mercredi 18 avril 2007 - par dussauge

Visibilité des candidats dans les médias : une vision statistique

A défaut de choisir ses futurs nouveaux alliés, François Bayrou peut s’approprier le vocabulaire de sa rivale de gauche pour emporter les voix des déçus de Ségo ! Il bénéficie presque de la même visibilité dans les médias que Ségolène Royal et n’est rejoint par Le Pen que sur les blogs.

Si les logiciels de veille et d’analyse des médias satisfont les stratèges des grandes entreprises cotées, ils sont tout aussi performants pour une élection présidentielle. Le baromètre des présidentielles de LexisNexis (filiale du groupe Read Elsevier, concurrente de Reuters) publie tous les matins une analyse graphique des publications de 700 éditions en ligne françaises sur les sept derniers jours. Seulement disponible aux journalistes professionnels et responsables de publication. Avec un blog perso, on a le droit d’obtenir les codes d’accès. Il faut écrire à : [email protected]
Quatre graphiques interactifs sont affichés :

- une courbe du volume d’articles publiés quotidiennement sur les douze candidats ;

- le nombre d’articles attribués à chaque candidat en soulignant les contextes positif, neutre ou négatif ;

- la répartition des articles dédiés à chaque candidat entre dix thèmes ;

- la répartition du nombre d’articles publiés sur chaque candidat par les dix journaux les plus actifs.

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Visibilité de chaque candidat dans les dix journaux les plus actifs durant la même période

Avec ce dernier graphe, je rigole bien fort sur l’équité des parts de voix attribuées à chacun des candidats par la presse écrite qui influence l’opinion publique autant sinon plus que les médias purement audiovisuels. C’est pourquoi, au passage, j’ai soutenu l’idée d’Agoravox d’organiser des débats entre quelques candidats sur Internet.

L’évolution des dix grands thèmes de la campagne depuis cinq semaines indique que l’éducation est moins citée globalement par les candidats alors que le chômage reprend sa première place. Viennent ensuite respectivement l’Europe, l’immigration et la sécurité.

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volume d’articles publiés pour chacun des dix thèmes du 7 au 13 avril

Il en ressort aussi que les trois sujets qui rassemblent le plus les candidats de la gauche sont : chômage, Europe et sécurité. Ils sont à la portée de voix de François Bayrou.

Les captures de l’écran du baromètre du 13 avril confirment le leadership de Nicolas Sarkozy qui reprend les positions perdues en février alors que Ségolène Royal reperd la distance obtenue en mars avec François Bayrou. Le leader UDF rattrape la candidate socialiste en la suivant sur le thème du chômage. Il réduit le nombre de ses discours sur l’éducation et l’Europe. François Bayrou gagnerait plus de points encore s’il reprenait le thème de la sécurité et non de l’immigration, mot sémantiquement positionné à droite.

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volume d’articles publiés du 7 au 13 avril

Quant à Le Pen, il remonte dans les citations des journalistes grâce à ses positions sur l’immigration et l’Europe - les thèmes de Sarkozy - mais ne rattrape pas Bayrou dans la presse alors qu’il y parvient dans les blogs. Le patron du FN évolue seul dans un contexte moins négatif depuis cinq semaines car le candidat UMP subit les principales critiques de ses adversaires avec plus de 31% d’articles à tonalité négative. Mais Sarkozy s’est déjà approprié le territoire sémantique du FN et freinera naturellement sa progression actuelle dans les jours à venir.

A moins d’une semaine avant le scrutin du premier tour où Sarkozy s’impose, sauf accident, Bayrou a plus que jamais la possibilité de passer devant Royal en continuant de cannibaliser les thèmes de la gauche depuis mars : chômage et Europe, tout en s’affirmant sur la sécurité comme sa rivale. S’il ajoutait une pincée de "protection des retraites", il récupérerait les derniers indécis et déçus de la gauche qui seront les seuls électeurs à pouvoir vraiment le porter à l’Elysée, comme le pense M. Rocard.



6 réactions


  • tvargentine.com lerma 18 avril 2007 09:29

    Dans la mesure ou les indécis,dont une bonne partie qui vont se déplacer ont des comptes à régler avec le système on en vient toujours à ignorer le vote de Lepen et minorer le vote d’extrème gauche.

    Soyons réaliste,devant le peu de crédit de la candidate socialiste,le vote de gauche va s’étaler sur plusieurs candidats ainsi que BAYROU.

    De plus,l’electorat de droite peut faire la même erreur que celui de gauche en 2002,il peut voter pour les extrèmes voir Bayrou.

    Nous aurions donc un BAYROU-LEPEN au second tour


  • nantor nantor 18 avril 2007 10:45

    Analyse très intéressante !!!

    Ce qui est étonnant, c’est la quasi fascination qu’a exercé pendant de nombreux mois Sarkozy sur les journeaux. La couverture que lui ont accordé, par exemple, Le Monde et Libération est frappante. Alors, certes, Libération tape fort sur le petit maire de Neuilly depuis peu, mais il est clair que le positionnement élevé de Sarko dans les sondages provient en grande partie des médias qui, volontairement ou involontairement, lui ont labouré le terrain dans lequel il n’a plus eu qu’à semer ses graines ...

    Autre enseignement, la « position de communication », pour prendre un terme générique large, est plus importante que le fond. Sinon je doute fortement que Sarluscony ait été aussi haut. Il représente à mon avis, tout ce que les français n’aiment pas. Il descend lentement mais sûrement depuis quelques semaines, n’est-ce pas trop tard ?

    Mais attention, même s’il ya de grosses probabilités de le voir au second tour, il est possible qu’il n’y soit pas ... tout comme il est possible que Bayrou ou Le Pen ou Ségo n’y soient pas.


  • Dominique Dutilloy Dominique Dutilloy 18 avril 2007 11:06

    Oui, mais, contrairement à l’audiovisuel, chaque Candidat a un temps de parole totalement libre dans la presse écrite...

    Comme quoi l’audiovisuel est un complément de la presse écrite : il est dommage que les professionnels des radios et des télévisions n’en soient pas convaincus !

    Quoiqu’il en soit, dans la presse écrite, personne n’est limité par le temps : le journaliste peut poser les questions qu’il veut, l’interviewer, y répondre plus ou moins longuement !


  • RemiZ 18 avril 2007 11:43

    L’article est interessant. Plusieurs remarques me viennent :

    Concernant Jose Bove, il semblerait que le dernier graphe montre qu’il ait ete plutot accueilli sechement par la presse ecrite. Une remarque la-dessus ?

    Le non-Bayrouiste que je suis est frappe par le dernier paragraphe : « S’il ajoutait une pincée de »protection des retraites« , il récupérerait les derniers indécis et déçus de la gauche ». Vous parlez bien de demagogie, la ?

    Si Bayrou passe au 1er tour, il est certain d’avoir le report des voix de gauche. J’espere par contre qu’il exprimera clairement son avis sur les 2 candidats en cas de duel Sarko-Royal. Et je ne veux pas penser a la presence de Le Pen. smiley

    @lerma : J’ai du mal a comprendre votre acharnement a parler du « peu de credit » de Royal. Je ne suis franchement pas un PS encarte, mais je la trouve, elle, la plus credible parmi les 12 candidats. Et ce sera mon 1er vote PS (meme si j’ai toujours vote gauche). Il est enervant de la voir insulter ainsi car je me sens par cet intermediaire insulte a mon tour. Apres, peut-etre les pro-Royal vous agacent comme moi les pro-Sarkozy.


  • BAERTJC 18 avril 2007 15:25

    Ah parler des mots plutôt que des maux par Mo interposés.....comme c’est réconfortant. Seulement voilà, cela ne fait avancer la comprenette d’un pouce ! Imaginons un peu l’avenir de notre pays au lendemain d’un 22 Avril 2007, en dehors des normes saisonnières de la MTO électorale ? Essayons de nous projeter en avant ! Sarko, comme on dit, pourquoi ferait-il plus que Chirac au premier tour des présidentielles de 2002 ? Son bilan, mais quel bilan ? Certes , avec lui, le vous allez voir ce que vous allez voir s’est transporté sur le terrain, mais encore ? Donc 22% du dernier score de Chirac (à droite, hors 60% en bonus de la gauche anti-lepeniste) au second tour des présidentielles de 2002 +3% de côte d’amour, il franchira difficilement la côte des 25% au premier tour. Pas de quoi être rassuré pour le second tour. Ségo, la désignée primaire du PS, aurait-elle balayé les 18%( à peine) de Jospin au 1er tour des Présidentielles de 2002 , alors, qu’à l’époque l’union de la gauche était assurée ? Franchement non, d’autant qu’elle s’évertue participativement à ne répondre à aucune question et à revenir sans cesse sur ce qui dans l’instant pouvait apparaître comme une de ses positions définitives. Et puis tous ces bons camarades qui commencent à jouer Perso avec les autres d’en face, faut pas rigoler, pour la Ségo, c’est chaud . Allez, 18% + une côte d’amour de 4%, parce que dans les chaumières , enfin une femme aura quelques supportrices et parce que Jospin n’engendrait pas la joie, la reine du pays de c’est go l’haine ne franchira que par accident les 22% au premier tour. François Bayrou, l’éolienne politique de nouvelle génération, pourquoi voulez-vous qu’il fasse mieux que les 9% de l’UDF , ancienne configuration, maintenant pourvu d’un électroencéphalogramme plat réduit en beurre des Charentes ? Il va certes piquer des voix aux déçus de Ségo, aux déçus de Sarko et aux déçus d’ailleurs, mais ,franchement, les français , ne feront pas confiance à une girouette qui n’a pas pris ses cours auprès d’un Edgard Faure, champion en la matière , mais hélas disparu ! Allez , je me risque 9%+6% piqué à la gauche, 5% piqué à la droite, 3% piqué ailleurs l’éolienne du Béarn ne dépassera pas les 23%. Le Pen , le grand épouvantail assagi, aurait-il subitement perdu l’audience que la France lui avait accordée au lendemain du second tour des présidentielles de 2002, alors que le félon de Maigret s’était présenté contre lui ? Que nenni, et le ralliement de l’ancien extrême droitiste va donner à Le Pen une assurance de sauvegarde de son patrimoine de confiance. 18% + 2% de mous du 22 Avril 2002 qui avaient renoncé à voter pour le doyen des candidats +4% de désireux de passer la France à la casserole ,seront, selon moi, décidés de cuire le homard à la hussarde et vont, semble-t-il donner un score proche des 24% à Jean Marie de la Trinité. Quant aux autres prétendants, pourvoyeurs de leur capacité de nuisances à minima, le second tour s’offrira de nouveau à eux pour faire exploser la marmite électorale à moins que, les changements-climatiques annoncés à grand renfort de tam-tam par Nicolas Hulot ne consolident un score d’abstentions jamais observé suivant les normales électorales saisonnières jusqu’alors enregistrées. Mais comme la vague d’abstentions, de bulletins nuls ou blancs, ne va pas nous décevoir, finalement ma calculette, par rapport aux inscrits va nous donner des scores encore plus minables qu’en 2002 et en retrait d’au moins 5% par rapport à ce que j’ai avancé plus haut. Reste le comportement du 1,5 million de nouveaux porteurs de droit de vote, principalement débusqués par la gauche multicolore ? Sauf erreur de ma part, ils se comporteront comme les autres et ne changeront pas la donne. Préparons-nous donc à recompter les bulletins de vote à défaut d’y voir clair pour notre avenir immédiat. Dans ces conditions,le Président de la République française a donc toutes les chances d’être élu par la plus grande minorité de la population inscrite sur les listes électorales. La démocratie française est désormais aux mains des minorités, qu’on se le dise !

    Décryptage essentiel :

    Quelque soient les deux larrons arrivés en tête du 1er tour, aucun ne dépassera la barre des 25% et le second tour fera élire un minoritaire qui totalisera moins de 20% des inscrits.Pas de quoi être rassuré sur l’avenir, qu’elle qu’ait été la saveur du bouillon de culture livré en hors d’oeuvre par les 12 attablés du 1er service .Le dernier coup, en 2002 rappelez-vous, Chirac élu avec moins de 27% des inscrits (plus de 39% d’abstentions, blancs et nuls).

    On sait ce qu’il est advenu de l’avenir de la France bâtie sur une minorité : c’est la France d’aujourd’hui, celle de la fracture sociale, des paumés,de la pauvreté, des assistés et des fraudeurs !

    Mais bien entendu tout cela n’est que pure spéculation, les jeunes fraîchement inscrits dans les quartiers difficiles pouvant très bien voter Besancenot à fond les urnes et ceux de nos compatriotes installés récemment à l’étranger, plus acquis à la cause Sarko donner de la voix de l’extèrieur.

    Si donc la Reine du pays de c’est go l’haine ne se voit pas propulsée au second tour, cela tiendra au désir profond de l’égalité des chances entre homme et femme : pas de Jospin, pas de Royal....et on se refera une santé au PS en raflant la mise aux législatives.

    Les autres pourvoyeurs de nuisance participative, aussi.

    La fameuse cohabitation se remettra donc en marche. C’est l’innovation politique majeure mondiale instaurée par la France et qu’aucun autre pays au monde n’a encore mis en pratique (sauf en Palestine et en Israël). On sait ce que cela donne avec une élévation générale des températures.

    Toute autre solution nous plongera un peu plus dans le potage ou le fog à l’anglaise.

    Nous ne sommes pas prêts de voir le bout du tunnel politique dans lequel nos candidats de « petite envergure » nous entraînent.

    Mais, tout comme vous,pour la renommée de la gastronomie politique à la française, j’espère que la panse de la brebis farcie aura goût de miel et de menthe pour la majorité d’entre nous !

    Tout cela , bien évidemment n’est que pure fiction sortie de mon cerveau perturbé par une écoute de programmes qui n’en finissent pas de ne rien clarifier du tout pour notre avenir et toute ressemblance avec des faits électoraux passés ou présents ne serait que fâcheuse coïncidence. Le Général de Gaulle, s’était laissé à dire que les Français étaient des veaux, il n’avait pas prévu une possible mutation transgénique en homard dur à cuire ! Bien à vous dans la tourmente et surtout n’oubliez pas : il y a deux façons de cuire le homard .

    Bonne journée à vous,


  • rosselin 19 avril 2007 09:24

    Très intéressant article. Trois constatations simples :

    - La surexposition de Sarkozy.
    - Les différences entre le discours de droite et de gauche restent classiques (exemple : social à gauche, immigration à droite).
    - Plus inquiétant, une structure du discours de Sarkozy similaire à celle de Le Pen. Mais on avait pas besoin d’être convaincu par des statistiques.


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