mercredi 26 mars 2014 - par JL ML

Un outil citoyen pour ne plus se faire manipuler par les médias

Dans « Décryptez l’information » (Dangles), je livre aux citoyens les moyens de mieux connaître les réalités médiatiques pour qu’ils puissent à la fois se prémunir des manipulations journalistiques et formuler des exigences nouvelles en matière de qualité de l’information.

Dans son "Guide des 4000 médicaments utiles, inutiles ou dangereux" (Cerche-Midi), co-écrit avec le professeur Bernard Debré, le pr. Even dit :

« Ma conviction profonde, c'est que le changement dans ce pays ne viendra ni par les pouvoirs publics qui sont généralement incompétents et qui manquent de courage ni par les médecins qui sont formatés depuis le début de leurs études pour apprendre par coeur et réciter ce que l'industrie leur transmet, il viendra des patients, c'est les patients qu'il faut mobiliser ».

C'est exactement mon sentiment pour le domaine de l'information. Le changement ne viendra ni par les patrons de presse, ni par les journalistes, ni par les politiques, mais par le public, par les citoyens...

Beaucoup de citoyens, d’ailleurs, ont ce sentiment que le changement ne viendra pas d’en haut (cf. le taux d’abstention record aux dernières élections municipales) mais d’en bas, par la prise en mains par eux-mêmes de tout ce qui est important.

Dans le domaine de l’information, on le voit déjà bien avec le foisonnement des expressions de toutes sortes sur le Net. Nombre de sites tout en ligne sont déjà plus lus que les journaux traditionnels. Certains blogs individuels ont plus d’audience que des grands médias, etc.

Pour conforter ce mouvement d’indépendance, je viens de publier un livre dans lequel je montre qu’il ne faut pas attendre des médias qu’ils se réforment eux-mêmes. Editeurs comme journalistes sont trop jaloux de leur pouvoir pour accepter d’en céder la moindre parcelle, même s’ils sont, de fait, obligés de le faire par les évolutions actuelles. Car le public se détourne d’eux de plus en plus.

Et cela d’autant plus qu’ils n’ont pas voulu jusqu’à ce jour mettre en place une régulation de leur activité, comme cela se fait pourtant partout ailleurs dans le monde.

Pour une information "responsable"

Durant 45 ans, j’ai poursuivi le combat pour une « information responsable » (le titre d’un de mes trois premiers livres sur le sujet), longtemps et souvent seul, pour aboutir en 2007, avec quelques militants de la déontologie, à la création de l’Association de préfiguration d’un Conseil de presse (APCP). Depuis, l’idée de mettre en place une véritable régulation de la profession a fait son chemin. Elle rencontre encore, malheureusement, bien des résistances, mes confrères confondant "régulation" et "contrôle" et craignant, à tort, pour leur liberté d’expression.

La création d’un Conseil de presse ne mettrait bien évidemment pas fin aux dérives médiatiques, mais elle faciliterait le débat public sur les buts et les conditions d’exercice de notre profession. Elle permettrait surtout d’offrir une oreille attentive aux plaintes du public, ce qui aurait pour principal effet d’abaisser sa rage, parfois sa haine, face à l’arrogance de beaucoup de médias.

Et de gagner une plus grande crédibilité aux yeux de nos concitoyens.

En attendant qu’une prise de conscience émerge face à la nécessité de réguler le travail des professionnels de l’information (par eux-mêmes, les éditeurs et le public), j’ai estimé utile de m’adresser directement au public et de lui donner des armes pour affronter la déplorable situation actuelle. "Déplorable" : il suffit de lire la revue de presse quotidienne gratuite sur ces thèmes pour s'en convaincre.

Les journalistes : des pros de la manipulation

Je montre au public, dans ce livre, que tout journaliste est capable, d’un même fait, d’en présenter deux versions contradictoires voire opposées, sans pour autant « mentir » ni fabuler. Je lui explique que nous sommes des professionnels de la "rhétorique", mot politiquement correct pour dire "manipulation"… Et que tout le système de l’information est fondé sur 36 800 "boîtes noires", c-à-d 36 800 cerveaux qui orientent à leur guise, selon la volonté de leur hiérarchie et leurs propres présupposés, sans régulation, la signification des faits dont ils rendent comptent.

Au final, la hiérarchie étant de plus en plus aux mains de certains intérêts particuliers, et la plupart de mes confrères n'ayant plus ni le bagage (épistémologique) nécessaire, ni la force, ni les moyens de se battre pour l'éthique, le sens de l’intérêt général se dissout au fil des éditions. Et le fossé se creuse entre le public et la profession...

A l’heure où, grâce surtout au web et aux nouvelles technologies, la nature des informateurs se diversifie, les journalistes ont encore des cartes à jouer, celles de l’éthique, de la qualité et de la proximité avec le public.

S’ils ne les utilisent pas, ils seront doublés.



29 réactions


  • Ruut Ruut 26 mars 2014 10:49

    C’est de la promos de bouquin, mais basé sur une vérité.
    Le JT c’est de plus en plus souvent de l’info tronqué et traité hors contexte.


    • vesjem vesjem 26 mars 2014 22:25

      @saint juste
      la meilleure preuve de la pensée unique des médias est qu’ils affichent tous un déficit énorme ( renfloué par nos impôts ) , alors qu’ils ont tous été rachetés par l’oligarchie en connaissance de cause ;
      je comprend mal pourquoi des financiers investiraient à perte ; (enfin , si , je comprend ...)


    • Croa Croa 26 mars 2014 22:59

      Il n’y a même pas d’info, juste du bourrage de crane !


    • JL ML JL ML 27 mars 2014 21:33

      @ Saint Just : Si on considère que la presse a un rôle d’intérêt général, il n’est pas illogique qu’elle puisse être aidée par la collectivité. Seulement, cette aide devrait être conditionnée par le respect de critères précis montrant qu’elle utilise cette aide à des fins citoyennes. Or, la presse refuse toute éventuelle régulation sous prétexte de préserver sa liberté d’expression. Une position qu’elle pourrait tenir seulement si elle ne recevait pas de subsides de l’Etat...


  • foufouille foufouille 26 mars 2014 11:37

    il y aura toujours beaucoup de mouton qui regardent des émissions de « télé réalité »


    • Croa Croa 26 mars 2014 23:02

      La télé réalité fait juste diversion. Il y a bien pire à la télé, d’autant que la vraie propagande présente bien.


  • gaijin gaijin 26 mars 2014 11:39

    dommage que l’article s’arrête a l’aspect promo ....


    • JL ML JL ML 26 mars 2014 11:58

      @gajin : Je m’y suis sans doute mal pris si l’article vous paraît s’arrêter à l’aspect promo. Je ne nie pas cet aspect, mais si j’ai développé sur mon parcours, c’est pour donner des outils (livre + assoce + revue de presse) et expliquer mes motivations : pourquoi, en tant que journaliste, j’en arrive à dire à mes compatriotes qu’ils doivent apprendre à déjouer les manipulations des confrères.
      Si les citoyens sont déjà conscients, pour beaucoup d’entre eux, que les médias sont partiaux et partisans, ils n’ont pas tous forcément les outils heuristiques pour décrypter l’info. C’est la première fois, il me semble, qu’un journaliste dévoile la grande faille de la profession : le fait que la subjectivité journalistique est un problème crucial pour la démocratie et que la profession ne donne pas de garantie pour assurer le plus de rigueur et de qualité possibles au public.
      Avec ce type d’ouvrage un peu spécialisé et vu son prix, ce n’est pas vraiment l’intérêt pécuniaire que je vise...


    • gaijin gaijin 27 mars 2014 08:09

      jl ml
      je n’ai pas de soucis avec votre parcours bien au contraire, ni avec un peu de promo
      surtout sur une oeuvre de salubrité publique.
      mais a la lecture ça m’a fait un peu « coitus interuptus » je pensais avoir finit de lire l’introduction et là : flop ........
      de plus quelques miettes ou un bout de développement permettent de se faire une idée ( ça peut faire un bon livre a offrir smiley )


  • JL ML JL ML 26 mars 2014 12:04

    Et puis, pour la promotion du livre, vu le contenu, je ne peux pas trop compter sur le soutien de mes confrères...
    Devrais-je alors me résoudre au silence médiatique ?


  • leypanou 26 mars 2014 13:33

    Ne plus se faire manipuler par les médias ? Lisez/soutenez acrimed entre autres, regardez les Nouveaux Chiens de Garde, etc, etc et puis achetez peut-être ce livre. Tout auteur qui veut écarquiller les yeux du public mérite d’être soutenu, sinon on n’aura plus que les DirectMatin ou autre MetroNews à lire et sera aussi inculte que l’etats-unien de base


  • kanine 26 mars 2014 16:18

    tu preches a des convertis, on est pas la par hasard ... mais continues ca fait pas de mal.


  •  C BARRATIER C BARRATIER 26 mars 2014 17:12

    Il y en a eu des manips de l’opinion, et ça a marché, voir dernièrement le mensonge de l’enseignement de théories du genre à l’école.

    L’opinion de plus en plus nombreuse se méfie de la presse et des élus.

    Bravo pour cet article qui va dans le bon sens avec bon sens !
    Voir en table des news :

    Manipulations de l’opinion publique échec et tournant ? http://chessy2008.free.fr/news/news.php?id=126

     

    Michel  SERRES:science, civilisation, religions en bascule  http://chessy2008.free.fr/news/news.php?id=136



  • Gasty Gasty 26 mars 2014 19:25

    Manipulation de la pensée, j’ai entendu utiliser pour comparer le coût du travail entre Français et Allemands le mot Match. En somme, si l’on veut les battre pour être les premiers, il va falloir se donner à fond...et pourquoi pas remettre ses acquis en jeu.Comme par exemple la cinquième semaine de congés payées.

    Ah le foot ! y’a que ça de vrai pour fédérer.


  • matador matador 26 mars 2014 19:38

    Franchement, avec la multiplicité de l’info sur le net et les recoupements possibles, il n y a nul besoin d’acheter les bouquins de ’ décrypteur’, un peu d intelligence et de perspicacité suffisent


    • Croa Croa 26 mars 2014 23:07

      Tout à fait mais pour aller loin sur un sujet, il n’y a pas mieux que d’acheter le bouquin qui en traite.


    • JL ML JL ML 27 mars 2014 09:27

      Non, justement, « un peu d’intelligence et de perspicacité » ne suffisent pas, loin de là. C’est ce que je montre dans le livre. Il n’y a pas meilleur manipulé que celui qui se croit non manipulable.


  • Captain Marlo Fifi Brind_acier 26 mars 2014 20:36

    à l’auteur,

    Merci pour le bouquin, je vais noter le titre.
    Il y a déjà longtemps que j’ai compris que les journalistes qui faisaient leur boulot n’avaient d’autres moyens que de se faire éditer.

    Les Français ne lisent pas beaucoup, l’édition est donc peu censurée.
    C’est sans doute un des derniers espaces d’expression libre en France.

    J’ai beaucoup de mal à convaincre que les livres sont protégés par des droits d’auteur, et qu’on ne trouve pas leur contenu sur Internet.

    Pour être informés, il faut Internet + les livres écrits par les vrais journalistes.

    Oui, les journalistes français sont souvent en dessous de tout, mais c’est leurs rédactions qui pilotent ce qu’ils doivent faire.

    Voici un article sur une journaliste stagiaire d’origine sud coréenne, totalement écoeurée par les méthodes qu’elle a découvertes :
    « Mépris, mensonges et truquages »

    Il y a aussi le livre « Ils ont acheté la presse » de Dormann et Chollet.
    Vous l’avez lu ?

    Les Français se méfient de leurs médias comme de la peste, ils se vengent en n’achetant plus la presse qui part en barigoule.

    C’est dommage pour les emplois, souvent précaires, mais les patrons de presse et dirigeants de médias, ne semblent pas comprendre pour autant ce qu’ils devraient faire pour redonner envie de les croire...

    Bien à vous.


    • Croa Croa 26 mars 2014 23:12

      Sur un sujet donné il vaut mieux lire directement le livre du spécialiste de la question...

      Que faire confiance à un journaliste !  smiley


    • Captain Marlo Fifi Brind_acier 27 mars 2014 08:22

      Croa,
      Justement, un journaliste qui fait un livre sur les manipulations des journalistes, on ne peut pas trouver meilleur spécialiste de la question...


  • crazycaze 26 mars 2014 22:00

     Lorsqu’on connaît les techniques de manipulation, cela fait des années qu’il est difficile d’accorder un quelconque intérêt à tout débat politique ou sur un problème sociétal diffusé sur les principaux médias aux heures de grande écoute... Celui qui contrôle l’information, dans sa forme, son contenu, et sa diffusion, détient le pouvoir de façonner les représentations collectives. Cette réalité virtuelle partagée se substitut à la réalité éprouvée, avec les conséquences qu’on peut imaginer... ou observer !! 


  • Diogène diogène 27 mars 2014 08:42

    Bravo pour cette action de prophylaxie mentale.


    N’oubliez pas non plus de temps en temps une petite piqûre de rappel :


  • zygzornifle zygzornifle 27 mars 2014 09:13

    Ne plus prendre les discours des politiques pour argent comptant.....


  • JL ML JL ML 27 mars 2014 09:21

    Merci à tous ceux qui comprennent ma démarche et apportent leur pierre à la construction de l’esprit critique citoyen.
    Merci aussi à mes détracteurs, dont je préfère les piques, même de bas étage, à l’indifférence. Ils aident à me durcir le cuir  smiley


  • Hervé Hum Hervé Hum 27 mars 2014 09:59

    A l’heure où, grâce surtout au web et aux nouvelles technologies, la nature des informateurs se diversifie, les journalistes ont encore des cartes à jouer, celles de l’éthique, de la qualité et de la proximité avec le public.

    Mais comment pourrait ils jouer la carte de l’éthique alors même que celle ci dépend du propriétaire du journal ? Et que celui ci investit dans un journal déficitaire uniquement parce que l’intérêt ne se situe pas au niveau financier, mais politique. C’est à dire le contrôle de la pensée unique.

    Pour l’instant, l’internet n’a pas réussit à dépasser la pensée unique, mais ce n’est sans doute qu’une question de mois....


  • Peretz1 Peretz1 27 mars 2014 10:45

    Ce problème est vital. C’est pourquoi j’ai essayé d’en faire un article dans la Constitution que j’ai concoctée. Voir l’article 110 de : www.voiescitoyennes.fr . Mais il demande à être plus précis. J’avoue ne pas trop savoir comment.


  • JL ML JL ML 27 mars 2014 10:54

    @Peretz1 : Votre texte s’arrête à l’article... 109 smiley

    Des propositions très concrètes sont indiquées dans mes 2 livres (Décryptez et L’Info responsable). L’une d’elles est portée par l’APCP dont je parle dans l’article. Venez en discuter avec nous ! L’association est ouverte à tous...


  • Peretz1 Peretz1 27 mars 2014 11:09
    09/02/2008
    TITRE XV
    De la démocratie d’opinion
    Article 110
    Un Organisme de surveillance des médias fait respecter par tous moyens légaux une Charte établie par les journalistes professionnels rassemblés en congrès, destinée à préserver l’indépendance des journalistes de la presse écrite, des organes audio-visuels, radiophoniques publics et privés. 
    L’Organisme de surveillance des médias comprend douze membres nommés par le Président de la République après approbation de l’Assemblée nationale référendaire.
    Le Président de la République nomme dans les mêmes conditions à la direction de l’Organisme de surveillance des médias, une personnalité n’ayant aucune position ou conviction politique patentes.
    L’Organisme de surveillance des médias, en liaison avec un comité indépendant d’évaluation et de contrôle technique des émissions audio-visuelles et radiophoniques des services publics, surveille l’impartialité et l’équilibre de la pluralité d’opinion des émissions ayant un caractère politique. 
    L’organisme de surveillance des médias, sans préjudice de sanctions possibles, contraint les services publics à informer le public immédiatement après une émission diffusée en direct, pouvant influencer l’opinion publique, d’un déséquilibre partisan, de la forme et du contenu de cette émission.
    Tout journaliste peut saisir l’Organisme de surveillance des médias s’il subit des pressions directes ou indirectes de la part des propriétaires des organes de presse privés tendant à influencer l’opinion publique dans un sens contraire à ses propres convictions.
    Une loi organique établit les conditions de pérennité et les pouvoirs dévolus à l’Organisme de surveillance des médias.

    EXPLICATIONS :

    Art 110  : Instaure pour la première fois un organisme indépendant chargé de réguler l’influence des médias et le conditionnement de la population en matière politique, principalement de la part des chaines de télévision : mettre fin à la télécratie en dépassant le seul comptage chronométrique des intervenants.

    • JL ML JL ML 27 mars 2014 11:27

      Vous avez raison, un organisme de régulation de la presse est absolument indispensable. Il en existe dans la plupart des pays démocratiques, pas (encore ?) en France...

      L’association de préfiguration d’un Conseil de presse a été créée dans ce but. Mais elle pense que ce sont les acteurs (éditeurs, journalistes ET public - et non le gouvernement) qui doivent s’en charger.

      Vous pouvez découvrir l’essentiel des propositions ici.


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