dimanche 13 novembre 2011 - par Olivier Bonnet

Dette publique et « loi Rothschild » : la cécité volontaire des médias

C'est le point aveugle du débat : la dette publique est une escroquerie ! En cause, la loi Pompidou-Giscard de 1973 sur la Banque de France, dite "loi Rothschild", du nom de la banque dont était issu le président français, étendue et confortée ensuite au niveau de l'Union européenne par les traités de Maastricht (article 104) et Lisbonne (article 123).

D'une seule phrase découle l'absolue spoliation dont sont victimes 99% de la population : "Le Trésor public ne peut être présentateur de ses propres effets à l’escompte de la banque de France".

En clair et pour faire simple, la Banque de France a désormais interdiction de faire crédit à l’État, le condamnant à se financer en empruntant, contre intérêts, aux banques privées, au lieu de continuer à emprunter sans intérêt auprès de la banque de France qui lui appartient. Depuis l'application de ce principe, la finance et son infime oligarchie donnent la pleine mesure de leur asservissement des peuples, en une spirale exponentielle d'accroissement des inégalités.

Le pouvoir est désormais aux mains des créanciers privés, qui l'exercent au bénéfice exclusif d'intérêts particuliers, quand la puissance publique a renoncé à son devoir de protéger l'intérêt général. La démocratie, étymologiquement pouvoir du peuple, est morte. On le voit en Grèce, en Irlande, au Portugal, en Espagne, en Italie, en France...

Qui gouverne ? "La troïka" - Union européenne, Fonds monétaire international et Banque centrale européenne - resserrant toujours davantage son emprise jusqu'à l'étranglement des peuples. Et l'on pérore sans fin sur les plateaux de télévisions, sur les ondes et dans les colonnes de la presse sur "l'insupportable fardeau de la dette", "la France en faillite", "les nécessaires sacrifices", que "nous ne pouvons pas continuer à vivre au-dessus de nos moyens" et que, d'ailleurs, "les Français l'ont compris".

 

Silence médiatique

Inlassable propagande des conservateurs-libéraux ? Bien sûr, mais relayée par le silence complice des médias. Et c'est ainsi que s'imposent dans l'opinion les apparentes évidences biaisées qui prétendent l'austérité inéluctable, contre la justice et l'intelligence. Deux ans d'austérité en Grèce déjà, pour quel résultat ?

Avec toujours la même justification simpliste et manipulatrice, résumée par la question posée par un journaliste d'Europe 1 à Jean-Luc Mélenchon, candidat du Front de gauche à la présidentielle : "Mais comment des pays européens endettés peuvent-ils faire autrement pour réduire leurs déficits ?"

 

Un graphique pour illustrer le propos, qui montre l'hallucinante évolution de la courbe de la dette publique.

"Ainsi, entre 1980 et 2008, la dette a augmenté de 1088 milliards d’euros et nous avons payé 1306 milliards d’euros d’intérêts", résume Mai68.org. Faisons la soustraction : sans les intérêts illégitimes encaissés par les banksters financiers privés, la dette publique française se serait élevée, fin 2008, à 21,4 milliards d'euros - au lieu de 1327,1 milliards ! Un escroc peut-il rêver pareil butin ? Et personne ne dénonce jamais ce scandale absolu ! A part Mélenchon et l'extrême droite - qui ne le fait que par opportunisme, étant entendu qu'elle a toujours été au service zélé du capitalisme libéral et ne remettra donc jamais en cause son empire...

Mais les éminents confrères ? Les Calvi, Barbier, Demorand, Joffrin, Aphatie, Bourdin, Pujadas ou qui savons-nous encore ? Ceci ressemble bien à une omerta. Et à une honteuse trahison de leur mission d'informer.

 

Article initialement publié sur plumedepresse.

Voir aussi, sur le même sujet, le projet de documentaire du mensuel RegardsL'arnaque du siècle.



206 réactions


    • Ruut Ruut 28 novembre 2011 16:19

      Corruption.
      Rétro-Commitions.
      Conflit d’intérêts.
      Pots de vins.
      Je ne voit que ça.


  • Albert L 8 décembre 2011 00:08

    Concernant Mélenchon....
    Je ferais remarqué que l’ article 104 du traité de Maastrich avalisait, pour toute l’ Europe, la loi Giscard-Pompidou-Rotschild de 1973, suivit ensuite par l’article 123 du traité de Lisbonne reprennant la même disposition.
    Mélenchon dans les années 80 était un partisant du traité de Maastrich. Il a donc donné son feu vert à cette disposition du traité interdisant à l’état français d’ abroger la loi Giscar-Pompidou de 1973.
    http://www.dailymotion.com/video/xmtxui_melenchon-fait-la-promotion-de-maastricht_news

    Si vous chercher des dissidents, il y en a des vrais qui se présente au présidentielle de 2012. Jacques CHEMINADE et François ASSELINEAU. Jacques CHEMINADE milite depuis 1995 contre la finance internationale, la loi Pompidou, la suppression de glass-steagall etc.. bien avant Mélenchon. 

    Mélenchon est au mieux un opportuniste qui retourne sa veste au bon moment.
    Au pire, il est un agent de l’oligarchie qui promotionne ou combat une disposition en fonction d’un agenda.

    Allez voir le site Solidarité & Progrès. http://www.solidariteetprogres.org/&nbsp ; ( bien avant mélenchon smiley )


    • Olivier Bonnet Olivier Bonnet 8 décembre 2011 01:56

      Mélenchon assume avoir fait erreur en soutenant alors Maastricht ; seuls les imbéciles ne changent pas d’avis.


      Cheminade et Asselineau resteront animateurs de groupuscules.

    • Ben Ouar y Villón Brisefer 18 janvier 2012 01:12

      « L’agence » américaine Solidarité et Progrès qui soutient Cheminade avait aussi essayé de s’infiltrer chez Chevènement , chez Bayrou, avant aujourd’hui de s’en prendre à Mélenchon. Comme toutes les sectes, elle a raison avant les autres, mieux que les autres.... vous fatiguez.


  • Albert L 8 décembre 2011 00:42

    Si les états reprennent leur droit d’ émettre monnaie pour se financer, si on veut éviter une légère inflation progressive, il ne faudra pas que ca se fasse n’importe comment.
    Une règle dans ce cas, qui évite l’inflation est de créer une richesse garante de la valeur de la monnaie. Par exemple faire de la création monétaire pour une politique de grand travaux. La plus value du pays obtenue gràce à ces grand travaux sera garante de la valeur de la monnaie. Ensuite les infrastructures nouvelles et l’argent payé aux exécuteurs des travaux, par la croissance va augmenter les recettes fiscale et l’état aura un retour pour régler plus facilement les anciennes dettes (à moins d’ annuler les dettes). Par contre la création monétaire pour renflouer les banques comme on le fait actuellement est facteur d’inflation dangereuse. Cette tendance inflationniste est tendue comme un ressort, car on émet de la monnaie sans crée de valeur de garantie, mais on la bloque à l’aide du chômage.

    En résumé :
    Pour éviter l’inflation, l’état peut émettre de la monnaie pour augmenter la richesse immobile (infrastructure, routes, cannaux, pont, etc... )
    Mais en aucun cas l’argent ne doit être émis pour boucher des trous ou pour des richesses délocalisables. 

    PS :
    Cela dit je ne suis pas contre l’inflation. Lutter contre l’inflation, cela profite aux riches qui ont du capital numéraire à protéger. Les autres sont indexés de toute façons


  • Ben Ouar y Villón Brisefer 18 janvier 2012 01:09

    Concision, clarté, pertinence du sujet, sens de la formule qui fait mouche. Un des meilleurs articles lus sur Agoravox ces 8 dernières années. BRAVO Olivier Bonnet.
    Ma vidéo youtube relatait à partir de la réthorique Sarkozienne, cette étrangeté, le mois dernier : http://youtu.be/nH0F0uKgoW8


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