mercredi 21 mai 2008 - par Le Hérisson

Comment les socialistes ont fourvoyé la démocratie

Malheur à qui cuisine la loi électorale ! En 2001, le Premier ministre Lionel Jospin inversait le calendrier des échéances afin que l’élection présidentielle se déroule avant les législatives. On voit le résultat : une défaite sans précédent en 2002 et un système de « monarchie républicaine » qui n’a jamais été aussi omnipotent à tous les étages de la République.

En 2001, Lionel Jospin n’a pas seulement péché par manœuvre, mais aussi par orgueil. L’élection présidentielle reposant principalement sur des principes de leadership, il pensait qu’en la situant avant les élections législatives, les Français accorderaient plus volontiers leurs suffrages à son humble candidature qu’à celle d’un président « vieilli et fatigué » pour reprendre ses mots. Et se réuniraient plus volontiers sur sa personne que sur une tripotée de candidats de gauche à la députation. Mal lui en prit : non seulement, Jospin fut derrière Le Pen, la gauche fut ensuite laminée, et, quinquennat aidant, c’est l’ensemble de notre République qui repose désormais sur l’unique élection présidentielle au suffrage universel, les élections législatives n’étant plus qu’une queue de comète lui succédant, envoyant naturellement des godillots à la solde du président fraîchement élu.

Au secours, Jaurès revient !

Souvenons-nous que, pour parvenir à ses fins, le Parti socialiste d’alors a obtenu le soutien des députés du centre de François Bayrou, l’UMP et le Parti communiste s’étant opposé. Ce faisant, les socialistes, conduit par le Premier ministre, ont tourné le dos à près de quatre-vingts ans de conviction socialistes. Jean Jaurès et Rosa Luxembourg, Léon Blum et François Mitterrand réunis… Excusez du peu ! Après avoir été révolutionnaire et donné la priorité à la rue, Jean Jaurès avait converti les socialistes au parlementarisme à la veille de son assassinat. Rosa Luxembourg l’a suivi, opérant un savant mélange entre le parlementarisme et l’expression révolutionnaire. Plus tard, le Front populaire obtenait la victoire et s’installait au pouvoir, pour une courte durée, il est vrai. François Mitterrand, ensuite, incarna avec brio, parfois aussi avec machiavélisme, l’utilisation du parlementarisme. Devenu le plus fervent opposant à de Gaulle, il construisit sa réputation par la contestation de la Ve République, du processus d’accès au pouvoir du général et du fameux « pouvoir personnel ». Certes, chacun put constater ensuite que F. Mitterrand s’accommoda furieusement bien des institutions qu’il avait lui-même critiquées. Mais qu’il s’agisse des premières lois de décentralisation, de sa façon de gouverner (« Il faut laisser faire les ministres, aimait-il à dire ») ou de son souhait, maintes fois affirmé, d’instiller la proportionnelle dans l’élection des députés, il fut probablement jusqu’à aujourd’hui le plus « parlementariste » des présidents de la Ve. D’ailleurs, répondait-il à la question souvent posée de son avis sur la Constitution : « Les institutions ont été dangereuses avant moi et le redeviendront après moi ».

Et que vive la monarchie…

Avec Lionel Jospin et le renversement du calendrier, les socialistes ont oublié cet héritage, celui qui donne la priorité aux députés, élus du peuple, alors que, pourtant, ils furent élus, par surprise, à la suite de la dissolution de l’Assemblée nationale de 1997. Après l’adoption du quinquennat et celle de l’élection présidentielle avant les élections législatives, c’est tout l’édifice de la Ve République qui s’est transformé. Ou, plus exactement, qui a accentué le pouvoir du Président de la République. Nos députés, qui à l’inverse des autres démocraties européennes, avaient déjà peu de pouvoir, deviennent de facto les supplétifs du président, puisqu’ils ne doivent leur fauteuil qu’à l’influence du suffrage présidentiel sur l’électeur.

Ceux que F. Mitterrand appela « la monarchie républicaine » peut se donner alors libre cours. Fidèle à l’esprit du règne de Louis XIV, il n’y a plus guère de pouvoir susceptible de s’opposer au monarque moderne. Le pouvoir par l’argent complète le dispositif. Même mieux : l’avènement de la presse dite « people » et les caractéristiques « bling-bling » du comportement de Sarkozy apportent même la touche d’alcôve qui manquait. Ce n’est plus au lever du roi ou au passage du carrosse auxquels courtisans et bon peuple sont priés d’assister. C’est aux frasques et aux paillettes du pouvoir.

Jusqu’au plus petit village

Certains pensent peut-être que cette dérive de la monarchie républicaine s’observe exclusivement au sommet. C’est une lourde erreur. Pour avoir côtoyé de près bon nombre d’élus locaux de toutes tendances ainsi que des hauts fonctionnaires nommés en conseil des ministres, je puis assurer que ce triste état d’esprit monarchique a envahi toutes les sphères de notre République, y compris nos hobereaux de campagne, alors qu’ils sont élus par scrutin de liste. Il n’y a pas très longtemps, avant les dernières élections municipales, je faisais remarquer au secrétaire particulier d’un maire d’une sous-préfecture que le comportement de son élu (concernant une question précise) n’était pas conforme à la loi et que, de ce fait, il risquait de se voir assigné au tribunal administratif. Là-dessus, je me vis entendre cette réponse sans appel de son collaborateur, par ailleurs titulaire d’une maîtrise d’histoire : « Jusqu’aux élections, le maire est souverain ! » Il faut croire qu’en faculté d’histoire on n’apprend pas qu’un maire ou un président de la République ne détient plus la pleine souveraineté depuis…1789 ! En réalité, son propos, même maladroit, illustre avec clarté davantage une façon de gouverner et de se croire intouchable qu’un point juridique ou historique… Entre autres responsabilités, j’ai eu également à travailler sous l’égide d’un haut fonctionnaire directement nommé en conseil des ministres. Lui n’était pas élu, mais disposait d’une sorte d’adoubement quasi sacré, dont tous ses collaborateurs souffraient ainsi d’ailleurs que lui-même.

Un congrès pour Ubu

Ces comportements, d’élus de droite comme de gauche, tous ces passe-droits dont souffre l’ensemble de notre société, ces ministres qui se permettent de contourner les règles qu’ils ont eux-mêmes instaurées, à commencer par le simple Code de la route, cette propension de l’Etat et de toutes les collectivités territoriales à ne pas appliquer pour eux-mêmes, quand ils sont employeurs, les règles du Code du travail qu’ils exigent pour des entreprises… Bref, toutes ces dérives nombreuses sont encore renforcées par le fait que l’élection présidentielle est devenue « reine » et le règne de notre président actuel plus monarchique que jamais. Sans doute, l’austère Jospin et ses camarades socialistes n’avaient probablement pas imaginé toutes les conséquences néfastes de leur volonté de placer l’élection présidentielle au premier plan de l’année électorale 2002. Ils étaient également loin d’imaginer que ce serait Le Pen qui sortirait de cette sombre tambouille institutionnelle… Il n’empêche : ils auraient pu revenir, sous leur législature, à un rôle du Parlement plus affirmé, ainsi que souhaiterait l’appliquer désormais – mais timidement – Nicolas Sarkozy. Ils auraient pu aussi s’attaquer à une réforme du Sénat puisqu’ils n’ont de cesse d’expliquer sa non-représentativité dans la France d’aujourd’hui. Ils auraient pu, également, réformer notre carte administrative qui, avec ses régions trop petites, ses départements obsolètes et ses communes trop nombreuses, est devenue anachronique et le symbole de notre impuissance hexagonale dans l’Union européenne.

Avec les préparatifs du prochain congrès du Parti socialiste, il n’est peut-être pas trop tard pour mettre tous ces projets en chantier, dans la perspective du futur débat de 2012 ? Las ! Ce dont les socialistes nous offrent le spectacle, c’est une pâle querelle de leadership. Et ce qui fait le sel de ce charivari rose, ce ne sont pas les idées… Que non ! C’est l’unique souci de se construire le profil d’un nouveau monarque, capable de remporter la prochaine élection présidentielle… Laquelle, pensent toujours les socialistes à l’unisson, doit rester la première. Pour le malheur de notre démocratie.



36 réactions


  • sisyphe sisyphe 21 mai 2008 13:07

    Entièrement d’accord avec cette analyse.

    Cet abruti de Jospin a contribué à monarchiser le régime, avec cette inversion des élections.

    Avant, au moins, une cohabitation était possible qui, si elle n’était pas la panacée, permettait au moins un réequilibrage du pouvoir et de contre-pouvoir. Désormais, la dérive monarchique joue à plein, sans que rien ne puisse l’empécher : que le retraité de l’Ile de Ré, au moins, n’intervienne plus dans le débat politique.


    • sisyphe sisyphe 21 mai 2008 13:40

      En tout cas, c’était moins pire, comme on peut le constater tous les jours.


    • xa 21 mai 2008 15:57

      Je ne pige pas trop le problème.

      Si l’on avait conservé l’ordre initial et que l’assemblée n’avait pas été du goût du président nouvellement élu, on aurait eu le droit à une dissolution.

      Au final, on aurait de toute façon eu l’ordre Présidentielle / Législative.

       


  • tvargentine.com lerma 21 mai 2008 13:55

    Voila un constat accablant qui mérite bien un vrai débat

    Quel avenir pour un PS dirigé par des notables qui ne sont que des social-libéral et dont les références à la Révolution Française viennent de disparaitre dans les status de ce parti

    Quel avenir pour le non de candidat ou candidate qui n’ont rien à proposer à l’exception de :

    "une femme présidente" "un gay president"

    et des Paris Plages pour tous ?????????

    Oui,ce parti est bien mort et il est à craindre que cela dure au moins 10 ou 15 ans

    Rappelons que la gauche n’ a plus rien gagné depuis 1997 (je parle de la Présidentielle et des legislatives)

    Si Nicolas Sarkozy est réélu,comme c’est bien parti pour devant le désert de l’opposition crédible en France,il ira jusqu’en 2017

    Triste bilan que celui de ce spectacle de candidat et candidates du PS qui n’ont plus d’électeurs

     


    • sisyphe sisyphe 21 mai 2008 14:01

      lerma est content : il a un sujet pour défouler sa haine des socialos, et, surtout, pour entamer son éternelle ode à son président chéri.

      Lerma, quel que soit le sujet, tu fais entendre la même rengaine de collabo buté : tu fatigues !


    • Traroth Traroth 21 mai 2008 14:26

      @sysiphe : mais noooon, Lerma est de gôôôche, en fait. C’est en tout cas ce qu’il écrivait sur son profil jusqu’à il y a peu. J’aimerais savoir comme il définit la gauche, mais je ne pense pas qu’il se risque à répondre.


    • dom y loulou dom 22 mai 2008 00:43

      hihihi t’es vraiment niaise


  • 1984 21 mai 2008 16:21

    Avis pour les porcs du PS, le jour de la révolution ont pensera à vous !!!

    Aiguisons les guillotines !


  • Le Hérisson Le Hérisson 21 mai 2008 16:29

    Réponse à un commentaire : "Si l’on avait conservé l’ordre initial et que l’assemblée n’avait pas été du goût du président nouvellement élu, on aurait eu le droit à une dissolution..."

    L’ordre initiale était : élections législatives (renouvellement des députés élus en 2002) puis présidentielles (renouvellement du PR). Dans ce cas là, on peut penser que le président élu aurait été conforme au vote législatif auparavant. Mais le calendrier aurait, de fait, donné plus d’autorité aux députés, qui n’auraient ainsi pas été, en quelque sorte, héritiers de l’élection présidentielle.

    Une fois l’assemblée nationale élue, le nouveau président n’aurait pas pu la dissoudre avant un an.

    On peut penser, par ailleurs, que suite au fiasco de Chirac en 1997, il aurait réfléchi à deux fois avant de prendre une telle décision. Par conséquent, s’il n’avait pas été de l’opinion de la majorité, il aurait été contraint à la cohabitation pour au moins un an.

     


    • xa 21 mai 2008 16:55

       Le Président de la République peut, après consultation du Premier ministre et des Présidents des assemblées, prononcer la dissolution de l’Assemblée nationale.
      Les élections générales ont lieu vingt jours au moins et quarante jours au plus après la dissolution.
      L’Assemblée nationale se réunit de plein droit le deuxième jeudi qui suit son élection. Si cette réunion a lieu en dehors de la période prévue pour la session ordinaire, une session est ouverte de droit pour une durée de quinze jours.
      Il ne peut être procédé à une nouvelle dissolution dans l’année qui suit ces élections.

       

      C’est l’article 12 de la constitution.

      Vous noterez la dernière phrase. Il est précisé qu’une dissolution ne peut intervenir dans l’année qui suit CES élections, et non LES élections. Il s’en suit qu’une dissolution ne peut intervenir dans l’année qui suit une autre dissolution. Mais rien concernant une interdiction de dissolution dans l’année suivant les élections normales.

       

       

      En application strict du droit, rien n’empêche le Président nouvellement élu de dissoudre l’assemblée elle même fraichement élue si les élections ne font pas suite à une dissolution. Le conseil constitutionnel donne d’ailleurs cette version.

       

      Donc 2 cas de figure :

      cas 1 - l’assemblée élue avant les présidentielles est celle voulue par le président. Alors c’est kif kif, on ?

      cas 2 - l’assemblée n’est pas celle voulue, le président peut dissoudre (Cf conseil constitutionnel). Ensuite, la réaction des électeurs .... Quoi qu’il en soit, comme le président a dissout, on se retrouve dans la même situation : les présidentielles puis les législatives.

      Au final, la situation reste la même.

       

      Le quinquennat, de toute façon, implique que l’assemblée comme le président sont élus sur un programme sinon identique du moins très proche. Que l’on choisisse les députés avant le président ne donne pas de pouvoir supplémentaire à ces députés. Leur pouvoir leur est donné par la constitution, pas par l’ordre de l’élection.

      Plus de légitimité ?

       

      Donc je repose ma question et la complète : puisque rien n’empêchait le président de dissoudre si l’assemblée ne lui convenait pas, qu’est ce que ca change d’avoir inversé ? N’est-ce pas tout simplement le quiquennat le problème ? le fait que le passage au quinquennat n’ait pas été accompagné des évolutions nécessaires en terme de partage du pouvoir entre l’exécutif et le législatif ?


  • sisyphe sisyphe 21 mai 2008 16:34

    Entre les hihihi, les lerma, bulgroz, weinstein, lyon, rocla, etc : on a, sur AV un échantillon parfaitement représentatif des électeurs de Sarkozy : ça fout la trouille, quand même....


    • A. Nonyme Trash Titi 22 mai 2008 09:54

      @ Sisyphe

      Heureusement que vous êtes là. Votre lumière illumine ce site...


    • Redj Redj 21 mai 2008 18:02

      Bande de gros naze, ça ne vous vient pas à l’idée dans vos petites têtes bien étriquées de bouffeurs de merde, que si les gens de Gôche (comme dirait l’autre buse) n’interviennent pas ici, c’est peut-être parce que le parti socialiste n’a rien d’un parti de gauche. Et que par conséquent, ils s’en foutent.

      Alé, bien à vous quand même !!

       


    • jaja jaja 21 mai 2008 19:15

      Bien d’accord avec Redj.

      La gauche reviendra, la vraie, celle qui se battra pour la redistribution égalitaire des richesses produites par les travailleurs et spoliées par les parasites actionnaires du CAC 40...

      Lorsqu’on entend les dernières déclarations de Delanoé sur le "libéralisme valeur de gauche" il est évident qu’à un deuxième tour des élections le PS ne pourra pas compter sur moi... autant se faire empapaouter par nos ennemis de droite que par nos faux amis de la pseudo gauche...

      Et à ceux là, de la vraie droite ou de la fausse gauche, nous opposerons la rue, pas ce jeu électoral truqué, où les médias à la botte du capital (du Figaro à Libération sans compter les diverses télés à la botte) font élire le représentant politique (de gauche ou de droite) choisi par l’oligarchie financière...

      Le PS avoue son amour pour le libéralisme qu’il aide en sous-main depuis longtemps... Bon débarras !


    • jaja jaja 21 mai 2008 19:16

      Bien d’accord avec Redj.

      La gauche reviendra, la vraie, celle qui se battra pour la redistribution égalitaire des richesses produites par les travailleurs et spoliées par les parasites actionnaires du CAC 40...

      Lorsqu’on entend les dernières déclarations de Delanoé sur le "libéralisme valeur de gauche" il est évident qu’à un deuxième tour des élections le PS ne pourra pas compter sur moi... autant se faire empapaouter par nos ennemis de droite que par nos faux amis de la pseudo gauche...

      Et à ceux là, de la vraie droite ou de la fausse gauche, nous opposerons la rue, pas ce jeu électoral truqué, où les médias à la botte du capital (du Figaro à Libération sans compter les diverses télés à la botte) font élire le représentant politique (de gauche ou de droite) choisi par l’oligarchie financière...

      Le PS avoue son amour pour le libéralisme qu’il aide en sous-main depuis longtemps... Bon débarras !


    • jaja jaja 21 mai 2008 19:27

      @ Sisyphe : "Allez, tous en rang pour la soupe populaire, et que personne ne bronche : l’ordre nouveau est en marche, pour votre bonheur..."

      Justement ça va broncher. Il faut juste être un peu patient. Mais pour qui écoute ce qui se dit, au travail ou ailleurs, nul doute que la marmite chauffe et que ça finira par péter.

      Souhaitons qu’à ce moment là nous soyons suffisamment organisés et que le plus de gens possibles voient le PS pour ce qu’il est... L’un des deux grands partis du capital dont le rôle est de maintenir dans des limites acceptables pour l’oligarchie capitaliste règnante les justes colères populaires...


  • bernard29 candidat 007 21 mai 2008 17:34

    Tres bonne analyse que je partage. Trés bien de ne pas avoir oublié les dérives monarchiques de nos élus locaux et territoriaux. Notre démocratie est trés malade à tous les étages. Le problème c’est que les français, ont une conception monarchique du pouvoir. 


  • Vieux Sachem 21 mai 2008 17:48

    A mon avis, l’erreur primordiale n’était pas l’inversion du calendrier, en fait conforme à l’esprit de la Constitution de 1958, mais la réduction de 7 à 5 ans du mandat présidentiel, ramenant la durée de celui-ci à celle d’une législature. La Constitution a été complétement vidée de sa substance et De Gaulle a dû se retourner dans sa tombe. Avec Raymond Barre, j’ai d’ailleurs voté contre cette réduction visant "naîvement" à éviter les cohabitations : on a eu finalement bien pire !


  • Marc Bruxman 21 mai 2008 18:41

    C’est surtout une révolution idéologique qu’il faut au PS.

    La politique ne suffit pas.

    L’économie de marché n’est plus en mesure de maintenir un clivage droite-gauche. Partout ailleurs en europe les partis socialistes l’ont accepté et ont accepté l’économie de marché tout en plaçant le clivage droite-gauche sur le terrain social. (politique familiale, législation sur les drogues, justice, etc...).

    La droite française l’a elle bien compris et n’a pas fait campagne sur le libéralisme économique mais sur l’ordre, les valeurs, et tout un tas de trucs du genre. Or, la véritable fracture sociétale se trouve certainement la : Sur l’ordre et les valeurs. C’est une conséquence de l’effondrement du bloc de l’est (pour l’économie) et du vieillissement de la population (pour les valeurs). En saisissant ce changement au vol, l’UMP a su se créer une dynamique de gens qui l’ont suivi. Et le PS a continué à attaquer sur l’économie. Grave erreur stratégique.

    Et si la gauche avait apporté d’autres réponses que Sarkozy à ces problèmes sans pour autant vouloir sombrer dans le socialisme économique, elle aurait certainement été surprise du résultat. Il y a plus d’une personne en France qui en a raz le cul de la politique hygiéniste (pas boire, pas manger, pas fumer, ... et bientot l’abstinence sexuelle ?), et stupidement répressive. Mais qui ne souhaite pas le retour de Marx et de la CGT dans le débat politique.

    La Ségo a aligné son discours sur celui de Sarkozy au niveau des valeurs et poussé un discours économique de gauche "traditionnel". Le résultat était inévitable. Les élécteurs tenté par la vision Sarkozyste des choses ont préféré l’original à la copie. Et l’économie n’a pas vraiment servi de différentiateur.

    Tant que le PS ne bougera pas sa ligne de front avec l’UMP, cette derniére continuera d’engranger des victoires électorales. Ce n’est pas bon du tout pour la démocratie.

    Un bon signe pour notre démocratie, les déclarations de Bertrand Delanoe qui bien que je ne sois pas toujours d’accord avec lui fait plutot un bon maire pour Paris :

    http://tf1.lci.fr/infos/france/politique/0,,3854944,00-delanoe-suis-liberal-droite-est-.html

     


    • sisyphe sisyphe 21 mai 2008 18:49

      Or, la véritable fracture sociétale se trouve certainement la : Sur l’ordre et les valeurs.

       

      Ah bon !

      Sinon, sur le plan social, pas de problème : la main invisible du marché règle tout.

      Presque 3 milliards d’humains dans la misère, sans accès à l’eau, et maintenant à la nourriture, précarisation constante du travail, paupérisation des classes moyennes, aggravation des inégalités, privatisation du vivant, pollution mortelle, 85% des richesses captées par 5% de la population ; pas de problème : juste une question d’ordre et de valeurs....

      Allez, tous en rang pour la soupe populaire, et que personne ne bronche : l’ordre nouveau est en marche, pour votre bonheur...


    • Marc Bruxman 21 mai 2008 19:17

      Presque 3 milliards d’humains dans la misère, sans accès à l’eau, et maintenant à la nourriture,

      On parle de la France ! Le PS n’a pas vocation à régler les problèmes du tiers monde. Et même si il le voulait, il ne pourrait pas le faire.

      précarisation constante du travail, paupérisation des classes moyennes, aggravation des inégalités, privatisation du vivant, pollution mortelle, 85% des richesses captées par 5% de la population ; pas de problème : juste une question d’ordre et de valeurs....

      Une bonne liste de choses qui font peur.

      Mais l’économie de marché si elle est encore refusée par certains dont vous faites partie est globalement accepté par la majorité de la population française. Les gens peuvent réclamer des adaptations ou des modifications mais plus grand monde ne recherche le grand soir contrairement à la situation en 1981.

      Regardez autour de vous en Europe. Tous les partis socialistes ont abandonnés leurs vieilles doctrines. Simplement parce qu’ils ont bien compris qu’ils n’arrivaient plus à se faire élire avec. Peut être que dans 20 ans la lutte contre les inégalités sera au centre des préoccupations des gens. Mais aujourd’hui ce n’est visiblement pas leur problème premier. Suffit de voir pour quoi ils votent.

       


  • jaja jaja 21 mai 2008 19:31

    @ Sisyphe : "Allez, tous en rang pour la soupe populaire, et que personne ne bronche : l’ordre nouveau est en marche, pour votre bonheur..."

    Justement ça va broncher. Il faut juste être un peu patient. Mais pour qui écoute ce qui se dit, au travail ou ailleurs, nul doute que la marmite chauffe et que ça finira par péter.

    Souhaitons qu’à ce moment là nous soyons suffisamment organisés et que le plus de gens possibles voient le PS pour ce qu’il est... L’un des deux grands partis du capital dont le rôle est de maintenir dans des limites acceptables pour l’oligarchie capitaliste règnante les justes colères populaires...


  • Le Hérisson Le Hérisson 21 mai 2008 19:56

    En réponse à XA :

    Mea culpa. En effet, le président de la République est privé du droit de dissoudre pendant un an uniquement quand l’assemblée qu’il veut dissoudre est elle-même issue d’une dissolution.

    Ainsi donc, en théorie, on pourrait admettre :

    - élections législatives en mars 2007

    - élections présidentielles en mai 2007

    - éventualité d’une dissolution succèdant aux présidentielles...

    Oui mais voilà. Il faudrait, d’une part, que le président élu soit différent de l’assemblée nationale élue quelques semaines auparavant, ce qui semble hautement improbable. Ensuite, il faudrait que ce président élu décide d’une dissolution d’une assemblée toute récente, ce qui est des plus risquées car susceptible d’amener une grave crise politique.

    Mais au delà de ces hypothèses d’école, mon article avait pour but de montrer que l’inversion du calendrier était symptomatique d’un régime qui se présidentialise à en devenir monarchique, à un point qui dépasse toutes les autres démocraties. Le calendrier n’est qu’une illustration : nous voyons chaque jour que l’ensemble de la classe politique "ne pense plus qu’à ça", c’est à dire à la nouvelle échéance présidentielle qui se profile et que le rôle et l’élection des députés ne valent plus un pet de nonne.

    Par conséquent, l’un des élements du débat devrait être devons nous continuer à attribuer cette importance disproportionnée au président de la République ou, au contraire, permettre que l’assemblée nationale soit réévaluée, qu’elle puisse disposer d’un véritable controle sur la présidence et, accessoirement, qu’elle soit un peu plus imaginative pour sortir notre société de ses blocages. Ce débat là, les socialistes, s’ils étaient conformes à leur tradition parlementariste, devraient être les premiers à l’instaurer, au moins dans leur formation. Or, ils ne le font pas, courrent comme un seul homme vers l’échéance présidentielle en faisant le bonheur des commentateurs ironiques de tout bord. A. Montebourg était l’un des seuls à vouloir ce débat mais, depuis un an, il est devenu muet sur ces questions...

    Pour répondre à d’autres commentateurs qui indiquent que le problème essentiel vient de l’OMC et du libéralisme, je pense qu’il font une fausse analyse ou, du moins, que leur analyse est quelque peu tronquée. Le problème ne vient pas d’un "trop d’OMC ou de marché" mais d’un "pas assez de politique". C’est à dire que le principe du marché devrait, à mon avis, être admis par tous mais il devrait être encadré par des valeurs et des principes politiques - à l’échelle au moins européenne- qui font actuellement lourdement défaut. Ce n’est pas "contre" le marché qu’il faut lutter, mais c’est pour une valorisation de la politique qu’il faudrait combattre. Quand Jospin a prononcé la phrase célèbre et pourtant affligeante "l’Etat ne peut pas tout", ce qui était le plus choquant, c’est moins l’aveu d’impuissance que le renoncement à ouvrir un nouveau chantier politique pour le XXIème siècle.


    • Le Hérisson Le Hérisson 21 mai 2008 20:51

      A Jaja...

      Euhhh... On peut toujours rêver du Grand soir, mais les exemples en la matière montrent qu’il a souvent fini par une atroce gueule de bois, pour les travailleurs, en particulier.

      Plus sérieusement, F. Braudel montre très bien dans son travail comment la société s’est structurée, en tout temps, par l’évolution de ses marchés, villageois au départ, puis s’aggrandissant et se développant. Le marché se révèle être "aveugle". Quand bien même nous aurions à faire à des capitalistes épris d’humanisme et d’esprit charitable, la mécanique du marché entraîne des inégalités. Mais Braudel montre également que le politique, même s’il a toujours marqué un temps de retard sur l’évolution du marché, a toujours tenté, après coup, maladroitement le plus souvent, de l’encadrer.


  • jaja jaja 21 mai 2008 20:22

    à l’auteur : "C’est à dire que le principe du marché devrait, à mon avis, être admis par tous"

    La bataille à venir n’est pas entre ceux qui acceptent le "principe du marché" et ceux qui le refusent. Il y aura toujours un marché...

    Appelons clairement les choses. La stratégie du brouillard ou du nuage de fumée ne permet pas de voir clair....

    L’affrontement à venir verra les travailleurs s’opposer au capitalisme où une petite minorité exploiteuse et parasitaire s’approprie la plus grande partie des fruits du "marché" engraissés comme ils le sont par ceux qui travaillent et produisent toutes les richesses.

    La répartition égalitaire des richesses entre toutes et tous étant le but à atteindre. Point barre !


    • jaja jaja 21 mai 2008 20:50

      @ l’auteur : "Pour répondre à d’autres commentateurs qui indiquent que le problème essentiel vient de l’OMC et du libéralisme, je pense qu’il font une fausse analyse...."

      L’OMC n’est que l’organisation croupion derrière laquelle se camoufle l’impérialisme américain leader du système capitaliste planétaire (rebaptisé libéralisme par les tenants du capitalisme)...

      Que ce "libéralisme" américain soit celui qui utilise le plus le vieux système protectionniste n’est plus à démontrer... Que ce dernier, lié à l’hégémonie du dollar et aux pratiques iniques du FMI, soit cause de la mort de populations entières non plus...

      Les ""lois du marché" sont un leurre qui ont même obligé ses partisans à inventer une novlangue qui ne trompera pas éternellement la masse des gens.

      Derrière le gentil "libéralisme" se cache en effet l’odieux système capitaliste....


    • sisyphe sisyphe 22 mai 2008 00:18

      par jaja

       
      à l’auteur : "C’est à dire que le principe du marché devrait, à mon avis, être admis par tous"

      La bataille à venir n’est pas entre ceux qui acceptent le "principe du marché" et ceux qui le refusent. Il y aura toujours un marché...

      Appelons clairement les choses. La stratégie du brouillard ou du nuage de fumée ne permet pas de voir clair....

      L’affrontement à venir verra les travailleurs s’opposer au capitalisme où une petite minorité exploiteuse et parasitaire s’approprie la plus grande partie des fruits du "marché" engraissés comme ils le sont par ceux qui travaillent et produisent toutes les richesses.

      La répartition égalitaire des richesses entre toutes et tous étant le but à atteindre. Point barre !

       

      Pas mieux !


  • Mr Mimose Mr Mimose 21 mai 2008 20:39

    Quel temps fait il a vannes Bendj ?


  • tvargentine.com lerma 21 mai 2008 21:59

    En votant pour la diffusion de mon article sur SEGOLENE ROYAL,vous ferez preuve de tolérance et surtout d’information sur AGORAVOX

    C’est bien d’écrire 99% d’articles anti-sarkozy,mais la critique doit être constructive afin d’avoir un ou une candidate socialiste crédible

    Mon article se base uniquement sur des informations justes et posent la question de la crédibilité de Me la Président de Région qui veut devenir Présidente

     


    • Vieux Sachem 22 mai 2008 10:27

      à Lerma

      Pourquoi ne demandez-vous pas à l’AFP de publier votre article sur Ségolène Royal ? L’Agence a été mise au pas par Sarkozy (ou du moins il a essayé). Aurait-il échoué , comme vous ?


  • vivelecentre 21 mai 2008 22:42

    aujourd’hui , un député socialiste dont j’ai oublié le nom ( celui qui est à la tête de la commission Outreau ) , sur Rmc a convenu qu’il avait fait une conn.... en votant l’inversion du calendrier et le quinquennat

    Il a dit regretter d’avoir agis ainsi uniquement pour respecter la consigne de la majorité jospinienne et que l’on ne le reprendrait plus à avoir un comportement godillot

    C’est déjà bien de le reconnaître...

    Ce serait bien que d’autre "apprentis sorcier" le reconnaissent aussi


  • Le Hérisson Le Hérisson 21 mai 2008 22:51

    A lerna :

    Il dit quoi votre article sur Royal ? Il y a un lien ? Je ne pense pas qu’il ait été censuré car moi-même, j’en ai publié quelques uns qui cernait assez bien la personalité de la dame car on la connait bien en Poitou charentes et on connait ses "errements", et ce, à une époque où toute la presse faisait ses louanges...


  • Gilles Gilles 22 mai 2008 07:26

    C’est hallucinant comme certains articles, la plupart de ceux traitant de politique, sont pollués par le même remassis de gros nazes, bêtes et grossiers

    Je ne lis même plus les commentaires tant les trolls sont nombreux à s’invectiver ; Lerma s’est reproduit à la vitesse de la lumière semble t-il.

    Les articles sont de moins en moins bons aussi ; les rédacteurs les plus pertinents ont compris que ça ne servait plus à rien d’écrire pour ce ramassis de dingues qui fait fuire les gens "normaux"

    Donc ciao et continuez a déblatérer stérilement entre vous


  • pas perdus pas perdus 22 mai 2008 09:22

    Je pense hélà qu’on assistera à un combat de chefs, sans débats ni réflexions... 


  • pas perdus pas perdus 22 mai 2008 09:22

    Je pense hélas qu’on assistera à un combat de chefs, sans débats ni réflexions... 


  • chris chris 22 mai 2008 10:36

    Lionel Jospin a certes des défauts et a commis des bourdes politiques qui lui ont coûté sa relégation en troisième position en 2002 (notamment ses positions idéologiques le conduisant à être autiste sur l’insécurité –la seule insécurité est « économique » et à croire naïvement à la théorie du « sens de l’histoire » pour justifier le passage aux 35 heures), ce qui fait qu’il a été remercié pour son incompétence à « coups de pied dans les urnes » selon l’élégante formule consacrée.

     

    Mais soyons honnête, ce n’est pas lui qui est à l’origine du caractère monarchique du régime en France. Ce caractère, c’est précisément De Gaulle qui l’a mis en place en 1958, accru en 1962 avec l’élection du Président au SUD. La constitution de 1958 est intrinsèquement monarchiste dans le sens où l’essentiel des pouvoirs est concentré dans les mains d’un homme, et que par ailleurs le parlement n’est qu’un parlement croupion où l’opposition n’a d’autre but que d’attendre son heure pour les prochaines élections présidentielles, les seules ayant une réelle importance en terme d’enjeu politique.

     

    Mitterrand, comme vous le soulignez a passé son temps a crier au fascisme avant de devenir Président lui-même et, suprême cynisme, à ne rien modifier des institutions dont il était bénéficiaire.

     

    « François Mitterrand, ensuite, incarna avec brio, parfois aussi avec machiavélisme, l’utilisation du parlementarisme ». Je dirais plutôt l’inverse : « Mitterrand incarna ensuite avec machiavélisme, parfois avec brio, l’utilisation du parlementarisme ». Rappelons nous les tripatouillages électoraux pour distiller la proportionnelle et favoriser l’émergence et le développement du FN,  pour seul but d’affaiblir la droite parlementaire.

     

    Par contre, je vous rejoins à 100% sur le constat par rapport aux élus locaux et autres hauts fonctionnaires qui se croient intouchables et sûrs de leur bon droit.

    J’aurais tellement d’exemples que ce serait trop long. Mais globalement, le comportement d’un haut fonctionnaire d’Etat en poste depuis X années, avec toutes les compromissions et arrangements que cela suppose avec les élus locaux, qui continue à mener sa politique quasi-personnelle, comme un baron local, sans compte à rendre à Paris, ou en rendant parfois des comptes mais de façon mensongère, prêt à tout pour maintenir ses positions et continuer à « soutenir » son réseau local, est malheureusement d’une triste réalité...   

     

     

     


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