mardi 1er octobre 2019 - par
Corbyn, M5S : encore une fois, la gauche « radicale » déçoit
Ce mois-ci, la gauche dite radicale était à nouveau sous les feux de l’actualité en Europe. En Italie, avec la rupture avec la Ligue de Salvini, le M5S a choisi de former un gouvernement avec le Parti Démocrate, pourtant honni il y a peu. Outre-Manche, c’est Jérémy Corbyn qui exige un report du Brexit avant de donner la parole au peuple. Deux nouveaux choix qui alourdissent le passif de cette famille.
Le talon d’Achille européen et internationaliste
Ce n’est pas la première fois que la gauche dite radicale déçoit. Syriza et Tsipras avaient porté l’espoir de la majorité du peuple grec de sortir de la tutelle austéritaire mortifère de l’UE. Les Grecs l’avaient propulsé chef du gouvernement début 2015, puis lui avaient donné le mandat pour rompre avec l’UE en rejetant clairement par référendum le nouveau plan d’austérité européen six mois plus tard. Las, quelques jours plus tard, contredisant le vote de ses compatriotes quelques jours auparavant, Tsipras finissait par capituler et accepter les conditions détestables et humaines imposées par les créanciers du pays, parce qu’il refusait de rompre avec l’UE. Il choisissait cette Europe plutôt que son pays…
En France, la situation n’est guère réjouissante. Malgré ses limites, Mélenchon s’était logiquement imposé comme le premier opposant à Macron au début du mandat : l’espace était immense et béant à gauche de LREM. Mais entre le manque de pédagogie sur l’économie, les ambiguités sur l’Europe, les compromissions communautaristes de certains, et un comportement peu engageant, le capital électoral de LFI a été divisé par trois, alors même que le PS ne s’est pas relevé, que Macron a beaucoup déçu et que l’ex-FN n’a guère changé depuis la débacle du débat du second tour. Bref, alors même que les citoyens veulent plus de social et de redistribution, LFI s’est démonétisé depuis la présidentielle.
Les nouveaux cas italien et britannique sont édifiants. En Italie, le choix du M5S de faire alliance avec la Ligue sur un programme plus social et en partie en rupture avec l’UE indiquait une volonté de faire passer les intérêts du pays avant les considérations européennes. Déjà, dans le bras de fer sur le déficit, le M5S avait fait preuve d’une grande mollesse à l’égard de Bruxelles, acceptant de revoir une copie pourtant plus rigoureuse que celle rendue par Macron… Au lieu de reculer, di Maio aurait du aller plus loin... Et là, pour éviter une élection, le M5S s’est allié avec le très européiste PD sur une ligne d’apaisement avec l’UE. Espérons que la sanction électorale finale sera particulièrement forte.
La situation britannique est particulièrement ubuesque avec un Labour, qui demandait des élections il y a encore quelques semaines, mais qui refuse celles proposées par Boris Johnson, y mettant comme condition le report du Brexit ! Pourtant, des élections mi-octobre aurait permis de donner au peuple britannique le choix de reporter, ou non, le Brexit. Une majorité pour Boris Johnson, et le Brexit avait lieu le 31 octobre, à des conditions pouvant être ajusté lors du dernier sommet européen. Corbyn pouvait faire campagne pour le report et le demander s’il était gagnant. Mais les mauvais sondages, qui en disent long sur le vrai sentiment des britanniques, l’ont poussé à prendre cette position incohérente.
Il est assez vertigineux de constater les compromissions de la gauche dite radicale au nom de cette UE, pourtant ultra-libérale. L’internationalisme semble être une religion tellement puissante qu’elle passe avant l’agenda social ! D’ailleurs, le même phénomène est à l’œuvre avec Thomas Piketty, qui, s’il se radicalise économiquement, refuse de voir que dans l’UE, son agenda n’a aucune chance…