jeudi 27 mars 2014 - par Alain Roumestand

Bilger vs Taubira

Philippe Bilger magistrat incisif et caustique dresse le bilan de Christiane Taubira à la justice

Philippe Bilger sort le 2 avril "contre la justice laxiste" avec un bandeau "Taubira carton rouge", dans la collection "Grosse colère" des éditions L'Archipel.

Philippe Bilger, lorsqu'il vous parle, tombe la veste, mouille la chemise et s'exprime avec ce phrasé inimitable qui en fait un débatteur de radio ou de télé redoutable et écouté.

Il est magistrat honoraire,ancien avocat général à la Cour d'assises de Paris, président de l'Institut de la parole.

Il ne mâche pas ses mots lorsqu'il critique vertement l'actuelle garde des Sceaux et la conception que le gouvernement se fait de la justice pénale.

Il annonce la couleur : en 2012 il a voté François Hollande, en pensant que la diversité des soutiens du candidat devait, après l'élection, donner une politique judiciaire équilibrée. Il avoue aujourd'hui sa désillusion et sa naïveté, "l'absurdité de sa décision".

La garde des Sceaux nommée en 2012, "extrêmement intelligente", "plus fine que ceux qui la soutiennent","a déçu à droite,à gauche, les magistrats, les avocats".

Elle a une "grande capacité d'assimilation" de ce que son "cabinet, pas fameux" lui présente de l'outil juridique. Elle bénéficie d'une "aura médiatique extravagante" ("la femme de l'année" pour le magazine "Elle").

En admettant qu'il est" très difficile de dire du mal de quelqu'un qui n'a rien fait", Philippe Bilger pointe"la parole verbale dont elle use, dont elle abuse,et qui la caractérise".

Elle a fait preuve de "courtoisie" envers les magistrats, mais Bilger dénonce "son arrogance",le soutien incompréhensible de la part de François Hollande "tenu par des contraintes politiques".

Bilger estime que la délinquance qui n'est pas idiote, a bien compris "le changement de philosophie, de conception sociale" du gouvernement et "elle s'est engouffrée dedans".

Christiane Taubira a déploré les conditions pénitentiaires, a considéré que "la prison est inutile" et a fait preuve d'un" humanisme hémiplégique".

Le lien a été brisé entre les citoyens et les magistrats.

Christiane Taubira n'aime pas le débat même si elle défend la "démocratie totale". Elle" fuit le débat". Elle n'a pas invité l' "Institut pour la justice" (qui prend en compte les victimes), au grand débat sur le "Consensus". Elle a mis son veto sur la présence d'un membre de cette organisation lors de l'émission de Frédéric Taddéi."Elle n'accepte de débattre qu'avec des gens qui pensent"(dit-elle).

Elle a certes laisser en place 2 magistrats du Parquet de Paris, car plus dévoués après leur maintien,mais elle a une Chancellerie pour elle essentielle, "noyautée".

Il faut donc pour changer les choses, aux dires de l'ancien avocat général, faire un "inventaire de la réalité", pour pointer les dysfonctionnements de la justice (il n'est pas normal que les cours d'appel rendent des arrêts au bout de 4 ou 5 ans).

Il faut donner les moyens nécessaires à la justice, même si l'explication des problèmes par la crise sert trop souvent d'échappatoire à certains magistrats.

Il faut exercer un vrai "contrôle professionnel des magistrats". Avec "un inventaire" à la prise de fonction dans un poste et à la fin de l'action du magistrat. Du plus petit des magistrats au plus grand. Ce qui sera difficile à appliquer car pour la Haute Magistrature "rendre des comptes, il n'y a rien de pire".

Il faut une "reponsabilité des magistrats" avec "mise en cause des pratiques judiciaires aberrantes".

Et les syndicats sont trop souvent sur des bases corporatistes.

Pour le "réactionnaire" qu'il dit être, qui "aime contrecarrer la pensée dominante", "la prison n'est pas forcément l'école du crime". Il n'y a pas prison par hasard, mais à la suite d' "infractions graves, d'immoralité, de transgression". "Il ne faut pas laisser l'être humain hors de sa responsabilité".

Pour lui le modèle français n'est pas le plus répressif, et il n'y a "aucune indignité morale à construire des prisons". Il ne faut pas qu'il y ait " des magistrats honteux de réprimer".

La justice n'a pas besoin d'un "grand soir", mais de "petits matins".

Il y a pléthore de lois," un amas, un entrelac de réglementations". "La loi est un moyen trop commode pour montrer qu'on agit". "Un ministre s'estime "déshonoré" s'il ne produit pas un texte de loi (même voté à la va-vite) à son nom. Et il y a une "course absurde entre la loi et la délinquance" qui évolue chaque jour. "Un pouvoir impuissant aime à voter des lois".

En cette période de remaniement ministériel annoncé, Philippe Bilger estime qu'il y a une opposition interne au sein de la gauche concernant la justice, qui la paralyse et qui paralyse François Hollande.

André Vallini que certains pensent voir arriver au ministère de la Justice, lui semble lucide, et méritant le respect, lui-même étant respectueux, pour un discours équilibré.

Quant à l'arrivée de Philippe Bilger au gouvernement, la réponse est claire : c'est non. Même s'il décline un plan pour de véritables Etats Généraux avec "une pluralité politique, judiciaire, intellectuelle", pour créer "une structure pour l'indépendance du Parquet", "structure vivifiée par des personnalités dignes de ce nom"

On lira son blog fait de "coulées de vie, de subjectivité."Je n'ai jamais attaqué des faibles". "Ce sont les conformismes qui m'exaspèrent". Avec "la volupté de penser contre soi".

 



48 réactions


  • jako jako 27 mars 2014 08:30

    Merci, j’aimais bien les articles de Mr Bilger sur agoravox, il en a écrit pas mal


  • TicTac TicTac 27 mars 2014 08:47

    J’ai rencontré Philippe BILGER à l’IEJ de LILLE en 2003 ou 2004.

    C’est un homme comme on en rencontre peu, de ceux dont l’intelligence vous frappe.
    Il est aussi d’une honnêteté rare.
    Pas de langue de bois, son analyse est objective et il le dit, même si cela doit contredire ses opinions.

    Bref, son constat sur notre Ministre est clair et il rejoint ce que j’ai pu en dire sur un autre site : les belles plumes font les beaux oiseaux.
    Mais derrière, ça sonne creux.
    Il manque à notre justice une volonté de réformer coûte que coûte.
    Les grandes idées, les belles théories, ne nourrissent pas le quotidien de Juges, d’Avocats, de justiciables qui sont confrontés tous les jours à une justice exsangue.

    Son analyse sur la nécessité de prisons est juste.
    On peut être humaniste et reconnaître que nous avons déresponsabilisé des générations de jeunes par un discours laxiste, des rappels à la loi ridicules d’angélisme.
    Une société peut s’enorgueillir de prisons modernes, propres, et où la réinsertion passerait par l’éducation, entre autres. Elle ne peut survivre à des univers carcéraux aussi abjects que ceux dont nous disposons et où la seule réponse judiciaire serait d’éviter l’enfermement.
    Oui, il faut des peines alternatives, oui, il faut œuvrer à la réinsertion, non, la prison n’est pas pour tous les délinquants ou criminels.
    Mais il en faut. C’est se leurrer gravement que croire le contraire.

    • appoline appoline 27 mars 2014 16:55

      Justement Bilger s’est plongé dans l’étude des diplômes de Taubirat, apparemment pas de traces de ses thèses nulle part. Ses deux doctorats ne sortiraient ils pas de l’imagination de la guyanaise ? Au vu de ses résultats, de ses attitudes et de son langage, nous sommes en droit de nous poser la question


    • resistance 27 mars 2014 22:07

      Mais qui a jamais dit qu’il fallait supprimer toutes les prisons ? Je n’ai jamais entendu cela de la bouche de Madame Taubira ni de membres du gouvernement actuel.


  • TicTac TicTac 27 mars 2014 08:52

    Et puisque le sujet est la Justice, j’ai plaisir à vous faire partager l’analyse de Jacques Isorni, Avocat, sur le métier de Juge.

    Plus que jamais cette analyse s’avère juste :

    « Le recrutement des hommes qui ont choisi le métier de juger fait qu’ils sont en général honnêtes, timides et dociles. Il les faudrait audacieux et révoltés. Mais s’ils étaient audacieux et révoltés, ils n’entreraient pas dans la magistrature. (...) Aucune loi ne donne de l’indépendance à une nature qui s’incline, aucun règlement ne durcit une colonne vertébrale prête à se courber, aucune circulaire n’ouvre des yeux qui désirent rester clos. (...) Il faudrait une réforme telle que ce serait d’autres personnes qui ambitionneraient de devenir magistrats, une réforme qui ferait que ceux qui revendiquent la mission de juger ne soient plus des citoyens à la recherche d’une vie tranquille et d’une retraite décente. Il n’en est qu’une : assurer aux juges une totale liberté, c’est-à-dire une totale indépendance. Il faut savoir donner aux juges le goût de l’aventure. La liberté est une aventure. »

    Philippe Bilger est de ceux-là.

  • TicTac TicTac 27 mars 2014 08:55

    Et bien sûr, merci l’auteur pour cet article.


  • Yohan Yohan 27 mars 2014 09:06

    Bilger est un homme sensé, mesuré et intellectuellement honnête. Taubira est une idéologue, calculatrice et dangereuse. On choit les gens que l’on veut pour gouverner. Hollande a fait ce choix là qui m’interroge sachant qu’elle a contribué à faire chuter Jospin. Perso, je préférais de très loin un Bilger comme ministre de la justice qu’une Taubira qui raisonne encore avec son idéologie de sape.


    • appoline appoline 27 mars 2014 16:57

      Il faut comparer ce qui est comparable, Taubirat n’a aucune envergure, aucun charisme et ma foi, ne respire pas par son intelligence. Elle doit dégager mais le problème est qu’au vu des capacités de Hollande pour choisir ses collaborateurs, nous risquons d’avoir encore une pelure au ministère de la justice


  • Francis, agnotologue JL 27 mars 2014 09:11

    Bonjour Roumestand Alain,

    Oui, moi aussi j’aimais bien les articles de monsieur Bilger. J’espère qu’il nous fera le plaisir de continuer à publier sur Agoravox.

    Vous dites : ’’Elle (Christiane Taubira) n’accepte de débattre qu’avec des gens qui pensent.’’ Il doit manquer un bout : ’’comme elle’’. Des gens qui pensent comme elle.

    Bonjour à TicTac qui rapporte ci-dessus les propos de Philippe Bilger : ’’Une société peut s’enorgueillir de prisons modernes, propres, et où la réinsertion passerait par l’éducation, entre autres. Elle ne peut survivre à des univers carcéraux aussi abjects que ceux dont nous disposons et où la seule réponse judiciaire serait d’éviter l’enfermement.’’

    Les prisons insalubres sont le fait d’un État soumis aux injonctions libérales : économies, économies ! Pire, en n’incarcérant pas au motif que les prisons sont ignobles, il se prévaut de ses turpitudes : j’appelle cela la non-pensée libérale, le mariage de la mauvaise foi et de l’inconséquence.


    • TicTac TicTac 27 mars 2014 09:12

      JL, ces propos sont les miens, même si je pense qu’ils rejoignent ceux de BILGER.


    • Francis, agnotologue JL 27 mars 2014 09:18

      Personne n’est parfait.


    • Fergus Fergus 27 mars 2014 09:29

      Bonjour, JL.

      Je partage ce commentaire, à la fois sur l’état des prisons et sur la rigidité intellectuelle de Taubira.

      Pour autant, je crois que sa pensée est très largement dénaturée : Taubira ne veut pas éliminer la prison, mais avant éviter d’y mettre des primo-délinquants ayant commis des délits relativement mineurs afin de ne pas augmenter le risque de récidive, la prison étant un facteur multiplicateur de ce risque. Les études des experts et les exemples venus d’Europe du nord plaident de manière éclatante pour cela.


    • Francis, agnotologue JL 27 mars 2014 10:23

      Bonjour Fergus,

      je crois que c’est une question de savoir où placer la barre. Et si la prison n’est pas forcément la bonne solution - soit elle casse, soit elle renforce -, une relaxe ne l’est pas non plus. Il faut amha, recourir aux peines de substitution.


    • Fergus Fergus 27 mars 2014 11:41

      @ JL.

      Le projet de Taubira n’est pas de multiplier les relaxes, mais, lorsque cela semble pertinent, de mettre en place des peines de substitution à la prison. Et contrairement aux bobards véhiculés par l’UMP et le FN, cette décision de substitution n’aurait aucun caractère automatique mais resterait le fait des juges, au vu des faits et du profil du délinquant.


    • Emmanuel Aguéra Emmanuel Aguéra 27 mars 2014 19:49

      Bilger est un de la Haute ; un Franc-maçon qui sait être interessant. Il est intelligent et cultivé et c’est un plaisir de débattre avec lui, ne serait-ce que pour sa maîtrise de la langue.
      Mais de toutes ses intelligences, celle qui supplante les autres est son sens de la com et du marketing : là il devient un vautour sans scrupule. C’est ce que m’évoque ce bandeau « carton rouge » dont j’imagine l’impact commercial dans les piles de merdes d’Auchan ou Carrefour, rayon « meilleures ventes ». Ca va jeter, voilà un éditeur (bilger n’est qu’un pion la dedans, un pion avide, mais un pion quand-même) qui a le sens du commerce.
      Mais ne vous inquiétez pas, un franc-maçon ça sait freiner. Et je pense qu’en bon procureur -il a passé sa vie à envoyer des gens en taule, ne l’oublions pas- y’a des choses impossibles à renier, ah le bon temps de la garde à vue de 72h, des procès-fleuves, des guillotines bien aiguisées... non là j’exagère, il n’est pas partisan de la peine capitale ; Il est partisan de la loi. Et là il ne l’a pas enfreinte, c’est juste l’offre et la demande (qui, de la poule ou de l’oeuf...etc.). Cartier Bresson, lui, par exemple, il photographie ; Plenel, il dénonce ; BHL, il arrangue, vous voyez, le commerce mène à tout. Après c’est affaire d’opinion, bien sur.


    • Fergus Fergus 27 mars 2014 22:36

      Bonsoir, Manu.

      Globalement d’accord avec toi. Bilger a toujours été un type ambigu et opportuniste, aux amitiés politiques à géométrie variable comme le rappelle ci-dessous Lady Panam.


  • zygzornifle zygzornifle 27 mars 2014 09:11

    Christiane Taubira expliquait début janvier dans les colonnes de Paris Match,être « toujours amoureuse » de son ex-mari Roland Delannon, ex-leader indépendantiste guyanais qui fut condamné à une peine de prison avec qui elle a eu quatre enfants


    • LADY75 LADY75 27 mars 2014 12:11

      Lady Panam en rajoute :

      Bilger versus Taubira ?

      Yeahhh ! Remions la fange ! J’vois qu’y a des amateurs !

      L’ex-épouse d’un indépendantiste guyanais contre le fils d’un dignitaire nazi.
      Comparons :

       L’ex-mari : Roland Delannon : préparation d’un attentat contre une installation pétrolière : 18 mois de prison.

      Le père : Josef Bilger, leader du Baurnbund fasciste puis, à partir de 1940, membre du NSDAP et gradé du Deutsches ArbeitFront. Dix ans de travaux forcés...

      M’dam’ Le pen dit qu’la Taubira elle a pris des cours de terrorisme avec son mari... et l’fiston, il a pris des cours de quoi, avec son Papa ? J’aime mieux pas d’mander !"


    • COVADONGA722 COVADONGA722 27 mars 2014 13:23

      yep , on rappellera poliment à Lady75

      qu’ainsi qu’il est écrit : " l’âme qui pèche , c’est celle qui mourra ;le fils ne porteras pas l’iniquité de son père . Ezequiel 18:20

      accessoirement la démonstration de l’iniquité de madame Taubira ne souffre aucune contestation le redoutable animal politique s’avère un garde des sceaux 
      absolument désastreux .De la même manière j’avais dit ici à un supporter de Sarkozy lors de son élection que nous étions tous perdant droite , gauche morale, justice et politique cela s’applique rigoureusement à l’identique avec madame Taubira.
      Asinus : ne varietur



    • LADY75 LADY75 27 mars 2014 16:28

      Lady Panam’ est retoquée :


      « He bé !
      Ezechiel arrive en renfort, c’est pire qu’un port’navions d’la 6° flotte !
      Mais c’est pas moi qu’ai commencé a fouiller dans les poubelles : c’est l’vilain Zygornifle (porte bien son nom çui-là !) en s’faisant l’porte-voix d’la fille Le Pen.. »


    • appoline appoline 27 mars 2014 16:59

      Quatre enfants, notamment celui qui est en tôle et pour lequel elle a essayé, ou est arrivée à intervenir 


    • LADY75 LADY75 28 mars 2014 17:01

      Lady Panam’, qui rétorque :


      « Pourquoi traître ? Le papa du juge était fasciste avant-guerre, il entre au NSDAP en acquérant la nationalité allemande au moment d’l’annexion.. Rien que de très logique. Qui aurait-il trahi ? C’était pas Doriot : il n’est pas donc pas changé d’camp.
      Génétique : c’est vous qu’interprétez ! Y a un gonz’ qu’a cru bon d’fouiller les poubelles côté Taubira.. J’rétablis l’équilibre !
      R’marquez ... J’imagine que la fille Le Pen, qu’a déballé les histoires de famille d’la Garde des Sceaux.. n’aurait sans doute pas été choquée par celles des Bilger ! »

  • Yohan Yohan 27 mars 2014 09:17

    La justice disfonctionne sérieusement, tous ceux qui y ont eu affaire ont eu un sérieux doute sur son jugement, avant et souvent plus encore après. Les juges travaillent comme des cochons. Je ne citerais pas le nombre d’affaires bâclées, les erreurs de justice, les criminels relâchés, les plaignants déboutés contre des entrepreneurs du bâtiment véreux. Ce n’est pas pour rien que les français pensent qu’elle s’occupe plus des coupables que des victimes. Pour s’en convaincre il suffit de voir le mur des cons 


    • Fergus Fergus 27 mars 2014 09:35

      Bonjour, Yohan.

      « La justice disfonctionne sérieusement, tous ceux qui y ont eu affaire ont eu un sérieux doute sur son jugement ».

      Faux ! Pour avoir suivi des procès d’assises (y compris comme juré) et de correctionnelle, pour en avoir débattu avec des magistrats, des avocats et des justiciables, j’affirme que l’on ne peut sérieusement écrire cela.

      Cela ne veut pas dire, loin de là, qu’il n’y a pas des dysfonctionnements, parfois graves et insupportables. Et ceux-là sont évidemment très mal vécu par les personnes qui en font les frais. Mais, aussi regrettables soient-ils, ces dysfonctionnement sont heureusement très minoritaires dans l’exercice de la justice de notre pays.


    • Yohan Yohan 27 mars 2014 09:49

      Salut Fergus

      Moi j’ai eu une expérience contraire et j’en connais d’autres qui sont écoeurés. Là, je parle de la justice civile, celle ou le juge décide dans son alcôve et où il n’y pas de débat contradictoire, juste une parodie de plaidoirie pour le spectacle et les effets de manche. Dans les procès d’assise, le peuple donne son avis, la presse surveille les débats, ce qui n’empêche pas les erreurs non plus

    • Fergus Fergus 27 mars 2014 09:59

      @ Yohan.

      Je ne connais pas la justice civile, mais uniquement la justice pénale.

      En correctionnelle, la plupart du temps, les juges se montrent réellement impartiaux dans la conduite des procès et dans le rendu des jugements, et cela dans un exercice difficile car il est difficile de rester impartial lorsque, dans la même session, défilent des parfaits abrutis, des vrais salauds, des moitié-fous et des justiciables au comportement exemplaire.

      Lors des procès d’assises, pas d’accord avec toi, les médias ne surveillent rien du tout dans l’écrasante majorité des affaires, la relation des audiences étant le plus souvent faite de manière impersonnelle et peu circonstanciée par un échotier local.


    • TicTac TicTac 27 mars 2014 10:07

      Fergus,

      Le temps, l’argent, la volonté manquent à cette justice.
      La formation des Magistrats souffre de lacunes invraisemblables et qui ont des répercussions sur le quotidien de milliers de citoyens.
      Beaucoup font leur travail correctement, malgré des contraintes énormes.
      Mais beaucoup laissent la place à l’arbitraire, à l’insécurité juridique.
      Il n’est pas normal d’avoir une telle distorsion dans les décisions, selon que l’on aura été enrôlé dans tel ou tel cabinet.
      Il n’est pas normal d’entendre d’un magistrat qu’un justiciable a fraudé le fisc quand aucune preuve n’est apportée.
      Il n’est pas normal d’appliquer des barèmes en matière de pensions alimentaires sans écouter les arguments qui permettraient de s’en affranchir.
      Il n’est pas normal de ne pas réviser entièrement un jugement rendu sur base d’éléments qui ont aujourd’hui disparu et de surfer sur le passé pour justifier du présent.
      Il n’est pas normal d’avoir un Magistrat qui regarde par la fenêtre pendant que l’avocat plaide.
      Il n’est pas normal de dire à un avocat : je sais lire, taisez-vous.
      Il n’est pas normal d’avoir des cabinets JAF où 40 dossiers sont à étudier dans la matinée.
      Il n’est pas normal d’avoir des décisions rendues des mois après.

      Tous les jours, j’ai de nouvelles raisons de déprimer parce que mon métier devient lourd.
      Tous les jours, je dois expliquer à mes clients les dysfonctionnements et les appeler à la raison d’un accord plutôt que d’une décision dont je suis de plus en plus incapable de leur en donner un aperçu.

      Et au-delà, je lis que les Avocats seraient des salauds, des vendus, des richards jaloux d’un statut qu’ils ont pourtant perdu depuis longtemps.
      Ce statut que l’on rogne, ces prérogatives que l’on voudrait confier à d’autres en dépit de l’intérêt du justiciable.
      Mon opinion ?
      On affame la justice pour se débarrasser de l’avocat empêcheur de tourner en rond et de juger de manière expéditive.
      Alors les grandes idées, les idéologies exprimées par des Taubira, je m’en cogne.
      Ce qui m’intéresse, c’est ma justice au quotidien, les moyens que l’on met sur la table et l’assurance qu’au travers des réformes, c’est le justiciable qui en sortira grandi.

  • claude-michel claude-michel 27 mars 2014 09:17

    Pour voter Hollande..il n’est pas aussi clairvoyant que cela..et sa « naïveté » n’est elle pas tout simplement une insuffisance intellectuelle pour avoir mis tant de temps à voir la réalité en face.. ?
    Bizarre...


    • Yohan Yohan 27 mars 2014 09:21

      Elle reconnaît surtout l’avoir trahi par arrivisme et carriérisme. Elle n’a d’ailleurs pas changé comme on peut le constater


    • Yohan Yohan 27 mars 2014 09:23

      Bilger était je crois pro Modem. Effectivement, naïf il l’était pour croire en Hollande. Mais professionnellement, Bilger est de valeur et nous n’avons pas beaucoup de gens de valeur en politique.


    • claude-michel claude-michel 27 mars 2014 10:01

      Par Yohan...Que dans son domaine il soit compétent c’est certain..mais en analyse politique il montre quelques lacunes il me semble.. ?


    • LADY75 LADY75 27 mars 2014 11:30

      Lady Panam’ corrige :

      « L’Bilger, j’lai connu ici-mêm’ Sarkolâtre, puis Sarko-critique.. Pro Bayrou, pro Hollande, aussi ? Et Hollando-critique maintenant ?

      A force d’essayer, y finira p’t^t par y arriver, au maroquin d’ses rêves .. »


  • LADY75 LADY75 27 mars 2014 11:27

    Lady Panam’ interpelle :

    « He M’sieur l’auteur, c’est quoi c’t’articl’ ?

    Vous parlez d’un bilan de Ms’ieur Bilger, vous l’citez à chaque phrase.. à tel point qu’sa prose tient plus de place que la vôtre..

    Pourquoi n’avoir pas publié l’original ? On naurait très bien pu l’comprendr’ sans vos commentaires !

    Ah, Mais !

    Sinon, n’en rajoutez pas en l’proposant comm’Garde des Sceaux.. Ca fait des années qu’il essaye désespérément de décrocher l’poste.. Un échec de plus, ça risqu’ de lui être fatal ! »


  • MdeP MdeP 27 mars 2014 13:05

    Christiane Taubira qui remet de la justice au coeur de la Justice est une femme remarquable. Car nous savons bien tous, comme le disait Sacha Guitry, qu’il y a ceux qui sont en prison et ceux qui devraient y être. 

    Carton rouge pour Monsieur Bilger, ancien magistrat, de la caste des intouchables, éternellement vierge devant la loi.

  • joletaxi 27 mars 2014 14:41

    voilà un débat intéressant, car la façon dont la justice est rendue dans un pays est un bon indice de la « bonne santé » de cette société.

    L’autre jour, concernant Sarko, tout le monde s’accordait à dire que la justice fonctionnait en toute indépendance,et que les juges qui poursuivent l’ancien président ,avec un luxe de moyens, ont toutes les raisons d’employer tous les moyens,en toute indépendance toujours.

    Je lis ici que ... ben c’est pas tout à fait ça, que la ministre de la justice orienterait l’institution suivant ses convictions(ou intérêts électoraux),et qu’elle serait « l’oeil de Hollande »

    bref, suivant ses intérêts, ses expériences, la justice est à la fois tout et son contraire, sauf que personne n’est satisfait et que l’on ne peut pas dire que la confiance règne.

    Or, comme toujours, que ce soit en économie ,ou tout autre sujet sociétal, il n’est peut-être pas inintéressant de voir comment la justice est exercée ailleurs, avant de réinventer le fil à couper le beurre ?
    Ce que l’on peut reprocher à l’institution, c’est d’être littéralement accrochée à ses privilèges, à ses dogmes.
    Rien ne semble pouvoir faire frémir cet édifice, qui paraît de plus en plus déphasée par rapport à la société.
    On critique les juges ?
    Quand vous arrivez à une audience, avez-vous vu la pile de dossiers, aussi épais que des bottins, sur le « comptoir » ?
    Qui peut humainement avoir lu avec attention cette « montagne » ?
    De même les avocats, qui plaident un dossier, qui généralement a 6/8/10 mois, dans le meilleur des cas.Comment voulez-vous que l’on puisse avoir en tête les arguments des parties,d’autant que l’on plaide parfois 10 affaires ce jour là ?

    Et au-delà, je lis que les Avocats seraient des salauds, des vendus, des richards jaloux d’un statut qu’ils ont pourtant perdu depuis longtemps.

     vous maniez l’euphémisme avec un rare bonheur.....
    Le jour où un avocat justifiera de ses honoraires en toute clarté, il gagnera en confiance, c’est loin d’être la cas.du moins de mes nombreuses et coûteuses expériences.
    Mais ce n’est qu’un « détail » dans la problématique.


  • ZenZoe ZenZoe 27 mars 2014 15:29

    J’apprécie beaucoup Bilger, qui a gardé tout son bon sens, bon sens qui fait tellement défaut aux magistrats de nos jours, cramponnés trop souvent à une idéologie personnelle qui va à l’encontre de la réalité de terrain.

    En ce qui concerne la justice dans ce pays, le moins qu’on puisse dire est qu’elle a un sérieux problème de lisibilité. Et c’est ce qui la mine plus que tout autre chose.
    Quelqu’un qui a commis un délit ou un crime ne sait jamais comment son affaire va finir et combien il va prendre. Tant de paramètres entrent en jeu : la couleur du juge, de la ville, de la région, la situation sociale et l’origine ethnique du mis en examen, la compétence de l’avocat, la médiatisation éventuelle, le nombre de dossiers à traiter avant midi, etc. Ce n’est pas normal et totalement inéquitable. Du coup, on en arrive non seulement à des jugements ahurissants, mais à des jugements qui peuvent varier grandement d’une affaire à l’autre pour un même délit. Pire, on peut se retrouver en prison pour une affaire insignifiante et y échapper quand on a tué quelqu’un. C’est ainsi que les braves gens (dont moi) en viennent à se demander pourquoi les agresseurs du RER ou les violeurs en bande de deux jeunes filles ont bénéficié d’un non-lieu alors que Kerviel va être bouclé pour 3 ans.
    Ce qui manque à la justice, ce sont des règles et des peines claires, connues, si possible incontournables par le juge, et appliquées sur-le-champ. Un délinquant doit savoir avec certitude ce qu’il encourt et être convaincu que c’est exactement ce qu’il va se prendre s’il se fait attraper. Après, on poura discuter de la nature de la peine elle-même...


  • eau-du-robinet eau-du-robinet 27 mars 2014 16:50

    Bonjour Alain,

    Merci pour votre article.

    C’est vrai, un bon nombre de gens voire corporations n’apprécie pas C. Toubira ! Une vidéo à regarder

    et voici la réponse de Philippe Bilger

    Le Nouveau livre de Philippe Bilger est sortie le 2 Avril 2014 et porte le titre ’’ Contre la justice laxiste ’’ 

    (Editions L’Archipel)

  • MdeP MdeP 27 mars 2014 17:33

    Les travaux des sociologues ont prouvé, depuis longtemps, que la délinquance des jeunes touche autant les quartiers riches que les quartiers défavorisés. 

    Autre chose également, quand on est victime d’infraction, il n’est pas certain, non plus, de pouvoir déposer une plainte dans un commissariat. Au mieux, pour beaucoup, une main courante qui passe direct à la trappe. L’arbitraire commence là.
    Reste alors la solution d’écrire au Parquet qui vous renvoie au commissariat qui vous botte en touche, toujours. L’arbitraire est une institution.
    Les magistrats et les auxiliaires de justice qui sont confrontés à une population « calibrée », toujours le même profil, ne le savent-ils pas ? 
    Qu’un ancien magistrat puisse écrire un ouvrage vicié « Contre la justice laxiste », faut oser quand même !
    Un petit effort et nous lirons peut-être prochainement « Contre la justice arbitraire, Bilger, carton prune ».

  • JCROIG 27 mars 2014 19:27

    Bilger a voté Hollande et surtout, il évoque « sa désillusion et sa naïveté »...

    Perso., je me compare pas à un homme de cet envergure (Bilger). Cependant, je n’ai pas voté Hollande, ni Sarkozy d’ailleurs... je n’attendais rien ni de l’un, ni de l’autre.

    C’est à croire que ces pointures n’ont rien lu du CV des candidats et surtout les intérêts qu’ils représentent.


  • Mortargent 28 mars 2014 03:24

    Ce qui serait juste, serait de savoir au moins écrire le nom des personnes concernées par ce sujet non ? Entre Taubirat ou Toubira, on pourrait au moins faire l’effort d’écrire son nom correctement. Mais cela semble parfois trop compliqué...

    Pour en revenir au sujet, quoi qu’il advienne, il y aura toujours des mécontents. Certains n’aiment pas la tronche d’untel donc tout ce qu’il fait est pourri. D’autres adorent les chaussures d’une telle, donc tout ce qu’elle fait est génial.

    Je crois surtout que beaucoup ( dont moi je l’admets ) parlent sans connaitre. Quitte à raconter les pires bêtises qui soient. Voir même mentir. Mais c’est pas grave, calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose ( comme dirait l’autre ). Comme l’a souligné Fergus, il ne me semble pas que notre ministre de la justice ait décidé de suprimer les prisons, de libérer tout le monde et d’ordonner à tous les juges de ne plus condamner qui que ce soit. Mais cela n’empèche pas ses détracteurs de l’annoncer haut et fort à travers tous les médias.

    Que d’absurdités n’avait-on pas dite de la même manière quans Mme Dati était à ce poste. Et que de stupidités ne dira-t’on pas aux prochains à venir...Je ne crois sincèrement pas qu’un homme seul ou une femme seule puisse changer la justice de ce pays en 2 ans. Qu’il/elle ait tellement d’influence que le moindre tribunal, le moindre juge, le moindre avocat, la moindre décision ne dépend que de lui/elle.

    Alors si tant est que Maitre Bilger ait raison dans son constat, si tant est qu’il ait la chance d’être choisi pour être futur ministre de la justice, je ne doute pas que dans 2 ans on se retrouve ici-même sur un sujet identique à le critiquer plus vertement encore que Mme Taubira...


  • Pasco 30 mars 2014 11:51

    La justice a toujours été à plusieurs vitesses et elle le sera toujours. Contrairement à son avatar qui la représente les yeux bandés.
    Chaque groupe socio-professionnel et ethnique a ses délits ou crimes propres. Comme partout la condition sociale crée des paliers en fonction desquels les juges rendent leurs verdicts, quel que soit le tribunal.
    « Selon que vous serez puissant ou misérable... »
    J’ai, par ma profession d’éducateur, fréquenté des personnes « infréquentables » et ce pendant dix ans.
    Je peux vous assurer que ces gens, au regard du délit commis, savaient et savent toujours très précisément, à quelques mois prés, quelle va être leur peine et connaissent parfaitement tel ou tel juge de tel ou tel tribunal et c’est valable également pour les juges d’instruction.
    Pour exemple ; Versailles a la réputation d’être sévère, Bobigny laxiste.
    Quel avocat n’a pas fait transférer une affaire sur une ville jugée moins sévère ?
    Rien n’a changé, C’est le jeu éternel du chat et de la souris.
    Laxisme ou sévérité, les temps changent et les délinquants s’adaptent.


    • Yohan Yohan 30 mars 2014 12:05

      Si vous êtes éducateur, je pense que vous devriez plus vous bouger et alerter sur la difficulté de votre travail face à des jeunes qui ne respectent plus rien, qui sont incontrôlables et des effets redoutables d’une immigration qui n’est plus du tout maîtrisée et des ghettos qui produiront des effets bien plus graves aux US, vu le laxisme de la justice.


    • MdeP MdeP 30 mars 2014 12:46

      MdeP @ Pasco

      Certes, mais des gens infréquentables il y en a autant dans les couches supérieures de notre société et les préjudicies causés sont en général plus importants. Eux n’ont pas besoin de jouer au chat et à la souris.
      La population « délinquante » pour laquelle Monsieur Bilger réclame plus de sévérité, en accusant Madame Taubira de laxiste, est toujours celle « d’en-bas ».
      Que Monsieur Bilger vienne nous affirmer qu’il n’a jamais fermé les yeux sur les « frasques » d’untel ou d’unetelle ayant pignon sur rue ou sur une personnalité publique, que « l’arrosage » n’existe pas et qu’il n’en a jamais profité, qu’il n’y a pas de tapis rouge déroulé pour les escrocs de haut vol.
      Leurs victimes, parfois malmenées, ne sont jamais reconnues, jamais dédommagées. 
      La vision que Monsieur Bilger donne de l’institution judiciaire veut pérenniser le mythe que les français sont tous égaux devant la loi. Mais cette image d’Epinal est bien le reflet de l’état d’esprit des membres d’une corporation d’une autre époque et non d’une institution.
      Tenez, je prends la 102ème édition du Dalloz 2003, Code civil, Titre préliminaire :
      « De la publication, des effets et de l’application des lois en général
      Art. 1er, 1er alinéa : Les lois sont exécutoires dans tout le territoire français, en vertu de la promulgation qui en est faite par le Roi (le Président de la République). » 
      Tenez, je prends l’article 53 de ce même code : 
      « Art. 53 Le Procureur du Roi (le Président de la République) au tribunal de grande instance sera tenu de vérifier l’état des registres... »
      Je dis et redis, avec beaucoup de conviction, que l’injustice est le fonctionnement normal de l’institution judiciaire. Parce que les français ne sont pas tous égaux devant la loi. Parce que l’arbitraire précède la loi.



    • Fergus Fergus 30 mars 2014 14:15

      Bonjour, MdP.

      Un arbitraire qui s’exerce de différentes manières, y compris par la formidable pression médiatique sur les juges et les jurés dans certaines affaires sensibles. Le cas d’Outreau est à cet égard emblématique.


    • MdeP MdeP 30 mars 2014 14:54

      MdeP @ Fergus

      Bonjour Fergus
      D’abord je tiens à vous dire que j’ai beaucoup apprécié l’article sur le cas « Julien et Marianne », très bien écrit de surcroît. Merci.
      Je suis d’accord avec vous sur les pressions que subissent certains magistrats et je vais en profiter pour leur rendre hommage que ce soit Eric Halphen, Eva Joly, Thierry Jean-Pierre décédé trop jeune, le juge Murciano, la juge Fulgéras, le juge Pierre Michel (mort assassiné), le procureur Eric de Montgolfier et bien sûr j’en oublie et je m’en excuse humblement. 

    • Fergus Fergus 30 mars 2014 15:54

      @ MdP.

      Inutile de nier qu’il y a des fiascos judiciaires. Comment d’ailleurs pourrait-il en aller autrement dès lors que la Justice est rendue par des hommes ayant à juger d’autres hommes aux parcours et au profil tous différents ? Pour autant, comme vous le soulignez, de très nombreux magistrats - la majorité, à mon avis - sont des professionnels consciencieux et efficaces.

      Merci pour cet avis concernant « Un crime de notre temps ».

      Bonne fin de journée.


  • Yohan Yohan 30 mars 2014 12:06

    Oups ! « bien plus graves qu’aux ES » je voulais dire


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