samedi 1er août 2009 - par DEONTOLOGIX

Chut ! on licencie en silence

Le journal La Nouvelle République du Centre-Ouest, dont le siège est à Tours, est le 6e quotidien régional français. En plein coeur de l’été il vient d’annoncer un plan social dramatique pour les salariés. Tout cela en essayant de faire le moins de bruit possible.

La Nouvelle République du Centre-Ouest n’a cessé, tout au long de son existence, de vanter les valeurs sociales et d’humanisme qui étaient les siens. Il vous aurait presque fait perler une larme au coin de l’oeil.

Seulement depuis quelques années, les temps sont durs (comme pour la presse écrite en général). Mais la crise profonde que traverse la profession ne suffit pas à expliquer la déconfiture de la NR (petit nom utilisé par ses lecteurs). Des choix stratégiques, rédactionnels et de personnes hasardeux n’ont fait qu’empirer la situation. Un simple exemple : le journal a été l’un des derniers à sortir une édition du dimanche, au pire moment, alors que la communauté rédactionnelle réclamait ce produit depuis une dizaine d’années. Un coûteux cabinet a décidé que la cible idéale pour ce journal du 7e jour était plutôt le bobo, qui voulait beaucoup de magazine et pas de faits divers. Manque de bol, dans les campagnes du Centre de la France, on préfère savoir au jour le jour ce qui se passe dans son coin, plutôt que d’apprendre à aménager son loft parisien. Résultat l’édition du dimanche a été un échec. Deux ans plus tard la direction a enfin changé son fusil d’épaule, et cette édition reprend des couleurs.

Mais n’est-il pas trop tard ?

Au plein coeur de l’été, comme toute entreprise libérale qui se respecte, la NR annonce un plan de 181 suppressions de postes (dont 125 licenciements dans le seul journal, parmi lesquels 55 journalistes sur 210). Cerise sur le gâteau, on supprime l’édition du Cher et dans le département de la Vienne on mutualise avec l’autre journal (Centre-Presse) qui appartient au groupe. Deux journaux avec les mêmes pages, le pluralisme de la presse va sûrement y gagner.

Mais ce n’est pas tout. La compréhensible fronde des salariés (enfin, ceux qui n’étaient pas en vacances en juillet) s’est traduite par deux jours de grève et plusieurs manifestations publiques à Tours et dans la Vienne. Mais de cela, La Nouvelle République ne s’est pas fait l’écho. Elle qui couvre du mieux possible tous les conflits sociaux du moment (New Fabris dans la Vienne par exemple) reste silencieuse sur elle-même. Là encore, la pudeur n’y est pour rien. Elle aimerait bien seulement pouvoir licencier en silence. Un silence assourdissant... qui commence à faire beaucoup de bruit. Car en plus du plan social, l’entreprise souhaite renégocier tous les accords collectifs (salaires, RTT, primes...). Tant qu’on y est, le quotidien voudrait bien mettre en avant un slogan que certains ne renieraient pas : travailler plus (car il y aura moins de monde) pour gagner moins !

Décidément, le silence va finir par faire boum !

A consulter : http://salariesnr.blogspot.com/



2 réactions


  • Polemikvictor Polemikvictor 1er août 2009 11:53

    La presse , et c’est les journaux qui le disent (!) est entre les mains du pouvoir et des forces d’argent.
     A partir de ce constat, etabli par la profession, pourquoi devrait on s’émouvoir si un titre à des difficultés ?


  • HELIOS HELIOS 1er août 2009 13:02

    Dommage, il etait bien ce journal, un des derniers pour emballer les epluchures de legumes entre deux reprises de l’AFP ! a quoi servaient-ils les 210 journalistres ? 3 pour bosser, 7 pour faire des photos et gouter aux petits gateaux de la moindre reception et 200 autres pour les photocopie et surfer sur internet...

    Ceux qui sont a plaindre ce sont les autres, tous les autres, ceux qui « faisaient » vraiment le journal, du gardien du portail jusqu’au chauffeur qui les livraient. .. sauf le patron, lui il s’en fout... son fric, il ne le perdra pas !


Réagir