Lettre ouverte à Jean-Michel Apathie
Alain Duhamel est tout sauf une victime.

Monsieur Apathie (1),
Formeriez-vous une caste d’intouchables à vous entendre gémir les uns et les
autres dès que l’un des vôtres se sent un peu attaqué ?
Alain Duhamel est tout sauf une victime. Et Guy Birenbaum n’a pas plus allumé une mèche qu’un internaute lambda n’aurait fini par le faire.
Alors, Monsieur Apathie, cessez les jérémiades que vous inspire ce petit fait divers sans grande importance. Il n’y a qu’à lire les journaux pour sentir à mots couverts, ce que nous ressentons de façon intuitive depuis des années déjà : je veux parler de cet inceste délirant qui existe entre le pouvoir politique et les médias.
Vous n’êtes pas monté au créneau, comme vous le faites aujourd’hui avec le zèle d’un bon petit soldat, lorsque vous avez su que Marie Drucker se mettait en congé de France 3 après qu’on eut révélé sa liaison avec un ministre en poste ? Quid de Béatrice Schoenberg et de beaucoup d’autres que je ne listerai pas ici, car j’en oublierais sûrement.
Et puis toute le monde le sait, dans la France d’en bas, que monsieur Duhamel a toujours été proche des idées de l’UDF. Personnellement, cela me le rend plutôt sympathique de le savoir adhérer aux idées d’une personne comme monsieur Bayrou, plutôt qu’à celles d’un populiste démago comme monsieur Sarkozy. Et je le dis d’autant plus simplement que je suis de gauche.
Et vous voyez, ma prise de position devrait vous faire réfléchir : vous et votre confrérie ne pourriez pas vous permettre une telle position. Pour des raisons que vous appelez éthiques, mais qui font que vous ne serez jamais aussi bons et aussi pertinents que vos collègues américains qui n’hésitent pas, contrairement à vous, à révéler et à dénoncer les mensonges d’Etat, fussent-ils présidentiels.
Alors, que cela vous plaise ou non, le landerneau journalistique devra aussi compter avec ce nouveau médium qui est le Net et qui n’utilise pas l’autocensure, comme vous la pratiquez.
Monsieur Duhamel en déduit que le pouvoir d’Internet a quelque chose à voir avec le totalitarisme. Eh bien non. C’est tout le contraire. Cette prise de pouvoir par la parole, par celles et ceux qui n’y avaient pas accès jusqu’ici, est libre et sans contrainte. Elle vous étonnera et vous réservera encore beaucoup de surprises au cours des prochaines semaines. La seule contrainte qu’on lui connaisse est celle de certains journalistes qui pensaient pouvoir s’offrir un espace de liberté supplémentaire, en marge de leur rédaction, qui ont ouvert un blog, puis, ont dû renoncer à cause des pressions directes ou subliminales qu’on leur faisait subir dans leur environnement professionnel. Il ne me semble pas vous avoir entendu vous émouvoir à ce sujet, Monsieur Apathie ? Prudent comme vous l’êtes, le vôtre est rédigé dans le giron de l’un de vos employeurs et n’est pas bien virulent.
Au fond, je vous aime bien, Jean-Michel, et n’allez pas imaginer le contraire. Si..si, et pour des raisons précises. D’abord, pour la tonalité qui vous est propre et qui change de celle de la plupart des autres journalistes. Elle est la marque de votre parcours atypique qui vous a amené à pratiquer le journalisme sans être passé par le cursus habituel qui a tendance à rendre très prévisible le fonctionnement des uns et des autres. Et puis, vous essayez, à votre manière, sans trop sortir du cadre, de modifier quelques mauvaises habitudes prises par vos confrères dont vous savez au fond qu’elles existent, qu’elles sont condamnables, et elles vous irritent, j’en suis convaincu.
D’ailleurs j’ai entendu que vous aviez confessé lors d’un dîner faussement mondain relayé par Paris Première, mis en scène et présidé par Thierry Ardisson, que vous voteriez blanc : on pourrait imaginer que certains s’en offusquent et trouvent votre confession déplacée et
se proposent de repasser l’image en boucle sur le Net en vous sommant
de vous expliquer sur cette absence de prise de position claire :)
Tout ça n’est que plaisanterie.
Mais ce matin, vous m’avez particulièrement fâché. Vous étiez pathétique, Monsieur Apathie, sur RTL (2), lorsque vous vous être cru obligé de bouleverser votre chronique journalière pour défendre votre maître professionnel.
Il est difficile pour nous, vos lecteurs, vos auditeurs, d’adhérer à ce genre de mascarade. Ca sentait vraiment « la remise des pendules à l’heure » contre un crime de lèse-majesté.
J’ai même cru vous entendre demander à votre interlocuteur des nouvelles sur la blessure personnelle de « son » état d’esprit : quelle phrase alambiquée ! On aurait dit du Fogiel.
@Phileas 02.2007