Le jeu fait sa promotion en DVD
Support sans prétention, le DVD pourrait initier une révolution vidéoludique.
HDVD pour Microsoft, Blue Ray pour Sony... Les grands constructeurs ont fait des lecteurs de leur machine un haut lieu de bataille dans la guerre des consoles. Mais, en contrepoint de la surenchère technologique, l’avenir du loisir vidéoludique est peut être ailleurs : sur une galette métalisée au format DVD. Depuis quelques semaines, plusieurs titres éminents des supports console ou PC ont été adaptés pour l’appareil de salon. Sybéria ou Tomb raider ont ainsi été convertis, donnant un nouvel éclat à une technologie désormais (dé)passée dans les moeurs.
S’agit-il, pour le jeu vidéo,
d’une régression, ou d’une promotion ? Le jeu vidéo
va-t-il abandonner ses supports historiques et exclusifs, pour migrer
vers une plate-forme déjà intégrée ? En
réalité, le format DVD, largement démocratisé
en France, se trouve dans une situation analogue à celle de la
radio, quand émergeait la télévision. La vulgate
scientiste voudrait qu’une technologie plus récente rende
automatiquement caduque la précédente. Dans les faits,
il faut distinguer la technologie dont le rôle n’est que
formel, et celle à laquelle les applications permettent, effectivement,
d’être un médium...
Aucun coût supplémentaire,
un support préexistant, la demande n’attendait que l’offre.
Celle-ci, encore timide, est loin d’être anecdotique. Les titres
sur DVD sont plutôt bien choisis, offrant une large part aux
jeux d’aventure et d’action. Mieux que le clic and play, ou le
simple hack and slash, la télécommande, ancêtre
de la Wiimote de Nintendo, restranscrit la grammaire élémentaire
des actions du joueur. Le support DVD dispose néanmoins de
failles structurelles évidentes : la rigidité du
gameplay, une linéarité du scénario,
conséquences de la faible ergonomie de la
manette/télécommande.
Plus qu’une régression du jeu
vidéo, dépossédé de son support, le DVD
interactif est en réalité une évolution
naturelle de son support originel. Les Cahiers du cinéma
ont déjà analysé la caractère
irreductible d’un tel support, et la plus-value qu’il injecte au
simple contenu filmographique. Du choix de la scène à
visionner dans un film, à la détermination de l’action
d’un héros de pixels, il n’y a qu’un pas.
Le « nouveau »
média pourrait s’affranchir de son origine informatique, et
créer ses propres codes et ses références. Pour
ce faire, le DVD interactif devra dépasser la vision
court-termiste et marchande de ses concepteurs.
« A travers ce support, les
utilisateurs peuvent être fascinés par un personnage
comme Lara Croft, et tentés d’acheter une version console ou
PC du jeu », explique Dominic Wheatley, gamedesigner de
Tomb Raider. « Les iDVD peuvent être un grand
ambassadeur pour l’industrie du jeu vidéo, en mettant des jeux
dans les mains de personnes qui n’ont pas l’habitude d’acheter des
jeux. »
Le DVD mérite sans doute mieux qu’être un teaser pour consoles.