Un outil citoyen pour ne plus se faire manipuler par les médias
Dans « Décryptez l’information » (Dangles), je livre aux citoyens les moyens de mieux connaître les réalités médiatiques pour qu’ils puissent à la fois se prémunir des manipulations journalistiques et formuler des exigences nouvelles en matière de qualité de l’information.
Dans son "Guide des 4000 médicaments utiles, inutiles ou dangereux" (Cerche-Midi), co-écrit avec le professeur Bernard Debré, le pr. Even dit :
« Ma conviction profonde, c'est que le changement dans ce pays ne viendra ni par les pouvoirs publics qui sont généralement incompétents et qui manquent de courage ni par les médecins qui sont formatés depuis le début de leurs études pour apprendre par coeur et réciter ce que l'industrie leur transmet, il viendra des patients, c'est les patients qu'il faut mobiliser ».
C'est exactement mon sentiment pour le domaine de l'information. Le changement ne viendra ni par les patrons de presse, ni par les journalistes, ni par les politiques, mais par le public, par les citoyens...
Beaucoup de citoyens, d’ailleurs, ont ce sentiment que le changement ne viendra pas d’en haut (cf. le taux d’abstention record aux dernières élections municipales) mais d’en bas, par la prise en mains par eux-mêmes de tout ce qui est important.
Dans le domaine de l’information, on le voit déjà bien avec le foisonnement des expressions de toutes sortes sur le Net. Nombre de sites tout en ligne sont déjà plus lus que les journaux traditionnels. Certains blogs individuels ont plus d’audience que des grands médias, etc.
Pour conforter ce mouvement d’indépendance, je viens de publier un livre dans lequel je montre qu’il ne faut pas attendre des médias qu’ils se réforment eux-mêmes. Editeurs comme journalistes sont trop jaloux de leur pouvoir pour accepter d’en céder la moindre parcelle, même s’ils sont, de fait, obligés de le faire par les évolutions actuelles. Car le public se détourne d’eux de plus en plus.
Et cela d’autant plus qu’ils n’ont pas voulu jusqu’à ce jour mettre en place une régulation de leur activité, comme cela se fait pourtant partout ailleurs dans le monde.
Pour une information "responsable"
Durant 45 ans, j’ai poursuivi le combat pour une « information responsable » (le titre d’un de mes trois premiers livres sur le sujet), longtemps et souvent seul, pour aboutir en 2007, avec quelques militants de la déontologie, à la création de l’Association de préfiguration d’un Conseil de presse (APCP). Depuis, l’idée de mettre en place une véritable régulation de la profession a fait son chemin. Elle rencontre encore, malheureusement, bien des résistances, mes confrères confondant "régulation" et "contrôle" et craignant, à tort, pour leur liberté d’expression.
La création d’un Conseil de presse ne mettrait bien évidemment pas fin aux dérives médiatiques, mais elle faciliterait le débat public sur les buts et les conditions d’exercice de notre profession. Elle permettrait surtout d’offrir une oreille attentive aux plaintes du public, ce qui aurait pour principal effet d’abaisser sa rage, parfois sa haine, face à l’arrogance de beaucoup de médias.
Et de gagner une plus grande crédibilité aux yeux de nos concitoyens.
En attendant qu’une prise de conscience émerge face à la nécessité de réguler le travail des professionnels de l’information (par eux-mêmes, les éditeurs et le public), j’ai estimé utile de m’adresser directement au public et de lui donner des armes pour affronter la déplorable situation actuelle. "Déplorable" : il suffit de lire la revue de presse quotidienne gratuite sur ces thèmes pour s'en convaincre.
Les journalistes : des pros de la manipulation
Je montre au public, dans ce livre, que tout journaliste est capable, d’un même fait, d’en présenter deux versions contradictoires voire opposées, sans pour autant « mentir » ni fabuler. Je lui explique que nous sommes des professionnels de la "rhétorique", mot politiquement correct pour dire "manipulation"… Et que tout le système de l’information est fondé sur 36 800 "boîtes noires", c-à-d 36 800 cerveaux qui orientent à leur guise, selon la volonté de leur hiérarchie et leurs propres présupposés, sans régulation, la signification des faits dont ils rendent comptent.
Au final, la hiérarchie étant de plus en plus aux mains de certains intérêts particuliers, et la plupart de mes confrères n'ayant plus ni le bagage (épistémologique) nécessaire, ni la force, ni les moyens de se battre pour l'éthique, le sens de l’intérêt général se dissout au fil des éditions. Et le fossé se creuse entre le public et la profession...
A l’heure où, grâce surtout au web et aux nouvelles technologies, la nature des informateurs se diversifie, les journalistes ont encore des cartes à jouer, celles de l’éthique, de la qualité et de la proximité avec le public.
S’ils ne les utilisent pas, ils seront doublés.