Nicolas Demorand, l’information intelligente
Depuis septembre 2006, Nicolas Demorand anime la tranche d’information matinale sur France Inter. Transfuge de l’inventive et fantasque France Culture, ce journaliste atypique, sans paillette mais pas sans fond, a su redonner des couleurs à la station généraliste de Radio France.

Atypique, Nicolas Demorand l’est tout autant dans son cursus scolaire que dans son itinéraire personnel d’enfant, puis d’adolescent. Né à Vancouver (Canada), c’est au gré des affectations, à travers le monde, de son père diplomate que le jeune Nicolas a pu acquérir une vision large du monde. Les clés de la compréhension de cet horizon panoramique, Nicolas Demorand les a trouvées outre le savoir familial, à l’université.
Agrégé de Lettres modernes et licencié en Philosophie, il intègre l’Ecole normale supérieure. Séduit par l’écriture de presse et les productions journalistiques de Zola, son frère aîné exerça la profession de reporter sur Europe 1, il réussit à rentrer à France Culture en 1997, sans être passé par les fourches caudines d’une école de journalisme. En 2006, il quitte les émissions matinales de France Culture pour le 7-9h30 de France Inter, où il succède à Stéphane Paoli.
Sa principale qualité est assurément de s’adresser à l’intelligence de ceux qui l’écoutent, une résurgence de la période où, enseignant en lycée mais aussi à l’Institut d’études politiques de Paris, il aimait déjà transmettre le savoir. Une approche basée sur le souci de ne pas traiter la politique uniquement sous l’angle de la petite phrase et de jeux d’appareil, mais bien de donner des éléments pour nourrir la réflexion citoyenne et politique, en réalisant des ouvertures sur l’international mais aussi les sujets culturels. Autant dire que l’interactivité avec les auditeurs, pour ne pas dire les plages de café du commerce omniprésentes sur de nombreuses chaînes concurrentes, ne trouve pas particulièrement grâce à ses yeux. Il n’y voit qu’une définition faible de ce que doit être
Conscient de la chance qui est la sienne de travailler à Radio France, Nicolas Demorand déclare croire très fortement aux valeurs du service public dans les médias. Partant du constat que ceux-ci sont aujourd’hui sous différentes influences économiques, politiques ou financières, il considère que les antennes de service public radiophonique sont importantes car elles constituent un espace précieux de liberté.
Son succès lui a ouvert un temps les portes de la télévision où il a présenté le Club Majipoor sur France 5 en 2005. Trop décalée ou trop en avance, l’émission a été supprimée sans trop de raison sinon celle peut-être de vouloir présenter un agenda culturel différent de celui de l’industrie du secteur.
Peu importe, Nicolas Demorand l’avoue facilement, il est accroc à la radio qui reste en permanence allumée à son domicile. Une véritable drogue dure qui l’oblige à se lever tous les matins à 3 heures du lundi au vendredi pour décortiquer la presse et préparer les matinales de France Inter. Une addiction à l’information, à un média, qu’il réussit sans peine à faire partager à des auditeurs ravis de rythmer le début de leur journée au timbre de sa voix.