jeudi 3 janvier 2013 - par Henry Moreigne

2013 : le coup de poker de François Hollande

Quitte ou double. L'année 2013 sera cruciale pour le mandat de François Hollande. Elle fera du Chef de l'Etat soit l'égal du capitaine du Concordia, soit le capitaine courage qui aura permit au bateau France de traverser la tempête sans trop de casse. Condamné à être optimiste, François Hollande n'a pas à forcer sa nature. Il croit en sa baraka comme le matelot en sa bouée, persuadé qu'un retournement de tendance interviendra fin 2013 et permettra d'endiguer la montée du chômage.

Un bon général est un général chanceux disait Napoléon. François Hollande, le président qu'on n'attendait pas, venu des abîmes de la politique après 10 années à la tête du PS, croit en sa baraka. Celle qui a vu l'élimination par la case prison de DSK. Celle qui lui a permit, contre toute attente, de coiffer sur le poteau ses adversaires lors des primaires. Celle enfin qui lui a offert sur un plateau une conjoncture exceptionnelle où dans une France majoritairement à droite, les outrances du Sarkozysme ont poussé les électeurs dans les bras d'un candidat de centre gauche.

Ca fait beaucoup mais François Hollande continue à croire en sa bonne étoile. Et que demain, dans un retournement de conjoncture inespéré, le redémarrage de l'économie lui donnera, tel Boudu sauvé des eaux, une fin de mandat apaisée et les clés d'un second mandat.

La chance peut-elle sourire à ceux qui ne sont pas audacieux ? On peut l'espérer pour notre pays car si François Hollande à des qualités, l'audace n'en fait pas partie. Sa gestion prudente de notable de province annoncée dans le qualificatif de présidence normale, pour ne pas dire morne et tristounette, ne fait pas que désespérer Billancourt. Elle condamne au baby blues un pays adepte de la flamboyance qui a accouché d'un président hésitant.

A décharge pour l'intéressé, à défaut d'avoir réenchanté le rêve français, François Hollande soigne avec patience un pays profondément déchiré et traumatisé par la présidence Sarkozy comme on répare pièce après pièce un mécanisme d'horlogerie. Quitte à ce qu'une nouvelle fois, l'image subliminale d'un exécutif qui peut tout soit durablement abîmée par une normalitude impuissante face à la dureté du monde.

L'analogie entre la période actuelle et la période pré-révolutionnaire est frappante. François Hollande comme Louis XVI marque peut-être la fin d'un système institutionnel où le président de la république incarne le pouvoir absolu. Francois Hollande partage avec l'ancien souverain rondeurs et conscience aiguë des difficultés que traverse la France mais aussi, cela interpelle, une recherche de simplicité.

On sait toutefois comment l'histoire s'est achevée pour le souverain. Dramatiquement, faute d'un courage politique suffisant pour imposer des réformes difficiles notamment celle qui consistait à faire payer l’impôt aux ordres privilégiés quand le budget était déficitaire. Et pourtant l'héritage politique de Louis XVI est conséquent, marqué par de nombreuses réformes notamment sur le droit des personnes (abolition, du servage, de la torture, édit de tolérance pour les protestants). Elles n'ont pas suffit à sauver Louis le Dernier.

La leçon mérite d'être méditée au moment ou François Hollande s'enferme dans les réformes sociétales. Nous ne saurons jamais ce qu'espérait le futur citoyen Capet à l'aube de 1789. Les pièces du puzzle étaient en place et aucun vent n'est venu chasser les mauvais nuages. Espérons que l'histoire ne bégayera pas et pour notre pays que la bonne étoile de François Hollande ne faiblira pas.

crédit photo : Wikipédia



24 réactions


  • LE CHAT LE CHAT 3 janvier 2013 12:36

    Il ne sait même plus où diriger le pédalo « le Normal » , ni coacher son équipe , il en est réduit à la méthode Coué à invoquer une improbable croissance pour se sortir du pétrin , on attend le discours de l’année prochaine et les excuses bidon qu’il va nous sortir ..............


    • anomail 3 janvier 2013 14:30

      Sauf que là le décalage entre l’optimisme feint et la situation économique réelle devient vraiment risible.


  • Gaetan de Passage Gaetan de Passage 3 janvier 2013 13:25

    La présidence de Hollande va tourner au désastre car il n’a aucun charisme auprès des autres chefs d’état, ce qui le rend incapable de faire valoir le point de vue de la France.

    Exemples :

    Merckel l’a plié d’un seul regard au niveau de l’UE.
    Résultat : on applique donc l’austérité made in Berlin, avec récession à la clé comme c’est déjà le cas ailleurs.

    Et, cerise sur le gâteau, Poutine ridiculise maintenant Hollande en offrant la nationalité russe à Depardieu

  • bernard29 bernard29 3 janvier 2013 13:26

    C’est sans doute le geste qui va le moins à Hollande ;  « le coup de poker ».

    Si seulement il était capable de prendre un seul petit risque, ça se saurait. 
    De phrases sibyllines en discours insipides, nous traverserons cette année dans la morosité gouvernementale entretenue par un florilège d’explications alambiquées dont la seule raison d’être est justement d’être ténébreuses.

    Son expérience de 10 ans comme premier secrétaire du PS, nous apprend une chose ; c’est qu’il a mis son parti en état de « cadavre à la renverse ». Si ce parti a réussi à se rétablir en raison de tricheries démocratiques, ce n’est que pour prolonger, mais jusqu’a quand, une situation dont se satisfont les élites apparatchisantes de l’appareil. 

    Je ne reviserais mon jugement, et serais heureux de mon vote de 2012, qu’à la condition qu’il fasse preuve d’une radicalité déterminée pour ses propositions de rénovations démocratiques. Le test sera la loi sur le « non cumul des mandats stricts » et « la limitation du renouvellement des mandats ». 

    - le non cumul strict des mandats

    • Art 1) – « Les mandats nationaux, régionaux et départementaux, ne peuvent se cumuler qu’avec le simple mandat de conseiller municipal ».

    et comme le dit Julliard ; «  si l’élection est l’honneur de la démocratie, la réélection est son fléau. »

    • Art 2) – « Nul ne peut être éligible à plus de deux mandats successifs pour la même fonction hormis celle de conseiller municipal ».

    Si HOLLANDE a du courage et s’il veut tenter un coup de poker, qu’il fasse un référendum sur ces questions.


  • ykpaiha ykpaiha 3 janvier 2013 18:31

    ’François Hollande soigne avec patience un pays profondément déchiré et traumatisé par la présidence Sarkozy’

    Un peu fort de café vous ne trouvez pas ?

    Non Monsieur Hollande ne soigne rien du tout il « enrobe » c’est différent mais au fond c’est la meme chose.
    Pour pouvoir etre crédible il aurait fallut bouger les curseurs, oh légerement juste pour voir ; mais non, on continue, a la différence d’au lieu d’amuser la galerie, il l’emmerde.
    Et pour ce qui est de l’amusement les ministres et l’UMP s’en chargent, eux ils s’amusent bien...entre eux.

    Nous c’est une autre histoire, qui finalement aura l’indigence d’etre francais de nos jours ?

    Il se croit chef d’état mais de chef il n’en n’a pas l’étoffe tout juste celle d’un caniche et d’état vassalisé et vandalisé il n’en n’a plus,


  • Dwaabala Dwaabala 3 janvier 2013 19:15

    Capet trahissait son peuple et attendait tout des souverains féodaux étrangers, il était attaché à une forme de société qui a été balayée par l’histoire, parce que d’une façon ou d’une autre cette société devait l’être pour laisser la place à ce que nous sommes devenus.

    F. Hollande va chercher son réconfort du côté des dirigeants de l’UE, et dans l’OTAN.
    Quand à la forme de société qu’il représente, elle a encore de beaux jours devant elle : le temps de l’histoire n’est pas celui de l’assouvissement des désirs. 
    C’est tout le parallèle qu’on peut établir.


  • tchoo 3 janvier 2013 19:26

    Affronter une tempête en pédalo, faut s’illusionner sur la capacité à en sortir.
    ce ne sont pas avec des réformes sociétales, uniquement présente pour tenter de cacher la vacuité des dirigeants, qui ne pour beaucoup ne comprenne rien à l’économie planétaire d’aujourd’hui ou refuse de comprendre , trop arc-bouté sur leurs petits privilèges mesquins, espérant préserver encore un peu du temps anciens.
    Tout cela va être balayé, certainement violemment puisque pas anticipé et encore moins accompagné, et le plus grande incertitude règne sur l’après.
    Là on ne peut espérer qu’il ne soit pas trop violent pour toujours les m^mes, les plus faibleset les plus pauvres....


  • Roger le Suisse 3 janvier 2013 20:15

    En même temps... Les Français ont fondé beaucoup d’espoir sur cet homme qui n’est pas, il est bon de le rappeler, le messie. Juste un chasseur d’aubaine. Et pensionnaire de l’Elysée, c’est une aubaine hors norme.


    Pourquoi ne pas admettre que l’offre politique professionnelle (UMP, PS, FN... ainsi que tous les partis satellites) a vécu ? Pourquoi ne pas donner sa chance à un homme tel que Mr Asselineau ou Mr Miguet ? Je n’ai pas la moindre appétence pour l’un ou l’autre mais leur franc-parler et leur orientations claires et précises plaident en leur faveur, non ? 

    Il serait bon d’envisager la mise en place d’une vraie démocratie à votation directe, par le peuple, pour TOUTES les questions qui engagent l’ensemble du peuple. Emergerait alors un Président représentatif d’une nation à l’échelle internationale, mettant un terme définitif à cette habitude de signer un chèque en blanc pendant 5 ans à chaque nouvel affidé des vrais décisionnaires que sont les multinationales et les banques de spéculation.

    La France mérite mieux que cette caricature politique et les conséquences dramatiques que cela engendre au niveau social. En tapant du poing sur la table et en reprenant les commandes, elle redonnerait du relief à sa position sur l’échiquier mondial. Bien sûr, cela passe par des décisions couillues comme envoyer balader Merkel, remettre les banksters à leur place, apurer le tonneau des Danaïdes qu’est devenue la dette fictive, donner la priorité à ses PME, etc.


  • eric 3 janvier 2013 21:35

    3% de tres satisfait d’apres le Nouvel Obs. Autant dire qu’il n’existe plus. Il se voulait Harry Potter, il ne fut que Cuthbert Binn (comme je vous parle d’un temps que les plus de vingt ans ne peuvent pas connaitre http://harrypotter.wikia.com/wiki/Cuthbert_Binns) C’est ce que nous dit l’article. A sa lecture, on serait tente d’envoyer une voyante pour lui lire dans les lignes de la main au coin du feu. C’est vrai qu’il peut, institutionnellement, attendre qu’il refasse beau économiquement, mais il y a une condition a cela. Qu’il ne se passe rien politiquement entre temps.


  • Yohan Yohan 3 janvier 2013 21:42

    « gestion prudente de notable » ???? Un notable ne prendrait pas le risque de faire fuir les investisseurs. Je dirais plutôt ’« gestion calamiteuse de baltringue »


  • kéké02360 3 janvier 2013 22:18

    Remettons le minuscule Hollandopoulos en perspective dans le décor européen !!

    c’est sur ce bon site dans cette série d’articles intéressants smiley

     http://www.blogapares.com/qui-se-cache-derriere-lunion-europeenne/ 


  • Anarkhia Anarkhia 3 janvier 2013 23:07

    Je crois qu’il y a un mot pour décrire ce qu’il se passe dans les médias, libres ou pas, informatiques ou télévisuels : Le Hollande Bashing.

     

    Bien sûr il n’est pas l’homme providentiel, et probablement pas l’homme de la situation, mais même Barrack Obama, salué comme le messie black, estampillé bonne conscience made in USA, a déçu.

    Le dernier « homme providentiel » dont nous ayons eu la visite s’appelait DeGaulle, et il était loin d’être exempt de défauts.

    Ok, je suis dépité du peu de résultats donnés jusqu’à maintenant par Hollande, mais je n’ai perdu aucune foi en lui, car je n’en ai jamais eu aucune.

     

    Il s’agissait en 2012 de choisir le préférable contre le détestable.

     

    La France a eu l’intelligence de secouer ses puces, une fois n’est pas coutume. Le simple fait que la Gauche soit passée me soulage, aujourd’hui encore, d’un grand poids que l’hystérie élyséenne incarnait.

     


  • Roger le Suisse 3 janvier 2013 23:28

    @ Anarkhia


    Je partage votre point de vue à ce détail près qu’une élection présidentielle ne se résume pas à choisir entre les deux finalistes. Ce que je veux dire, c’est pourquoi avoir porté en finale deux toquards ? Par crainte de sortir de la zone de confort ? 

    De mon point de vue, le militantisme préélectoral se serait avéré plus judicieux et, finalement, plus payant. Par là, j’entends qu’il fallait convaincre son maire de petite commune d’« investir » dans un homme et non pas dans un parti vérolé. C’est ce que j’ai fait en local, même si techniquement parlant je n’ai pas voix au chapitre électoral en tant que Suisse résident français...

    Ce Monsieur Hollande, n’en déplaise à ses détracteurs, est loin d’être un abruti. Il roule pour les intérêts des puissances occultes, avec plus de classe et moins de frasques que son prédécesseur. Dès lors, que peut-on attendre d’un jeu truqué dès le départ ? Le Président biaise son mandat électoral et le peuple est baisé.

  • titi titi 3 janvier 2013 23:38

    Il y a quelques années, Xavier Bertrand avait dit « je suis lucide, si je perce dans le paysage politique francais, c’est que le niveau baisse ».

    Depuis, le temps à passé, et le niveau a encore baissé : nous avons maintenant Flamby et Ayrault aux commandes.
    Le niveau peut il baisser encore plus bas ?


    • Joachim 3 janvier 2013 23:55

      C’est vrai que de 2007 à 2012, on avait la classe incarnée.


      Toujours les reproches à géométrie variable. 

      PS : vous entendez quoi d’ailleurs par niveau ? Le niveau scolaire ? Oui, il a baissé, à tel point qu’on a du se taper cinq ans un président qui avait eu le bac au rattrapage.

    • titi titi 4 janvier 2013 10:55

      Euh dans la mesure où je cite Xavier Bertrand...

      1. On peut difficilement parler de reproche à géométrie variable, puisque la remarque de M.Bertrand vaut aussi et surtout pour son propre camp.

      2. Je ne pense pas que le niveau scolaire soit en cause, mais plutot le niveau intellectuel général : la compréhension du monde, l’intelligence politique, etc...

       


    • titi titi 4 janvier 2013 10:56

      Bref Joachim, vous êtes de mauvaise foi et ca se voit !!


    • titi titi 4 janvier 2013 11:08

      Mais aussi... puisque vous nous proposez un lien vers les écarts de Sarko, pourquoi, par soucis de géométrie, ne nous proposez vous pas la bio de Maxime Gremetz ?


  • nightwings nightwings 4 janvier 2013 00:04

    je crois que pour le courage la réforme bancaire est le triste révélateur du manque de courage de notre dirigeant qui affirmait encore récemment que son ennemi c’était la finance, il n’y a que peu d’illusion à se faire :

    http://www.latribune.fr/entreprises-finance/banques-finance/industrie-financiere/20121217trib000737759/les-opposants-a-la-reforme-bancaire-donnent-de-la-voix.html


  • DanielD2 DanielD2 4 janvier 2013 02:02

    Le seul bon point de son élection, c’est qu’au moins la gooooche ne pourra pas confortablement critiquer pendant 5 ans la politique que Sarkozy aurait faite et qui aurait été la même que celle qu’elle est en train de faire aujourd’hui, mariage gay pour amuser la galerie mis à part, et encore ... 


  • gegemalaga 4 janvier 2013 08:07

    et c’a va etre ...le Concordia !


    il va encore y avoir un costard mouillé ....

    gegemalaga

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