Orelsan, la tête de turc du rap français
L’histoire d’Orelsan, c’est un nouvel exemple d’artiste né sur le web. Révélé il y a quelques années par le buzz Saint-Valentin, le rappeur caennais a sorti son album Perdu d’avance le 16 février dernier, album salué par la critique. Tout va vite et bien pour Orelsan, qui va pourtant voir le titre de son CD lui coller à la peau.
Fin mars, le clip Sale Pute ressort de nulle part, tout comme la polémique dont la chanson est l’objet. Ni putes, ni soumises, Valérie Létard, Marie-George Buffet et bien d’autres, chacun semble avoir son petit mot à dire au sujet du rappeur. Et c’est parti pour le lynchage général : misogyne, homophobe, violent, dangereux (pourquoi pas communiste, tant qu’on y est ?), les adjectifs ne manquent pas. Ni une, ni deux, certaines salles annulent des dates, les festivals semblent prêts à s’y mettre. Mais de cette folie ressortent plusieurs débats, dont « jusqu’où va la liberté d’expression ? » mais surtout « pourquoi lui ? ».
Sale Pute, très loin d’être la meilleure chanson d’Orelsan (de son propre aveu), met tout simplement en scène la réaction d’un homme trompé. Thème rabattu à longueur de temps par les beuglements de Lara Fabian ou les horribles plaintes de Sheryfa Luna & compagnie, mais qui reste relativement rare dans le rap. L’homme picole, et se met à avoir des pensées extrêmement violentes envers son ex. On peut condamner ce que dit le personnage dans sa souffrance ; c’est autre chose d’en tirer des conclusions vis-à-vis de l’artiste. Et c’est bien cela le gros problème de cette polémique, alors que la ballade Ce soir tu vas prendre du Max Boublil ne semble pas avoir tant gêné que ça, à l’instar du Girlfriend de TTC ou du milliard de chansons à la sauce RnB shake ton booty biatch sur lesquels les culs du monde entier se trémoussent.
Autre détail plutôt intéressant, ce n’est que maintenant qu’on entend parler de cette chanson alors que sa publication remonte à deux ans déjà. Ça sent l’attitude « bâton dans les roues » bien planifiée, puisque l’artiste commence tout juste sa série de concerts, qui ne contient évidemment pas Sale Pute, pas pour des raisons liées à la polémique (plusieurs dates avaient été joués avant l’affaire, et la chanson n’y figurait pas), mais bien parce que l’artiste a d’autres choses à dire.
Valérie Létard, en bonne « empêcheuse de tourner en rond » (et je pèse mes mots), non contente d’exiger le retrait du clip en question d‘Internet (ce qu’Orelsan a accepté directement sans discuter), va plus loin en demandant une action en justice envers l’artiste. Puisque le gouvernement ne semble avoir rien de mieux à glander (c’est vrai qu’il n’y a plus de SDF, de chômeurs, d’explusions, de bavures policières et autres depuis le 16 mai 2007), c’est lui qu’on vient cibler, tout comme la France avait pu cracher sur NTM, Sniper ou encore La Rumeur. Tiens, trois groupes de rap, encore…
Le rap, genre musical à polémique ? A n’en point douter, puisqu’en prenant les paroles de Christina, d’Anaïs, on peut constater un texte similaire. La chanteuse a d’ailleurs déclaré son soutien au rappeur, saluant son « talent et sa plume sacrifiés au titre du sensationnel. » Seulement voilà, Orelsan a choisi le rap, et la réussite (au sens commercial du terme) à l’inverse de Max Boublil dont ce n’est pas le métier et TTC, de toute manière plus underground, pour ne citer qu’eux. On peut gager sans trop se mouiller que si l’album n’avait pas été un succès , personne ne serait venu se plaindre.
OrelSan - Désolé
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