lundi 28 novembre 2005 - par Francis Pisani

Le New York Times « rassembleur de communautés » ?

L’importance de l’internet a été formellement réaffirmée par Arthur Sulzberger, patron du NewYork Times, dans un discours prononcé quelques jours avant celui de Simon Waldman (voir ce billet) devant la Online News Association. « Ma société a sérieusement investi dans les nouveaux médias », a-t-il déclaré en référence notamment à l’acquisition de la communauté d’experts About.com. Il a également rappelé que l’ensemble des sites de la compagnie est la 12e « présence » sur l’internet (35 millions de visiteurs uniques en août).

A sa façon, Sulzberger reconnaît, comme Waldman, qu’il ne suffit pas d’être sur l’internet, mais qu’il faut en faire partie, s’insérer dans la dynamique propre des gens qui lui donnent vie. « Nous devons, a-t-il déclaré, mieux comprendre les formes de conversation qui ont lieu sur la toile ». Cela veut dire que « dans le monde entier, les gens non seulement se sentent plus connectés à tous les autres, mais ils se sentent également le pouvoir de participer à ce qui est devenu un échange permanent d’idées, de commentaires et d’opinions ».

Il ne s’agit évidemment pas que d’individus, et Sulzberger avance une formule plus audacieuse quand il propose à son équipe de devenir un « convener of communities » (rassembleur de communautés). « Nous voulons créer des espaces dans lesquels les consommateurs peuvent trouver des nouvelles et des informations de qualité, mais aussi où des individus aux idées affines peuvent se lancer sans danger dans des échanges interactifs intelligents (thoughtful) », a-t-il déclaré.

La formule est heureuse, dans la mesure où elle montre que même le New York Times reconnaît l’importancedes réseaux sociaux, le fait que le contenu des conversations entre usagers peut présenter de l’intérêt.

Hélas, elle risque de n’être qu’une formule. Sa décision d’intégrer la rédaction en ligne et la traditionnelle, même si elle est présentée comme une reconnaissance de l’internet, risque de se traduire par une prise de contrôle de la rédaction traditionnelle. Le moins qu’on puisse dire c’est qu’elle ne lève nullement l’ambigüité fondamentale qui porte sur la valeur relative des informations provenant des journalistes et la participation du public en général.

En lisant son discours, que vous trouverez ici, on a l’impression qu’il s’agit d’une concession (intéressante), plus que d’une ligne d’action. Et pourtant, la parole donnée aux usagers apparaît de plus en plus comme une des lignes de démarcations fondamentales du futur des médias d’information.

Mais je me trompe peut-être. Qu’en dites-vous ?




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