samedi 14 décembre 2019 - par Pepito Gavroche

Chez Leclerc, la magie de Noël touche aussi les caissières

Quelques jours avant Noël, les lutins s'activent dans les ateliers. Et les caissières aussi. Travailler 7 jours d'affilée ? Pas de soucis ! Il faut bien que les gens puissent acheter les cadeaux !

Strasbourg, le 13 décembre 2019

"Olala, j'en peux plus !"
Assise devant sa caisse, au Leclerc, Ivana* baille en se frottant les yeux.

"- La journée a été longue ? Vous avez bientôt fini ?
- Aujourd'hui oui, mais bon... Il y a encore demain, et dimanche.
- Encore deux jours à tenir.
- Oui. Enfin, là ça va faire sept jours d'affilée, je commence à être fatiguée...
- Parce que vous bossez sept jours d'affilée ? C'est normal ?


- Normalement on travaille six jours. Mais bon, là, comme c'est les fêtes, on doit travailler plus. On est obligées..."

Obligées ?!?! Comment ça ?! C'est légal, ça ?! Elle n'a pas trop l'air de savoir, et ne m'en dira pas plus à ce sujet.

Mais moi je sais. C'est illégal. L'article L3132 du Code du Travail est concis et clair sur le sujet :

Il est interdit de faire travailler un même salarié plus de six jours par semaine.
Le repos hebdomadaire a une durée minimale de vingt-quatre heures consécutives auxquelles s'ajoutent les heures consécutives de repos quotidien prévu au chapitre Ier.
Dans l'intérêt des salariés, le repos hebdomadaire est donné le dimanche.
Le refus d'un demandeur d'emploi d'accepter une offre d'emploi impliquant de travailler le dimanche ne constitue pas un motif de radiation de la liste des demandeurs d'emploi.

Quelques passe droits existent, notamment pour les contrats saisonniers... C'est vrai que c'est la saison de Noël. Sauf que... Ivana est en CDI !

"- Parfois, on a des après-midi de libres. On finit à 15h30. Mais bon, le temps de rentrer à la maison, il est 16H30, ça fait déjà tard...


- C'est clair, surtout qu'en ce moment, à 16h30, il fait déjà presque nuit.
- Oui..."

Je regarde son visage fatigué pendant qu'elle compte la monnaie que je lui tends pour payer ma petite tomme fermière. Et je repense aux propos de Sibeth N'diaye, la porte parole du gouvernement, il y a quelques jours sur France 2 : "Je pense que l'on peut éprouver de la fierté au travail, qu'on peut éprouver du plaisir au travail".

La fierté, le plaisir, bien sûr ! En revenant sur tous les avantages conquis de haute lutte, en accentuant la concurrence entre chacun, la précarité (euh ! Pardon, la flexibilité...), la peur du lendemain. Je me dis qu'Ivana et moi, on a certainement pas la même notion de plaisir que Sibeth...

"Bon, eh bien, bonne fêtes en tout cas !"
A elle aussi... Enfin, si elle ne s'endort pas dans son assiette avant les douze coups de minuit...

* le prénom a été modifié



8 réactions


  • ETTORE ETTORE 14 décembre 2019 20:52

    C’est sûr que quand on traite les humains avec moins de respect que les produits

    « Marque Repère »..de ses rayons.....

    Pour un nom comme Leclerc,.....c’est pas clair du tout !

    Entre le cheptel de consommateur qu’il faut tondre à tout(les)prix, avant le 25....

    Et les tondeuses recrutées de gré ou de force, hors d’haleine (laine)

    Je n’ose même pas demander l’avis aux moutons !


  • Oliver HACHE Oliver HACHE 14 décembre 2019 20:53

    L’article, sans intérêt particulier il faut l’avouer, si ce n’est peut-être de rappeler qu’une bonne journée de travail permet de trouver rapidement le sommeil, me fait cependant réagir sur 2 points :

    1) Il est exact qu’un salarié ne devrait pas travailler plus de 6 jours par semaine. Qui vous dit que cette hôtesse l’a fait.. ? Pour en avoir la certitude, il faudrait considérer son emploi du temps sur deux semaines au moins. Peut-être a-t-elle omis de préciser que la première semaine ne comportait que 4 jours de travail et la seconde 3...

    2) De nombreuses études réalisées dans le cadre de la prévention de la pénibilité, études que même la CNAM ne conteste pas, c’est pour dire (.. !), aboutissent irrémédiablement à la conclusion que le métier d’hôtesse de caisse est constitué par 2/3 de vide. Oui, oui, oui... Environ 65 % du temps passé en caisse par une hôtesse est consacré à... de l’attente entre 2 clients ou de l’attente pendant que le client règle ses achats.

    Vous, je ne sais pas, mais un job qui m’impose 2/3 du temps à me tirer la nouille, je veux bien le faire 10 ou 15 jours de suite.. !


    • pemile pemile 14 décembre 2019 21:00

      @Oliver HACHE « ou de l’attente pendant que le client règle ses achats. »

      Rhooo, et pour un chauffeur de bus, vous considérez qu’il « se tire la nouille » à chaque feu rouge ?


    • pemile pemile 14 décembre 2019 21:19

      @Oliver HACHE « Peut-être a-t-elle omis de préciser que la première semaine ne comportait que 4 jours de travail et la seconde 3... »

      C’est gentil de nous rappeler que pour la CJEU, il serait effectivement possible de travailler 12 jours de suite smiley


    • Sozenz 15 décembre 2019 12:16

      @Oliver HACHE

      1. Il est exact qu’un salarié ne devrait pas travailler plus de 6 jours par semaine. Qui vous dit que cette hôtesse l’a fait.. ? Pour en avoir la certitude, il faudrait considérer son emploi du temps sur deux semaines au moins. Peut-être a-t-elle omis de préciser que la première semaine ne comportait que 4 jours de travail et la seconde 3...

      mdr , je vois que vous connaissez vachement la legislation ...

      c est 6 jours consecutifs donc dès que c est 7 c est out ...

      apres , merci d arretez votre mepris pour les personnes exerçant ce métier..

      elles ont beaucoup de courage .

      je pense que vous devez êtes un brave connard . et vous voir à une caisse doit déjà rentrer dans le cadre de la pénibilité.


    • foufouille foufouille 15 décembre 2019 18:35

      @Oliver HACHE

      tu vas certainement dans une petite épicerie sinon partout ailleurs, la caissière ferme la caisse et fais autre chose.


  • Pepito Gavroche Pepito Gavroche 16 décembre 2019 13:46

    ERRATUM sur le contenu de l’article : 

    Article L3132-5 paragraphe 2 du code du Travail : 

    Dans certaines industries traitant des matières périssables ou ayant à répondre à certains moments à un surcroît extraordinaire de travail, le repos hebdomadaire des salariés peut être suspendu deux fois au plus par mois, sans que le nombre de ces suspensions dans l’année soit supérieur à six.

    Les heures de travail ainsi accomplies le jour du repos hebdomadaire sont considérées comme des heures supplémentaires et sont imputées sur le crédit d’heures supplémentaires prévu par les décrets d’application des dispositions relatives à la durée du travail.

    La liste des industries pouvant bénéficier des dispositions prévues au premier alinéa est déterminée par décret en Conseil d’Etat.

    Donc, pas d’illégalité dans ce cas là... Je reste en revanche sceptique sur le caractère imposé de cet aménagement, étant donné que la caissière m’a spécifié ne pas avoir eu le choix...  Pas de réponse à se sujet dans les textes de loi


    • Sozenz 16 décembre 2019 14:17

      @Pepito Gavroche
      Dans certaines industries traitant des matières périssables ou ayant à répondre à certains moments à un surcroît extraordinaire de travail, le repos hebdomadaire des salariés peut être suspendu deux fois au plus par mois, sans que le nombre de ces suspensions dans l’année soit supérieur à six.

      dans l industrie . c est uen certaine convazntion collective specifique qui ne rentre pas en compte pour la grande distribution .
      l accroissement du travail est prévisible elle revient chaque année dans les commerces et peuvent etre devancé.
      contrairement à l industrie qui peut avoir un accroissement exeptionnel de travail dû a des variations d entrées de produits périssables .

      ne mélangez pas les différentes conventions ...


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