jeudi 15 mai 2008 - par Dancharr

Propaganda et contre-propagande

La désinformation, la manipulation et le mensonge sont les armes qui nous attaquent en permanence via la publicité, les médias, les discours. Ils nous font acheter des crèmes miraculeuses, croire des menteurs, trouver beau, utile, ce qui est laid, inutile. Parce que nous nourrissons notre opinion à ces épiceries, il faut, pour éviter la pollution, garder l’esprit critique. Ce souci avait suscité cette réflexion.

Dimanche 17 février au soir, je regardais par curiosité l’inusable Mission Impossible 20 ans après. Le scénario est, comme d’habitude, simpliste, le traitement efficace. L’équipe doit détruire une fabrique d’armes de destruction massive à base de graines porteuses d’un virus mortel. Le pays est arabe, sans plus de précision. Pour entrer dans la place, il y a la sempiternelle substitution de personnes. Les Américains sont très malins, très efficaces, très forts, les méchants très bêtes, très cruels. Ils seront punis à la fin de leur méchanceté par une explosion qui détruit tout. Je n’insiste pas sur les invraisemblances, l’imagerie naïve, les ficelles grosses comme des cordes. Il s’agit, à l’évidence, d’une œuvre de propagande à la gloire du héros américain et destinée à rassurer ceux qui pourraient douter de la capacité des Etats-Unis à se défendre.

Cette série – et combien d’autres films de la machinerie hollywoodienne – sont une parfaite illustration des idées d’Edward Bernays (1891-1995) neveu de Sigmund Freud émigré aux États-unis et un des pères fondateurs des « relations publiques ». Son livre phare Propaganda : comment manipuler l’opinion en démocratie, publié en 1928 reste actuel. Il y donne les clés du management des opinions et pas seulement dans le domaine politique. Joseph Goebbels, ministre de la Propagande du régime nazi, fut un lecteur particulièrement attentif de Propaganda. Pour Bernays, la meilleure façon de façonner la volonté d’un peuple est de jouer avec les émotions. L’actualité démontre l’évidence de la proposition.

Il faut revoir de temps en temps Mission impossible, ce feuilleton-culte, cette caricature, pour être conscient de la manipulation, conserver la tête froide et exercer l’esprit critique. Je sais que des décennies de matraquage médiatique et politique rendent son exercice difficile à ceux qui ne prennent pas le temps de réfléchir par eux-mêmes. Il devrait leur suffire pourtant de se rappeler et de comparer. Ils étaient les premiers à s’esclaffer devant la propagande communiste des années de guerre froide où le héros soviétique était exalté, encensé, quasiment déifié, lui qui était en train de construire le paradis sur terre. Le ridicule sautait aux yeux et l’effet n’emportait pas la conviction. La propagande américaine est à peine plus subtile. Elle est seulement plus « glamour » et ses effets spéciaux spectaculaires font oublier le message qui ne se donne même pas l’élégance d’être subliminal.

Mais pourquoi la « Propaganda » se gênerait-elle puisque l’opinion lui est aussi acquise que l’était celle des communistes. Ceux-ci nous apparaissaient pourtant bien crédules, bien naïfs.

Nos critiques accueillent avec enthousiasme cette production ambivalente : divertir pour attirer puis influencer l’opinion pour la convaincre d’une supériorité politique. Cet investissement des salles de cinéma, des écrans de télévision et des esprits est rendu possible parce que la colonisation est achevée depuis longtemps. La pâmoison qui saisit l’essentiel de nos élites et de leurs épigones journalistes pour ce qui vient d’outre-Atlantique est tel qu’ils supportent très mal et rejettent même les Américains qui ont de leur pays une vision effrayée, qui en dénoncent le caractère totalitaire, qui mettent en doute la liberté de la presse, qui ne se satisfont pas de la politique sécuritaire, qui s’insurgent sur les attentes à la liberté individuelle et se demandent pourquoi leur pays se veut le maître du monde.

Le traitement qu’a eu le film de Brian de Palma Redacted sur la guerre d’Irak est éclairant. Il y dénonce avec force et en s’appuyant sur des faits réels les exactions sur les civils. Il est interviewé dans le supplément TV du Nouvel Obs. Ses interrogations négatives montrent que le journaliste est presque ennuyé de devoir interroger un cinéaste qui a eu l’idée saugrenue de s’intéresser à cette guerre et de la traiter de cette façon-là. « Ne craignez-vous pas qu’on vous reproche… » - « Pourquoi ne pas avoir réalisé un documentaire ? », etc.

Il ne réagit pas quand De Palma rappelle que son film s’appelle Redacted parce qu’il a été « nettoyé ». Il ne relève pas non plus la colère de De Palma qui dit « Je suis révolté. Ce type a provoqué tellement de dégâts en huit ans : il a déstabilisé le Moyen-Orient, souillé l’image de l’Amérique… ».

De Palma commet un crime de lèse-majesté et Olivier Bonnard n’est pas de sa chapelle. Le même, dans la page critique, le note sévèrement, lui reprochant de ne pas faire dans la dentelle, de faire un objet étrange, théorique…

Télérama l’aime encore moins. Le critique et le spectateur français n’aiment pas que l’on dise du mal de l’oncle Sam, ce tonton si bon qui nous a sauvés si souvent, parce qu’on a réussi à les persuader depuis longtemps qu’il était le messie. Mais c’est un messie qui n’aime ni la concurrence ni la contre-propagande. L’exemple est récent et démonstratif. La Vallée des loups est un film turc sur la guerre d’Irak qui a connu un grand succès en Turquie, mais aussi en Allemagne où vit une importante population turque. La situation y est renversée : le méchant est Américain, et le héros invincible est Turc. Le réalisateur reprend tous les poncifs hollywoodiens du film de guerre à la Rambo avec une base de départ tirée de la réalité.

L’accueil extra-turc de ce film est instructif : « ce film irresponsable cultive la haine et la défiance à l’égard de l’Occident », déclare le président de la branche bavaroise de la CSU.

En France, la distribution a été microscopique. Le CNC a proposé son interdiction aux moins de 16 ans. On constate dans la réalité donc que, dans nos démocraties exemplaires, si la propagande est possible (voir Mission Impossible et ses Arabes démoniaques), la contre-propagande est impossible. Même quand le journaliste en a l’idée, il s’autocensure, très vite, épouvanté à l’idée que l’on pourrait le taxer d’antiaméricanisme primaire, ce péché contre la foi.



24 réactions


  • tvargentine.com lerma 15 mai 2008 11:32

    Pas besoin de regarder dans le passé,il suffit de voir l’intolérance d’une minorité politique qui à la main mise sur le "comité de rédaction" pour empêcher la diffusion d’articles qui ne soient pas dans la ligne du TSS.

    En effet une simple statistique démontre que 99% des articles ici sont à sens unique ANTI-SARKOZY

    Je ne vois pas en quoi être d’accord avec des idées et un projet mis en application dans les lois par ce gouvernement ne pourraient faire l’objet d’articles

    C’est un simple constat et c’est une réalité

     


    • Alpo47 Alpo47 15 mai 2008 11:53

      Lerma, et si c’était plus simple ...

      Peut être, est ce aussi et essentiellement, du au fait que tous ceux qui ont un cerveau et S’EN SERVENT ENCORE pour analyser et réfléchir, ne peuvent que s’opposer à la politique de N.Sarkozy ?

      @ l’auteur

      Oui, les communicants se servent toujours de l’infantilisation et des émotions pour manipuler et faire passer leur message. Hollywood en est un bon exemple, avec une vision du monde opposant le bon américain aux "méchants". Je signale d’ailleurs que depuis quelques années (l’invasion de l’Irak ?), le role du méchant dans ces films américains est très souvent tenu par "un Français", ou que l’on y entend très souvent des phrases sur la "traitrise" des Français ...

      Etonnant, non ?

       


    • yannick yannick 15 mai 2008 12:17

      Je suis d’accord avec vous sur le fait qu’on apprend beaucoup plus sur soi quand on discute avec des gens qui ne sont pas d’accord avec nous.

      Et oui, je suis aussi d’accord pour publier des articles pro Sarkozy, pro Lepen, pro tout ce que vous voulez, parce que ça permet d’instaurer un dialogue et de discuter de tout ça. Refuser ces articles ne rend service à personne. 

      De nos jours, les gens se ferment directement à tout discours contraire à leurs convictions, nos esprits se ferment.

      Ce n’est pas bon signe.


    • Gazi BORAT 15 mai 2008 13:27

      @ LERMA

      "une simple statistique démontre que 99% des articles ici sont à sens unique ANTI-SARKOZY"

      Vous êtes consternant... Où donc avez-vous appris à effectuer des calculs statistiques ?

      Vous avez cependant une excuse, vous avez effectué votre scolarité avant que Nicolas Sarkozy (Que la prière et la paix soient sur lui) ne remette à l’honneur les savoirs fondamentaux dans les programmes scolaires.

      Pourquoi n’en profiteriez vous pas pour retourner à l’école primaire et ainsi rattraper votre jeunesse gâchée par les enseignants Socialo-Communistes de l’époque d’avant la Grande Révélation.

      gAZi bORAt


    • finael finael 15 mai 2008 13:52

      @ Alpo47

       Je ne suis pas d’accord, il est plutôt rare que le rôle des méchants soient tenus par des français dans les films américains : Après les vilains communistes, se sont les vilains terroristes ou les vilains aliens (où encore quelque groupe de comploteurs au sein de la CIA comme dans la série de films "Jason Bourne").

       Mais si vous voulez des vilains français, il faut lire ce chef-d’oeuvre de littérature maritime que sont les aventures d’Hornblower écrites par C.S.Forrester. Ces aventures se déroulent de 1793 à 1820 environ. Même si Forrester n’était pas anti-français, il a décrit magnifiquement l’état d’esprit anglais des années de la révolution et de l’empire. Pour ceux qui aiment la mer c’est vraiment un chef d’oeuvre, même si nous n’y avons pas le beau rôle.


    • Zalka Zalka 15 mai 2008 14:05

      @Gazi : Je ne vois qu’une seule possibilité : il a proposé 200 articles, mais seul 2 ont été accepté. Du coup, cela fait 99% de TSS.


  • yannick yannick 15 mai 2008 12:12

    Je prends un pari :

    Vous avez tous pu constater à quel point les médias redonnent un coup de boost à l’image d’Olivier Besançenot ?

    Le but de la propagande étant de canaliser l’opinion public dans une direction voulue, Olivier Besançenot est là pour devenir la coqueluche des nombreuses personnes en désaccord avec la politique actuelle ( ceux que la révolution tentent de plus en plus ), à la première occasion, étant donné son manque d’expérience en politique, il sera descendu en flammes, ses suiveurs seront déçus et le temps qu’ils se rétablissent de leur choc, tout sera en place pour qu’on aie plus rien à dire.

    Oui, je suis un conspirationniste, ahahah, n’écoutez pas ce que je dis, pariez avec moi

     


    • Forest Ent Forest Ent 15 mai 2008 12:23

      Comme Mitterand avait favorisé le FN pour affaiblir l’UMP, celle-ci a intérêt à favoriser l’extrême-gauche. Et les deux ont intérêt à ce qu’il n’existe rien entre eux. Après avoir nettoyé l’UDF et recruté la partie droite du PS, il semble logique maintenant que l’UMP aide en sous-main Besancenot à émerger.


    • Alpo47 Alpo47 15 mai 2008 13:41

      Bien d’accord avec vous, Sarkozy commence les grandes manoeuvres pour 2012.

      On a tous vu qu’avec l’aide des instituts de sondage et de la presse qui lui est dévouée, Sarkozy avait mis en avant et poussé à la candidature de S.Royal, en 2007, calculant , et à juste titre, qu’elle ne résisterait pas à une campagne électorale. Aussitot la candidature enregistrée, la même presse s’est retourné contre elle pour la dénigrer, parfois grossièrement. Politiquement magistral.

      Actuellement, la même manoeuvre est en train de se mettre en place avec Delanoe et Besancenot. Si Delanoé est le favori des "bobos" parisiens, la "France profonde" ne votera pas jamais pour lui, surtout si une campagne insidieuse lui donne du grain à moudre . Et on peut compter sur les amis du monde de la presse, de Sarko, pour fournir les "dossiers" anti Delanoe.

      Quand à Besancenot, il est également mis en avant pour diviser la gauche et réduire d’autant le nombre d’électeurs vers un candidat crédible. Drucker, grand ami du président, est le premier à rentrer dans ce jeu. D’autres, sondeurs et journalistes, vont suivre.

      Elle est pas plus belle la vie, lorsqu’on a le pouvoir de distribuer les cartes ...


    • Tarouilan Tarouilan 15 mai 2008 14:51

      Analyse très pertinente, d’autant que Besançenot, a quand même par un certain coté la sympathie de Sarkoléon.

       

       

       


    • jaja jaja 15 mai 2008 21:30

      "Analyse très pertinente, d’autant que Besançenot, a quand même par un certain coté la sympathie de Sarkoléon."

      Alors que la gauche et la droite couchent ensemble et se vautrent dans les délices du "libéralisme", qu’il soit social ou non (lire toujours et encore le vieux capitalisme) la "sympathie (supposée) de "Sarkoléon" pour Besancenot, mériterait d’être davantage explicitée par l’auteur de ce post...

      Que la droite se serve de Besancenot pour ses petits calculs politiciens, peut-être et alors deux hypothèses sont valides :

      1) Besancenot est dans le coup et n’est qu’un traître aux idées qu’il défend publiquement et à ceux qui le suivent.

      2) Il profite avec raison des contradictions opposant deux fractions plus ou moins rivales de la classe politique pour mener à bien son projet révolutionnaire et entraîner dans les luttes le plus de gens possibles.

      A chacun son choix. L’avenir tranchera...

      Certains qui ont favorisé tel ou tel à un moment donné s’en sont terriblement mordus les doigts bien plus tard... Les exemples sont nombreux..... Regardez en Orient par exemple...


  • Forest Ent Forest Ent 15 mai 2008 12:19

    Oui, rien de nouveau. L’hagiographie et les belles légendes font partie de la puissance et de l’identité nationale. C’est semble-t-il connu depuis l’antiquité. J’ai lu quelque part que la bataille de qodesh dont les historiens officiels de Ramses s’enorgueillissaient tant aurait plutôt été un succès hittite.

    Le plus ridicule dans le genre que j’ai vu depuis longtemps était je crois "Black hawk down".

    Par contre, il faut quand même reconnaitre à Hollywood une certaine capacité à sortir de temps un temps un film en dehors du "système". Sur le proche-orient, on pourrait citer par exemple "Les rois du désert", "Jarhead" et surtout "Syriana". Les films produits par Clooney sur ce sujet et d’autres sont souvent remarquablement intelligents.

    En France, 30 ans avant "L’ennemi intime", il y a eu "Avoir 20 ans dans les Aurès", qui disait la même chose.


    • geko 15 mai 2008 13:59

      @Forest il nous reste aussi quand même Ken Loach dont le fameux "land and freedom" !


    • Forest Ent Forest Ent 15 mai 2008 14:49

      J’adore Loach, mais surtout ses critiques sociales, comme "Sweet sixteen". La dernière "It’s a free world" est excellente.

      Je trouve ses films historiques plus mitigés. Son message y est plus épais et un peu décalé.

      "Land and freedom" est la guerre d’Espagne vue par un Anglais, et essaye de montrer que l’échec de la République est dû aux staliniens qui ont confisqué les mouvements populaires. C’était sans doute un peu plus compliqué.

      "The wind that shakes the barley" est à la limite du pur hollywoodien. La thèse selon laquelle la bourgeoisie aurait confisqué les aspects sociaux des mouvements indépendantistes irlandais y apparait totalement déphasée avec l’intrigue, et gêne plus qu’elle n’apporte au film. Sur le fond, je ne suis pas spécialiste, mais ramener l’opposition entre Collins et De Valera à un antagonisme social me semble réducteur.

      Loach est un des meilleurs cinéastes européens actuels, surtout dans la catégorie "artiste à message". J’aurai peut-être quand même une petite préférence pour les Dardenne à cause de "Rosetta".


  • TSS 15 mai 2008 12:45

    ne repondez pas à Lerma dites simplement "CONNARDS" au pluriel car ils sont plusieurs


  • Sébastien Sébastien 15 mai 2008 13:17

    Les mots ont un sens et manifestement l’auteur qui parle de propagande et de manipulation est dans le faux. Que l’on parle d’influence soit, mais les 2 mots precedents suggerent une sorte de complot qui me fait doucement rigoler.


    • xa 15 mai 2008 15:02

      Vous devriez chercher la définition de propagande.

      Initialement, c’est l’action de diffuser, de propager une idée, une doctrine etd’influencer l’opinion des personnes ciblées. La propagande prend la forme de diffusion d’informations partiales. Le terme est devenu péjoratif suite à la propagande nazi et mussolinienne.

      On trouve cependant des références intéressantes sur le sujet, comme par exemple les publications du ministère de l’intérieur, pour lequel la communication en campagne électorale s’appelle ..... propagande électorale. D’ailleurs, la commission préfectorale ayant la charge de diffuser les élements de communication de la campagne électorale s’appelle ..... commission de propagande.

       

      On pourrait aussi inclure le lobbying, qui n’est qu’une forme de propagande de groupe d’individus (sociétés, associations, ...) à destination d’un groupe particulier d’individus (les élus)


  • Yannick Harrel Yannick Harrel 15 mai 2008 17:18

    Bonjour,

    Je constate (de l’intérieur, ce qui est encore plus difficile) que la propagande est toujours l’apanage de l’autre et que cela ne peut être ainsi que parce que nous représentons le bien, le nec plus ultra en matière de Liberté. Seulement, qu’y a-t-il derrière le brillant des mots et les phares de la consommation ? C’est une des raisons de ma défiance envers les journaux officiels (j’ai glissé un commentaire sur le sujet dans un autre article) : ces derniers ont contribué de manière de plus en plus ostentatoire à l’épanouissement de vues parfois contraires à l’intérêt général au mépris premier de l’information impartiale et essentielle.

    Cordialement


    • Dancharr 28 mai 2008 11:11
      à Yvesduc,
      J’aime bien votre effort d’aller voir si derrière le consensus ne se cache pas une vérité dérangeante. En médecine les exemples de manipulation, de désinformation et même de trucage sont nombreux et depuis toujours. Ces dernières années on a même été particulièrement gâtés. Rappelez-vous le prédictions catastrophiques concernant la diffusion à quasiment tous les consommateurs de bœufs élevés aux farines de viande de la maladie des prions (ESB). La Grande-Bretagne allait quasiment disparaître. Le soufflet est retombé et on n’en parle plus. La grippe aviaire a eu le même battage. Les experts ont prédit une pandémie pire que celle de la grippe espagnole et les morts par millions. Ils se taisent mais reprendront la parole, toujours aussi péremptoires. Allez sur le cardioblog d’Yvon Gouel (www.cardioblog.fr) et voyez ce qu’il pense de la stratégie des labos concernant la promo des statines dans leur guerre contre le cholestérol.
      Les interrogations sur la polémique Sida et VIH ne peuvent donc pas être prises à la légère et méritent d’être examinées. Merci du cadeau. J’étais cardio et le virus n’est donc pas ma tasse de thé. J’ai lu les articles que vous m’avez indiqués.
      L’argumentation qui étaie le procès fait aux médecins avec négation de l’infection, attribution du Sida et des formes cliniques aux facteurs associés (surtout en Afrique), négation du rôle du virus dans la transmission aux hémophiles de la maladie qui serait en réalité le fait du traitement, ne m’a pas convaincu. La qualité, l’expertise des professeurs qui apportent leur caution à la démonstration ne permettent pas de les croire car les explications (en particulier celle de Heinrich Kremer) sont présentées comme avérées, définitives. Les incertitudes sur le rôle du stress oxydatif, du NO sont encore telles qui rien de ce qu’il dit n’est certain. La pathogénie qu’il décrit est simpliste.
      Le catastrophisme, la manipulation des statistiques, les prédictions alarmistes (pour l’Afrique) sont dénoncés et, comme c’est l’habitude en santé publique, la dénonciation est recevable. Il est normal qu’à l’exagération – parfois calculée, programmée, intéressée – de certains, voire de beaucoup, réponde en écho la contestation de ceux qui ont des doutes et qui, face au mur qu’on leur oppose, versent dans la négation, chacun des groupes donnant à l’autre des armes à la mesure de l’excès.
      Dans le cas VIH-Sida, l’article « Le Refuznik du VIH » consacré à Duesberg pose les bonnes interrogations mieux que je ne peux le faire.
      Ma conviction que le VIH existe, qu’il sévit, que le Sida en est une conséquence, repose sur des évidences difficilement contestables :
      1/ le traitement est efficace et la trithérapie a changé la vie du sidéen, arrêtant l’hécatombe. Dans le numéro du 8 janvier 2007, faisant le point sur l’infectiologie en 2006, le Quotidien du médecin fait un court article sur les propositions d’interruption de traitement anti-rétroviraux pour des raisons variables : effets indésirables (complications cardio-vasculaires, lassitude, coût). Après 14 mois de suivi (sur une étude portant sur 5.500 patients) il y a eu augmentation du risque : mortalité, progression de la maladie, complications. Une autre étude à Abidjan va dans le même sens. Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas des cas où cela se passe bien, comme toujours.
      Dans un autre numéro, le Quotidien relatait la mort du Dr Arnaud Marty-Lavauzelle, médecin psychiatre, homo. Il avait été président d’AIDES de 91 à 98 et avait lutté 20 ans contre le Sida. Il ne doutait pas, lui, des bienfaits du traitement et de l’existence du virus. Écoutons-le : « à cette époque, c’était plutôt mal vu de se traiter. On estimait que les traitements éventuels pouvaient être toxiques ». Il n’hésitera pas à se traiter : « J’ai eu, en fait, très vite, une croyance vraiment militante : chercher et trouver à tout prix quelque chose qui réduise l’impact du virus. J’ai toujours eu ensuite un médicament d’avance ». En 2003, une encéphalite à VIH l’a exclu de tout protocole thérapeutique. Il bénéficie d’une nouvelle molécule et il en réchappe. Le miracle n’a pas duré.
      2/ Pour Duesberg et les autres refuzniks, les traitements anti-VIH sont dénoncés comme responsables quasiment de la mort des malades. Tous les traitements ont des effets secondaires et les plus actifs sont les plus dangereux. Dans tous les domaines. Le traitement immunodépresseur qu’ont tous les greffés (cœur, poumon, rein, foie) l’est et ils peuvent faire mourir car ils amoindrissent les défenses. Il faut seulement apprécier le risque relatif. Ils permettent des survies qui s’expriment en décennies, eux qui, pour certains, n’allaient pas passer l’année.
      La comparaison entre sidéens traités et greffés sous traitement anti-rejet me paraît légitime.
      Bien cordialement et merci pour votre appréciation. « Génial » je veux bien, mais ça va être difficile de faire mieux.

       


  • stephanemot stephanemot 16 mai 2008 01:50

    Merci pour ce rappel sur les sources de Goebbels.

    Le jeu sur les emotions renvoie a un certain "compassionate" president suppose promouvoir la paix et la democratie...

    Notons egalement ce bouquin plus recent du CMD sur la propagande ayant entraine la guerre en Irak : "The Best War Ever - Lies, damned lies, and the mess in Iraq".

    Et bien sur la plus belle psyop de ces dernieres annees par nos amis du Pentagone.


  • Méric de Saint-Cyr Méric de Saint-Cyr 16 mai 2008 11:08

    @ l’auteur

    belle introduction, raisonnement pertinent, mais je regrette la conclusionqui part en sucette en parlant d’un truc qui n’a plus rien à voir avec la réalité quotidienne. Evidemment, c’est assez subtil de glisser de "mission impossible" à De Palma et la censure indirecte de ceux qui ne digèrent pas les films quisortent du moule.

    Mais je pose la question (j’y ai déjà répondu pour moi) : n’y aurait-il pas une vie en dehors du cinéma américain ?

    Pour moi, la propagande, ce n’est pas le cinéma, c’est le $y$tème, tout le $y$tème : comment on induit la consommation par l’évolution des technologies et surtout l’emploi a l’excès du mot magique "nouveau".

    C’est "nouveau" donc il faut acheter : nouvelle version de tel logiciel, nouvel ordinateur plus rapide, nouveaux téléviseur HD, nouveau goût de soda, nouveau, nouveau, nouveau…

    La but de la propagande n’est plus politique depuis longtemps, et là, vous passez à côté : aujourd’hui les "maîtres" de la propagande, ce sont les managers des grands groupes industriels-financiers.

    Le principe de la néo-propagande c’est prendre aux pauvres pour donner aux riches en faisant dépenser au peuple tout son fric, jusqu’à l’endettement, pour acheter des conneries et des trucs inutiles.

    Regardez le succès du téléphone portable. Succès incompréhensible, conséquence directe de la manipulation des conciences par la propagande (et la contamination). Je connais des gens qui se privent de l’essentiel (manger, s’habiller, se soigner) pourvu qu’il puissent payer leur forfait orange. Quand on en arrive à ce point, on peut LÉGITIMEMENT craindre que notre civilisation soit entrée dans la décadence…


    • Dancharr 16 mai 2008 19:05

      @ Méric de Saint-Cyr,

      Merci pour votre commentaire mesuré et pertinent. Le film américain d’action n’a jamais cessé – à des rares exceptions près où l’indien est la victime – d’être un vecteur de propagande avec diabolisation de l’adversaire et exaltation de l’homo americanus.

      Le sort fait au film turc m’a paru caricatural de la censure faite à un contre-exemple et de l’impossibilité par cet empire de supporter son propre reflet. L’influence est toujours aussi forte puisque la télé en consomme beaucoup et fait avec eux ses meilleures audiences.

      Vous avez raison d’assimiler propagande et fausses valeurs. Maquiller le faux en vrai, créer de faux besoins au détriment des réels, c’est bonnet blanc et blanc bonnet.

      Je partage votre pessimisme car le phénomène est devenu structurel à notre société.

      Bien cordialement.

       

       


  • yvesduc 23 septembre 2008 19:03

    Génial ! Merci.


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