mercredi 5 septembre 2007 - par citoyen

« Google News : prime à l’original », mais où est l’information ?

Depuis l’émergence d’Internet comme nouveau vecteur de l’information, régulièrement les médias classiques, les journalistes, les philosophes et même désormais tout citoyen, notamment ceux qui se sont lancés dans l’aventure du blog ou du weblog et plus particulièrement du journalisme citoyen, s’interrogent sur le devenir de l’information. La « vraie » question n’est-elle pas : mais où est l’information ? Un média citoyen comme Agoravox produit-il de l’information ?

Ainsi, combien de fois l’avenir de la presse écrite a-t-il été annoncé comme celui de la crise et de sa disparition ? Même si en France, la baisse du lectorat conduit de fait à une diminution des recettes publicitaires, puis par conséquent à une diminution du nombre de points de vente, il faut bien noter qu’à côté des quotidiens classiques ayant eu « pignon » sur rue, se sont développés d’autres sources d’information comme les quotidiens gratuits, phénomène contredisant le diagnostic. La crise de la presse écrite est donc bien à relativiser (voir à ce sujet : « L’avenir de la presse écrite : Bild donne son image en exemple »). Pour autant, les quotidiens ou magazines papier ont tous (en France seul l’exemple du Canard enchaîné fait peut-être encore exception avec un site des plus rustiques) développé des sites Internet, au départ en simple fonction miroir de leur édition papier puis, très rapidement - comprenant qu’Internet est le nouveau média -, en ont fait leur vitrine.


Plus récemment, ces mêmes médias se sont emparés du phénomène des blogs et du journalisme citoyen pour ouvrir leur site et leurs articles en ligne à l’internaute pour lui permettre de « commenter », voire d’ouvrir son propre blog sur leur site.

Du côté des commentaires, il faut reconnaître que l’expérience est à ce jour mitigée tant les réactions des internautes tournent rapidement selon le sujet de l’article aux invectives et à la polémique sans permettre un débat construit et constructif. A tel point que l’on peut s’interroger sur le réel intérêt de cette possibilité ainsi offerte aux internautes de transcrire sur la toile leurs discussions de « bistrot ». Pour les internautes eux-mêmes, c’est leur faire croire que « leur » avis compte selon le précepte indéniable du « au moins on l’aura dit ». Et il est vrai que cette nouvelle forme d’expression, bien que peu pertinente d’un point de vue informatif (au sens où l’information doit être « originale » voire « originelle », ce qui est loin d’être le cas de ces commentaires au fil de l’eau) donne l’occasion de « mesurer » le climat de l’Opinion - prise comme entité comme dans les sondages - face à l’opinion du journaliste, lequel parfois - mais ce n’est pas toujours le cas - prend « position » sur cette information « brute » et « originale » ou « originelle ». Le grand avantage de cette porte ouverte aux commentaires est d’attirer l’internaute sur le site car il se sent « acteur » et « faiseur d’information ». Au passage, les statisticiens des agences publicitaires auront calculé les probabilités relatives aux nombres de clics sur leurs petits messages de plus en plus sophistiqués afin de définir leur stratégie avec l’idée que plus l’internaute restera sur le site plus il y a de chance qu’il finisse par cliquer sur une publicité.

L’ouverture des sites Internet aux blogs est conditionnée quant à elle à un autre principe. Celui, non plus du superficiel ou du vite fait, mais de l’analyse, de l’information apportant une valeur complémentaire aux articles des journalistes « attitrés » dans l’idée que ces blogs construisent progressivement un « contenu informatif » certes différemment des articles classiques, plus proche du narratif ou de l’avis personnel, mais qui en raison de leur « originalité » vont créer du sens auprès d’un certain lectorat, lequel n’est pas forcément celui du site principal auquel ses blogs sont rattachés. Ici, la stratégie est donc d’attirer l’internaute par « ricochet ». Ainsi, on trouve attaché au site de Libération un psychiatre responsable de l’unité de thérapie familiale à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris, de nouveaux élus, un passionné de cinéma agissant sous le pseudo de Le Cinoque alias Edouard Waintrop, et bien d’autres. Sur le site du journal Le Monde, le style est différent mais l’objectif est le même : donner l’occasion à l’internaute qui se « promène » de « tomber » sur une information plus personnelle et qui quelque part sonnera plus « vraie » : on y trouve un professeur de géographie, un site écolo tenu de manière « anonyme », la Biosphère, le blog des correcteurs du Monde très intéressant, et bien d’autres. Ailleurs, on trouve plus des blogs de journalistes ou de personnalités connues et participant régulièrement à l’édition papier, tel le site de L’Express : Ze French, le blog de Christophe Barbier, le blog de Jacques Attali intitulé « Conversations avec...  ». Certains d’entre eux sont soit indépendants, soit travaillent pour plusieurs journaux et participent parfois à des sites dits « médias citoyens » comme Agoravox telle Hélène Constanty. Le phénomène est donc maintenant très largement répandu mais toujours dans cette volonté d’attirer autour du site principal une multitude d’autres intervenants qui vont donner une orientation « originale » à partir d’une information ou d’un point de vue qui leur est personnel.

Dans cette perspective, l’annonce faite par Google sur le fait que quatre grandes agences de presse - l’Agence France presse (AFP) et l’américaine Associated Press, l’agence britannique Press Association (PA), l’agence canadienne The Canadian Press - viennent de conclure avec Google un contrat qui va permettre à ces fournisseurs d’information d’être rémunérés en contrepartie de la diffusion de leurs contenus via l’agrégateur d’informations Google News correspond à une démarche qui relève du même principe : « prendre » ou « accéder » à l’information brute « originale » ou « originelle ».

Mais ce faisant, si Google News « pactise » manifestement avec les agences de presse dont l’intérêt est effectivement de voir les flux d’internautes se diriger vers leurs sites et non vers des sites se contentant de reproduire textuellement le flash de l’agence de presse (contrairement à ce que l’on voudrait bien nous faire croire, cette pratique n’est pas le seul « apanage » du blogueur fainéant, fatigué ou en manque d’inspiration, mais aussi de médias tout à fait « sérieux », il suffit de lire les titres des brèves sur différents sites pour s’en convaincre), l’agrégateur d’informations de Google pose par là une question fondamentale résumée par un commentaire laissé suite à l’article de Christophe Alix, journaliste à Libération : « Google News : prime à l’original  » : mais où est l’information ?

Qu’est-ce que l’information ? Qu’est-ce qu’une information originale ? Le fait brut constitue-t-il une information en soi ? Ne confondons-nous pas « originale » avec « originelle » ? Et au final, nous pouvons nous demander où est l’information. De là, on en revient au rôle du journaliste dont le métier est (si je ne me trompe pas mais je ne suis pas journaliste) de « digérer » l’information et de lui donner du sens. Certes, il arrive fréquemment que par ce biais, le journaliste « masque » une partie de l’information ou l’oriente mais n’est-ce pas là son travail ? Au lecteur de ne pas être dupe de ce tour de passe-passe, car s’il est une chose dont nous pouvons être certains c’est que l’information « vraie » n’existe pas en tant que telle. Tout dépend de la subjectivité de celui l’édite, de celui qui la lit et de celui qui la commente. Un site comme celui d’Agoravox, dont le principe même est au coeur de ces enjeux en se définissant comme média citoyen, produit-il ainsi de l’information ?

Merci en tout cas à TourdeFrance pour son commentaire qui m’a inspiré cette brève originale, j’espère. Et merci à Christophe Alix dont le titre de son article m’a tout autant inspiré...

« Le bon côté du Google News actuel c’est que, en renvoyant vers des articles de presse, il donne de l’épaisseur à l’information. La dépêche d’agence doit être reliée à une situation, ou replacée dans une réflexion, pour avoir du sens. C’est d’ailleurs la raison d’être pour un journal comme Libération. Le slogan "Prime à l’original" n’est qu’un cache-misère, il invite à l’illusion que le fait brut c’est de l’information. » (Source : commentaire en réaction à l’article de Christophe Alix)



28 réactions


  • Manuel Atreide Manuel Atreide 5 septembre 2007 16:40

    Excellent papier ...

    l’interactivité du web a bouleversé la donne concernant les modes de fonctionnement des médias. les internautes/lecteurs/spectateurs ont été plus rapides, cette fois, que les professionnels, pour s’adapter à cette nouvelle donne. D’une manière ou d’une autre, la parole est désormais partagée et chacun va devoir s’y habituer ...

    - le journaliste parce qu’il se retrouve en concurrence face à son lectorat dans son travail d’analyse et de présentation des faits, ce qui crée de l’info,

    - l’internaute car il est désormais confronté à une diversité sans cesses croissante de ses sources possibles d’informations ... quelles sont celles qui sont crédibles et quelles sont celles qui tentent de le manipuler ?

    Le roman n’est est qu’à ses débuts, le scénario n’est pas écrit. Comment va se dérouler l’histoire ? Tout cela me passionne, assurément !

    Manuel Atréide


    • citoyen citoyen 5 septembre 2007 21:13

      Merci à vous Manuel pour cette appréciation

      On se rejoint sur plusieurs points d’analyse. Le contexte nouveau et notamment la place prise par les individualités semblent devoir être un phénomène irrémédiable. Pour autant on constate dans certains pays comme la Chine ou d’autres une volonté farouche de contrôler l’information. Et le plus paradoxal, c’est que cette même « technologie » qui autorise dans les zones de liberté d’expression un développement jusqu’à présent exponentiel de l’expression du citoyen « lambda », permet également d’être extrêmement précis et « rigoureux » dans le contrôle de l’information par des Etats soucieux de tout surveiller. C’est en ce sens que la Chine a fait signer son pacte d’autodiscipline. Comme toute invention humaine, elle n’est ni « bien » ni « mal », elle est juste que les hommes décident d’en faire.

      Concernant l’apport de l’ouverture par la voie des forums, des chats, des commentaires possibles, des blogs attachés à un site principal, je reste plus circonspect. Là aussi il y a à prendre et à laisser. je ne sais pas si le journaliste en titre se trouve réellement en « concurrence » car pour moi ce qui fait la différence entre un journaliste et moi, c’est que le journaliste est payé pour faire son papier tandis que pour moi il s’agit d’un passe-temps. Nous n’intervenons donc pas sur les mêmes champs ni avec les mêmes contraintes. On rejoint là toutes les discussions autour du thème du « journalisme citoyen »

      Là où je voulais en venir en reliant ces phénomènes à cette autre « information » un peu éloignée [le fait que Google News avait passé un contrat avec 4 agences de presse pour que leurs brèves apparaissent en « tête de gondole »] c’est que l’un et l’autre posent la question de ce qu’est exactement une information ?

      S’agit-il de l’information brute ? Exemple : « Pierre Messmer, ancien premier ministre, est décédé .... »

      S’agit-il au contraire d’une information mise en perspective ? Exemple : « Jacques Chirac et Dominique de Villepin ont assisté aux obsèques de Pierre Messmer, ancien premier ministre, sans se croiser ... »


    • Pierre JC Allard Pierre JC Allard 5 septembre 2007 23:25

      @ l’Auteur. Je ne suis pas d’accord avec le concept implicite que l’information originelle soit l’important et que les commentaires et opinions ne soient finalement que des ajouts. Tout le factuel ne représente que bien peu de chose, à côté des liens qu’il permet avec TOUT et qui lui donnent son sens.

      Que des agences de presse nous avisent des événements est une condition préalable, mais n’est certes pas l’essentiel. Les journaux ne s’y sont, jamais trompés, façonnant cette information brute pour nous faire une pensée correcte. Et pour un biais avoué en éditorial, il y en a toujours cent qui sont soigneusement cachés.

      C’est ce droit de cuissage de la presse bien pensante sur la vérité qui vient d’être révoqué, quand Google permet à tous et à chacun de commenter la nouvelle brute et que la blogosphère, via You Tube, passe non seulement le micro, mais la caméra au monde ordinaire.

      Je m’étonne qu’on n’accueille pas avec plus d’enthousiasme ce qui m’apparait comme un changement de paradigme fondamental dans la relation de l’individu au monde dans lequel il vit et une avancée majeure pour la démocratie.

      Voici ce que je disais, le 21 août dernier, dans un commentaire sur ce site :

      « Je vous prédis que d’ici peu Google va se porter acquéreur d’un fil de presse auquel les blogues pourront avoir librement accès, ainsi qu’à You Tube. Des douzaines de TV-citoyennes vont naitre et offrir leur »20 heures« , dont quelques unes seront animées par des commentateurs prestigieux. Le monopole de la pensée correcte sur la diffusion de la nouvelle sera terminé... et les choses ne seront plus jamais comme avant ».

      Je n’ai pas eu à attendre longtemps. Le monde va plus vite... ou c’est moi qui ralentit smiley

      http://nouvellesociete.org/5153.html

      Pierre JC Allard


    • citoyen citoyen 6 septembre 2007 07:40

      @ Pierre JC,

      Détrompez-vous je partage votre analyse : "l’information originelle ou l’information brute ne constitue pas toujours une information donnant du sens aux choses

      Quant à vos prédictions, l’avenir nous dira ...


  • tvargentine.com lerma 5 septembre 2007 16:46

    je me permet un esprit de contradiction

    Le probleme n’est pas OU EST L’INFORMATION ?

    ..mais quelle est l’information que je recherche ?

    GOOGLE est avant tout un moteur de recherche et il semble normal qu’il cherche à gagner de l’argent avec l’indexation des agences de presses qui souhaitent se trouver en tête d’affiche sous GOOGLE.


    • citoyen citoyen 5 septembre 2007 21:18

      @ Lerma,

      vous avez raison dans le sens où ma question sur le « où » renvoit bien à la source de l’information et donc à ce que je cherche. Là où je voulais en venir c’est que ce n’est pas parce que Google News met en tête de gondole les brèves d’agence de presse qu’il s’agit d’information pertinente pour autant.

      Par contre, dans ce contrat signé entre le moteur de recherche et les agences de presse, c’est bien les agences de presse qui ont marqué un point et ce sont elles qui engrangent les dividendes. Pour Google, ce n’est que par ricochet


    • Prêtresse Prêtresse 5 septembre 2007 21:48

      Je vous loue dès maintenant et je vous tends la main, car vous paraissez vraiment sincère.


    • Dégueuloir Dégueuloir 6 septembre 2007 02:59

      laissez tomber ce gros naze de Lerma,c’est un bouffon ringard !! smiley il a des idées de blaireau ce beauf !  smiley


    • Prêtresse Prêtresse 6 septembre 2007 12:21

    • IP115 6 septembre 2007 12:43

      « ce n’est pas parce que Google News met en tête de gondole les brèves d’agence de presse qu’il s’agit d’information pertinente pour autant. »

      Tu mélanges pertinence et fraicheur, le problème de Google est que son système de classement basé sur la popularité des pages privilégie naturellement les pages les plus anciennes.

      Ce qui est le contraire de ce que l’on souhaite quand on recherche des News. Imagine un internaute qui recherchait des infos sur l’ouragan Katrina (il parait que c’est ce qui a déclenché un réaction chez Google), il cherchait des news récentes et se fichait de trouver les pages bien plus pertinentes sur les mots clés ouragan et katrina mais vieilles de plusieurs mois voire plusieurs années (fait l’expérience avec un évènement récent et tu verras que sans ce mécanisme de news, tu trouveras tout sauf ce qui concerne l’évènement).

      C’est pour cela que les news ont été sorties de ce mécanisme de classement par pertinence, et présentées avant les résultats naturels du moteur (en tête de gondole) et ce d’autant plus que les brêves comme leur nom l’indique ont des durée de vie très courtes ...


    • Prêtresse Prêtresse 6 septembre 2007 13:04

  • cza93 cza93 5 septembre 2007 16:52

    « Pour les internautes eux-mêmes, c’est leur faire croire que « leur » avis compte selon le précepte indéniable du « au moins on l’aura dit ». »

    Je ferais volontiers un parallèle avec les réunions thématiques dites de « démocratie participative » initiés par Ségolène Royal lors de sa campagne présidentielle.

    A la fois, celà permet de rapprocher le citoyen de l’information, de l’impliquer, de créer ou recréer du sens en créant un relationnel, une interractivité qui n’existe pas avec la TV ou la radio ; mais finalement, pour avoir participé à quelques unes de ces réunions, on s’aperçoit que l’on dépasse rarement le niveau des brèves de comptoir dans le sens où les gens viennent seulement donner leur avis, que l’avis des autres les concerne assez peu, qu’une fois sortis de la réunion, ils ne retirent pas grand chose de ce qui a été dit. C’est le règne du « moi je ».

    L’autre point qui me pose souci dans ces méthodes de démocratie participative, c’est que parmi les participants, certains peuvent avoir l’impression que leur avis va être pris en compte, influencer une prise de position politique par exemple ... D’ailleurs S.ROYAL ne s’est pas privée de déclarer que les contributions récoltées lors de ces réunions permettraient d’enrichir son programme ... Techniquement, cela aurait supposé un staff énorme pour récolter, éplucher, travailler des témoignages bruts ... Le danger, c’est celui de la déception des participants qui auront la sensation d’avoir été trompés : alors que le but initial de l’opération était de réconcilier les citoyens et la politique, de les rapprocher de la politique, au final ils conclueront que l’on s’est servi d’eux, que rien ne changera jamais, etc., et il sera ensuite difficile de les re-mobiliser autour d’un projet commun.

    La politique compassionnelle de Sarkozy, ce n’est ni plus ni moins que la continuité de ce phénomène de médiatisation intense, personnalisation et accaparement de l’info. Faire du sensationnel, donner à tout prix l’impression que l’on compatit, que l’on comprend que l’on s’intéresse.

    C’est le coté pervers de l’information en tous sens facilitée par la diffusion rapide et peu couteuse via internet. C’est aussi le contrecoup d’une société qui se veut individualiste mais qui souffre de solitude et a besoin de se créer du lien, des contacts, de se sentir utile. Ca ressemble à une immense psychothérapie de groupe, non ?

    Finalement l’information y perd dans le sens où cette interconnectivité devrait d’abord permettre un enrichissement de ladite information, la publication d’avis différents qui ne sont pas les avis dominants. C’est l’aspect que j’ai trouvé frustrant dans ces tentatives de démocratie participatives : elles fonctionnenent comme un défouloir, un cahier de doléances, mais pas grand chose de constructif n’en ressort contrairement aux initiatives d’universités populaires, par exemple. Reste que ces universités populaires, qui permettent d’apprendre, de s’ouvrir, nécessitent une assiduité qui les rend moins attractives puisqu’il s’y soustend une notion d’effort, effort d’écouter, effort de comprendre, effort d’apprendre ; et donc le public y est relativement clairsemé ... Dommage.

    Mais nous ne sommes qu’au début de ces modes de diffusion d’info en tous sens ; les mentalités vont murir, l’intérêt va diminuer pour ces news AFP qu’il faut absolument avoir été le premier à lire et à commenter, et le système se modérera au fur et à mesure qu’il deviendra plus mature ...


    • citoyen citoyen 5 septembre 2007 21:33

      Je partage tout à fait votre analyse qui renvoie dos à dos Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal lesquelles dans des styles différents cherchent à s’appuyer sur la « légitimité » du « peuple » pour mieux s’en dédouaner ensuite.

      Exemple de la prise en considération à géométrie variable de l’opinion publique : 1. la victoire de Nicolas Sarkozy sur Ségolène Royal a été considéré comme une très grande victoire de la droite, nul ne le conteste, pour autant en chiffres bruts une grande partie des français (certes minoritaire) n’a pas voté Sarkozy. Pourtant ce Gouvernement comme les autres s’affranchissent de ce dilemme en concluant qu’ils ont été élu pour accomplir leur politique et de marteler en signe de victoire et de puissance « on fera ce que l’on a dit » omettant qu’une bonne partie des français n’y est pas favorable, voire opposée 2. exemple plus récent encore, le dernier sondage sur les franchises qui vont très certainement s’appliquer sur les dépenses de soins. Cela est confirmé : 61% des français sont contre [un sondage d’avant l’été donné le même score]. question : tiendra-t-on compte de l’avis, cette fois ultra majoritaire, des français ? Que nenni ! Le motif en est simple, c’est le sujet sur lequel il porte est relativement « technique » le financement des dépenses de santé et que changer de mode de financement dans ce domaine, c’est changer de politique, donc le Gouvernement appliquera cette mesure « impopulaire » au motif impérieux d’équilibrer les comptes.

      NOus nous éloignons du sujet de l’article, je crois ...


    • cza93 cza93 6 septembre 2007 22:24

      oui, nous nous éloignons ... du reste j’ai hésité à envoyer le commentaire que je trouvais décalé, hors sujet ... mais au fonds, non, je crois que les 2 éléments sont liés dans le sens où il y a un contexte favorable pour le développement en parallèle des 2 phénomènes, et je ne pense pas que ce soit un effet du hasard ...


  • stephanemot stephanemot 5 septembre 2007 17:18

    ne confondons pas information et intelligence :


    • citoyen citoyen 5 septembre 2007 21:36

      On est d’accord ... l’information « brute » ne constitue pas forcément un message « intelligent » ou « intelligible ». C’est exactement ce que je voulais mettre en exergue comme quoi votre commentaire est suffisant en lui-même

      Bel exemple ...


  • lyago2003 lyago2003 5 septembre 2007 20:43

    Trop d’informations tue l’information est’ce vrai également pour le web ?


  • ytty54 ytty54 5 septembre 2007 23:43

    doit on véritablement mettre en comparaison le journaliste dans sa bulle informationnelle qui dépend de sa culture, de ses affinités, de la ligne éditoriale de son support, des contrats publicitaires, de sa sensibilité.... et le citoyen s’exprimant sur le net ? Peut être ne revendique t’il pas du tout le titre de journaliste ceelui-là ? peut être ne reconnait il simplement plus une légitimité aux journalistes et la cherche ailleurs l’information ? Pour autant l’information a toujours une origine, un lieu, une source, là se trouve l’objectivité. Depuis nos claviers nous en sommes souvent loin et ne faisons que réagir. Et peut être nous laisse t’on juste réagir à ce que l’on veut bien. Pour autant cette culture web développe un sens rare et précieux : le sens critique. Alors Google ou pas nous saurons prendre l’info avec les pincettes !!


    • citoyen citoyen 6 septembre 2007 07:50

      La question n’est pas de savoir si nous devons « comparer » ou pas le journaliste et le citoyen-internaute ... la comparaison est inéluctable puisqu’ils « travaillent » sur la même matière brute l’information. La vraie question devient donc qu’est-ce qui fait la plus value de l’un par rapport à l’autre ? En abordant cette question avec rigueur nombre de journalistes s’inquiétent de l’avenir de leur profession et dans cette perspective, le contrat signé par Google News avec les agences de presse leur donne raison. En effet, par ce contrat, Google News réduit la chaine de l’information à son strict minimum : d’un côté, vous avez la source de l’information brute ; de l’autre, vous avez le lecteur

      et Google News, de conclure d’entre deux, il y a des intermédiaires « inutiles », ce qui n’est pas mon avis ....


    • Pierre JC Allard Pierre JC Allard 7 septembre 2007 00:21

      @YTTY54 : Je prévois que RAPIDEMENT des journalistes prestigieux vont ouvrir leurs propres blogues et commenter la nouvelle brute des agences de presse devenue disponible à tous, en considération d’un abonnement ou d’un tarif au mot. Le journaliste le fera « à partir de sa culture, de ses affinités, (... ) de sa sensibilité », mais totalement affranchi « de la ligne éditoriale de son support, des contrats publicitaires... » Ils le feront, parce que le tarif le plus modique auquel on pourrait penser leur procurera 10 ou 20 fois le revenu qu’ils tirent d’un journal. Quand les « grand » auront ouvert la voie, des centaines de bloguistes/apprentis chroniqueur en feront autant, seuls ou en équpes. Les meilleurs dureront, les autres retourneront au folklore ou a de petites chapelles... je n’ai pas fini de réfléchir à toutes les conséquences smiley

      Voir ce commentaire, d ’il y a 10 ans.. . http://www.nouvellesociete.org/124.html

      Pierre JC Allard


    • citoyen citoyen 7 septembre 2007 07:33

      @ Pierre JC Allard,

      J’abonde dans votre sens quand je dis que la conséquence du contrat de Google News avec les agences de presse revient a posé la question de l’opportunité des « intermédiaires ». Vous l’analysez plus finement en précisant ce qui risque probablement de se passer à savoir que des journalistes - dont la compétence est cette fameuse « plus value » dont je parle - auront la tentation de se libérer de leur « carcan » pour aller directement à la source de l’information. De l’autre côté, vous avez effectivement des non-journalistes qui peuvent faire de même et qui le font déjà

      Personnellement, je ne suis pas certain de ce développement ... mais les faits nous diront ce qu’il en est

      Un petit commentaire sur le lien que vous avez mis. En phrase d’attaque, il est indiqué : « Pendant des siècles, on n’a pas été gâté sur la transparence de l’information. Quand le Roi d’Assyrie tuait ou empalait ses ennemis à l’Est du Royaume, il fallait des années avant que ses ennemis à l’Ouest n’aient la frousse. » Comme je le précisais dans un article également posté ici, je lis actuellement un livre de Jean Staune (http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=28328), et ce dernier nous rappelle à l’envi dans ce livre - à conseiller à tous ceux qui se posent des questions sans réponse - que des « informations » aussi fondamentales que :
      - la terre tourne autour du soleil, et non le contraire ...
      - les conséquences de la physique quantique ont beau « exister » et être diffusées, il n’en demeure pas qu’elles ne sont pas entendues « immédiatement ».

      Cela amène à boucler cette discussion sur le fait que Google News a certes raison de miser sur la source de l’information mais il ne faut point perdre de vue qu’il est impératif qu’il existe un « récepteur » à cette information sans quoi elle n’a aucun sens, et même n’a pas d’existence !

      A méditer


  • forum123 6 septembre 2007 08:46

    J’adore « Google News » car il me permet une sorte de revue de presse sans frontière, pluralité seule possibilité de ne pas être manipulé.

    A mon sens l’information brute n’existe pas, elle est forcément lié à une grille de lecture.

    Groupes de presse, journalistes, tous ont une grille de lecture, une couleur politique, voire des objectifs dans l’interprétation de l’info, etc ...


    • citoyen citoyen 6 septembre 2007 08:58

      « l’information brute n’existe pas », voilà un point de vue intéressant, effectivement si on laisse croire que l’information brute est « objective » je suis tout à fait d’accord avec vous ...

      l’information est toujours « subjective », d’ailleurs dans un domaine autre, celui de la physique quantique, il est bien démontré que c’est l’observateur qui modifie l’objet de l’observation ...

      Il en est de même dans les études sur les organisations de travail, l’observateur inter-agit avec l’objet de l’étude du seul fait de son observation ...


  • cosrine88 cosrine88 6 septembre 2007 11:27

    Tout à fait d’accord. smiley


  • geko 6 septembre 2007 13:13

    Merci à l’auteur pour ce très Bon article.

    1- l’information brute existe dans le sens ou il y a toujours des éléments factuels chiffrables. C’est effectivement l’analyse qu’on en fait et les liaisons avec d’autres informations et d’autres visions portées sur cette information qui forgent notre opinion.

    2-Le volume des informations : Notre espace informationnel s’est nettemmnt agrandi, la mise à disposition de cette information nécessite de notre part de décider quelle est l’information importante à nos yeux. A ce titre l’afp pose déjà un filtre.

    3- Le niveau et le volume des connaissances humaines sont aujourd’hui tels que nous ne pouvons tout embrasser à titre individuel comme le faisait le génie Vinci en son temps. D’ou l’apparitions de journalistes expert dans leur domaine.

    Aujourd’hui l’individu est libre de sélectionner l’information qui lui semble pertinente, en croiser les diverses analyses qui en sont faites et de se forger sa propre opinion. Il est effectivement navrant d’observer moulte blogs qui ne sont que des miroirs d’articles rédigés par des journalistes. Navrant de voir que la plupart des gens s’enferment dans des opinions qui flattent leur affect sans aller voir ce qui se passe ailleur et prendre du recul : Il s’agit bien d’un défouloir. A l’arrivée peu d’articles apportent une plus value informationnelle dans le sens de l’analyse et souvent désinforment tout autant que nos « mass media ». Cette remarque vaut pour Agora Vox. Quand aux fils des commentaires, ils ressemblent plus à des échanges dignes du PMU du coin ou de la cours de récréation du Lycée, agressifs et rarement argumentés. Et oui ! Le journalisme citoyen demande de la rigueur et du temps que nous n’avons pas toujours.

    Finalement, nous avons tout sous la main pour être un lecteur libre mais cela nécessite un peu de temps et de l’éducation : Poser les oeillères, utiliser les flux RSS et rechercher régulièrement de nouvelles sources d’informations. prendre le temps pour découvrire les domaines d’expert.

    Google est leader mondial de la recherche d’informations sur le web. Cette association avec des agences de presse ne m’étonne pas. Connaître la source de l’information est une information nécessaire et suffisante !

    Pour rester libre il faut effectivement avoir un esprit critique constant dans un monde qui nous vends la certitude et le risque 0.


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