lundi 26 août 2019 - par Martin de Wallon

Conflit d’intérêts : L’enquête du parquet national financier visant Alexis Kohler est classée sans suite

Le bras droit d’Emmanuel Macron et secrétaire général de l'Élysée était visé dans une enquête de conflit d'intérêts entre ses anciens postes dans la fonction publique et ses liens familiaux avec l'armateur MSC. L’enquête a été finalement classée sans suite ce mercredi 21 aout.

Des liens de famille : Le nœud du problème

Entre 2010 et 2011, Alexis Kohler est un haut fonctionnaire au sein de l’Agence des participations de l’Etat (APE) et il siège au conseil d’administration de STX, le chantier naval de Saint-Nazaire. L’Etat y possède un tiers du capital et MSC est son client principal, sinon unique. Idem pour le conseil de surveillance du port du Havre où MSC est à nouveau, l’un des principaux utilisateurs.

A l’époque, les liens qui unissent Kohler et MSC semblent méconnus de la Commission de déontologie de la fonction publique. Ceci jusqu’en juin 2012, lorsqu’il devient chef adjoint de cabinet de Pierre Moscovici, ministre de l’Economie et des Finances. Ce dernier au parfum de ces liens familiaux le retirera de tout dossier concernant MSC.

D’août 2014 à 2016, Emmanuel Macron ayant Kohler auprès de lui comme directeur de cabinet lors de son passage à Bercy, fera pareil. Plus tard, l’homme projette sa reconversion dans le privé, nulle part autre que chez MSC.

Cette décision rencontre l’opposition claire de la Commission de déontologie de la fonction publique. La cause évoquée ? Le principe selon lequel il est interdit à tout fonctionnaire d’exercer une activité dans une entreprise dont il aurait eu la tutelle ou la surveillance - quand bien même cela se résumerait à donner un simple avis.

Nominé secrétaire général de l'Élysée, Alexis Kohler annonce qu’il se déportait de toutes les questions en rapport avec MSC. Une déclaration que Martine Orange, écrivaine et journaliste d'investigation, juge douteuse. Sur Médiapart, elle révèle en 2018 le fameux lien de parenté. Sola Hakim, la mère d’Alexis Kohler, serait en fait la cousine germaine de Rafaela Aponte, co-fondateur de MSC.

La journaliste met en lumière et dénonce un conflit d’intérêts majeur : « Lorsqu’il siégeait comme administrateur au conseil de surveillance du port du Havre, Alexis Kohler n’a jamais informé les autres membres du conseil de ses liens familiaux avec MSC et ne s’est jamais déporté quand MSC était concerné ».

L’homme de 42 ans est incriminé quant à son influence sur les décisions concernant MCS mais minimise les accusations. Il explique à l’Express qu’il s’agirait tout simplement d’un : « lointain cousin actionnaire à MSC ». Médiapart loin de lâcher prise, justifie ses allégations, en démontrant que l’entreprise numéro deux mondial du transport maritime, avec 26 milliards d'euros de chiffre d'affaires, est gérée en famille. Le site cite les propos du fondateur Gianluigi Aponte pour preuve :

« Mon fils Diego s'occupe des porte-conteneurs et des terminaux portuaires ; mon gendre Pierfrancesco Vago, des croisières et des ferrys ; ma fille Alexa, des finances ; ma belle-fille Ela, de l'achat et de la vente des cargos, ainsi que des relations avec les banques. Quant à ma femme, Rafaela, elle se charge de la décoration des paquebots, tout en étant au courant de tout ce qui se passe… »

Alexis Kohler aurait-il eu un rôle bien défini ? La question reste posée.

« Classement sans suite »

Le Parquet national financier (PNF) a annoncé, jeudi 22 août, dans un communiqué, que l’enquête préliminaire sur Alexis Kohler ouverte le 4 juin 2018 a été classée sans suite : « Après un an d’enquête, l’analyse des éléments recueillis par la brigade de répression de la délinquance économique (…) ne permet pas de caractériser les infractions initialement suspectées », indique le communiqué, retranscrit dans Le Monde.

Ainsi, après plusieurs plaintes d’Anticor, association de lutte anticorruption, pour « prise illégale d’intérêts », « trafic d’influence », « faux et usage de faux », « omission substantielle de ses intérêts » et « corruption passive », le dossier sera bel et bien clos. Jean-Baptiste Soufron, avocat d’Anticor dénonce auprès de l’AFP, la mauvaise volonté de la justice : « Ce classement sans suite est une décision à laquelle on s’attendait un peu, vu la lenteur de l’enquête et le contexte général de reprise en main de la justice ». Toutefois, il ne s'avoue pas vaincu : « Nous allons nous constituer partie civile afin que la lumière soit enfin faite sur cette affaire », a-t-il poursuivi.

C’est un autre soulagement pour Alexis Kohler. Il avait récemment échappé à son implication dans l'affaire Benalla, cité parmi les trois hauts responsables de la présidence dont les déclarations sous serment au Sénat avaient été transmises à la justice en vue d’éventuelles poursuites.



2 réactions


  • machin 26 août 2019 19:45
    « Conflit d’intérêts : L’enquête du parquet national financier visant Alexis Kohler est classée sans suite »

    Pourquoi donc ne suis-je pas étonné ??

    Bizarre.


  • ETTORE ETTORE 27 août 2019 10:36

    Ben tiens !

    L’odeur du compost entre gens de la même « famille » ça tient chaud et il n’y a que ça de vrai.

    Ce gouvernement et ses sbires à sa solde est ....PITOYABLE.

    Mais le plus grave, c’est qu’il n’a même pas le rouge aux joues devant de telles

    sal........ jetées à la face du peuple.

    Faudra les juger IMPITOYABLEMENT.....ne pas oublier !


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