Débat « Deux regards sur l’Ukraine » : la vérité assassinée pendant deux heures par Florian Lemarchand de Radio-Kiev-fréquence Bandéra
Petit mémento pour démonter la propagande ukrops.
Le 27 janvier 2017, dans le cadre du Cercle de Flore de l'Action-Française, s'est tenu un débat sur le Donbass entre Nikola Mirkovic franco-serbe membre de l'association Vostok et Florian Lemarchand responsable des volontaires français à Kiev. Vostok est une petite association humanitaire active en DLNR qui n'a jamais su depuis sa création présenter un bilan comptable juste (les corrections sont attendues depuis 3 mois). Florian Lemarchand assène une propagande ukrainienne tranchante, factuelle et mensongère, comme l'article le montre. Nikola Mirkovic, lui répondant par des généralités rappelant un mauvais livre, le débat tourna rapidement en faveur du partisan de Kiev. Il faut souligner qu'une petite claque venue soutenir son adversaire n'a pas dû aider le franco-serbe.
Florian Lemarchand n'ayant pas de contradicteur, cet article se propose de rétablir la vérité sur ses allégations les plus flagrantes. Chacune d'elles est citée dans le texte et est associée à un hyperlien permettant d'accéder directement au passage de la conférence. Dans le but de permettre une lecture plus sélective et de se présenter comme un petit memento contre la propagande Ukrainienne, les citations du défenseur de la Junte de Kiev, sont écrites en italique, en gras et en bleu.
La première allégation concerne le prétendu abandon de l'accord d'association entre l'EU et l'Ukraine par Ianoukowitch. « Il (euromaïdan) fait suite à la volte face de Ianoukowitch qui a préféré privilégier la Russie dans son partenariat plutôt que l'Union Européenne ». L'ancien président ukrainien n'a jamais mis fin au traité d'association, il l'a juste suspendu le temps de trouver un accord financier avec la Russie. Chose qu'il n'eut jamais fait si le FMI et l'EU ne l'avaient pas contraint par leurs refus de toutes aides financières supplémentaires.
Dans un second temps le partisan de Kiev, nous explique que « l'Ukraine n'est pas une vue de l'esprit l'Ukraine, elle existe depuis des siècles en tant que peuple ». Nikola Mirkovic a assez bien répondu à cette contre-vérité historique. Mais, il aurait pu rebondir sur le vrai problème du pays, c'est à dire le manque d’identité nationale commune. L'ouest du pays est catholique ou uniate, occidentalisé issu de l'Empire Austro-Hongrois et s'oppose à l'est orthodoxe issu de l'Empire Russe. Le problème de l'Ukraine n'est pas historique c'est à dire relevant du passé mais contemporain : c'est l'absence total de ciment intercommunautaire. La révolution Orange avait commencé à fédérer l'ensemble du pays autour de la lutte contre la corruption. Devant la persistance de cette dernière, les ukrainiens déchantèrent en deux ans. Depuis rien n'a rapproché l'est et l'ouest, bien au contraire, l'Euromaïdan n'a fait que catalyser la scission.
Ensuite, Florian Lemarchand nous explique que le problème est qu'« En Ukraine on est toujours sur un état que l'on pourrait qualifier de néo-féodal, et là, je dirai que le Donbass est vraiment l'exemple même de cette néo-féodalité, car il y a un oligarque, le plus riche d'Ukraine qui s'appelle Akhematov qui a vraiment mis sous coupes réglées cette région et il agit en seigneur ». Mais où est actuellement Akhematov ? A Kiev ou à Moscou ? Il est à Kiev, tout comme l'était Igor Kolomoïski, jusqu'en 2015... Donc le clan de Donetsk est avant tout et seulement ukrainien.
Les clichés continuant, le problème de la perte du statut officiel de la langue est évoqué. « le russe n'a pas été interdit dans cette loi, certes très maladroite, le contexte n'était pas favorable pour faire passer une telle loi.... ». Notre français marié à une ukrainienne, essaya d'expliquer que cela n'avait rien de grave, que les faits avaient été amplifiés par la propagande russe. Mais lors de la de son argumentaire, il déclara la maxime plusieurs fois entendue dans la bouche de feue Nathalie Pasternak : « Le problème d'un Etat qui ne sait pas défendre sa langue défendre, c'est qu'à terme il ne saura pas défendre son territoire » (répété une deuxième fois lors de la conférence). On est donc en droit de remettre en doute ses propos fallacieux sur le peu de portée symbolique de la perte du statut officiel de la langue russe. Discours faisant il déclara que l'intégralité de l'Ukraine devra parler ukrainien « en Ukraine il va falloir parler à terme ukrainien ». Il poussa le cynisme jusqu'à ajouter : « c'est quoi une mesure anti-russophone alors que la majorité parle russe ». Nous sommes donc bien dans la définition de la dictature puisqu'une minorité veut opprimer une majorité.
Toujours dans le débat concernant la langue l'oukaz de 1865, interdisant la langue ukrainienne fut comme d'habitude cité. Mais peut-être aurait-il été bon d'en rappeler le contexte historique, lié à l’insurrection polonaise de 1861-1864, dont une des causes fut les revendications linguistiques. L'ukrainien ne fut pas interdit en tant que langue régionale mais en tant que support insurrectionnel et indépendantiste. Il est aussi bon de rappeler que cette interdiction a plus de 150 ans et que l'ATO lui, est bien actuel.
S'en suit une série de contre-vérités historiques facilement rectifiables.
La première affirmant que les habitants du « le Kouban c'est Rostov qui était ethniquement ukrainien ». En Ukraine, à l'image du président poroshenko, on ne réécrit pas que l'histoire mais aussi la géographie car Rostov sur le Don, ne fait pas partie du Kouban. Les cosaques du Kouban sont des zaporogues, c'est à dire issus des premiers cosaques qui se déclarèrent indépendants de la Pologne. Lors de la scission de l'Hetmanat, les cosaques à l'est des rives du Dniepr se rallièrent à la Russie. Pour les remercier de leur aide dans la guerre russo-turque de 1787-1792, Catherine II leur offrit la région du Kouban. Dire que les Cosaques de Kouban sont ethniquement ukrainiens est un faux syllogisme du même type que : les russes européens sont slaves, donc tous les slaves sont russes. De par leur histoire, les cosaques de Kouban sont liés à la Russie. Il est aussi bon de rappeler que la revendication du Kouban par l'Ukraine fait partie du pan-ukrainisme. Ce dernier est un des éléments qui permet de définir le nationalisme ukrainien (bandérisme) comme fasciste.
La suivante fut : « Bandera qu'est mort dans un camp nazi ». Premier mensonge, malheureusement appuyé par Nikola Mirkovic. Stepan Bandera est mort assassiné en 1959 à Vienne, par un membre du KGB. Voilà où mène une propagande mal conduite, elle se retourne contre soi. Bandera n'était pas un nazi, mais il était fasciste, génocidaire, antisémite donc, il n'a rien à envier au nazisme. De plus, Stepan Bandera a été libéré par les nazis avant la fin de la guerre.
Toujours dans le cadre de la seconde guerre mondiale, le cas des tatars de Crimée déportés par Staline fut évoqué :« Il faut bien voir que les tatars de Crimée qui étaient quand même la population d'origine a été massivement déportée, massivement par Staline ».Comme lors de l'eurovision 2016, la raison ne fut pas donnée. Les tatars de Crimée furent la seule et unique population européenne à avoir intégralement collaboré avec l'occupant nazi. Il est donc facile de comprendre qu'un peuple qui venait de perdre 27 millions des siens, voulait faire payer à ceux de ses concitoyens qui avaient le plus collaboré à ces crimes.
Bien évidemment l'Holodomor ne fut pas oublié. « Je vais rappeler Holodomor c'est 4 à 6 millions d'ukrainiens qui meurent de faim dans une famine organisée. C'est un génocide, c'est un génocide, c'est d'ailleurs, Holodomor est d'ailleurs le fait historique qui a donné à l'ONU le terme de génocide ». Comme toujours, il faut remettre les faits dans le contexte historique. Il s'inscrit dans les grandes famines qui ont touché toute l'URSS et non pas seulement l'Ukraine de 1931 à 1933. La famine concernait la Biélorussie, le centre de la Russie, le Kouban, le Caucase du nord, le Kazakhstan, l'Oural du Sud et la Sibérie Orientale. Elle fut causée par la NEP, la dékoulakisation et l'absurdité des plans quinquennaux. Elle fut d'autant plus sévère que les régions étaient agricoles. C'est là que l'argument de Florian Lemarchand « dans les villages ont a beaucoup mieux résisté à la famine », illustre sa méconnaissance du sujet.
Le nombre de victime est compris entre 2,6 et 5 millions de victimes selon les auteurs. Le mot génocide n'a pas été créé pour l'Holodomor mais pour le génocide arménien et la Shoah, par Raphael Lemkin en 1944. Le terme est utilisé pour la première fois par l'ONU en 1946, dans sa déclaration générale sans faire référence à l'Ukraine.
L'instrumentalisation qui en est faite actuellement n'est qu'une preuve supplémentaire de falsification partisane et russophobe de l'histoire en Ukraine. La situation en devient même ridicule dans l'ouest du pays ou l'Holodomor est commémoré avec ferveur, alors que cette région était à l'époque polonaise.
Une fois l'histoire réécrite, Florian Lemarchand se lança dans une analyse plus que partiale de l'actualité. Comme tout bon soutien de Kiev, il commençât par dénoncer l'action de « l'armée russe » dans le Donbass. Il serait facile de rappeler les déclarations des services de renseignements militaires français niant ce fait où l'utilisation d'image datant de la guerre de Géorgie pour prouver l’intervention russe en Ukraine. Mais comme dans le cas de l'exemple de la langue russe, Florian Lemarchand, démonte encore une fois son argument plus tard dans la conférence. Il déclara que « L’Ukraine n'a jamais eu d'armée, l'armée d'ukrainienne en 2014 se résume à 10.000 hommes » et « 10.000 hommes franchement c'est ridicule ». Oui en effet, 10.000 hommes, cela représente la taille de l'armée chypriote (1 million d'habitants sur l’île contre 51 en Ukraine). Donc tout est dit pas besoin d'armée russe pour combattre une armée lilliputienne.
Toujours pour illustrer sa soi-disant invasion russe, un argument choc est avancé « qui peut croire qu'un mineur sache conduire un BTR, puisse piloter un char, etc.... ». Mais Florian Lemarchand oublie de dire que l'Ukraine pratique encore la conscription. C'est à dire que tout jeune doit faire un service militaire de 12 mois. Il n'y a rien alors d'étonnant à trouver un mineur sachant conduire un char ou un BMP.
L’impérialisme imaginaire russe fut aussi évoqué par le truchement de la crise géorgienne de 2008 : « La Géorgie, quand même on ne va pas me dire que la Géorgie a attaqué des minorités russse pour qu'un pays de 150 millions d'habitants l’aplatisse complètement ». Alors pourquoi, la Géorgie a-t-elle augmenté son budget militaire de 4333 % entre 2002 et 2007 ? Et pourquoi son armée a-t-elle dressé des plans d'invasion de l'Oussétie et de l'Abkhasie comme l'a déclaré le Ministre de la défense de l'époque Irakli Okrouachvili.
Le sempiternel couplet sur la Crimée, n'a pas été oublié « qu'est-ce que dit l'annexion de la Crimée ? Elle dit que : Si vous n'avez pas l'arme nucléaire votre territoire n'est pas sanctuarisé, peu importe les mémorandums que vous avez pu signés avec les plus grandes puissances mondiales. Si vous n'avez pas cette arme pour vous protéger, on peut toujours vous amputer d'une partie de votre pays ». Personne n'a été capable de lui répondre que la Crimée s'était déclarée indépendante en 1994 et que l'Ukraine l'a réintégrée en violation des accords de Budapest ? Doit-on en déduire qu'en Ukraine on se souvient des mémorandums seulement quand cela arrange les intérêts nationaux ?
Vient ensuite une déclaration des plus fantaisistes que Nikola Mirkovic laisse encore scandaleusement passer : « Dans le Donbass en 2014, ils ont fait leur référendum pour le rattachement à la Russie ». Ceci est totalement faux. Il y a bien eu un le 11 mai 2014 dans le Donbass, mais portant sur l'autonomie. La question était : « Поддерживаете ли Вы Акт о государственной самостоятельности Донецкой народной республики ? » ; « Êtes-vous favorable à l'autonomie de la République populaire de Donetsk ? ». Il faut aussi rappeler qu'Andrei Pourguine aurait été démis de ses fonctions suite au projet d'un tel référendum.
Et pour finir en beauté, Florian Lemarchand sûrement boosté par le manque de connaissance de son adversaire se lance dans la plus honteuse des manipulations. Voici la transcription de ses propos : « On évalue à combien le nombre de volontaires étrangers coté ukrainien ? Il n'a jamais dépassé plus de 500 et quand je parle de volontaires étrangers, là c'est très drôle. Parce qu'elle est la première nationalité après l'ukrainien chez Azov ? Ce sont des russes, ce sont des russes qui sont venus se battre coté ukrainien parce qu'ils considèrent, des nationalistes qui considèrent que Poutine n'est pas leur allié et il y en a énormément. Moi, j'ai soigné au travers des organisations que je soutiens des soldats russes, des soldats qui se sont battus au cœur de Pravyi Sektor et donc voilà où est la russophobie, où est la russophobie. Il y a des soldats russes qui se battent avec des soldats ukrainiens et voilà. Ils partagent le même combat, ils partagent la même tranchée, la première nationalité étrangère dans ses bataillons là, c'est russe, c'est pas américain, c'est pas péruvien, c'est pas des je ne sais pas quoi. Ce sont des nationalistes qui ont vu que l'équipée sauvage de Poutine allait amener la Russie à sa perte ».
Oui, effectivement, il y a des russes au bataillon Azov, mais ce que Lemarchand qualifie de nationaliste ne sont que des suprématistes blancs russes. La nation russe va de la Biélorussie à l'extrême Sibérie, elle comporte des russes blancs (européens), des russes turkmènes, des asiatiques dont les célèbres bouriates tant décriés par la propagande raciste de Kiev. Il est donc totalement abusif d'employer le mot nationaliste russe pour des suprématistes blancs, ne leur en déplaise. Ces pseudos-nationalistes russes sont issus de groupuscules où de partis ayant été interdits en Russie et ayant trouvé refuge en Ukraine pour fuir la justice de leur pays. Par exemple, des anciens membres d'OD88, un groupe skinhead, ou du parti d’extrême droite interdit le Born (Боевая организация русских националистов, БОРН, organisation de combat des nationalistes russes). Le Born est un mouvement qualifié en Russie de néo-nazi, il est impliqué dans le meurtre de 9 personnes, dont le juge Edouard Tchouvachov, l'avocat Stanislas Markelov, la journaliste de Novya Gazeta Anastasia Babourova et le champion du monde de boxe thaï Muslin Aboullayev Kaïsarovitch. Parmi les membres du Born ayant fui la justice russe, se trouve son leader : Alexander Parinov surnommé "Roumains" qui est un des recruteurs russes d'Azov. Alors rien d'étonnant que Florian Lemarchand les trouve ouvertement anti-Poutine. Cela nous en dit long sur le genre de personne qu'il fréquente et sur la soi-disant absence de néo-nazi chez Azov and Co. Il ne faut pas faire la bêtise commune de dire que tous les nationalistes ukrainiens sont nazis, mais on peut dire que tous les nazis ukrainiens se retrouvent parmi eux.
Cet article se terminera par deux autres citations de Florian Lemarchand :
« les meilleurs volontaires que je connaisse ils viennent de l'est ukrainien... Azov a été créé dans l'est ukrainien, Iaroch il vient de Dniepro ». Le Donbass est la région la plus industrielle de l'Ukraine, il y a donc une forte immigration venant des autres oblasts. Ce fait est d’ailleurs régulièrement signalé dans les rapports de la CIA du programme AERODYNAMIC (1960-1970). Pour l'agence américaine l’immigration galicienne est présentée comme le meilleur terreau pour propager les idées antisoviétiques dans le Donbass. Ce qui était vrai en 1970 l'est encore en 2017. Ce n'est pas parce que l'on habite dans l'est de l'Ukraine que l'on est forcément d'origine russe ou russophone.
La dernière citation montre elle aussi le caractère partisan et mensonger des propos entendus lors de cette conférence : « On (la France) a une industrie de l'armement qui rend vert de rage les russes. Je veux dire ils ont quand même 15 à 20 ans de retard sur nous ». Il n'y a qu'à comparer un chasseur de 5éme génération russe (F-50) et un Rafale de 4éme génération vieux de 25 ans, pour se rendre compte de l'ineptie de ces propos.
Et pour conclure Florian Lemarchand donne un exemple familial : « les retraites continuent à être payées par Kiev, je le sais à Lougansk, il y a le grand-père de ma femme qui est là-bas et il touche sur les deux tableaux, coté rouble et coté Hryvnia ». En effet, Kiev verse les retraites à condition que l'on vienne se faire payer dans les zones contrôlées par ses forces armées. Les retraités doivent donc perdre au minimum une journée pour passer la ligne de front dans les deux sens. Seul les plus hardis ou les plus cupides peuvent profiter de cette petite combine toute ukrainienne en jouant sur les deux tableaux.
Ce débat montre que les relais en France de la propagande de Kiev sont encore, malgré la mort de la redoutable Nathalie Pasternak et du Charismatique Vasyl Slipak, bien préparés et efficaces. Même si leurs thèses venimeuses ne sont plus heureusement distillées dans les médias mainstreams français, elles n'en restent pas moins nocives.