Un homme est mort
Retour sur la tragédie d’Allinges
Début Juin 2008, le 4 plus précisément, un tragique accident de passage à niveau à Allinges en Haute-Savoie provoquait la mort de 7 collégiens et faisait 25 blessés. Le chauffeur de ce car scolaire n’avait aucune substance douteuse dans le sang et n’a cessé d’affirmer que le feu n’était pas rouge à l’arrêt, malgré des témoignages contraires. On ne peut qu’être attristé pas un tel événement et toutes nos pensées ne peuvent qu’aller vers les malheureux survivants, qu’ils soient rescapés du car, blessés ou non, ou famille des victimes.
Mais il y a eu une autre victime, un 8ème mort. Ce jour de juin l’organisateur de ce voyage scolaire, un professeur d’histoire géographie d’une quarantaine d’année , marié et père de 2 enfants, est mort lui aussi, dans son cœur et dans sa tête. Cela ne s’est pas vu évidemment. Lui dont la vocation, le sacerdoce était d’aider ses élèves à avancer dans la vie, à s’intégrer dans la société, à grandir, mûrir, s’est senti responsable et s’est jugé coupable de la mort pourtant accidentelle et imprévisible de 7 de ses élèves.
Sa famille, inquiète, avait demandé expressément de faire le moins de publicité possible sur cette tragédie.
Le lendemain, en toute discrétion bien évidemment, le premier ministre Monsieur Fillon et le président de l’Assemblée Nationale Monsieur Accoyer étaient sur place avec les familles des victimes. En toute discrétion n’est ce pas ?
Et 6 jours plus tard ce n’est pas moins que le Président de la République en personne, les ministres de la Justice et de l’Education et le secrétaire d’Etat aux transports qui recevaient ( toujours en toute discrétion n’est ce pas ? ) les familles des victimes à l’Elysée.
A chaque fois cela a du être un clou supplémentaire planté dans le cercueil du malheureux enseignant.
Toute cette splendide brochette d’hommes politiques avait-elle de quelconques compétences en traitement psychologique des victimes ? Pas à ma connaissance.
A quoi pouvait bien servir cette débauche de compassion démagogique ? Ou plutôt à qui pouvait-elle bien servir en dehors de la fameuse « brochette » ? Sûrement pas au malheureux professeur d’histoire géographie rongé par la culpabilité.
La sentence a été prononcée et exécutée, l’homme s’est pendu dans un bois.
Mais que l’on se rassure, la volonté de la famille a été respectée à titre posthume du mari, la mort du père de famille est traité avec le moins de publicité possible.
Un dommage collatérale de plus de la politique spectacle de nos hommes d’Etat dans leur tour d’ivoire médiatique. Il semble que la vie d’un homme innocent ne pèse pas bien lourd face à quelque points gagnés dans des sondages de popularité sous réanimation.