus que convaincante qu’avait employée le père Paolo. Je me souviens en particulier d’une dame explosant sur un ton hystérique : « Vous attendez quoi ? Les chambres à gaz ? Le Christ était le premier martyr ! Il y a des milliers de Christs en Syrie !  » Elle avait sans doute lu l’article de désinformationiii de Caroline Fourest dans l’édition du Monde du 25 février 2012iv, suggérant que l’Iran avait fourni un four crématoire à la Syrie qui « tournerait déjà à plein régime » dans la région d’Alep.

La seule question un peu dissidente fut posée par une femme qui pointa la responsabilité éventuelle de puissances étrangères dans la déstabilisation de la Syrie. Elle put s’exprimer mais fut la seule que l’on pressa de remettre le micro alors qu’elle déroulait son intervention. Elle fut moquée par le père Paolo qui, sans le moindre argument, l’accusa de pratiquer des amalgames, alors que lui-même n’avait fait que ça pendant son intervention.

Quand la conférence fut terminée, je retrouvai des Syriens contestant la version officielle, que j’avais eu l’occasion pour certains de rencontrer lors de diverses manifestations et nous nous retrouvâmes autour d’un verre dans une brasserie de la place Gambetta.

Je m’enquis du personnage et l’on m’en fit une brève présentation, que je complète avec certains détails utiles :

Paolo Dall’Oglio est un religieux jésuite italien né à Rome en 1954. Après un passage par le Liban en 1982, il découvre le monastère Deir Mar Moussa en Syrie, et décide de consacrer sa vie à sa restauration. En 1992 il fonde une communauté œcuménique religieuse mixte qui promeut le dialogue islamo chrétien. Dans le prolongement de cette démarche, il publie, en 2009, « Amoureux de l’Islam, croyant en Jésus ». Quand les troubles commencent, début 2011, il prend parti pour l’opposition, allant jusqu’à demander publiquement qu’on lui fournisse des armes. En juin 2012, à la demande de l’ensemble des églises de Syrie et du gouvernement, il est expulsé. Depuis, l’homme a été très massivement relayé dans les médias commerciaux de masse et a été reçu par les plus hautes autorités de divers états engagés dans le conflit aux côtés de l’Arabie saoudite, du Qatar, et de la Turquie.

Chacun y alla ensuite de son anecdote, touchant soit son expérience personnelle en France ou en Syrie, soit sur un aspect de la conférence.

L’un des Syriens m’apprit qu’il avait levé la main pour poser une question (qui fatalement n’irait pas dans le sens des organisateurs de la conférence), et qu’alors il fut montré du doigt par un des organisateurs, avec un signe d’interdiction. L’homme était intervenu dans des circonstances comparables et avait été repéré comme un contestataire gênant de la pensée unique officielle, que l’on devait en conséquence contenir ou réduire au silence. Consigne fut ainsi donnée de l’empêcher de prendre la parole.

Je me souvenais alors que ce n’était pas la première fois que j’étais confronté à ce genre de censure, et je rapportais ce qui m’était arrivé à la Fête de l’Humanité.

 

Rencontre de l’association Souria Houria à la Fête de l’Humanité et quelques éléments sur cette association

Me promenant dans le « village international » de la Fête de l’Humanité, j'étais entré, curieux, dans un stand « syrien ». Il s'agissait d'un groupe de personnes soutenant la version officielle de l'OTAN et d'al Jazeera. Ils appelaient à la mobilisation contre Bachar el Assad, invoquaient les devoirs de la « communauté internationale », la nécessité du « droit d'ingérence ». Quatre intervenants s’étaient succédé en l'intervalle de 40 minutes. Au terme de cette tribune commune, j’avais pris la parole (nous n'étions guère nombreux, et le stand d'à côté avait une sono tonitruante), pour contester leur vision de la situation, qui passait sous silence le fait que les massacres les plus horribles étaient perpétrés par des mercenaires fanatiques financés par le Qatar et l'Arabie saoudite et appuyés logistiquement par l'OTAN et les services de renseignement alliés. La réaction des tenanciers du stand avait été éloquente : dans un premier temps l'un d'entre eux m’avait pris gentiment par le bras pour m'inviter à quitter les lieux. Comme j’avais protesté du procédé, on m’avait confronté à un « militant de l'ASL » qui pendant 10 minutes m’avait reseriné la version officielle. Je n’avais pu malheureusement lui répondre de façon développée. Alors que j'avais patiemment écouté son discours, je n’avais pu, en guise de réponse, prononcer plus de trois phrases. Un concert de huées s’était allumé. Des gens s’étaient senti le devoir de m’interrompre, visiblement émus et hors de raison. Sentant qu'il me serait difficile de m'exprimer, j’étais sorti, bruyamment accompagné par une chanson qu'ils s’étaient mis soudain à entonner en chœur et à pleins poumons.

Les tenanciers de ce pavillon n'étaient autres que les organisateurs de cette conférence du 29 septembre, qui s'appelait Souria Houria (Syrie Liberté). Dans la pratique de la censure et le mépris de la liberté d'expression, nous avions affaire là à une cohérence indéniable. Ces gens qui critiquaient le régime massacreur, désinformateur, qui agonisaient le Réseau Voltaire d’injures, d’amalgames et d’accusations sans fondement, qui appelaient naïvement au devoir d'ingérence, pour parvenir à leurs fins n'hésitaient pas à trier les questions du public de leurs conférences, et refusaient de débattre avec des gens ayant un autre point de vue que le leur (tout en laissant passer des réactions hystériques du genre de celle de la femme que j'ai rapportée plus haut). Et quand ils se trouvaient dans l’obligation de répondre, ils se mettaient immédiatement en colère, faisaient des comparaisons avec le négationnisme, coupaient la parole, ou se mettaient à entonner des chants en troupeau.

Je me souviens qu'à un moment de la conférence de Paolo dall'Oglio, ils se sentirent d'entamer la même chanson avec laquelle ils avaient fêté ma fuite. Cependant ils n'étaient plus entre eux et l'initiative était déplacée. Peu suivis (et compris) par les 300 assistants, ils se turent après quelques syllabes.

Il faut s’arrêter un peu sur cette association Souria Houria, qui soutient aveuglément, avec un argumentaire minimal, et des pratiques douteuses, la version officielle relayée par les grands médias commerciaux. Cette association est depuis sa création en mai 2011 de toutes les actions et manifestations organisées en France appelant à la chute du régime. Lors d’une journée de soutien place de la Bourse, on entendit l’un de ses membres à la tribune se vanter qu’à présent ils brassaient des millions. Elle était au centre de l’événement « un train pour la liberté du peuple syrien », le 12 décembre dernier, qui emmenait des citoyens et des parlementaires français de Paris à la rencontre de parlementaires européens à Strasbourg. Elle était au cœur du débat truqué organisé à l’Institut du Monde Arabe (IMA) le 24 février (voir mon article précédentv) dernier au cours duquel un des membres de Souria Houria siffla violemment une personne qui prenait la parole pour contester la version officielle. Enfin, c’est cette association qui est motrice de la « vague blanche pour la Syrie »vi, « manifestation internationale (lancée) le vendredi 15 mars à l’occasion des deux ans de la révolution syrienne », que relaieront massivement les organes habituels de la propagande de guerre du gouvernement français et de l’OTAN (ce qui revient au même) : TV5 monde, Bfmtv, France 24, LCP, en partenariat avec le Nouvel Observateur, Libération, Mediapart, rue89, Radio France.

L’association Souria Houria a été fondée en mai 2011 par Hala Kodmani, journaliste franco-syrienne qui travaille en France depuis 30 ans et elle en en a jusqu’à récemment assuré la présidence. Hala Kodmani a été rédactrice en chef de France 24 d’octobre 2006 à septembre 2008, et chargée de la rubrique Syrie au journal Libération pendant une grande partie de la crise qui secoue ce pays depuis 2 ans. Mais la place centrale qu’elle occupe dans la contestation syrienne en France s’explique surtout par l’influence de sa sœur Bassma Kodmani, qui a participé à la fondation du Conseil National Syrien lancé en octobre 2011 à Istanbul. Bassma Kodmani (je renvoie à mon précédent article sur le débat truqué à l’IMAvii), est considérée comme la principale représentante des intérêts des USA dans cet organisme. Il est savoureux (outre les conflits d’intérêt évidents), de remarquer que dans le même temps où l’opposition dénonce que « Bachar n'a pas le droit d'être président de la Syrie car il a hérité le pouvoir de son père ! », les sœurs Kodmani (qui ne représentent strictement rien pour le peuple syrien), font ce qu’elles dénoncent en parole en se distribuant familialement les rôles au sein de la rébellion en France. Voilà le genre d’imposteure qu’on retrouve à l’origine de l’association Souria Houria, familialement liée à des fondateurs du fantoche, non représentatif, et obscurément financé Conseil National Syrien.

L’association Souria Houria est un excellent point de repère pour comprendre comment la propagande anti Assad en France est orchestrée, une propagande dans laquelle sont associés acteurs et institutions étatiques, grands médias commerciaux, et associations prétendument indépendantes.

Les Syriens avec qui je discutais place Gambetta ce 25 septembre défendaient une position aux antipodes de celle de Souria Houria et du gouvernement et des médias français.

La discussion roula évidemment sur la situation en Syrie et sur notre curieux conférencier en soutane. Cet homme ne représente rien, m’affirma-t-on. Il ne représente en aucun cas les chrétiens de Syrie, qui soutiennent majoritairement (à l’instar du reste du peuple syrien) le régime d’Assad, et pour cause, avec les Alaouites, les Chrétiens au début du conflit étaient une cible privilégiée des mercenaires islamistes.

Ils me rapportèrent diverses exactions commises par les mercenaires, exactions toutes plus horribles les unes que les autres et qui montraient, au moins, que la présentation de la crise syrienne par le père Paolo Dall’Oglio était une caricature illégitime et dépourvue de toute nuance. Au vu du caractère édifiant de ces témoignages, on comprenait aisément pourquoi on n’en entendait jamais parler dans les grands médias commerciaux. Ils étaient si forts et si nombreux que les relayer même en passant porterait un coup fatal à la propagande gouvernementale et otanienne.viii

En rentrant chez moi je décidai de m’intéresser plus en détails à l’histoire de ce curieux prêtre, et j’entamai une recherche internet.

 

La campagne médiatique autour du père Paolo dall'Oglio

Il est peu question du père Paolo dall'Oglio avant son départ de la Syrie en juin 2012, sous la pression du régime et des différentes églises chrétiennes. On relève un article dans Pélerin du 10 août 2011 favorablement intitulé : "En Syrie la parole se libère"ix. Les troubles agitent le pays depuis la fin du mois de mars. Il vient de publier avec une dizaine de Syriens laïcs et religieux une contribution intitulée « démocratie consensuelle pour l’unité nationale », dans laquelle il appelle à la mise en place "d'un système pour amener la Syrie vers une démocratie parlementaire. Car la démocratie est la seule voie possible pour mettre un terme à ce bain de sang et faire respecter les droits de l'homme, qui sont universels : tous, que nous soyons d'Orient ou d'Occident, nous nous retrouvons dans cette idée humaniste." L'homme n'appelle pas encore à « armer l'opposition », mais comme des membres de son groupe appellent ouvertement à la chute du régime, il est rabroué par les autorités et les différentes églises chrétiennes qui désapprouvent son initiative. Le 8 janvier 2012, rue 89 publie un article de Nadia Braendel intitulé "Mar Moussa, un monastère pris dans la révolution"x. Le père Paolo y est présenté comme une "icône de la contestation". On apprend que le père Paolo a pu rester en Syrie, malgré une décision d'expulsion envoyée à l'évêque de Homs. Il s'est engagé à ne plus prendre de position politique. Mme Braendel rapporte pourtant les propos ambigus suivants : "Il faudra peut-être une force d’interposition pacifique arabe et occidentale, car aujourd’hui il y a 100 000 Syriens prêts à tuer, et 100 000 qui se vengeront. Les deux camps sont bloqués. " Le 21 mai 2012 le site RMC.fr fait paraître un article complaisant de Nicolas Ledain intitulé : "Syrie : des religieux chrétiens font de la résistance"xi. Le journaliste relate les problèmes rencontrés par les religieux de Mar Moussa, victimes de menaces et de pillages de la part de bandes armées non identifiées, et clôt son article en faisant un rapprochement avec la situation des moines de Tibhérine en 1996.

On ne peut pas dire jusque là que le père Paolo occupe une place de choix dans la couverture des événements en Syrie. C’est son expulsion du territoire syrien le mois suivant qui va donner le coup d'envoi d'une impressionnante campagne médiatique dans plusieurs pays. Cette expulsion est relatée dans le Point du 16 juinxii. Très amer, le père Paolo déclare : "C'est mon cadavre qui a quitté la Syrie".

Tel Paul en son temps, le père Paolo prend son bâton de missionnaire et, financé on ne sait comment, entame une série de voyages en zone OTAN (Europe et Amérique du nord), au cours desquels il va dispenser largement la bonne parole appelant à la chute du régime en Syrie, en armant au besoin l’opposition. Il effectue une longue tournée qui va le mener aux Etats-Unis, au Canada, en Italie, en France et en Belgique. A chacun de ces passages, le témoignage du père Paolo fait l'objet d'une couverture médiatique massive et unanimement louangeuse.

Je m’intéresse essentiellement dans cette étude à son passage en France, en septembre dernier.

Le coup d'envoi de cette campagne est lancé par notre ministre des affaires étrangères en personne. Invité au Quai d'Orsay par Laurent Fabius, notre religieux a l'honneur et le privilège de pouvoir tenir un point presse de 20 minutes en sa compagniexiii. Il le présente comme "une personne réputée" et "bien informée", et après ces propulsions louangeuses lui donne la parole. Le père Paolo savait-il alors qu'il se tenait à côté d'un homme qui avait indument expulsé l'ambassadrice syrienne après les massacres de Houla, qui ont été corrompus par un médiamensonge ? Savait-il qu'il se trouvait, lui, le prétendu « homme de paix », à côté de celui qui avait appelé un mois plus tôt, de façon indirecte, au meurtre du président syrienxiv, et qui allait apporter son soutien résolu, le 12 novembre, à la fantoche "Coalition Nationale Syrienne" intronisée à Dohaxv, capitale d'une des dictatures les plus inégalitaires du monde, le Qatar ?

Ce coup de projecteur bienvenu lance la campagne médiatique. Le lendemain, 12 septembre 2012, il est interviouvé sur France interxvi, et sur RTLxvii par Yves Calvi, et des articles lui sont consacrés dans la Croixxviii, le Parisienxix. Le 24 septembre, deux blogs du journal le Monde et de Médiapart annonce la tenue de la conférence dans la salle des Fêtes de la mairie du XXème arrondissement de Parisxxxxi. Le 25 septembre, le Courrier International publie un long entretien (l'entretien n'est plus accessible que sur le site ConspiracyWatchxxii). Le 26 septembre, le "gratuit" 20 minutes lui consacre un article, et il est longuement interviouvé sur la chaîne France 24xxiii. Le 27 septembre l'Express lui consacre un article dans lequel il est présenté comme "la conscience de la révolution"xxiv. Le 28 septembre, c'est Pélerin qui relaie ses positions appelant à armer l'oppositionxxv. Le 30 septembre il est longuement interviouvé par RFIxxvi.

On voit que cette couverture médiatique se concentre autour de deux pics : le point presse tenu en commun avec Laurent Fabius au Quai d'Orsay au début du mois de septembre, et son second passage en France après une tournée en Belgique qui a culminé le 18 septembre avec la rencontre au parlement de deux vice-présidents de cette institution : Gianni Pitella et Isabelle Durantxxvii. C'est à cette occasion, le 29 septembre, qu'il est invité par l'association Souria Houria, à tenir une conférence dans la salle des Fêtes de la mairie du XXème arrondissement de Paris.

Comme les médias ont l'habitude d'accorder une couverture massive sur plusieurs jours à certains événements, et qu'une fois le matraquage opéré, ils passent à autre chose pour ensuite n'en plus jamais parler, la plupart des gens qui suivent l'actualité dans les grands médias ont sans doute oublié cette fenêtre exceptionnelle dont a bénéficié le père Paolo. Quand on fait toutefois le bilan de cette couverture, force est de constater qu'aux alentours de ces deux dates, il était difficile d'échapper au personnage si on ouvrait un journal, allumait une station de radio, ou de télévision.

Il faut ajouter qu'il a été extrêmement bien traité par ces médias. Pas une fausse note (comme dans le débat à l’institut du monde arabe du 24 février dernier) dans le concert de louanges et la diabolisation de Bachar el Assad et du régime syrien. Et si certains montrent tout de même un peu de retenue, la plupart prennent tout ce qu’il dit pour argent comptant et lui sont totalement acquis.

 

Actualisation

Alors que je suis en train de finaliser cette étude, je découvre que le père Paolo nous honore d’un troisième séjour, tout aussi engagé que les précédents, et tout aussi massivement couvert par les grands médias. Ses aventures seraient incomplètes si j’omettais ce nouvel épisode qui conforte ma démonstration.

Les affaires n’ont jamais si bien marché pour le père Paolo dall’Oglio. Depuis septembre 2012 il a eu le temps de roder et d’affuter son discours, mais surtout d’écrire un livre de témoignage sur sa perception des événements de Syrie. Ce livre, intitulé la Rage et la Lumière, coécrit avec Eglantine Gabaix-Haliéxxviii et édité aux éditions de l’Atelierxxix, est évidemment salué en ce moment par l’ensemble des grands médias qui de nouveau se bousculent pour l’entendre cracher son venin et faire la promotion du chef d’œuvre.

Le 1er mai il est interviouvé sur France infoxxx ; le 2 mai, en compagnie de Hala Kodmani sur France Culturexxxi ; le 3 mai, par Armelle Charrier sur France 24xxxii ; le 5 mai, sur France Inter, en compagnie de Jean-Pierre Filiu et Fabrice Weissman (deux des intervenants du débat truqué à l’IMA du 24 février) ; le 7 mai, dans la Vie par Henrik Lindellxxxiii. Le 8 mai, le site Souria Houria publie le programme du père Paolo dall’Oglio lors de ce nouveau séjour en Francexxxiv. On y apprend que l’homme amorce une tournée à travers la France : le 16 mai conférence-débat au centre Sèvres à Paris ; le 21 mai, conférence-débat à Lyon organisée avec l’Hospitalité saint Antoine ; le 22 mai conférence-débat à Nîmes avec la librairie Siloë ; le 27 mai, conférence-débat organisée par Souria Houria à Paris ; le 28 mai à Strasbourg, rencontre à la librairie Kleber. Le 9 mai, Pèlerin fait paraître les bonnes feuilles de son livre témoignage, accompagné d’un portrait idéalisé.

Vraiment, l’histoire du père Paolo est une véritable success story  ; alors que, comme nous le verrons plus loin, toutes les autorités chrétiennes de Syrie qui contestent la version officielle sont totalement passées sous silence ou gravement diffamés, lui à chacun de ses passages est accueilli par les grands médias français (renommés comme chacun sait pour leur intégrité et leur indépendance), comme le messie, et traité comme tel. On s’arrache le père Paolo, au point qu’on se demande s’il lui reste du temps pour faire ses prières.

Ce troisième passage en France confirme de façon éclatante l’impression laissée par ses deux premiers séjours en septembre 2012.

 

Le discours du père Paolo

Au-delà de la couverture médiatique exceptionnelle dont a bénéficié à chacun de ses passages, est du plus haut intérêt la teneur des discours du père Paolo Dall'Oglio. Si l'homme est souvent vague et dur à suivre, si l’on y prête attention on s’aperçoit que son discours s'articule autour d’un nombre de positions constant, qu'il défend à chaque fois de la même façon. Pour être plus précis, son discours colle toujours remarquablement à la version officielle des médias occidentaux de la zone OTAN.

 

Comparaison avec les négationnistes de la Shoah

Presqu’à chacune de ses interventions, le père Paolo utilise ce que Viktor Dedaj appelle dans un article du grandsoir.info du 10 juillet 2012 des "tazzers idéologiques"xxxv. Un tazzer idéologique est un argument dont la fonction est de rendre tout débat impossible en plaçant son contradicteur devant des accusations d'une telle gravité qu'elles peuvent le foudroyer psychiquement et le rendre impotent dans le débat subséquent. En l'occurrence le père Paolo n'hésite jamais à brandir le tazzer idéologique suprême à savoir l'accusation de négationnisme et la comparaison avec la version officielle du génocide des juifs pendant la Seconde Guerre Mondiale : ceux qui remettent en cause la version officielle des sanglants événements de Syrie (c'est Bachar et ses miliciens qui assassinent en masse leur propre peuple en n'hésitant pas à recourir aux moyens les plus sales et les plus répréhensibles), sont les mêmes que ceux remettant en cause la version officielle de cet événement. L'Express rapporte ainsi : "Il évoque pêle-mêle le réseau Voltaire et les responsables ecclésiastiques chrétiens ou musulmans qui, selon lui, donnent la parole religieuse au mensonge d'Etat, nient la révolution et la réduisent à un fait de sécurité liée au terrorisme. C'est un négationnisme incroyable, ajoute-t-il, qui est le fait d'identitaires à l'extrême-droite et d'anti-impérialistes à gauche. Ceux qui ont nié la Shoah nient la révolution syrienne !"xxxvi On retrouve la même position dans l'entretien publié par le Courrier International : "Dans le fond, il n’est pas étonnant que les derniers alliés objectifs du régime syrien soient ceux qui ont toujours nié le génocide du peuple juif et, aujourd’hui, nient la révolution du peuple syrien." et dans la Libre Belgiquexxxvii : "Je voudrais savoir aussi pourquoi les tenants en Europe du négationnisme de la Shoah, parmi les traditionalistes catholiques extrêmes, anti-impérialistes et antiaméricains, alliés aux anticapitalistes et staliniens, sont aujourd’hui du côté du négationnisme syrien et sont sensibles à la sirène Agnès (soeur Agnès-Mariam de la Croix, je parlerai de cette religieuse plus loin)." Je me souviens très bien par ailleurs que le père Paolo avait fait cette comparaison lors de la conférence du 24 février à la mairie du XXème, et qu’un membre clé de cette association, quand j’avais prétendu débattre avec eux à la Fête de l’Humanité, avait usé de ce même tazzer.

 

Inversion de la réalité, dénonciation des mensonges des pro Assad et théorie du complot

Le père Paolo semble également profiter du fait que dans nos sociétés du spectacle d'Europe et d'Amérique du nord, existe un second tazzer idéologique qui peut s'avérer très efficace, quoiqu’à force de mensonges il tende à s’émousser. Sa propagation dans les médias et, par ricochet, dans les conversations quotidiennes remonte à peu près aux attentats du 11 septembre 2001, il s'agit du concept de théorie du complot. Comme la comparaison avec les révisionnistes de Nuremberg, c'est une accusation que l'on profère généralement dans le but de couper court à toute conversation, de l'empêcher souvent ne serait-ce que de commencer. Pour étayer sa comparaison avec les révisionnistes de Nuremberg, le père Paolo énonce fréquemment que ceux qui doutent de la version médiatique des événements de Syrie errent perdus dans un labyrinthe de mensonges et de complots : « Nous faisons face à un mensonge, selon lequel il n'y a pas de révolution, mais la Syrie qui se défend contre un complot saoudien, sioniste ou occidental, et lutte contre le terrorisme islamique. »xxxviii « (Dans les médias du pouvoir syrien) les théories du complot les plus diverses circulent. On parle d’une grande entente entre les États-Unis, Israël, al-Qaïda, les salafistes, les Frères Musulmans et la Ligue arabe, dans le but d’abattre le dernier État arabe qui n’a pas encore capitulé face au projet sioniste et n’a pas renoncé à combattre l’impérialisme... Il est évident qu’à ce niveau-là, il est difficile de discuter. »xxxix

Les prises de position de ce genre abondent, pour ce point je me borne à ces deux citations.

 

Des allusions et des calomnies fréquentes envers le Réseau Voltaire et Thierry Meyssan

L'extrait de l'Express cité plus haut en donne déjà une idée : Thierry Meyssan est une cible de choix du père Paolo Dall'Oglio. S'il n'en parle pas à chaque intervention, Thierry Meyssan et le Réseau Voltaire sont en effet l'une des rares personnes et l'un des rares médias indépendants que le prêtre nomme, condamne et insulte, pour exhiber à son auditoire l'archétype de la position répugnante et condamnable, incarnation du dévoiement journalistique. Voici ce qu'il dit dans le Figaro : "Cette thèse est relayée en Europe par des gens comme Thierry Meyssan et son Réseau Voltaire, cette usine à mensonges payée par je ne sais trop qui (ndlr, on peut lui retourner la question)… C'est un négationniste qui vit dans un monde virtuel." ou dans la Libre Belgique : "Comprendre le mécanisme négationniste contre cette révolution me paraît très important. Le Réseau Voltaire est équivoque et d’une paranoïa totale. Ils sont dans la chambre du pouvoir. Ils font partie de la structure idéologique et de la cellule de crise du régime. Il faut lire les interviews de Thierry Meyssan (ndlr : le fondateur du Réseau Voltaire) dans les journaux syriens. J’espère que la fin du régime sera aussi sa fin à lui - pas sa fin physique - mais sa fin en tant que colporteur du mensonge d’Etat et du négationnisme."xl On appréciera la lourdeur de la nuance. Lors de la conférence du 29 septembre, il s'était de même livré à une diatribe contre le Réseau Voltaire.

Il est important de préciser, comme pour ce genre de comparaisons, que Paolo dall’Oglio n'étaie jamais ses anathèmes du moindre fait ni du moindre argument. Il invective, incite à la haine, envoie en enfer, puis passe à autre chose, sautant parfois du coq à l'âne. En termes d'efficacité médiatique, l'efficacité du procédé n'est plus à démontrer. Depuis plus de 10 ans le Réseau Voltaire est l’association la plus diffamée de France. Un long travail de sape a été zélément accompli par les grands médias commerciaux pour le diaboliser. La plupart des Français qui ne prennent pas encore assez le temps de vérifier la fiabilité des informations délivrées par ces médias, ont une très mauvaise image (et absolument infondée, est-il besoin de le préciser) de Thierry Meyssan et du Réseau Voltaire, qui sont devenus à l'instar des révisionnistes de Nuremberg, des repoussoirs ultimes auxquels la plupart des gens craignent comme le sida d'être mêlés.

Dans l’Evangile selon Luc (6/41-42) on peut lire « Pourquoi vois-tu la paille qui est dans l'oeil de ton frère, et n'aperçois-tu pas la poutre qui est dans ton oeil ? 42 Ou comment peux-tu dire à ton frère : Frère, laisse-moi ôter la paille qui est dans ton oeil, toi qui ne vois pas la poutre qui est dans le tien ? Hypocrite, ôte premièrement la poutre de ton oeil, et alors tu verras comment ôter la paille qui est dans l'oeil de ton frère. » Le père Paolo enfreint constamment ce précepte néotestamentaire ; à sa décharge c’est peut-être un arbre plutôt qu’une poutre qui lui encombre la vue. Ou alors il y voit parfaitement clair, et est au christianisme ce que les socialistes français sont aux valeurs de gauche.

 

Evolution de son discours entre septembre 2012 et mai 2013

Son troisième séjour en France me contraint d’actualiser mon analyse. Les quelques mois qu’il a passé hors de France n’ont visiblement pas fait de bien au père Paolo dall’Oglio, qui atteint désormais des sommets dans les délires haineux et négationnistes.

Avec le temps le discours du père Paolo s’est radicalisé, comme si, constatant les boulevards qui lui sont ouverts par tous les médias officiels de la zone OTAN, l’impunité totale dont il bénéficie dans l’étalage de ses mensonges, de ses calomnies, et de ses incitations à la haine, il pouvait à présent tout se permettre. Peut-être aussi l’homme est-il furieux de constater que la situation sur place ne se décante guère, que ce régime qu’il déteste continue de tenir, ce qui retarde d’autant son retour à Mar Moussa.

Poursuivant sa folle fuite en avant, le père Paolo va à présent très, très loin dans ses prises de positions. Les mercenaires islamistes liés à al Qaida ? « Dans mes échanges avec eux, j’ai reconnu des hommes et des femmes qui ont une passion religieuse, un sentiment religieux que je partage. Ce sont des gens enragés mais épris de justice. Ils se sentent collectivement persécutés, attaqués et niés. Du coup, ils sont dans une psychologie d'hyper réactivité victimaire qui les amène à commettre des crimes.  » La timidité des prises de position de l’église catholique de Syrie ? « j'ajouterai qu'il y a de la corruption politique, sexuelle, qui se cache derrière la soumission au pouvoir. Cela fait partie d'un système de cooptation par soumission à un système autoritaire.  » Les chrétiens qui ne partagent pas son point de vue ? Ce sont des « islamophobes chrétiens ». Peut-on dialoguer avec Bachar el Assad ? « Auriez-vous accepté de dialogué avec Hitler en 1944 ? » Qu’en est-il du terrorisme en Syrie ? « Je propose de se passer du mot « terrorisme » ». Il faut utiliser « révolutionnaire ».  » Le possible usage des armes chimiques par le régime d’Assad ? "Comment ne pas y croire ? Si quelqu'un peut envoyer des missiles balistiques qui enlèvent un hectare de ville, si quelqu'un peut envoyer des bombes sur la population syrienne sans état d'âme, pourquoi aurait-il un problème pour utiliser des armes chimiques ?" Il ose dire ça, alors qu’il est à présent avéré que des combattants du front al Nosra ont utilisé des armes chimiques contre des civils syriens dans un village de la banlieue d’Alep.xli

 

Bilan sur les éléments de langage

Comme je le suggérais en introduisant ces leitmotivs de ses discours et réparties, il est manifeste que le père Paolo n’y exprime pas une opinion personnelle, mais qu’à l’évidence, il relaie de manière systématique des éléments de langage copiés collés des argumentaires des médias de la zone OTAN. Il ne s’en écarte jamais, et je pourrais entrer beaucoup plus dans le détail. L’indice le plus significatif de cette coïncidence me semble cette finesse avec laquelle notre prélat, qui ne s’occupe que d’affaires syriennes depuis 30 ans, relaie l’argumentaire pointant l’association entre extrême droite et extrême gauche dans la dénonciation dans la version officielle martelée en zone OTAN, qui est une construction des médias commerciaux français pour discréditer tout point de vue un peu différent (ce fameux mythe des rouges-bruns, popularisé par des « journalistes » comme Ornella Guyet, et des « intellectuels » comme Bernard Henry Levi). C’est typiquement le genre d ‘argument qui ne peut que lui avoir été soufflé, et qu’il relaie sans vérifier, inconsciemment ou sur commande.

 

Le point de vue d'autres autorités chrétiennes de Syrie ou connaisseuses de la Syrie

Il est remarquable que les journalistes qui réalisaient ces intervious de complaisance, ou rédigeaient des articles à sa gloire, prenaient souvent soin de souligner que le point de vue du père Paolo était très minoritaire, que les chrétiens de Syrie, majoritairement, ne souhaitaient pas le renversement du régime qu'ils considéraient comme un rempart contre les mercenaires extrémistes venus de l’étranger.

On pouvait se demander alors : si l'opinion du père Paolo était à ce point minoritaire, pourquoi bénéficiait-t-il d'une couverture médiatique aussi massive et « diversifiée », et ce alors qu'aucun autre témoignage de religieux connaissant bien la Syrie, y vivant, ou y ayant vécu, n'était jamais rapporté.

Trois explications possibles à ce focus extraordinaire des médias sur ce personnage. 1) Le père Paolo est l'un des seuls chrétiens lucides de Syrie. Tous les autres, comme il le soutient, sont intoxiqués par la propagande du régime. Les médias ont raison de relayer massivement et exclusivement ce témoignage 2) Le père Paolo est l'un des chrétiens les moins lucides de Syrie. Il ne comprend rien à ce qui se passe sur place mais a choisi cette position tranchée en raison de l'immense amertume qu'il ressent d'avoir du quitter un Lieu Sacré qu'il a contribué à redresser, et dans lequel il a vécu pendant 30 ans. 3) Le père Paolo dall’Oglio est tout à fait lucide ; quand il lance ses déclarations fracassantes et diffamatoires, il sait qu’il ment, il sait que ses incitations à la haine sont infondées et qu’en les proférant il trahit le Christ, il sait que son analyse de la situation est fausse et orientée, mais pour des raisons qui restent à éclaircir (et sans doute pas très catholiques), c’est la voie du mensonge et de la haine pour laquelle il a opté.

J’ai déjà donné beaucoup d’éléments d’information en faveur de la 3ème explication, mais avant de trancher pour de bon, passons en revue quelques témoignages d’autorités chrétiennes qui, elles, n’ont bénéficié d’aucune couverture médiatique, ou ont été systématiquement caricaturés et diffamés dans les mêmes médias qui servaient la soupe au père Paolo dall’Oglio. En prenant connaissance de ce qu’ils disent, peut-être comprendrons nous mieux ce silence qui les environne, et du degré de supercherie qu’implique cette focalisation unique et martelée sur le père Paolo dall’Oglio.

Donnons la parole à cinq personnalités religieuses syriennes ou très proches de la Syrie.

 

Père Elias Zahaloui

 
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Père Elias Zahlaoui

 

Le père Elias Zahlaoui est un prêtre arabe catholique syrien qui officie depuis 1977 à Notre Dame de Damas. Horrifié par ce qu’il a constaté sur place, et en particulier les massacres de chrétiens perpétrés par les mercenaires fanatisés, l’homme a publié une série de lettres ouvertes à diverses autorités. Le 23 juinxlii et le 15 septembre 2011xliii à Alain Juppé quand ce dernier était ministre des affaires étrangères, le 17 juillet dernier à François Hollandexliv, enfin le 30 juillet 2012 à Benoît XVIxlv. Dans ces lettres, le père Zahlaoui dénonçait la désinformation des médias occidentaux sur la situation en Syrie, et les persécutions des chrétiens. Certaines phrases étaient très audacieuses. L’homme faisait le parallèle entre le cas syrien et le cas libyen : « N’est-il pas vrai que vous êtes intervenus en Lybie, pour soi-disant protéger les droits humains des civils, contre un dictateur, que, pourtant, la France et l’Italie n’ont cessé de flatter, et que l’Angleterre et les États-Unis ont fini par chérir ! Et vous vous en êtes acquittés en laissant sur le sol de la Lybie, un charnier de 50,000 morts, pour la plupart des civils. » Il comparait l’obsession des médias sur la Syrie à leur silence sur les graves et répétées violations des droits de l’homme à l’encontre des Palestiniens par l’état d’Israël : « si, en Occident, vous êtes si sensibles au problème des droits de l’homme, pouvez-vous me dire ce qui vous rend totalement aveugles à ce que fait Israël en Palestine, depuis plus de 60 ans, en décimant systématiquement le peuple palestinien, et en dévorant même la portion de terre, qui lui a été décidée par les fameuses Nations Unies en 1947 ? »  Enfin, M. Zahlaloui poussait la témérité jusqu’à comparer le traitement médiatique unilatéral de l’affaire syrienne à celui de ces « mystérieux événements du 11 septembre 2001  ». Les lecteurs au courant de la censure draconienne sur ces trois sujets ne seront pas étonnés que ces lettres ouvertes soient restées sans réponse, qu’aucun média commercial ne les ait relayées, et que seuls des sites comme legrandsoir.infoxlvi, michelcollon.infoxlvii, Infosyriexlviii, ou mondialisation.caxlix en aient compris le risque et reçu l'honneur.

 

Philippe Tournyol du Clos

 

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Qualifié de "faux prélat" par L’Oeuvre d’Orient, Mgr Philippe Tournyol du Clos, ici en audience avec Jean-Paul II.

 

Nous n’avons pas là affaire à un Syrien, mais après tout puisque les médias commerciaux ne voient pas d’inconvénient à relayer exclusivement le point de vue d’un Italien, tout témoignage de chrétien connaissant bien la Syrie peut être considéré comme pertinent. Le Réseau Voltaire avait relayé, le 2 juin 2012l, le témoignage de Mgr Philippe Tournyol Du Clos, archimandrite, grec catholique melkite, qui se rend fréquemment au Moyen-Orient. Il commençait par déplorer que : « la paix en Syrie pourrait être sauvée si chacun disait la vérité. De retour à Damas en ce mois de mai 2012, il me faut bien constater qu’après une année de conflit, la réalité du terrain ne cesse de s’éloigner du tableau catastrophiste qu’en imposent les mensonges et la désinformation occidentale.  » Plus loin il révélait qu’Alain Juppé, quand il était ministre des affaires étrangères en exercice, avait sciemment ignoré les multiples communications de l’ambassadeur de France en Syrieli, Eric Chevallier, démentant absolument la version officielle : « Il faut dire et redire que l’idéologie fanatique est d’importation étrangère et que la Syrie n’a jamais été confrontée à un cycle de manifestations/répression, mais à une déstabilisation sanguinaire et systématique par des aventuriers qui ne sont pas syriens. Cette information, qui va à l’encontre des journaux et des reportages télévisés, l’ex-ambassadeur de France, Éric Chevallier, n’avait eu de cesse de la faire entendre à Monsieur Juppé ; mais le ministre français refusa toujours de tenir compte de ses rapports et falsifiait sans vergogne ses analyses pour alimenter la guerre contre la Syrie. » Il affirmait que les chrétiens qui n’avaient pas encore fui sous la menace des combattants étrangers reconnaissaient dans l’armée syrienne leur dernier rempart : « Un habitant me confie : « Si l’armée quitte notre village, nous risquons d’être égorgés. Si la répression sauvage dont l’accusent vos médias était réelle, pourquoi les militaires seraient-ils les bienvenus dans nos villages ? ». Ils sont, j’ai pu le constater de mes yeux, sous la protection attentive des troupes fidèles au Président Bachar. Pourtant, le jour de l’Ascension, une roquette est arrivée dans le jardin, heureusement sans faire de dégâts, mais l’explosion a terrifié les enfants. » Pour être honnête le témoignage de M. du Clos n’a pas été complètement ignoré. L’hebdomadaire chrétien la Vie, par exemple, sous la plume du théologien belge proche de l’Oeuvre d’Orient Christian Cannuyer, a publié le 27 juin 2012 un article sur ce religieuxlii. Toutefois, ce n’était pas pour reprendre des éléments dérangeants de son témoignage, comme ceux que je viens de citer, mais pour faire de l’homme un portrait au caca fumant propre à dépouiller de toute valeur son témoignage. Notre homme serait un « prétendu évêque  », « transfuge des milieux ingristes et catholiques d’extrême droite  ». « Ses allégations sont fausses et manipulées.  » L’article allait jusqu’à mettre en doute, qu’il se fût rendu réellement à Homs. Le nom du père Paolo apparaît dans cet article où il est complaisamment évoqué comme « notre ami  ».

Je m’attarde quelques lignes sur cet article de la Vie. Son caractère outrageusement caricatural fait deviner quelque chose de tout à fait surprenant : certains milieux ecclésiastiques eux-mêmes semblent résolument engagés dans la machine de propagande de l’OTAN. Je suis ainsi tombé à plusieurs reprises sur l’Oeuvre d’Orientliii, dirigée par le père Pascal Gollnich (le frère de l‘homme politique du Front National), et j’ai constaté son positionnement extrêmement trouble et équivoque dans cette histoire. Je ne me suis intéressé qu’en passant à cet aspect du problème, mais je suis certain qu’une étude plus approfondie amènerait son lot de révélations surprenantes.

 

Grégoire III Laham

 

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S. B. le patrairche melchite Grégoire III Laham

 

Grégoire III Laham est le patriarche de l'église catholique melkite qui compte 180000 fidèles. Dans un appel du 9 juillet 2012liv, Mgr Laham, dénonce avant toute chose "l'ingérence d'éléments arabes et occidentaux", une ingérence qui "se traduit par les armes, l’argent et les moyens de communications à sens unique, programmés et subversifs." Cette ingérence est "nuisible même à l’opposition", et "affaiblit aussi la voix de la modération qui est spécifiquement celle des chrétiens et, plus particulièrement, la voix des Patriarches et des Evêques". Il dénonce par ailleurs le procès qui est fait aux chrétiens de Syrie d'être des suppôts du régime : "nous considérons que ce sont les positions de certaines personnalités, d’une presse déterminée et d’institutions particulières qui nuisent aux chrétiens en Syrie et les exposent au danger, à l’enlèvement, à l’exploitation et même à la mort. Ces positions accablent les chrétiens de fausses accusations, semant le doute dans leurs cœurs et diffusant la peur et l’isolement. Par suite, elles aident à leur exode à l’intérieur du pays ou à l’extérieur". On ne peut s'empêcher de penser aux "positions" du père Paolo sur ce point... Cette présentation systématique des chrétiens comme "collés au régime" les désigne comme une cible pour les groupes armés : "Ce sont ces positions elles-mêmes qui prétendent intempestivement s’intéresser aux chrétiens qui peuvent augmenter le radicalisme de certaines factions armées contre les chrétiens. Elles exacerbent les relations entre les citoyens, particulièrement entre les chrétiens et les musulmans comme ce fut le cas à Homs, à Qusayr, à Yabrud et Dmeineh Sharquieh." Comme la mère Agnès-Mariam (voir plus loin), il place ses espoirs dans le mouvement Mussalahalv (réconciliation) : "C’est ce qui prépare la voie à la résolution du conflit. Nous avons beaucoup d’espoir dans la création de ce nouvel organe qu’est le ministère de la réconciliation." Mgr Laham pointe par ailleurs l'influence écrasante du conflit israélo-palestinien dans les malheurs de la Syrie : "la division du monde arabe a toujours été la cible majeure interne et externe. Cette division est la raison des dangers qui guettent la région et elle est la cause de l’absence d’une solution juste et globale au conflit israélo-palestinien. Ce conflit est le fondement et la cause primordiale de la plus grande partie des malheurs, des crises et des guerres du monde arabe." Ce conflit "est la cause primordiale de l’exode des chrétiens". Cet appel de Mgr Laham a été pratiquement ignoré par les grands médias commerciaux français. Seul le journal La Croix, le 23 juillet 2012, lui a consacré un articlelvi. Le journaliste François-Xavier Maigre y fait une présentation équilibrée des positions de l'homme, sans y mettre une quelconque réserve comme c'est presque toujours le cas. Quand on constate ces positions, on comprend mieux pourquoi les médias commerciaux l'ont complètement passé sous silence. Au-delà du fait qu'il dénonce l'infiltration d'éléments non syriens et occidentaux, qu'il évoque comme le plus grand danger pour les chrétiens, il dénonce l'analyse la plus courante du point de vue des chrétiens par les grands médias de masse occidentaux, qui à l'instar du père Paolo, les présentent comme des collabos ou des brutes assommées par la propagande du régime. Mgr Laham suggère ainsi que ces médias ont une responsabilité indirecte dans les persécutions dont les chrétiens sont victimes. 

 

 

Mgr Antoine Audo

 

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Mgr Antoine Audo

 

Monseigneur Audo est l’évêque des chrétiens chaldéens de Syrie. Il est également le président de Caritas pour la Syrie, ce qui l’amène à venir en aide aux victimes de la guerre de diverses manières : achats de médicaments, couvrements des frais de scolarité, aide aux personnes âgées, aide à la reconstruction. Mgr Audo est donc une personne très bien informée. Il a effectué un séjour en France en juin 2012, ce qui a donné l’occasion à des médias indépendants et/ou chrétiens de recueillir son point de vue sur la situation en Syrie. Les citations suivantes sont extraites d’une interviou réalisée par l’église catholique de Mosellelvii, et d’un entretien accordé au site Aide à l’Eglise en Détresse (AED)lviii. Aucun média commercial de masse n'a relayé cette prise de position.

 Il affirme que le président syrien est largement soutenu par le peuple syrien toutes tendances confondues : « Quatre-vingt pour cent de la population est derrière le gouvernement, comme le sont les chrétiens ». Il dénonce la partialité de la couverture des événements par les médias occidentaux ou arabes : « Dans certains médias, tels que la BBC ou Al-Jazeeera, on constate une certaine orchestration visant à déformer le visage de la Syrie. Le gouvernement respecte les personnes qui respectent la loi et l’ordre. La Syrie a beaucoup d’ennemis, et le gouvernement doit se défendre, ainsi que le pays. Il y a une guerre d’information contre la Syrie. La retransmission des médias n’est pas objective. Nous devons défendre la vérité en tant que Syriens et chrétiens." Il dénonce l’ingérence étrangère en Syrie : « Le régime continue de se défendre contre des groupes armés dont certains membres viennent des pays qui entourent la Syrie. J’ai parfois le sentiment que ces groupes utilisent les médias pour servir leur cause et provoquer un changement dans le pays. Le réel est toujours plus complexe et plus nuancé quand on le vit de l’intérieur. » Il redoute que l’effondrement du régime ne plonge la Syrie dans un enfer à l’irakienne et ne soit cause d’un exode massif des chrétiens : « Le risque est de remplacer une dictature militaire par une autre dictature théocratique. C’est ce que l’on craint. En étant réaliste, voyez ce que l’Irak a donné : la moitié des chrétiens a quitté le pays et moi je les ai vu arriver, nombreux, en Syrie.  » Caritas (et donc Antoine Audo) avait en effet en 2005 participé à l'accueil des chrétiens qui fuyaient en masse l'Irak en proie aux violences interconfessionnelles. la Syrie, ce qu’on oublie trop souvent, à l'époque a accueilli 1 million 200 mille réfugiés irakiens sur son sol.

 La position de Mgr Audo a été complètement ignorée par les grands médias commerciaux. Seul le journal la Croix, dans son édition du 14 juin 2012, lui a consacré un petit article, transcription d’un entretien avec François Xavier Maigre à l’occasion du passage de l’évêque en Francelix. Son propos y est extrêmement modéré par rapport en comparaison de ce qu’il peut déclarer sur des médias indépendants.

 

Mère Agnès Mariam de la Croix

 

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Mère Agnès-Mariam de la Croix

 

 Mère Agnès Mariam de la Croix est une religieuse franco-libanaise, prieure du monastère saint Jacques le Mutilé, à Qara, à 70 km de Homs, où elle réside depuis 12 ans. Le cas de cette religieuse est différent des précédents, dans la mesure où les grands médias ont été obligés d’en parler à l’occasion de l’affaire Jacquier, du nom de ce reporter tué par des éléments de la « rébellion » à Homs en janvier 2012. Elle avait obtenu des visas pour un groupe de journalistes français venant rendre compte des événements, et les accompagnait parfois dans leurs déplacements divers. Gilles Jacquier a trouvé la mort à Homs, au moment où les combats faisaient rage. Désireux de se rapprocher du feu de l’action, malgré les avertissements de mère Agnès Mariam, il est tué par un mortier thermobarique. L’affaire fait grand bruit en France : Gilles Jacquier est le premier journaliste français à périr dans la Syrie en guerre.

A cette occasion, de nombreux articles sont publiés dans les médias commerciaux de masse, et fatalement son cas y est évoqué. Quand ils l’évoquent rapidement ils se contentent de préciser que mère Agnès Mariam est « une proche du régime  » (Libération)lx, « une religieuse libanaise favorable au régime » (le Point)lxi, « une religieuse favorable au régime syrien » (id) (l’Express)lxii. Quand ils entrent un peu dans le détail, de façon systématique, ils recourent à des expressions péjoratives, et dénoncent la position qu’elle occupe. Angela Bolis, du journal le Monde la qualifie ainsi « de personnalité ambiguë qui affiche son soutien au régime »lxiii. Pour l’association Souria Houria, sans surprise, mère Agnès Mariam est « la grande avocate du régime de Bachar el Assad  »lxiv. Pour Christian Cannuyer, dans la Vie, elle serait (avec d’autres), « manifestement stipendiée ou manipulée  », et son comportement « confine à la collaboration  »lxv. Certains articles vont jusqu’à laisser planer l’hypothèse qu’elle serait peut-être responsable de la mort de Gilles Jacquier. Le Dauphiné rapporte ainsi que, pour la compagne du journaliste décédé, « La thèse du guet-apens ne fait pas de doute : « Il ne voulait pas aller à Homs. Il a été contraint par la sœur Marie-Agnès. Face à son refus, elle lui a dit qu’il ne lui restait que deux jours avant de quitter la Syrie. Cette religieuse lui avait permis d’obtenir son visa d’entrée et celui de Christophe Kenck, son collègue »lxvi. Le magazine Envoyé Spécial a lui aussi relayé cette accusation. Cette version de l’histoire est réfutée par l’intéressée : " La réalité, c’est que Monsieur Gilles Jacquier, que Dieu ait son âme, avait fait par écrit une demande de visa pour aller à Homs.(…) Avant qu’ils y aillent, j’ai demandé et j’ai informé expressément le délégué de l’AFP, qui parle l’arabe, et la responsable de l’information, qu’il fallait être de retour à 15 heures : le couvre-feu à Homs commençait en effet à 15 heures de l’après-midi et il ne fallait surtout pas y circuler au-delà de 15 heures. Cela a été dit et il y avait des témoins.(…) Cette équipe a fait fi des directives des militaires qui les avaient accompagnés à leur demande et elle s’est perdue. Pourquoi était-il impératif de rentrer avant 15 heures ? ça je l’ai expérimenté moi-même, quand je suis passée à Homs : à 15 heures, tous les jours, les rebelles commençaient à attaquer de toutes parts et cela, personne, aucune presse ne l’a dit.  »lxvii Du reste il est maintenant avéré, si l’on en croit George Malbrunot pour le Figaro du 17 juillet 2012lxviii, que M. Jacquier n’a pas été tué dans un guet-apens organisé par l’armée, mais par une roquette tirée par des rebelles de Homs. Le Réseau Voltaire, dans un article d’Arthur Lepic, était arrivé à cette conclusion dès le 11 janvierlxix.

On peut également relever quelques portraits réalisés par des journalistes, qui la présentent comme proche des milieux d’extrême droite, proche de Thierry Meyssan, ou citée dans des sites qui parlent de façon complaisante de Robert Faurisson. Rien de neuf sous le soleil…

Si le nom de « Marie-Agnès » a été abondamment cité dans les médias commerciaux de masse, c’est donc, soit de façon succincte et toujours en la définissant par son soutien au régime d’Assad, soit comme une personne douteuse et peu digne de confiance, et parfois comme une auxiliaire active du régime éventuellement responsable de la mort de Gilles Jacquier.

De façon frappante, pratiquement pas un seul article ne développe certaines des prises de position et analyses qu’elle a pu faire de la situation sur place. Elle a ainsi pris à plusieurs reprises des positions tranchées dans lesquelles elle dénonce la partialité et les mensonges des médias commerciaux. "Les journalistes de la propagande atlantique, les propagandistes à la Goebells n'ont montré que la moitié de ce qui se passe en Syrie. Et encore, ils ont truqué leurs reportages." Elle fait le parallèle, comme le père Zahlaoui, entre le médiamensonge syrien et ceux qui ont permis l'invasion de l'Irak et de la Libye : "C'est faux qu'il y avait des armes de destruction massive en Irak, et on a attaqué Saddam Husseïn. C'était faux que Kadhafi allait faire un génocide contre son peuple en Libye. l'ONU a fait 150000 morts. » Elle dénonce également le traitement horrible que réservent les mercenaires étrangers aux chrétiens, par exemple à Homs : "Suite à une mission d’information avec des médias catholiques j’ai été amenée à visiter la ville de Homs et ses environs. J’ai été remuée au plus profond de ma conscience par la tragédie que vit la population civile, notamment les chrétiens. Ces derniers sont surtout concentrés dans les quartiers centraux de la ville qui sont devenus le repaire de bandes armées que personne jusqu’à présent n’a réussi à identifier. Toujours est-il que ces bandes imposent une loi martiale en vertu de laquelle les fonctionnaires qui rejoignent leur travail sont susceptibles de représailles, les enseignants dans les écoles publiques, inclus. De même les artisans, les vendeurs et même ceux qui ont une profession libérale sont la cible d’actes terroristes qui visent à paralyser la vie sociale. Les résultats de ces méthodes coercitives sont des plus terribles : chaque jour des innocents sont égorgés ou kidnappés. Des familles perdent ainsi le père, le fils ou le frère. Les veuves et les orphelins sont dans la nécessité. Ceux qui n’ont pas affronté le spectre de la mort doivent faire face à la séquestration forcée dans leurs domiciles où ils cherchent à survivre sans travail." Cette dernière citation est extraite d'un Appel qu'elle a lancé le 26 décembre 2011lxx, pour qu’enfin le monde prenne conscience de ce qui se passe réellement en Syrie. Cet appel, comme les lettres du père Zahlaoui, ne sera jamais relayé dans un média commercial.

Ce passage sous silence intégral des positons de Mère Agnès Mariam est d’autant plus choquant qu’elle a effectué plusieurs passages en France depuis le début de la crise. Recueillir son témoignage n’avait rien de compliqué. Ainsi en décembre dernier, lors de son avant-dernier passage dans la capitale, elle a participé à un colloque organisé par L’Institut pour la Démocratie et la Coopération (IDC) en compagnie de l’ambassadeur de Russie en France, et deux médias indépendants ont pu l’interviouver : le journal l’Audiblelxxi, et la chaine Méta tvlxxii. L’ignorance de ce témoignage aux antipodes de la version officielle se comprend mieux, si l’on a en tête la présentation caricaturale et diffamatoire qui en est faite depuis l’affaire Jacquier par les grands médias.

 

Retour au père Paolo

Nous nous posions la question au départ de savoir pourquoi le père Paolo était la coqueluche de certains journalistes encartés, et pourquoi toutes les autres autorités chrétiennes de Syrie étaient intégralement passées sous silence. Au terme de ce parcours il n’est pas très difficile de répondre à cette question, même si c’est difficile à admettre.

Le père Paolo a bénéficié de cette couverture médiatique exceptionnelle car c’est la seule « autorité » chrétienne de Syrie (et même pas syrien par ailleurs rappelons-le) à appuyer la version officielle faisant peser toute la responsabilité de la crise et des massacres sur le régime de Bachar el Assad. La plupart des journalistes qui ont écrit sur lui ou qui l’ont interrogé prennent eux-mêmes souvent soin de le reconnaître. Cela implique que les médias commerciaux (ceux qui occupent les postes clés, pas la majorité des journalistes qui souffrent de cette censure), dans leur totalité, ont reçu pour consigne de ne rapporter que cette sorte de témoignage, et que tous ont obéi à la lettre.

C’est la raison pour laquelle, inversement, tous les témoignages que je viens de citer ont été ignorés, et leurs auteurs pour certains caricaturés ou diffamés.

Les médias qui ont aveuglément et complaisamment relayé les positons du père Palo pouvaient d’autant moins donner une tribune à leurs auteurs que tous mettent en cause la partialité du traitement médiatique de la crise syrienne par les médias de la zone OTAN. Fait aggravant pour ces médias, ces autorités religieuses avancent que la crise syrienne est couverte par un médiamensonge comparable à celui qui a précédé l’invasion de l’Irak et de la Libye. Impensable pour l’instant de remettre en cause dans les grands médias à la fois la version officielle des événements de Syrie et de Libye.

Ne parlons même pas du témoignage informant qu’Alain Jupé a ouvertement menti pour la Syrie, au mépris des rapports de l’ambassadeur Eric Chevallier (information énormelxxiii, tout de même !!), et de celui comparant le médiamensonge de la crise syrienne à celui échafaudé pour étouffer les doutes légitimes que doit susciter dans tout esprit sain la version officielle des attentats du 11 septembre 2001. Quant au poids du conflit israélo-palestinien dans cette dramatique équation…

Certains journalistes influents des médias commerciaux français ont reçu pour consigne de mentir sur le témoignage des chrétiens de Syrie, comme ils ont reçu pour consigne de mentir sur les autres aspects de la crise syrienne. Les médias français, une nouvelle fois, comme dans l’affaire libyenne, comme pour les attentats du 11 septembre 2001, ont joué pleinement le rôle moderne qui est désormais le leur : celui de relais de l’impérialisme pour justifier aux yeux de l’opinion publique une guerre illégale accompagnée d’exactions horribles, de massacres de masse, et entrainant l’exode de centaines de milliers de réfugiés.

 

Epilogue

Au terme de cette étude, dont les conclusions sont malheureusement accablantes pour les milieux journalistiques et politiques français, nous appelons solennellement le CSA à envoyer à tous les médias qui se sont fait abuser par les boniments du père Paolo, ou qui ont relayé (et relayent encore) avec zèle ses positions une note de sévère mise en garde. Si les gens du CSA manquent d'imagination et se retrouvent devant l'angoisse de la page blanche, nous leur suggérons d'envoyer la missive suivante :

"Le Conseil a adressé un courrier à tous les présidents de grandes radios et chaînes de télévision au sujet de leur couverture des positions du père Paolo Dall'Oglio pendant les neuf derniers mois. Ce dernier a en effet été reçu à d'innombrables reprises pour relayer ses positions appelant à la chute du régime en place en Syrie. Les grands médias du PAF et de la presse écrite n'ont fait que reprendre à leur compte, sans la moindre distance critique ni précaution de langage, la propagation d'informations à l'évidence fausses, après avoir explicitement accordé à son auteur des labels de légitimité et de respectabilité. Le Conseil a rappelé au président des chaînes les termes du préambule du cahier des missions et des charges de la chaîne qui précisent notamment que " les sociétés nationales de programme ont vocation à constituer la référence en matière d'éthique " et ceux de l'article 2 qui disposent que " la société assure l'honnêteté, l'indépendance et le pluralisme de l'information ". Il lui a demandé de prendre des mesures pour que la vérité soit rétablie et que de tels dérapages ne se renouvellent pas."

Ce texte n'est autre (en changeant les noms et une poignée de termes) que la directive 151lxxiv envoyée à France Télévision en avril 2002 par le CSA après le passage de Thierry Meyssan sur le plateau de l'émission de Thierry Ardissonlxxv, dans laquelle il présentait l'Effroyable Imposture, ouvrage dans lequel il contestait qu'un avion de ligne se fût écrasé sur le Pentagonelxxvi. Quoiqu'elle n'ait pas été envoyée à tous les autres médias, France Télévision a eu apparemment le courage de prendre l'initiative de la relayer à tous les autres organes du PAF, de sorte que depuis cette émission, cela fait 10 ans que Thierry Meyssan est interdit d'expression sur les chaînes de radio et de télévision française.

Cette directive 151 n'a aucun sens appliquée à Thierry Meyssan ; en revanche, elle me semble à merveille s'appliquer au père Paolo dall’Oglio. Nous suggérons donc au CSA d'envoyer telle quelle cette missive, en transmettant par la même occasion les amitiés les plus chaleureuses du Réseau Voltaire à l'ensemble de la profession.

 

Avertissement final aux chrétiens de France

Ce n’a pas été la moindre de mes surprises, en menant cette étude, de me rendre compte qu’il n’existait finalement en France, concernant les événements de Syrie, presqu’aucune différence de traitement de l’information entre les médias commerciaux estampillés « chrétiens » (La Croix, La Vie, Pèlerin, Radio Notre Dame), et les autres grands médias commerciaux (Charlie hebdo, Libération, TF1, RMC, France inter, etc).

Il faut être conscient que la propagande se loge partout. Les médias « chrétiens » comme les autres médias commerciaux, sont possédés par des gens qui n'ont rien à voir avec l'information et dont les valeurs chrétiennes ne sont pas toujours le premier des soucis. Ce que l'on appelle la « presse chrétienne » (quand elle est commerciale) doit être lue par les chrétiens de France avec le même esprit critique que les publications "profanes".

Les médias chrétiens sont entrés dans le bal médiatique hagiographique du père Paolo avec le même enthousiasme, la même confiance, et la même absence d'esprit critique que leurs confrères du Monde ou de France Inter.

Ainsi va la (dés)information en France.

 

François Belliot

 

NOTES

i Frédérique Calendra a signé en juillet 2001 l’ « Appel pour une Syrie libre », lancée par l’association Urgence Solidarité Syrie. Cet appel a été signé par des partis politiques et des associations (LDH, PC, PS, PG, EELV, ATTAC, CAP21, MRAP, UJFP), et des personnalités politiques comme François Hollande, Daniel Cohn-Bendit, Noël Mamère, Marie George Buffet. Urgence Solidarité Syrie est alliée avec l’association Souria Houria, et a participé plus récemment à la Vague Blanche.

ii Le parallèle entre la crise syrienne et les cas tunisiens et égyptiens est grossier et infondé. Pour comprendre comment la révolution dans ces deux derniers pays a été manipulée et détournée en faveur d’intérêts étrangers, je renvoie au livre de Mezri Haddad, la face cachée de la révolution tunisienne (éditions Apopsix, janvier 2012)

vii http://www.comite-valmy.org/spip.php?article3401 « En présentant Bassma Kodmani, M. Hafidi aurait pu mentionner les informations suivantes : Bassma Kodmani a fait toute sa carrière aux Etats-Unis. Elle n’a aucun ancrage sur le terrain. Elle a travaillé pour la NED , a été directrice de la branche régionale de la Ford Foundation au Caire, et assisté à deux forums de Bilderberg (2008 et 2012). Co-fondatrice du conseil national de transition syrien (jusqu’à sa démission en aout 2012), elle est considérée par le reste de l’opposition comme « la principale représentante des intérêts des Etats-Unis ». »

viii Le Réseau Voltaire a récemment relayé un documentaire édifiant sur les exactions des mercenaires. Réalisé par une équipe de journalistes russes de la chaine d’information Russia 24 (http://www.voltairenet.org/article178364.html). Ce documentaire montre des scènes insoutenables de barbarie dont les auteurs sont sans ambiguïté possible des mercenaires. Il est évidemment impensable qu’un tel documentaire passe à l’antenne des chaines commerciales d’état comme France 2 ou Tf1. Cela compromettrait l’efficacité des vidéos de propagande de la « vague blanche ».

xxviii Eglantine Gabaix Halié a séjourné de 2004 à 2006 au monastère der Mar moussa, et c’est elle, déjà, qui avait prêté son assistance au père Paolo pour la rédaction de son premier ouvrage : « Amoureux de l’Islam, croyant en Jésus »

li Sur ce sujet lire aussi cet article du réseau Voltaire du 20 mars 2012 : http://www.voltairenet.org/article173169.html

lv « Musalaha), c’est un effort communautaire, une initiative non-violente née à Homs, centre d’affrontements entre l’armée syrienne et les groupes armés. Elle associe des membres des communautés ethniques et religieuses fatigués par la guerre. Elle se propose comme « troisième voie » alternative au conflit armé et elle veut conjurer même une intervention armée de l’extérieur (même si celle-ci indirectement existe depuis longtemps). Elle dit « non » à la poursuite des violences. Non à la guerre civile et aux violences sectaires. » Cette citation est extraite d’un article de Marinella Correggia consultable ici : http://www.mondialisation.ca/pour-une-campagne-internationale-au-soutien-du-mouvement-syrien-mussalaha-reconciliation?utm_source=rss&utm_medium=rss&utm_campaign=pour-une-campagne-internationale-au-soutien-du-mouvement-syrien-mussalaha-reconciliation

lxxvi Pour entrer dans le sujet du Pentagone relativement au 11/09/2001, cette porte d’entrée déblayée par Lalo Vespera : http://www.reopen911.info/News/2012/08/15/la-parenthese-enchantee-711-les-reflets-du-modele-enron/

 



46 réactions


  • FRIDA FRIDA 21 mai 2013 11:22

    @texte très long néanmoins très intéressant
    merci de signaler l’ingérence de ce prêtre qui dévoie sa mission d’homme d’église ; il est plus un partisan d’une cause et cela ne le rend pas crédible, comme les islamistes,
    je n’arrive pas encore à deviner les raisons de ses prises de position, après les salafistes et les wahabites, on découvre les prêtres qui se mêlent aux révolutions et les appellent de leurs voeux

    http://reflexionssurlemonde.blogspot.fr/2012/06/epuration-religieuse-et-probablement.html


  • volpa volpa 21 mai 2013 11:26

    Ayant des connaissances dans le milieu des religieux chrétiens informés je peux affirmer que cet article est des plus sérieux.


  • morice morice 21 mai 2013 11:53

    ah Meyssan a retouvé sa bonne sœur, celle qui aime tant Bachar....



  • morice morice 21 mai 2013 12:06

    elle a des copains la bonne sœur, en prime ::

    On n’entendait plus trop parler ces derniers temps de la Mère supérieure de l’antique monastère de Saint Jacques l’Intercis, mais voilà qu’elle est l’invitée vedette, ce jeudi 21 mars à Paris, d’une conférence-débat intitulée : « Situation des chrétiens en Syrie, quel message pour Israël et pour la France ? » Qui lui a offert cette tribune ? Les conspirationnistes du Réseau Voltaire ? Le Parti Antisioniste ? Dieudonné ? Non point. La puissance invitante est… France-Israël. Connue pour son hostilité sans faille aux plus modestes revendications des Palestiniens, voici que cette association déroule maintenant le tapis rouge à une agitatrice relayant la propagande du régime syrien et donc de l’ennemi numéro 1 d’Israël qu’est l’Iran d’Ahmadinejad. On pourrait se croire chez les fous si ce n’était que France-Israël est présidée par Gilles-William Goldnadel. Cet avocat, très apprécié de la Droite forte de l’UMP, est « juif et le revendique sans honte, ni vanité », comme il l’a écrit dans sa préface au livre Vendée, du génocide au mémoricide. Il s’est aussi employé depuis quelques années à établir des ponts avec des fractions radicales de la droite la plus extrême, s’acoquinant parfois avec des antisémites notoires. S’il ne s’agissait que de la dérive ultra-droitière de l’individu, il n’y aurait pas de quoi en faire ici un article. Mais Goldnadel invite Agnès-Mariam de la Croix en se servant de l’association qu’il préside et dont le nom de France-Israël peut laisser croire qu’elle représente peu ou prou les positions de l’Etat d’Israël. Dès lors ça devient un acte politique grave que l’on se doit de combattre fermement. La question s’envenime encore du fait que le président de France-Israël est également membre du comité directeur du Crif (Conseil représentatif des institutions juives de France).


    ah ah ah !!

    • agent orange agent orange 21 mai 2013 12:53

      elle a des copains la bonne sœur


      Et vos copains morice, ils sont pas mal non plus.
      Une petite « compile » de leurs exploits... (âmes sensibles s’abstenir)


    • Réseau Voltaire France Réseau Voltaire France 21 mai 2013 13:41

      Au vu du caractère ignoble et infondé des accusations porté par les membres du groupe Morice envers Mère Agnès Mariam et d’autres personnalités chrétiennes de Syrie, des mensonges, attaques ad hominem, et incitations à la haine, je me vois contraint de replier cette réaction des morices, et replierai toute réaction de leur part qui n’est pas un écho direct à cet article.


    • morice morice 22 mai 2013 14:38

      Au vu du caractère ignoble et infondé des accusations porté par les membres du groupe Morice envers Mère Agnès Mariam


      1) il n’y a pas de groupe morice mais moi, un seul individu

      2) votre bonne sœur est la grande copine de votre réseau pro-assad, vous pouvez difficilement la présenter comme NEUTRE. Elle joue les espionnes pour le clan Assad depuis TOUJOURS.

      tous les journalistes présents là-bas l’ont vu faire !

    • morice morice 22 mai 2013 15:09

      http://syrie.blog.lemonde.fr/2011/11/20/mere-agnes-marie-de-la-croix-reconnait-que-ses-informations-proviennent-des-moukhabarat-syriens/


      Un visiteur du même site, originaire de Qara, dénonce à son tour l’hypocrisie de la religieuse en rappelant que, quelques heures avant ses déclarations à Beyrouth, elle avait participé, de nuit, dans le village, à une manifestation contre le régime (0’20 et 1’30) dont elle ne peut nier le caractère pacifique.

    • morice morice 22 mai 2013 15:11

      la bonne sœur faurissonnienne !


      « La moitié de la vérité »

      Encore plus surprenant, sœur Agnès écrit également sur un site Internet, Entre la plume et l’enclume, où s’expriment des personnes comme le négationniste Robert Faurisson, Dieudonné et d’autres personnalités dénonçant le sionisme et l’impérialisme occidental.

      Aux reporters réunis à Damas, la veille du départ à Homs, elle déclare : « Les journalistes de la propagande atlantique, les propagandistes à la Goebbels, n’ont montré que la moitié de la vérité sur ce qui se passe en Syrie. Et encore, ils ont truqué leurs reportages  ! » Une diatribe surprenante qui colle au discours du président Bachar el-Assad qui a accusé, la veille, les médias occidentaux de vouloir « détruire la Syrie ».

      « Je veux montrer l’autre partie du tableau, expliquait alors la religieuse. Ça fait partie de ma mission. » Et de nous appeler « à renouveler l’esprit du reportage ».


  • morice morice 21 mai 2013 13:34

    trouvez-moi une seule phrase dans laquelle j’aurai spécifié un soutien à cette engeance, diffamateur !


    LA MODERATION C’EST CONSTANT CHEZ LUI CETTE METHODE DE DIFFAMATION...

    • agent orange agent orange 21 mai 2013 15:01

      morice


      « Les ennemis de mes ennemis sont mes amis ». 
      En vous rangeant contre le régime de Bashar el-Assad revient de facto à un support aux rebelles salafistes, la seule véritable opposition au régime. 
      Même le New York Times l’admet.
      « Nowhere in rebel-controlled Syria is there a secular fighting force to speak of »


  • AmonBra AmonBra 21 mai 2013 13:36

    @ Réseau voltaire France.


    Merci pour ce dossier quasi exhaustif sur la communauté chrétienne de Syrie et sur cet étrange personnage de Paolo Dall’oglio, inconnu pour moi, que j’ai découvert dans un journal TV de ARTE. 
    Franchement je l’ai pris pour un agent $ioniste opérant chez les catholiques, tellement son discours se calait fidèlement sur les mensonges de nos merdiats.
    Je voulais savoir qui était ce type, Réseau Voltaire a devancé mes pensées et de façon magistrale.

    @ morice

    Le $ionisme est une idéologie « transversale »qui se moque des clivages politiques, religieux, philosophiques ou ethniques.
    Leurs $ayanim ont donc investi l’ensemble des spectres concernés, de l’extrême gauche à l’extrême droite, du Judaïsme à l’athéisme etc. 
    C’est aussi par cela que cette idéologie est redoutable d’efficacité en matière d’influence, faisant passer les sectes les plus puissantes, elles même infiltrées, pour des amateurs face à $ion.

  • captain beefheart 21 mai 2013 14:07

    Merci ,un grand merci à M.Belliot. Bien documenté et factuel ,j’enverrai cet article à nombre de mes copains sympathisants Front de Gauche.Diffusons-le à grande échelle !!


  • kyodai ken kyodai ken 21 mai 2013 16:40

    Les adorateurs de la réforme de l homme, la société, pronant dans toutes les institutions contre la liberté et le libre arbitre de l etre conscient. Infligeant leurs propagande, leurs idéologies trompeuses, maniant l art théatral et la « vérité » médiatique afin d asséner leur vision des choses.
    Le sionisme n est qu un apparat de plus à leur impressionnante collection de mouvements réformateurs. Tjrs sous couvert, manipulant l histoire sous formes de dogmes allant du religieux au politique en passant par la science. Les gardiens du temples oeuvrant pour eux. Mensonges et altération de la vérité servant leurs causes. Parfois parmi les requins on se dévore, les tendances sont convergeant ou divergeant mais la feuille de route est tenue coute que coute... Certains ne sont pas tenu aux plus insidieux secrets, leur communautarisme, racialisme, idéologie religieuse, politique ou que sais je encore servant de gouvernail pour les amener à oeuvrer pour des castes dirigeantes s octroyant le droit de penser pour tous.
    La subtilité des rouages permet de voiler la vérité de bien des choses mais comme toute arrogance et exagération outrancière elle commence à transparaitre. Le roi se retrouve défroqué.


  • alainminc alainminc 21 mai 2013 16:59

     :-> Paolo Dall’Oglio est un suppôt de Satan et le groupe ’ morice ’ son prophète .... :->


  • Aldous Aldous 21 mai 2013 18:16

    Les chrétiens sont très nombreux en Syrie car le Patriarchat d’Antioche a déménagé (il y a longtemps) à Damas.


    C’est l’un des dernier pays de la zone où les Chrétiens l’on ni été exterminés (Turquie) ni chassés (Liban, Irak)

    Et le sort qui les attends en cas de prise du pouvoir par les rebelles pourrait bien être un génocide comme en Turquie en 1915.

    • njama njama 21 mai 2013 23:27

      un génocide ? je suis très sceptique.
      Il y a plus de deux millions de chrétiens en Syrie (comme plus de deux millions d’alaouites). L’idée même de les déplacer est un non sens. Pour aller où d’ailleurs ?
      Hormis quelques familles aisées, le reste irait où ?

      « Que les chrétiens de Syrie et du Liban émigrent pour l’Europe, ils n’ont plus leur place au Proche Orient »
      Ça c’est de la soupe à Sarkozy, un adepte du Choc des civilisations ...
      http://www.silviacattori.net/article2394.html


    • Aldous Aldous 22 mai 2013 09:21

      il y en avait plus de deux millions en Turquie en 1914.


      Aujourd’hui il sont quelques milliers.

      Ce que le gouvernement turc a été capable de faire avec les moyens limités d’un empire ottoman en ruine, vous ne croyez pas qu’un gouvernement tafkiri financé par le Qatar avec des moyens modernes pourait le faire ?

      La reponse est evidemment que oui.

      Qui a empeché l’exode des chretiens d’Irak ?

      Personne.

      Qui s’en est même inquiété ? Le journal la Croix peut etre...

    • njama njama 22 mai 2013 15:31

      Les chrétiens d’Irak ?
      une bonne partie était venue en Syrie, qui a accueilli plus d’un millions de réfugiés irakiens. mais qui à l’époque en a parlé ?

      vous ne croyez pas qu’un gouvernement tafkiri financé par le Qatar avec des moyens modernes pourait le faire ?

      Dans l’escalade des horreurs personne ne sait où se trouve les limites, WW2 l’a montré. Ou Hiroshima.
      Faut-il pour autant accréditer cette hypothèse, qui est une grille de lecture de l’Occident à la Sykes-Picot sur l’Orient.
      Les chrétiens de Syrie sont là depuis 20 siècles, les juifs (ceux qui restent encore à Damas -il y en a -) depuis plus longtemps encore. Est-ce crédible de balayer du revers de la main presque 14 siècles de cohabitation avec l’islam ? Ou est-ce une vision tronquée de gens d’ici, ou d’Amérique qui n’ont aucune conscience de cette histoire ET de cette réalité d’Orient mêlée dans le quotidien de chacun ?

      Georges Corm, ex-ministre libanais le dénonçait déjà pour tordre le cou au « choc des civilisations » :
      « On projette sur les sociétés musulmanes une problématique propre à l’histoire de l’Europe. »
      http://www.agoravox.fr/spip.php?page=forum&id_article=89756&id_forum=2843218

      http://www.europalestine.com/spip.php?article1867

      Déjà posté sur Agoravox, mais pas inutile de le rappeler pour enfoncer le clou :

      Hayat al Huwik Atia, journaliste libanaise de confession maronite interpellant le pape lors de son voyage en Israël (en 2009) : « L’église d’Orient refuse d’être entraînée dans le processus de judaïsation de l’Occident chrétien. (…) Nous, l’Orient arabe chrétien, nous ne voulons pas de ce néochristianisme judéo-chrétien et nous refusons que l’Occident chrétien utilise l’influence spirituelle occidentale des églises, catholiques et protestantes, pour implanter en Orient et particulièrement dans le monde arabo-chrétien l’idée ou l’influence de judaïsation. Votre Sainteté le pape, sachez que je suis une chrétienne arabe ! (…) Par conséquent, cela ne m’empêche pas de vous rappeler ma fierté d’appartenir à cette terre arabe. Cette terre est le berceau de toutes les Religions et de toutes les Révélations monothéistes. (…) La deuxième raison est que c’est l’Occident agit depuis des décades contre le Monde arabe pour saper cette cohésion sociale et religieuse dans le Monde arabe. (..) En conséquence, Votre Sainteté, sachez que nous – Arabes chrétiens – ne sommes une minorité en aucune façon, tout simplement parce que nous étions des Arabes chrétiens avant l’Islam, et que nous sommes toujours des Arabes chrétiens après l’Islam. La seule protection que nous cherchons est comment nous protéger du plan occidental qui vise à nous déraciner de nos terres et à nous envoyer mendier notre pain et notre dignité sur les trottoirs de l’Occident. » (…)

      Lettre ouverte des Chrétiens arabes du Machrek à Sa Sainteté le Pape
       http://www.soueich.info/article-31810698.html

      Pour sa part, le docteur Rafiq Khoury, prêtre palestinien du Patriarcat latin de Jérusalem, écrit « (…) les chrétiens font partie de l’identité de la terre et la terre fait partie de leur identité, avec leurs concitoyens musulmans. (…) L’arabité et la palestinité des chrétiens de Palestine sont des faits acquis, que nous recevons avec le lait de notre mère, comme on dit en arabe. Les relations islamo-chrétiennes en Orient en général et en Palestine en particulier, s’inscrivent dans une longue histoire, qui a à son actif treize siècles de communauté de vie, où nous avons partagé « le pain et le sel », comme on dit en arabe aussi. » (article 30.04.2009)
      Les chrétiens d’Orient veulent rester Arabes

      La tragédie des chrétiens d’Orient : La responsabilité de l’Occident

      L’arabité des chrétiens d’Orient n’est pas à remettre en question, sauf imposture flagrante, ou inculture patente comme chez Sarkozy pour qui l’Afrique n’a pas non plus d’histoire !

      Un chrétien (ou un musulman, un juif) de Syrie est arabe, syrien, et, chrétien (ou musulman, ou juif).
      « La religion à Dieu, la Patrie pour tous » comme on dit là-bas.

      Une petite citation en 1980 de Valéry Giscard d’Estaing , le principal rédacteur de l’ultra-libéral et antilaïque Traité constitutionnel européen, qui donne à réfléchir :

      « Pour combattre le communisme nous devons lui opposer une idéologie. A l’Ouest, nous n’avons rien. C’est pourquoi nous devons nous appuyer sur l’islam »

      La manipulation des fondamentalistes islamistes n’est peut-être au fond que pour des raisons de contre-idéologie politique ...


  • berry 21 mai 2013 18:33

    Nous vivons dans un système politique entièrement basé sur le mensonge et l’intimidation. Sur la guerre en Syrie on a assisté à un déferlement de propagande incroyable depuis 2 ans.

    Quand on les mets en face de leurs mensonges, les tenants du système ne répondent pas sur le fond mais jettent des anathèmes (extrême droite, révisionnisme, hitler...).
    C’est assez systématique, il doit y avoir des consignes données dans certains milieux pour répondre de cette façon.

    La ficelle est un peu grosse et bien usée.
    Ne nous laissons pas avoir par cette manoeuvre !


  • Razzara Razzara 21 mai 2013 21:12

    Merci pour cet article fort bien documenté. Il est au moins aussi fouillé qu’un article à morice mais en bien moins fouillis, riche de références utile à son contenu. Puisse le plus grand nombre en prendre connaissance, sans à priori ...

    Plus personnellement :

    Si il y a bien une chose que je supporte de plus en plus difficilement, moi qui ne suis pratiquant d’aucune religion et qui me garderais bien d’oser justifier mes actes, quels qu’ils soient, au travers de la référence à Dieu : ce sont tous ces fous qui tuent sauvagement en Son Nom, ces prêtres qui appellent à la haine et à la guerre dans l’habit de la Foi en Sa Gloire, tous ceux qui osent se référer de Son Verbe pour Le vomir en se vautrant dans l’abomination en transgressant avec jouissance Ses Lois !

    Comment peuvent-ils ? Comment peut-on égorger et trancher des têtes en hurlant Son Nom ? Comment un prêtre peut-il appeler à la guerre ? Comment peut-on commettre autant d’abjections et se revendiquer d’agir ainsi au Nom de Dieu ? Cela me dépasse totalement, me choque profondément dans ma raison, blesse ma pauvre âme même !

    A ces faits, mis face à l’évidence chaque jour plus visible de l’omniprésence du Mal en ce monde, il m’arrive de croire qu’il ne reste guère plus aux homme de bonne volonté et aux justes que la Foi en Sa Très Grande Miséricorde. Parce que si ce Dieu d’amour et de justice dont parle les religions du livre existe, je crains qu’Il ne finisse par nous châtier très sévèrement pour nos incessants blasphèmes en actes et paroles. Et je n’aimerais alors pas du tout être de ceux qui ont prétendu agir en Son Nom ! 

    Razzara

    PS : à propos du Mal et du caractère parfaitement opératoire de ce concept, de sa force synthétique dans l’analyse des événements, je renvois à cet excellent article de Dedefensa.org. Prenez le temps de le lire, ça vaut l’effort consenti.

    http://www.dedefensa.org/article-notes_sur_la_proximit_du_mal_ddecrisis_04_01_2013.html
     


  • Soor soor 21 mai 2013 21:45


    Intéressant . Le problème, réside a mon sens dans la pensée dichotomique : « on est soit avec bachar soit contre lui. » Cela me rappelle des formules de Bushers ... donc je n’adhère pas.
    Il est evident que le Qatar les Saoudiens pions des Ricains... ne cherchent pas l’intérêt de la Syrie ni l’accès de son peuple a la liberté . les raisons de cela sont assez évidentes : qui dit liberté ne dit pas pays du golfe , Entre les intérêts des États Unis et ceux des peuples arabes il y a un gouffre qu on appelle Israël...
    Il est clair que les Etats Unis se félicitent de la destruction totale de la Syrie. une opération beaucoup plus réussie que celle de l Iraq, ils ne sont moralement pas impliques. le diable silencieux étant le plus sournois, le plus méconnu. et la destruction n’est possible qu en maintenant les deux ennemis raisonnablement égaux. Permettre au Qatar d envoyer des armes . assez pour garder l espoir pas suffisamment pour le transformer en réalité ... Mais il est indiscutable, prouvable visible a l’oeil nu, que le regime Assad est une dictature ou la pratique de torture ne distingue pas entre un enfant et un homme, ou les disparitions sont monnaies courantes... un regime qui doit être enterre, par le peuple syrien pour le peuple syrien


    • agent orange agent orange 21 mai 2013 22:33

      Oui le régime de Bashar el-Assad est une dictature ... qui trouve ses racines dans les persécutions de sa communauté durant des siècles. Bashar el-Assad ne fait que perpétuer le système mis en place par son père et le clan alaouite.

      Que l’on veuille ou non, le départ de Bashar el-Assad ne changera rien. Il a derrière lui 2 millions d’alaouites encore plus résolus que lui à se battre pour leur survie et plusieurs millions de minoritaires qui ont tout à perdre si les islamistes prennent le pouvoir en Syrie.
      Les alaouites sont considérés par l’islam sunnite comme les pires des apostats et une fatwa du 14è de Ibn Taymiyya, prescrivant leur persécution systématique et leur génocide est toujours en vigueur parmi les salafistes.


  • njama njama 21 mai 2013 23:19

    Déjà, parler des « Chrétiens de Syrie », c’est faire un amalgame, car il y a différentes églises chrétiennes en Syrie, dont une bonne partie ne sont pas affidées à Rome. Les catholiques y sont très minoritaires.

    La propagande n’hésite pas à jouer sur les ressorts confessionnels (ou ethniques), en parlant de « chrétiens persécutés », ce qui reprend l’antienne des Croisades. Il faut servir de l’émotionaux lecteurs, compatir bien sûr et anticiper pour l’humanitaire ou l’intervention.
    Il y a des chrétiens qui meurent en Syrie, oui, mais pas davantage que d’autres, et par forcément parce qu’ils sont chrétiens, mais parce qu’ils sont considérés comme chabbiha (loyaliste, pro-Bachar, fonctionnaire) ou parce qu’ils refusent de coopérer avec les rebelles, ou de les rançonner. Ce sont des syriens qui meurent. Les oppositions confessionnelles n’existent pas en Syrie, celles qu’on constate avec les salafo-wahhabites, Front Al-Nusra, et frères musulmans viennent d’être importées très illégalement depuis le début de cette sale guerre.


  • mortelune mortelune 22 mai 2013 05:29

    Sur un article qui le dérange lui et sa clique d’Atlantistes mondialistes sionistes, Morice se croit toujours obligé de le troller. La technique est toujours la même, elle consiste à polluer le plus possible le débat pour qu’au final il ne reste plus que lui. Qu’il soit seul ou non ne change pas grand chose au fait que c’est une fripouille et que la planète souffre depuis des siècles de cette engeance qui se trouve partout dans tous les milieux (politiques ou religieux). N’ayont pas peur des mots puisque les mots ne lui font pas peur : Morice est une canaille qui ne doit recevoir aucune réponse et ses messages quels qu’ils soient doivent être replier. 


    Ceci dit votre article est tout à fait raisonnable et j’y retrouve la sagesse d’esprit que les médias n’ont plus. Depuis quelques jours quelques vidéos des ’rebelles terroristes’ font la une. On y voit un homme manger le coeur d’un soldat de l’armée régulière. On voit aussi circuler une vidéo qui montre l’exécution de 3 civils par des hommes d’Al Qaïda, en pleine ville et en pleine journée. 
    Nul besoin d’être prètre ou bonne soeur pour se faire une idée de ce qui se passe là-bas. Nul besoin de commentaire, notre cerveau comprend très bien ce qu’il voit. Ceux qui s’intéressent à la Syrie et qui aiment l’humanité peuvent visionner des dizaines de vidéos sur youtube. A chacun de voir avec le coeur et de comprendre ce qu’il voit. Ce que moi je vois ce sont des psychopathes totalement déshumanisés qui pratiquent le crime avec le soutien de l’OTAN. Ils ne sont pas plus islamistes que moi et ce n’est pas leur « Allah Akbar » qu’ils hurlent à chaque mise à mort qui en font des croyants, loin de là. Non ! Ils ne sont pas humains, ni même des animaux ils sont juste fous, fous furieux. Honte à nous de les soutenir pour mettre la main sur du gaz ou du pétrole à moindre coût économique mais qui coutent la vie à des centaines de personnes comme vous et moi.
    En ce qui concerne le négationniste j’ai le sentiment qu’il est largement pratiqué par nos gouvernants et les médias et la version que certains nomment ’version officielle’ n’est qu’un ramassi de négations de la réalité. 

    • morice morice 22 mai 2013 14:44

      Ceci dit votre article est tout à fait raisonnable 


      ah ah ah !

      En ce qui concerne le négationniste j’ai le sentiment qu’il est largement pratiqué par nos gouvernants et les médias et la version que certains nomment ’version officielle’ n’est qu’un ramassi de négations de la réalité. 


      conclusion, les camps n’auraient pas existé et c’est la thèse que défend aussi ici MorteLune, Messanique au possible... Faurisson est décidément partout ici, c’est à GERBER.

      pouah.

    • morice morice 22 mai 2013 15:04

      au fait, Benajam :


      A l’occasion de son dernier « rapport moral » de trésorier de l’association, Michel Sitbon pouvait rappeler qu’il avait accepté ce poste dès le premier jour de la création de l’association, pour garantir la transparence de son financement. Indépendamment du fait qu’il quittait l’association et qu’il en souhaitait la dissolution, ce qu’il avait réaffirmé tout au long de la journée, il se devait de rendre spécifiquement son mandat de trésorier en raison du fait qu’il était dans l’incapacité de garantir la transparence du financement de l’association. Suggérant sous forme de boutade que l’association finirait peut-être par aller chercher des chèques au quai d’Orsay, son propos avait été dénoncé comme diffamatoire par Jean-Claude Ramos. Michel Sitbon pouvait, dans son rapport moral de trésorier, souligner le fait qu’Alain Benajam avait fait état de ses relations avec les services chinois et de possibilités de financement de l’association, éventualité qu’il disait lui-même avoir déjà discuté avec ceux-ci. 
       
      Mis en cause Alain Benajam répondit en confirmant qu’il avait été envoyé « par les services secrets français auprès des services secrets chinois », et ce au nom du Réseau Voltaire. Il contestait que ces derniers lui ait offert un quelconque financement, mais précisait que c’était de son initiative qu’une telle possibilité avait été évoquée. 


      de forts jolis mensonges tout ça chez Voltaire and Co, hein....

      Participant à l’Assemblée générale d’un Réseau Voltaire en plein reniement idéologique, Marc Boureau d’Argonne a été présenté par Alain Benajam, comme étant « un ami du président de la République, auquel il a parlé de nous, Réseau Voltaire, et le président de la République lui a dit qu’il nous trouvait bien sympathiques, mais qu’il ne voulait rien avoir à faire avec nous ». A l’actif de cet intercesseur au nom si évocateur, un livre récent sur une mission diplomatique auprès de Saddam Hussein pendant la première guerre du Golfe, publié chez l’éditeur ultra-catholique d’extrême droite François-Xavier de Guibert, dont le catalogue comprend entre autres choses un livre de défense de Maurice Papon. 
       

      Autre participant à l’Assemblée générale, Claude Karnoouh, chercheur au CNRS et à l’Inalco, spécialiste de l’Europe de l’Est, et particulièrement de la paysannerie roumaine. En marge du procès de Robert Faurisson de 1981, Claude Karnoouh déclarait ne pas croire en l’existence des chambres à gaz... Pour lui, il n’y a « que dans les pays totalitaires qu’une vérité est éternelle ». Il s’expliquait longuement, à l’époque, dans un livre collectif publié aux éditions de la Différence, Intolérable intolérance(11). Dans ce texte intitulé « De l’intolérance et quelques considérations subjectives sur le nationalisme - Mémoire adressé à mes amis sur les raisons de mon témoignage lors du procès du professeur Robert Faurisson », il expliquait que ce n’est pas seulement l’existence des chambres à gaz en elles-mêmes qu’il contestait, mais bien le fait même d’une extermination des juifs, et, a fortiori la décision de procéder à une telle extermination. Selon Karnoouh, il s’agirait d’une invention du NKVD (la police politique de Staline) qui aurait forgé tous les témoignages sur Auschwitz et sur ce qui ne s’appelait pas encore Shoah, afin de faire oublier le goulag(12) ! Il dénonce dans le même mouvement la complicité du sionisme international, intéressé selon lui au même « mensonge » pour imposer la création de l’Etat d’Israël(13).

      Par respect pour l’oeuvre passée nous demandons la dissolution du Réseau Voltaire et appelons chacun à s’en retirer. 
       
      Michel Sitbon, Gilles Alfonsi, et Jean-Luc Guilhem*


      et c’est le mec qui vient me dire que je suis « un groupe » ? je rêve là !!

    • Analis 22 mai 2013 16:07

      En ce qui concerne le négationniste j’ai le sentiment qu’il est largement pratiqué par nos gouvernants et les médias et la version que certains nomment ’version officielle’ n’est qu’un ramassi de négations de la réalité.

      conclusion, les camps n’auraient pas existé et c’est la thèse que défend aussi ici MorteLune, Messanique au possible... Faurisson est décidément partout ici, c’est à GERBER.

      Je vais  quand même répondre : là, vous êtes à côté de la plaque. Il est apparent à tout le monde sauf vous que ce que mortelune désigne par négationisme, c’est la version officielle des gouvernements occidentaux sur la Syrie. Vu son extrême éloignement de la réalité, ce qualificatif est entièrement mérité.


    • mortelune mortelune 22 mai 2013 16:50

      les camps n’auraient pas existé"


      Tiens revoilà les camps qui ressortent. Vous pouvez pas laisser les morts là où ils sont Morice ? Qu’il y en ait 30 millions ou 1 pour moi c’est la même chose, c’est insupportable... Ceux qui remettent en question la shoah ne valent guère mieux que ceux qui en tire profit.
      Tiens en parlant de négationisme vous avez vu comment vos amis Israéliens le pratiquent avec l’affaire Mohamed al-Durah ?
      Vous avez vu comment un journaliste qui fait son travail est malmené quand il s’agit de dénoncer les crimes (ou les erreurs) des sionistes ? 
      Refaire l’histoire est certainement insupportable, refaire l’actualité ne l’est pas moins. Vos amis me donnent tout simplement envie de vomir et vous n’êtes pas loin de me donner la nausée vous aussi. 


    • berry 22 mai 2013 19:10

      Le site Voltairenet est le meilleur site de politique internationale.
      Toutes les insultes et l’enfumage de l’officine Morice n’y changeront rien.


    • agent orange agent orange 22 mai 2013 19:30

      Rapport moral  ?

      Venant de la part du roi du minitel rose et des revues pornographiques, l’expression ne manque pas de piquant.
      Si mes souvenirs sont bons, Valeurs Actuelles avait fait un dossier sur l’empire Sitbon en 2002.


  • chmoll chmoll 22 mai 2013 08:49

    l’ingérence de ce prêtre
    rectif : pédo

    il aurait pas demandé de gérer un orphelinat pour enfant des fois ?

    pour le reste , c tell’ment serieux que ça ressemble à un sous marin qui vient poser ses mines


  • morice morice 22 mai 2013 15:19

    les propos de Benajam qu signe ce texte ici sont bien d’extrême droite


    voici ce qu’il dit sur la révolution française :

    La révolution française fut elle une révolution « libérale » ?


    Il faut d’abord s’entendre sur ce terme mis à toutes les sauces. Aujourd’hui les gauchistes ont réussi à faire accepter ce terme comme synonyme de capitalisme ce qui est étymologiquement faux et permet de brouiller le débat. Le capitalisme est l’action d’accumuler du capital, l’idéologie politique libérale est d’accorder le maximum de liberté au maximum d’individus, on voit que ces deux termes n’ont rien à voir entre eux. Le capitalisme qui tend naturellement vers le monopolisme, l’étatisme et l’impérialisme ne peut tendre qu’à restreindre les libertés et donc a être parfaitement contradictoire d’avec le libéralisme.

    Les gauchistes adversaires résolus des libertés individuelles ont réussi avec cette confusion à prétendre que la liberté, valeur positive serait identique au capitalisme, valeur négative et qu’il conviendrait donc de restreindre les libertés individuelles pour assurer une égalité d’état entre les individus. Seule, une société totalitaire peut prétendre assurer une liberté d’état égalitaire entre les individus et on en revient à la grande utopie de la fin de l’histoire partagée à la fois par les marxistes et l’impérialisme.


    rien que le MOT GAUCHISME appliqués aux historiens le dénonce comme étant d’extrême droite !!!


    quand a sa définition du lIBERALISME, elle démontre que c’est un nul en économie en double de ne pas être historien : il confonf libéralisme et libertariens, ce qui est GRAVE....

    quel rigolo !!!


  • morice morice 22 mai 2013 15:34

    beillot pardon auteur du torchon du jour


    « écrivain », « militant »


    il est à droite...

    accusé alors d’être... suppôt de Soral... « agent soralien »

    ah ah ah ils sont finauds à l’extrême droite !!! il est beau leur « libéralisme » !!!

    ce sont bien des libertariens !!! du tea party à la française....

    il cause à 11’52...

    vous remarquerez que le Beillot est dans le tas celui qui se mouille le moins... ces « euh » sont très politiques.... il parle d’accusation d’antisémitisme et se perd dans ses arguments....

    Soralien il l’est en effet !!! comme quoi c’est un bien petit monde !! d’extrême droite !!!



  • njama njama 22 mai 2013 15:47

    Calmez-vous Morice ...
    Tout ce qui à droite ou à gauche soutient peu ou prou l’idée d’État-nation, de nationalisme est qualifié aujourd’hui « d’extrémistes » ...
    Dans le contexte de la construction européenne, ou atlantiste, on comprend que c’est aller à rebrousse-poil et contre la vague « fédéraliste », mais faut-il pour autant jeter ce concept aux orties, avec ses vertus, pourtant louées pendant des décennies par les hommes politiques de bien des nations ? la souveraineté nationale est complétement détricotée, vous en conviendrez ... (j’espère).
    Libre à vous d’aller dans le sens « politiquement correct » du vent, mais arrêtez un peu de vous en prendre à des personnes, bien plus qu’à leurs opinions politiques, de faire le grand écart improbable et incompréhensible entre gauche et droite, et de nous étaler de la menace infondée sauce rouge- brune à travers tout comme du ketchup.

    Je me demande bien d’ailleurs ce que vous faites ici dans ce fil sur ce sujet des chrétiens d’orient. Vous vous dites athée il me semble ...


  • popov 22 mai 2013 17:11
    Regardez-moi cet islamopithèque décréter que les djihadistes peuvent violer les femmes alaouites.


  • le moine du côté obscur 22 mai 2013 20:21

    Votre article est très intéressant et je compte le partager avec des personnes qui ignorent ou refusent de croire ce qui se passe en Syrie. Ils croient qu’un dictateur fou massacre sa population y compris les chrétiens et autres. Alors il ne faut pas être naïfs, il est clair que Bashar Al Assad n’est pas un saint mais à ma connaissance il n’est pas le pire des hommes politiques. Et la Syrie avant cette révolution n’était pas un enfer à ce que je sache or maintenant certaines zones ressemblent à un enfer miniature. Et tous ces dégénérés que l’on a armé et jeté sur une population sans défense. Heureusement que le peuple syrien a décidé de se battre plus par amour de sa patrie que par amour pour Bashar qui lui est devenu un symbole puissant de la résistance de ce peuple aux diktats des atlantistes. Cette guerre permet de montrer le vrai visage des atlantistes qui il est clair n’en ont pas encore fini avec la Syrie. Et seule l’extraordinaire résistance du peuple syrien permettra je l’espère de mettre fin à cette agression à moyen terme. J’ai dit à plusieurs reprises que les dirigeants étasuniens et affidés étaient des démons et je le réaffirme, ils n’ont rien d’humain. A croire qu’ils se nourissent de la souffrance des gens ! Et j’avais dit que le « nègre de maison » enflammerait l’Afrique et les pays arabo-musulmans ? Côte d’Ivoire, Mali, Nigéria, RDC, Lybie, Tunisie, Egypte etc... en Afrique ! Et la Syrie sans compter que l’Iraq chauffe et je ne parle pas des autres pays ciblés. Sous Obama les atlantistes feront passer les pires choses comme ils ont utilisé un autre « mulâtre » Powell pour justifier la guerre en Iraq et je ne parle de l’hystérique Condoleeza « Anaconda » Rice. Décidément si j’étais à la place des noirs et des métis aux USA, j’éviterais la politique comme la peste. Je prie de tout coeur que le peuple syrien vienne à bout de ces hordes de chacals et les envoie en enfer où les rejoindront tôt out tard leurs commanditaires. 


  • Aristoto Aristoto 23 mai 2013 21:52

    Haaa on s’en faut qu’il crève tous !! Les enfants égorgé seront d’autant moins de potentiel futur chômeurs dans cette galopante crise de l’économie mondiale !

    De plus se sont de bon chrétien il mourront heureux de croire (bêtement smiley ) à un « après » meilleur pleins de fontaines de miels et de grande prairie verte et généreuse !!!


  • Aristoto Aristoto 23 mai 2013 22:00

    D’ailleurs à réseau Voltaire, il avait qu’à pas canarder les foules qui manifestait au début le père Assad !! Là ce malheureux réflexe de l’état policier méfiants de tout a donné le batton pour ce faire battre !!

    Mais bon on ne peut refuser à des chrétien leur destin de martyr !!


  • yvesduc 24 mai 2013 21:21
    Dans cet article comme dans le précédent (tous deux excellents !), on découvre que les partisans, en France, de l’opposition armée « syrienne » ne détestent rien tant que le débat et la contradiction, ce qui ne manque pas d’une certaine ironie chez des gens qui se prétendent épris de démocratie. Ce seul fait devrait alerter ceux qui leur font confiance.

    Merci pour ces articles et témoignages !

  • antyreac 26 mai 2013 15:22

    A mon avis l’armée syrienne ne sera plus en mesure de reconquérir l’ensemble de la Syrie et s’achemine vers une situation inédite :

    l’éclatement de la Syrie en trois entité distincte
    la région rebelle,la région alioute et la région kurde

    • njama njama 16 janvier 2018 09:46

      @antyreac

      La région kurde serait-elle viable avec des voisins qui n’en veulent pas, et sans accès à la mer ?

      La région rebelle ? laquelle ? c’est qui les rebelles ? les américains ?


    • njama njama 16 janvier 2018 09:50

      dsl, erreur de destination de mon commentaire, article de 2013 obsolète.


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