jeudi 1er février 2007 - par Gérard Dahan

Comment orienter un sondage d’opinion ?

L’effet d’association appliqué aux sondages sur la proposition de François Hollande d’augmenter l’imposition sur les plus hauts revenus.

Les Français sont les 1er ou les 2ème consommateurs au monde en matière de sondage ; en moyenne on publie tous les jours (mais beaucoup plus actuellement) 2 à 3 sondages.

En période électorale, ces publications sont souvent instrumentalisées par les politiques ou les commentateurs et nous n’avons pas toujours le temps ou les compétences de décoder l’information qui nous est délivrée.

Voici un petit exemple très récent illustrant une technique qui, dans la rédaction de questions, permet d’influencer un résultat.

Comment favoriser l’adoption ou le rejet d’une proposition : l’effet d’association.

Très récemment à 3 jours d’intervalle, deux instituts ont réalisé des sondages portant sur la proposition de François Hollande d’augmenter l’imposition pour les revenus les plus élevés.

Les 15 et 16 janvier, BVA pose la question suivante à un échantillon de 1004 personnes  : « François Hollande vient d’indiquer que si le parti socialiste remportait les élections, il augmenterait l’impôt sur le revenu pour « les contribuables qui ont un salaire de plus de 4000 euro net soit 5000 euro brut ». Vous personnellement, êtes-vous tout à fait favorable, plutôt favorable, plutôt opposé ou tout à fait opposé à cette mesure  ? » 2 jours plus tard, le CSA pose la question suivante à un, échantillon de 1003 français . « Etes-vous favorable ou opposé à une augmentation des impôts pour ceux qui gagnent plus de 4000 € net par mois par personne. Seraient concernées les personnes seules gagnant plus de 4000 € net par mois, les couples sans enfant gagnant plus de 8000 € net par mois et les couples avec deux enfants gagnant plus de 12000 € net par mois. Vous y êtes tout à fait favorable, plutôt favorable, plutôt opposé ou tout à fait opposé... ? »

Les questions sont relativement différentes, les échantillons ne sont pas tout à fait les mêmes dans la mesure où BVA a interrogé des Français à partir de 18 ans et le CSA à partir de 15 ans.

Les scores obtenus sont assez nettement différents : 50% d’opinons favorables à l’augmentation d’impôts pour le sondage BVA, 57% pour le sondage CSA. Soit 7% d’écart.

Mais savez-vous ce qui a surtout produit cette différence ? Pour le voir de façon flagrante, il faut s’intéresser aux résultats en fonction de la sympathie politique. Sur les électeurs de Ségolène au 1er tour ou les sympathisants PS, la différence de score n’est pas très importante : 64% d’opinions favorables pour BVA, 68% pour le CSA. Mais quand on s’intéresse aux scores obtenus par les électeurs de Sarkozy ou les sympathisants UMP, les écarts sont énormes : 34% d’opinions favorables pour le sondage BVA, 52% pour le sondage CSA, soit 18 points d’écarts,... Une différence tout à fait anormale...

Qu’est-ce qui a joué ?

On peut le penser, essentiellement la formule introductive dans le sondage BVA : « François Hollande vient d’indiquer que si le parti socialiste remportait les élections ... ». Par cette formule, BVA produit un effet majeur : il attribue la mesure au chef du parti socialiste et il la conditionne à la victoire du candidat socialiste. En conséquence les sympathisants UMP se déclarent opposés à la mesure. Mais ont-ils répondu à la mesure ou ont-ils répondu à une proposition de François Hollande et à la victoire possible du parti socialiste ?

Inversement, dans la formulation du CSA, la mesure n’est pas attribuée. Il est très probable qu’une partie non négligeable des personnes interrogées ne sait pas que la mesure est une proposition de François Hollande. Les personnes se prononcent sans référence à un leader politique et à une hypothèse de victoire du parti socialiste... Ils se positionnent sur la mesure, et les électeurs Sarkozystes se retrouvent favorables à la mesure alors que les sympathisants UMP y étaient farouchement opposés.

Y a t-il intention d’orienter la question ?

Il y a quelques années, un sondeur écrivait qu’il fallait se demander à quelle question, la personne enquêtée avait répondu, Dans la question posée par BVA, à quelle question, les enquêtés ont-ils répondu ? Ont-ils répondu à une question sur une mesure d’augmentation des impôts, sur les hauts revenus ou ont-ils répondu à une question sur une mesure qui serait prise par le parti socialiste en cas de victoire ?

Le principe est le suivant : Si on associe une affirmation à une personne et qu’on vous demande votre opinion sur cette affirmation, votre réaction à cette affirmation va dépendre de votre opinion sur la personne. C’est un effet d’association

Que pensez-vous que serait votre réaction si on vous demandait de vous positionner sur une affirmation prononcée par Goebbels, Hitler ou Pétain et que pensez-vous qu’elle serait s’il s’agissait de Gandhi ou de sœur Emmanuelle ?

Y a t-il eu volontairement orentation de la question ? L’identité du commanditaire est toujours importante pour répondre à cette question. Le Sondage BVA était destiné à une publication dans les Echos et à une diffusion sur BFM ; pas spécialement des médias orientés sur un public de gauche. Le sondage CSA était destiné à France Europe Express / France Info...

Il est difficile de répondre à cette question, et plusieurs éléments ont pu jouer. Il est possible que la question ait été proposée par les journalistes, ... Par ailleurs, étant donné le peu de temps dont les instituts de sondages disposent, la formulation des questions est peu testée et l’hypothèse de la négligence n’est pas non plus impossible. Mon sentiment personnel est que le sondage BVA a cherché à minimiser l’adhésion à la mesure en précisant qu’il s’agissait d’une mesure socialiste.

La réponse des sondeurs sera probablement qu’il ne s’agit pas de la même question et ils auront raison. Mais dans le maëlstrom d’informations dont nous sommes bombardés, avons-nous le temps de faire ces analyses sémantiques ?



18 réactions


  • Zalka (---.---.97.51) 1er février 2007 13:56

    Les chiffres ne mentent pas, mais on leur fait dire ce que l’on veut ! ;)

    Très bon article qui insiste sur un point ignoré par les journalistes : le poid de la formulation des questions.

    Je me rappelle avoir lu quelque part un billet similaire lors de l’affaire des « squatters de cachan ».L’auteur y exposait la différence prévisible de résultat entre les deux sondages suivant : « Trouvez vous normal d’expulser des personnes occupant illégallement un batiment insalubre ? » et « trouvez vous normal que des étrangers en situations régulières et honnêtes salariés soient sur liste d’attente des hlm depuis plus de 10ans ? ».


    • dégueuloir (---.---.196.166) 2 février 2007 23:21

      Domestiquer les masses - Collectif - Editions Agone - ADEN DIFFUSION - 20€

      Fiche :

      Steve Biko disait que l’arme la plus puissante de l’oppresseur est le cerveau de sa victime.

      Ce dernier numéro de la revue Agone nous dévoile les ficelles du pouvoir pour parvenir à faire aimer aux « masses » leur propre servitude. Avec des textes de Serge Halimi, Noam Chomsky etc.

      « Domestiquer les masses » On trouvera un compte rendu et de larges extraits sonores de la présentation de ce numéro par Benoît Eugène et Thierry Discepolo à la librairie L’Atelier le 17 novembre 2005 surhttp://paris.indymedia.org/art... Culture & propagande. « Lille 2004 », capitale européenne de la culture, Bendy Glu

      Exemple particulièrement visible d’une transformation générale qui voit imposer la publicité comme monoculture au service de la gestion des populations, « Lille 2004 » ambitionne la (ré)éducation, « tout au long de la vie », au service de la « société de la connaissance la plus dynamique et la plus compétitive du monde ». L’esthétique pompière, produite par et pour l’entreprise est rigoureusement à l’image de cette idéologie.

      Propagande & contrôle de l’esprit public, Noam Chomsky Toute l’histoire du mouvement syndical nous l’apprend. Et c’est ce que la main-d’œuvre ouvrière de Lowell avait parfaitement compris il y a 150 ans de cela. Il s’agit d’une bataille très importante, car il ne suffit pas simplement d’affronter des gens qui invoquent la « Loi sur le droit-de-travailler » - pour briser les grèves. Il faut aussi se battre contre nos 5 heures quotidiennes de télévision, l’industrie cinématographique, les manuels et le système scolaires ainsi que tout le reste.

      La conspiration. Quand les journalistes (et leurs favoris) falsifient l’analyse critique des médias, Serge Halimi & Arnaud Rindel

      Chomsky a un jour expliqué le sens des attaques dont il est la cible : « Tout commentaire analytique de la structure institutionnelle du pays est une menace si importante pour la classe des “commissaires” qu’ils ne peuvent même pas l’entendre. Donc, si je dis qu’il n’y a pas de conspiration, ce qu’ils entendent c’est qu’il y a une conspiration. Ce système de croyances est très verrouillé. » C’est pourquoi la transformation de toute analyse des structures de l’économie et de l’information en « théorie du complot » s’inscrit dans une logique d’ensemble.

      Quand l’Union européenne s’adresse aux « masses ». La « citoyenneté européenne active » contre la démocratie, Benoît Eugène

      Dans le cadre de la préparation du « futur programme pour la citoyenneté active », une « consultation » sur Internet donne un exemple sidérant de la culture démocratique de la Commission. Les résultats et leur interprétation se passeraient presque de commentaires : « Le grand nombre de réponses (1 057) atteste le degré élevé d’intérêt que manifestent tant les citoyens (313 réponses) que les membres d’institutions ou d’organisations (744 réponses) pour la problématique de la citoyenneté européenne active. » Rappelons que le nombre d’inscrits dans l’Europe des vingt-cinq en vue des élections de juin 2004 s’élevait à 352 703 427 électeurs potentiels.

      Déjà le titre est crétin. Réponse à une enquête sur l’émission de variétés de Rai Uno « Canzonissima », à l’occasion du début de la saison 1972-1973, Pier Paolo Pasolini

      Quand les ouvriers de Turin et de Milan commenceront à lutter aussi pour une réelle démocratisation de cet appareil fasciste qu’est la télé, on pourra réellement commencer à espérer. Mais tant que tous, bourgeois et ouvriers, s’amasseront devant leur téléviseur pour se laisser humilier de cette façon, il ne nous restera que l’impuissance du désespoir.

      Quand les intellectuels s’emparent du fouet.

      Orwell & la défense de l’homme ordinaire, Jean-Jacques Rosat

      La question décisive en politique n’est pas de savoir si l’on dispose de la théorie vraie : comme toutes les théories, les théories politiques sont faillibles et partielles ; et, parce qu’elles sont politiques, elles peuvent facilement devenir des instruments de pouvoir et de domination. La question politique décisive est de savoir comment, dans le monde moderne, chacun, même s’il est un intellectuel, peut rester un homme ordinaire, comment il peut conserver sa capacité de se fier à son expérience et à son jugement, comment il peut préserver son sens du réel et son sens moral.

      Les lieux de loisirs, George Orwell

      Une bonne part de ce que nous appelons « plaisir » n’est rien d’autre qu’un effort pour détruire la conscience. Et le bonheur ne peut résider dans le fait de pouvoir tout à la fois et dans un même lieu se détendre, se reposer, jouer au poker, boire et faire l’amour. L’horreur instinctive que ressent tout individu sensible devant la mécanisation progressive de la vie est une réaction pleinement justifiée. Car l’homme ne reste humain qu’en ménageant dans sa vie une large place à la simplicité, alors que la plupart des inventions modernes tendent à affaiblir sa conscience, à émousser sa curiosité et, de manière générale, à le faire régresser vers l’animalité.

      Le « développement durable » : une pollution mentale au service de l’industrie, Benoît Eugène

      Les grands pollueurs ont tout intérêt à ce que le « développement durable » soit avant tout un problème de responsabilisation du consommateur-citoyen, faisant ainsi de la pollution un problème de manque de civisme et de la consommation une solution : la meilleure façon de protéger la nature, c’est encore de consommer... Et le consommateur n’a plus que l’embarras du choix : entre Leclerc et Carrefour, lequel soutenir de son acte d’achat « écologique » et « éthique » ? Quelle enseigne oligopolistique vouée à la consommation de masse, poussant au productivisme, au dumping social et aux délocalisations, jetant sur les routes un flux exponentiel de camions, est la plus engagée sur la voie du « développement durable » ?

      Les Nations unies colonisées par les lobbies industriels. Quand les mots ne sont plus les choses, Observatoire de l’Europe industrielle

      À l’occasion du Sommet mondial sur le développement durable, à Johannesburg en 2002, le secrétaire général de l’ONU Kofi Annan déclara : « Il y a dix ans, au Sommet de la terre de Rio, le rôle de l’industrie dans le “développement durable” était mal compris. [...] Ce n’est qu’en mobilisant le monde des affaires que nous ferons de vrais progrès. » C’était un nouvel exemple de la profonde osmose des responsables de l’ONU avec l’élite mondiale des affaires. La tradition onusienne de méfiance vis-à-vis des multinationales et son engagement au service des pauvres et des dépossédés avait bien largement fait place à l’idéologie de la mondialisation industrielle.

      LA LEÇON DES CHOSES

      DOSSIER « ERNST JÜNGER OU “LE ROI DU LIFTING”. AUTOUR DU LIVRE DE MICHEL VANOOSTHUYSE, FASCISME & LITTÉRATURE PURE » Phénomène cacochyme, par Klaus Bitterman

      Le charme discret de la propagande, par Isabelle Kalinowski Sur les falaises de marbre : (auto)critique ou (auto)mystification ? par Michel Vanoosthuyse Karl Kraus & nous. La réalité peut-elle dépasser la satire ? par Jacques Bouveresse

      HISTOIRE RADICALE

      La bombe. Réflexions sur le progrès scientifique & la responsabilité individuelle en septembre 1945, par Dwight MacDonald (Présentation par Charles Jacquier)

      Ce que raconte et surtout ce que ne raconte pas l’Histoire générale de l’ultra-gauche de Christophe Bourseiller, par Loren Goldner


  • alberto (---.---.222.42) 1er février 2007 13:58

    Bien interessant votre article, mais est ce que l’identité du demandeur du sondage ne fournirait pas déjà une indication sur le résultat recherché ?

    Mais de toutes façons, prècher le faux pour savoir le vrai, la manipulation de l’information, la fabrication de la rumeur : tout cela est antique comme la politique depuis Athènes, en passant par Vérone et Venise, jusqu’à notre cinquième et enième république...


  • Guilhem (---.---.91.97) 1er février 2007 14:16

    Nous avons un bon exemple avec les pseudo sondages d’Agoravox en ce moment par exemple si vous voulez répondre non soit c’est parce que vous estimez être suffisamment payé soit vous êtes un petit branleur qui préfère avoir du temps libre.

    Ou sont les cas non je souhaiterais déjà qu’on me paye les heures sup que je fait actuellement ou non il faudrait déjà me payer un salaire correspondant à la convention collective de ma société pour le boulot que je fournis et correspondant à ma qualification.

    Du coup g pas répondu smiley


  • (---.---.7.210) 1er février 2007 15:00

    Le fond du probleme est ailleurs.

    Les instituts de sondages se presentent uniquement sous l’angle de la mesure scientifique et rigoureuse des opinions. Ils pretendent etre de simple instruments de mesures alors qu’ils sont des outils de son elaboration.

    L’etologie, les sciences du comportement eclairent differements la restitution des informations collectées. L’humain etant un animal social, l’instinc gregaire nous pousse a nous joindre au troupeau , derriere nos « males dominants ». En montrant ou est le coeur de meute, la position des alphas, on force le positionnements des lambdas, condamnés a se definir comme les autres ou a etre perçus comme des associaux.

    Si le couple Royal dit blanc, la meute PS pensera blanc. Si le nobliau austro-honfrois dit noir, la meute UMP pensera noir.

    Sinon, vous etes des parias, des solitaires, des exclus.

    Les instituts de sondages, qui sont aussi des entreprises, servent ceux qui gèrent les budgets qui les alimenteront. Les « grands partis » controlant a travers les collectivités locales, l’Etat et leur presse 100% de leurs donneurs d’ordres ne peuvent pas les decevoir.

    Depuis 20 ans, tout ce qui n’appartient pas au bipartisme UMP/PS est systematiquement minoré de 30 à 70% dans les sondages alors que les deux siamois sont majorés d’autands.

    Une visite sur les archives presidentielles de ses instituts vous le confirmera aisement.

    Il y a neamoins une limite a ces manipulations : le sondage reel que represente le jour de l’election. Plus on se rapproche du jour J, plus l’ampleur du mensonge demandé se paira cher car il fait courir le risque de son manque de credibilité au sondeur. Les parties concernées etant aussi les juges, il leur suffit de declarer que l’opinion s’est « renversée » dans les derniers jours.

    Ainsi Chirac a 27% en 2002 est a moins de 20% le jour J... Ainsi le OUI devient en fait non en 2005 et on invente un premier improbable renversementd’opinion pour forcer le OUI a triomper... Et quand il apparait que le piege n’a pas pris, on remet les chiffres en place.

    Aujourd’hui, ils nous vendent du Sarko-sego a 30%(5) Et nous annoncent Bayrou/Lepen a 10( 5) Avec les coefficients de mensonges observés dans les elections precedentes, il ne faut pas etre grand clerc pour deviner qu’ils se tiennent tous dans un mouchoir de poche.


  • gem (---.---.117.250) 1er février 2007 15:20

    Merci de rappeller que les « sondages » sont plutôt des méthodes de communications que des éléments d’informations. Mais les exemple me semble bien innocents, par rapport à d’autres manip bien réelles, genre

    « voteriez vous pour M. X si vous saviez que son équipe de campagne est comporte des homosexuels et de pédophiles ? »

    « pensez vous que la mise en cause dans des affaires judiciaires des candidats X et Y à l’investiture du parti P favorise la candidate Z ? »

    etc.


  • Jacques Adam (---.---.17.88) 1er février 2007 17:18

    Vous dites :« Mais dans le maëlstrom d’informations dont nous sommes bombardés, avons-nous le temps de faire ces analyses sémantiques ? »

    Il faut le prendre !! Ce que, pour le coup, vous avez très bien fait !


  • (---.---.34.155) 1er février 2007 18:01

    article qui me surprend par la surprise de son auteur sur la manipulation des sondages. voir PNL entre autre. Autre question : comment définir l’échantillon ? C’est sur que si on sonde à la sortie des usines sur l’ISF les réponses seront différentes. Les sondeurs cherchent les sondés qui vont leur donner les réponses qu’ils attendent. Et voilà la mnipulation est indolore. Mélodie


    • non666 (---.---.246.59) 1er février 2007 18:34

      La composition des « echantillons representatifs » est en effet la clef de voute du systeme et de ses manipulations.

      Si dans un echantillon de population favorable aux thèses securitaires et autoritaires, anti-immigration, vous prenez systematiquement ceux qui sont aussi pro-US, vous pouvez pretendre que le vote FN a regressé grace a Sarkozy. Si au contraire, vous ne selectionnez que ceux qui etaient contre la guerre du golfe, les resultats ne seront pas forcement identique.

      Pour comprendre comment cela fonctionne,je suggere a tous de faire le « Politest » sur internet. Le choix des elements selectionnés dans une echantillon « representatif » n’est jamais neutre.

      D’ailleurs c’est simple, comment pretendre que le sondé X ou Y est representatif de quoique ce soit si l’on ne connait pas a l’avance son positionnement sur certains sujets ?


  • pseudo (---.---.252.153) 1er février 2007 18:53

    Si on veut analyser des resultats de sondages de maniere rigoureuse, autant etre rigoureux jusqu’au bout : la difference entre 50% et 57% n’est pas de 7%, mais de 7 points de pourcentage ou 14% ((57-50)/50x100=14), soit 2 fois plus que l’ecart indique dans l’article. On peut faire dire plein de choses aux chiffres (et aux sondages), ce que tout politicien qui se respecte sait depuis longtemps.


    • mjmb (---.---.11.223) 2 février 2007 10:02

      Bonjour,

      Si l’on veut analyser des resultats de sondages, il faut aussi tenir compte de l’incertitude liée à la taille de l’échantillon et à la méthode employée. A l’étranger, nombre de sondages comparables annoncent des incertitudes de 3% autour de la valeur trouvée, ce qui implique par exemple pour 48% : de 45% à 51%.

      Cordialement.


    • pseudo (---.---.252.153) 2 février 2007 18:53

      Tres bonne precision. Et d’ailleurs, ces sondages a l’etranger (par exemple au Canada ou je vis) mentionnnent aussi une probabilite supplementaire, ce qui peut donner : 51% d’avis favorables, avec une marge d’erreur de 3%, 19 fois sur 20. Je ne sais malheureusement pas comment cette probabilite est calculee, et ce qui se passe pour la 1 fois manquante smiley


  • Christophe (---.---.169.228) 1er février 2007 23:14

    Article très intéressant, qui officialise un peu ce qui se fait en sous-main.

    Je pense que décrire dans chaque sondage les échantillons de population choisis permettrait de mieux comprendre les résultats et de rendre un peu plus de crédibilité. Pour l’instant les sondages sont remis en question à cause du cercle infernal : « machin a fait ça > sondage sur ce que machin à fait > publication > commentaires dans les médias (presse, radio, télé) > interview de machin + question sur autre chose qui fait prendre position machin > et on recommence... » Ca fait vendre, ça donne l’occasion de raconter quelque chose qui intéresse la « masse » (la majorité qui fait alimenter le système en achétant/regardant/écoutant) et ça fait la promotion des personnes concernées. Et tout le monde est content sauf les râleurs qui ne représentent qu’une minorité :)


  • ludo (---.---.43.233) 2 février 2007 09:41

    « La candidate au miroir »

    Alain Duhamel a confié à la revue trimestrielle Commentaire le chapitre inédit consacré à Ségolène Royal (intitulé « La candidate au miroir »...) dans l’édition de poche des Prétendants 2007, qui sortira très prochainement. L’auteur y explique pourquoi il n’avait pas consacré de chapitre à Ségolène Royal dans sa première édition.

    Il y critique ici son choix de démocratie d’opinion, son art de la manœuvre et son populisme...

    extraits : [...] Pour dire les choses comme elles sont, rien dans l’itinéraire de Ségolène Royal au PS ne lui valait un statut de présidentiable et rien dans les fonctions officielles de second rang qu’elle avait occupées au gouvernement ne la prédestinait ni même ne la préparait à une candidature, en tout cas pas le bilan qu’elle y avait laissé. [...]

    Malheureusement, ce faisant, en jouant à fond des ressorts de la démocratie d’opinion, elle a aussi pris le risque de dénaturer et même de dégrader la campagne présidentielle. Elle a libéré des tentations redoutables, elle a légitimé des principes contestables, elle a entrouvert la porte à une sorte de populisme léger. [...]

    Elle ne cherche jamais à éclairer, à précéder, à entraîner mais au contraire à refléter, à exprimer, à réfléchir, à amplifier : elle est en cela la candidate au miroir, celle qui formule tout haut ce que disent tout bas les Français. [...]

    Par-dessus le marché, Ségolène Royal sait manœuvrer. [...] Règle de base de la démocratie d’opinion : elle se veut si près du peuple et de ses vraies difficultés qu’elle laisse aux autres la tâche ingrate de trouver les réponses. [...] Elle veut être à tout prix au centre des projecteurs, sous la lumière nationale, seule devant les autres, Présidente. S’il faut pour cela en passer par la démocratie d’opinion, va pour la démocratie d’opinion. [...] Elle qui a fait ses armes sous le double parrainage de François Mitterrand et de Jacques Delors, deux européens historiques, a repris sans honte en 2006 les arguments des partisans du non au référendum sur les institutions européens, alors même qu’en 2005 elle militait pour le oui. Puisqu’elle veut être le chef des Français, il faut donc qu’elle les suive. Elle a préconisé des jurys de citoyens pour surveiller les élus, vieille revendication typiquement populiste qui creuse la défiance entre électeurs et élus, et entrave la démocratie représentative au bénéfice de la démocratie d’opinion, comme si les Français étaient privés du droit de vote et manquaient d’occasion d’exprimer leurs sentiments par le suffrage universel. [...] Ségolène Royal a choisi librement d’aborder la conquête du pouvoir par la pente la plus démagogique possible pour une candidate responsable. Elle a utilisé toutes les ressources de la starisation, de la « peopolisation ». [...]

    Elle a préféré le médiatique au politique, le marketing au programme, la facilité à l’exigence, la séduction à la pédagogie.

    Source : paslesroyal.com


  • Azrael (---.---.25.226) 2 février 2007 12:44

    En tant qu’ancien de CSA, ma vision est différente : je ne sais pas si BVA a voulu orienter les résultats, mais je suis quasi certain que CSA l’a voulu, lui. CSA est un institut notoirement orienté à gauche. En n’associant pas la mesure à Hollande, il a très certainement tenté (et visiblement réussi) d’influencer positivement l’accueil à la mesure en question.


    • Gérard Dahan Gérard Dahan 2 février 2007 17:09

      Je commence à m’y faire... et n’ayez aucune crainte je ne me suis pas senti visé.


  • le sondagophobe (---.---.126.57) 3 février 2007 00:11

    Vous avez tout à fait raison.

    Les sondages peuvent être biaisés et nous n’avons pas assez de temps pour les décortiquer.

    Qui veut tenir une rubrique régulière pour nous aider à ne pas être aveuglés par la mauvaise foi de certains commanditaires ?


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