vendredi 21 novembre 2008 - par Tristan Valmour

De l’évaluation à la domination (I) - Darcos m’a tuer

Voici ce qu’écrirait l’Education Nationale à la lecture du discours du 14 novembre 2008 de son ministre. Celui-ci entend en effet piloter son ministère à l’aune des évaluations internationales, or, la lecture de milliers de pages de rapports officiels, notes et ouvrages, produits par des dizaines d’experts internationaux montrent que ces évaluations sont très réductrices. Si elles demeurent une source d’information intéressante, elles ne prouvent aucunement qu’un système est meilleur qu’un autre en raison des multiples biais (culturels, statistiques, méthodologiques) qui ont été découverts, et jamais relatés dans la presse, avide uniquement de palmarès. On ne peut comparer que ce qui est comparable, or il n’y a rien de tel pour PISA. Pire, les circonstances indéfinies dans lesquelles PISA est né laissent penser qu’il existerait au sein de l’OCDE un réseau qui vise à détruire l’Etat-Nation, les spécificités culturelles et les systèmes éducatifs de chaque pays pour imposer un modèle éducatif et culturel unique, doublé d’un projet commercial.

Les mauvais résultats à PISA, c’est la faute aux immigrés.

Aux résultats PISA, les Länder de l’Est font mieux que l’ouest ; en Belgique, c’est la communauté Flamande qui se distingue nettement. Or, dans chacun de ces cas, on trouve un facteur commun : l’immigration. En effet, en Saxe, il y a 4% d’élèves immigrés contre 25% à Hambourg. En Belgique francophone, il sont 18.3 % contre 6.8% en Belgique flamande. A titre indicatif, il y a en France, pays de forte immigration, 14.3% d’élèves d’origine immigrée, c’est-à-dire dont les parents sont tous deux nés à l’Etranger. Le facteur explicatif est trouvé : le mauvais classement est la faute aux immigrés. Les choses sont-elles aussi simples ? Non. Je viens de faire une manipulation statistique et linguistique. Les données sont vraies, mais elles ne permettent pas d’établir un lien de cause à effet, juste une corrélation. En plus, j’ai implémenté « pays de forte immigration » qui est un jugement - on appelle cela une modalité évaluative -, non un fait, mais le lecteur l’acceptera pour vraie dans son inconscient puisqu’il sera focalisé sur les nombres. La manipulation statistique s’en trouve ainsi renforcée. Les causalités ne peuvent être tirées que de l’étude de ces données – et non des données elles-mêmes -, de leur croisement avec d’autres indicateurs. Les corrélations ne présument donc nullement la causalité. Ainsi, selon Nicolas Gauvrit, (maître de conférences en mathématiques pures et docteur en sciences cognitives), a-t-on pu établir dans une école primaire que plus les enfants avaient de grands pieds, moins ils faisaient de fautes d’orthographe. Le cours particuliers est dépassé, l’avenir est aux podologues ! Ne rions pas : le service marketing des grands groupes industriels abusent de cet artifice pour manipuler le destinataire et le conduire à croire, par exemple, que le vin rouge est bon pour la santé. Les statistiques ne sont jamais présentées par des statisticiens. Elles sont toujours l’objet d’interprétations et de manipulations. Ainsi, les statisticiens présentent des études travaillées par des rédacteurs qui rédigent un rapport. Lorsque celui-ci déplaît à certains lobbies, les rapports sont de nouveau rédigés. Les journalistes reprennent ensuite le rapport retouché, et le public est manipulé.

 

Qui se cache derrière le consortium PISA ? 

PISA donne une impression de transparence, de pluralité et d’universalité. Or, du début à la fin du processus élaboration-correction-analyse d’items, il y a le consortium PISA et son maître d’œuvre. Qui sont-ils ? 

Créée en 1930, l’ACER (le maître d’œuvre) est une association australienne qui vend des évaluations, ainsi que des produits et services en matière d’éducation. NIER est un institut japonais qui s’occupe de politique éducative. ETS (Educational Testing Service) est une association américaine qui vend des produits et des services dans le domaine de l’enseignement. Deux de ses produits sont bien connus des français : le TOEFL et le TOEIC. CITO, créée par le gouvernement néerlandais en 1968, est devenue une société privée en 1999. Enfin, Westat Incorporated est une entreprise américaine (employee ownership) omniprésente dans les évaluations : PIRLS, TIMMS, NAEP, etc. 

Notons que toutes ces organisations sont d’inspiration anglo-saxonne. De même, les experts scientifiques de PISA sont anglo-saxons à l’écrasante majorité. Nathalie Mons représentera pour la première fois la France lors de PISA 2009. Ce qu’il faut retenir à ce stade, c’est qu’une culture se définit aussi par son système éducatif.


Les circonstances troubles de l’attribution du marché de l’évaluation internationale PISA 

PISA prétend que le marché de l’évaluation internationale a été attribué selon un appel d’offre transparent, pourtant la réalité est autrement plus confuse comme on peut le lire dans l’excellent rapport Vrignaud/ Bottani, rédigé en 2005 à la demande du Haut Conseil de l’évaluation de l’école aujourd’hui dissout au profit du HCE. Rappelons également que si le Haut Conseil de l’évaluation de l’école était composé de plusieurs dizaines de personnes issues d’horizons différents, le HCE est composé de 9 personnes, dont Michel Pèbereau, un ancien président de BNP Paribas, membre du conseil exécutif du MEDEF, du comité consultatif de la Fed, et de divers autres comités. Précisons que sur le site du HCE, il est indiqué que monsieur Pèbereau a piloté la privatisation de la BNP Paribas. A qui ce message superfétatoire est-il destiné ?

 Pierre Vrignaud est un français, maître de conférences extrêmement réputé. Norberto Bottani est un Suisse, ancien administrateur principal au CERI-OCDE. Il est aujourd’hui consultant indépendant. Norberto est l’un de ceux qui connaissent le mieux le fonctionnement des évaluations internationales.

 Dans le rapport, les auteurs révèlent que lors de l’élaboration du programme PISA en 1997, un projet européen conduit par la France n’a pas été retenu. On comprendra avec l’extrait suivant :

 « Ces institutions n’ont pas été choisies au hasard ; elles ont été repérées en fonction d’une stratégie concoctée par l’OCDE, mais qui est délicate à expliciter faute d’informations suffisantes. Nous n’avons pas d’éléments qui nous permettent de connaître les critères adoptés pour déterminer le cercle des candidats potentiels et de savoir si des consultations au préalable ont été menées, si des indications ont été adressées à l’OCDE ou si l’OCDE avait elle-même pris des contacts pour délimiter le cercle des candidats potentiels à la réalisation du programme PISA. Pour conclure cette partie dédiée à la description de l’organisation du programme PISA, une remarque s’impose : la mise en oeuvre de cette opération a été effectuée avec une rapidité extraordinaire. Tout a été mis sur pied en sept mois, entre juin 97 et janvier 98, y compris la préparation de l’appel d’offre, son lancement, l’évaluation des soumissions, le choix du maître d’ouvrage, la sélection des experts. Si l’on considère la taille du projet, on ne peut que rester étonnés face à la vitesse avec laquelle l’opération a été menée. On peut supposer que cela a été possible car des travaux préparatoires ont été accomplis ailleurs, en dehors du processus officiel décrit et présenté dans les documents OCDE. Le réseau A du projet INES était entré en matière depuis longtemps, mais ce n’est pas au sein du réseau A que les détails de la machine organisatrice ont été mis au point. Par ailleurs, le délai d’un mois laissé pour constituer un consortium international en mesure de soumettre une proposition pour conduire une étude est particulièrement court et à cet égard on peut émettre l’hypothèse que le consortium européen, piloté par l’Université de Bourgogne, n’a pas eu le temps suffisant pour élaborer la proposition ou n’a pas eu les informations ou les indications appropriées pour entamer une réflexion au préalable lui permettant d’être prêt avec une proposition élaborée et avec des sous-traitants identifiés au moment opportun, ou que la nature du consortium et les modalités de sa composition n’étaient pas compatibles avec la procédure et les temps imposés par l’OCDE qui supposaient comme interlocuteurs des pôles de recherche structurés autrement ou déjà existants. On peut ainsi se demander si au-delà de la relative transparence du processus, l’opération qui a mobilisé une partie importante d’anciens collaborateurs de l’IEA n’ait pas été conçue et élaborée dans d’autres instances que celles officiellement reconnues. C’est un problème important de gestion de la recherche internationale qui mériterait d’être exploré ultérieurement. »

PISA prétend que le choix des items est transparent et impartial, mais Pierre Vrignaud s’interroge : 

«  Pourquoi ces mêmes items ont-ils été présentés tard un dimanche soir au moment où tout le monde reprenait son avion ?  »

 

Qu’est-ce qu’une compétence ? 

PISA ne mesure pas les connaissances, mais les compétences. Les élèves ne sont donc pas évalués sur le programme scolaire, sur ce qu’ils ont acquis à l’école, mais sur les compétences nécessaires pour vivre et réussir dans le monde moderne. Naturellement il y a un lien entre compétences et connaissances, et il est vrai que l’on retrouve dans PISA une partie du programme. Mais une petite partie seulement.

 PISA est un test psychométrique. La psychométrie est de la psychologie différentielle, c’est-à-dire qu’elle s’attache à chercher les différences. La psychométrie fournit moins une évaluation qu’une mesure. Il y a plusieurs formes d’évaluation.

PISA prétend comparer et évaluer des compétences et s’abrite derrière l’élimination des biais culturels, c’est-à-dire, pour schématiser, tout ce qui peut avantager les élèves d’un pays. Or, quand on élimine ce qui fait la spécificité des pays, on ne les compare plus que sur la base du plus petit dénominateur commun. Et c’est ce dénominateur que l’on offre comme modèle de vie et de réussite dans le monde moderne, en occultant tout le reste. Sous-entendu : monde uniforme. 

En psychométrie, on mesure un construit. Ce construit doit être rigoureusement défini pour que le test soit valable. Or qu’est-ce qu’une compétence nécessaire pour vivre dans le monde moderne ? Faut-il déployer les mêmes compétences d’un pays à l’autre ? Ces compétences sont-elles définies à l’âge de 15 ans, celui des élèves évalués ? Autant de questions qui ont été soulevées par des centaines d’experts en sciences de l’éducation, psychologie cognitive, etc. Personne n’a été capable de donner la réponse. 

Et surtout, qu’est-ce qu’une compétence ? Le personnel de PISA/OCDE et les gouvernements disposent-t-ils de la compétence à définir la compétence ?

A vrai dire, une tentative a été faite par l’OCDE entre 1997 et 2001 : le programme DESECO. Une équipe pluridisciplinaire mais réduite a été réunie. Elle était composée de Canto-Sperber et Dupuy (deux philosophes), de Goody (ethnologue), d’ Haste (psychologue), de Levy & Murnane (économistes), enfin de Perrenoud (sciences de l’éducation). Or, de l’avis général, leurs conclusions n’ont pas été retenues. La notion de compétence n’a pas été définie par des scientifiques pour une évaluation qui se veut scientifique ! Personne ne sait qui l’a définie.

Une évaluation internationale financée par les contribuables et confiée à des organismes exclusivement d’inspiration anglo-saxonne (avec leur culture statistique et idéologique) dans des conditions mystérieuses mériterait qu’un ministre de l’Education Nationale s’interroge et interroge. Parce que baser sa politique – dont je reconnais par ailleurs qu’elle comporte de nombreux points positifs – dans ces conditions n’est pas digne de cette responsabilité. 

Dans les prochains billets, on verra que la fin de l’Etat-Nation a été programmée par des forces internationales, que les biais statistiques, méthodologiques et culturels invalident l’exploitation politique qui a été faite de PISA. On verra également que par le biais de l’éducation, on impose aux citoyens sans leur consentement un modèle unique de société, que ce modèle passe par le discrédit porté aux systèmes éducatifs qui n’ont pas eu l’heur d’un bon classement et que ce classement a peut-être été fait pour cela. On verra également que c’est un nouveau paradigme qui se dessine. De même, on verra enfin que le modèle finnois si admiré en raison de son classement PISA est critiqué par les plus hautes autorités de l’enseignement supérieur en Finlande. On verra enfin comment la France s’apprête à perdre, et comment l’évaluation internationale est un enjeu commercial à l’échelle planétaire, parce que derrière le marché de l’évaluation, il y a le marché de l’éducation. 

Evaluer, c’est dominer !



14 réactions


  • Bourricot Bourricot 21 novembre 2008 10:31

    Bon article !

    Trvaillant en collaboration avec les enseignants, je vois tous les jours la fatigue et la la lassitude grandissante des professeurs. Ne serait-ce pas normal de se préocuper d’abord d’eux et des enfants plutôt que de plamrès internationaux ? Palmarès qui ne signifient rien ...
    USA, première puissance mondiale mais pays avec les plus grandes inégalités sociales...
    Du coup, si un pays est "élu" mailleur système éducatif, rien ne dit que dans ce système il y ait de grandes carences. Quels seront les critères ?

    Boubou


  • Gilles Gilles 21 novembre 2008 10:44

    Je suis allé voir les résultats du Pisa pour les sciences..mon domaine

    Bon, la France est dans la moyenne, et bizarrement au même niveau que les pays scandinaves. Rien de dramatique, non ?

    Par contre, et je trouve ca cohérent de part mon éxpérience, les français sont selon PISA mauvais pour expliquer un phénomène scientifique et trés bon pour utiliser les preuves scientifiques. ça rejoint exactement mon opinion et mon éxpérience

    En effet, en France on passe un temps fout sur l’abstrait, la théorie, les chiffres, les équations, graphiques sans trop enseigner la réalité concrête des phénomènes, peut de TP, ce qui explique notre désarroi devant la pratique

    Les étudiants anglais en physique que j’ai connu à paris XI avaient un bien meilleurs sens pratique, mais étaient incapables de comprendre des équations complexes et de tenir des raisonnement mathématiques rigoureux. En France ils se trainaient avec 5 de moyenne en physique mais dans une salle de TP arrivaient à tout brancher, tout expérimenter

    Au Canada où j’ai étudié, là par contre les étudiants étaient forts en tout....... mais ils sont ultra sélectionnés aussi et avaient 22 ans

    Même si ce PISA est contestable de part l’utilisation des stats par les politiques, ils donnent tout de même des indicateurs intéressants pour orienter les politiques d’éducation


  • Gilles Gilles 21 novembre 2008 10:53

    En ce qui concerne les biais culturels

    • Le système éducatif US pour les jeunes (primaire), par exemple, s’efforce avant tout à intégrer les élèves aux valeurs de l’Amérique. Cela viendrait de l’origine extrêmement diverses des américains : la cohésion du pays était une priorité éducative plus que l’a connaissance.
    •  
    • Le système finlandais, j’avais vu un reportage la dessus trés édifiant, a pour priorité d’uniformiser les élèves et à les faire rentrer dans un moule : tous pareils ! ce système reçoit à la fois des éloges exaltées mais aussi des critiques extrêmement vives en Finlande
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    • Le système français respecte la différence et s’efforce plus de développer la vision critique et la somme des connaissances (héritage de notre huistoire mouvementé ?)

    C’est en gros..... mais on comprend bien qu’à 15 ans les élèves n’auront pas développés les mêmes "compétences" car chaque pays, chaque culture a ses priorités

    Il serait plus pertinent de mesurer tout ça au sortir du système éducatif et le simplications sur le développement économique et humain du pays

    Car comment se fait-il que des pays à l’IDH le plus élevé soient dans le milieu de tableau ?

  • tiptop 21 novembre 2008 13:06
    Excellent article... Voici ce que j’écrivais il y a peu sur PISA et son instrumentalisation par le ministre.
     
    « Les connaissances et capacités s’acquièrent par l’entraînement » Cette phrase sentencieuse répétée à longueur de programme est un non sens pédagogique dénoncé par tous les professionnels. L’entraînement n’est qu’une étape dans le processus d’apprentissage. Le comble est que les petits français, si on en croit les résultats PISA, sont plutôt performants pour résoudre des exercices mécaniques. En revanche ils manquent d’imagination, d’initiative face à la résolution de problèmes.
     
    C’est dire si on fait fausse route avec des programmes plus lourds (introduction de l’histoire de l’art, réduction de 108 heures) et centrés sur l’accumulation mécanique de savoirs. Ils sont, contrairement à la propagande officielle, moins ambitieux et décentrés par rapport au fondamentaux. (je suis d’accord sur ce point avec Luc Ferry et Jack Lang). Ils induisent une pédagogie purement transmissive qui ne répond en rien à la difficulté scolaire. Si ce catalogue indigeste est réellement appliqués (rassurez vous les enseignants font encore preuve de bon sens !), la liberté pédagogique est un leurre. Mais alors que faire de programmes inapplicables ?
     
    Mais la véritable escroquerie est plutôt dans l’interprétation des données PISA par le ministre. Il prétend que les résultats désastreux de la France en matière d’éducation justifie l’abandon des programmes de 2002. Tout d’abord la France se situe dans la moyenne des pays de l’OCDE. Ce n’est certes pas glorieux mais ce n’est pas non plus la Berezina annoncée. De plus cette évaluation internationale se fait par tranche d’âge (15 ans) donc il faudrait attendre au moins 2012 pour commencer à avoir du recul sur les programmes 2002.
     
    Précisons que ces derniers faisaient l’objet d’un large consensus au sein de la communauté éducative. Les nouveaux programmes nous ont été présentés en mai 2008 lors d’une « consultation » grotesque (« Trouvez vous les programmes lisibles ? »). Les éditeurs, eux, n’ont pas attendu et nous avaient déjà proposé des manuels révisés 2008 ! Devant la gronde généralisée, le ministre en a retiré les aspects les plus grotesques. Mais l’esprit a été conservé.

  • Emohtaryp lululu 21 novembre 2008 14:02

    Darcon est un cos......il s’est fait gerber à Perigueux comme un malpropre smiley


  • Blé 21 novembre 2008 16:46

    La classe dominante d’un pays a toujours imposé sa culture au reste de la population. Quand l’économie avait besoin de bras, seul les enfants des classes aisées étaient doués pour les études.

    Pisa internationalise ce processus. Les élites au niveau mondial qui nous gouvernent n’ont pas besoin d’individus émancipés mais de matière grise bien conditionné. Pour les autres , des emplois de services ou de gros oeuvres donc pas besoin de dépenser de l’argent, il suffit qu’ils sachent lire quelques lignes (surtout les écrits de la vie quotidienne) ils n’auront pas le temps de lire les mémoires de Charles de Gaulle ou les oeuvres de V. Hugo.

    Après la guerre, la démocratisation scolaire a révélé que l’intelligence d’un individu ne se nichait pas que dans les gènes car il fallait des ingénieurs, des profs et autres cadres pour le développement industriel. Les enfants d’ouvriers, d’agriculteurs et simples employés ont bénéficié de l’échelle sociale sans passé par la case Pisa.



  • Popo 21 novembre 2008 20:36

    Vous avez été lycéen, étudiant en France ?
    En France, l’éducation nationale, s’est bornée à faire ingurgiter (gaver ?) les élèves des sommes de connaissances inutiles et inexploitables dans le monde du travail. Il faut le dire, c’est vrai, notre système éducatif est déconnecté du monde du travail et ce n’est pas se dernier qui s’adaptera au système éducatif. C’est au système éducatif à suivre l’évolution de la France, du monde !!
    Que dire d’un système qui accueille des milliers (voire dizaines de milliers) d’étudiants dans des filières sans avenir où les emplois se comptent en dizaines au bout de 6 à 7 ans d’études ?
    Que dire d’un système où nos enfants savent bredouiller deux mots d’anglais au mieux, quand le monde bouge autour et que deux langues étrangères sont maintenant impératives ?
    Que dire d’un système où l’on favorise la théorie, en omettant totalement la pratique ?
    Une licence de mathématique en soi ne mène nulle part, 3 ans de psycho ne mènent nulle part, 3 ans d’archéologie ne mènent nulle part, il faut le dire aux étudiants !!!!

    Il faut savoir se remettre en question quand le système est MAUVAIS.


    • armand armand 22 novembre 2008 01:05

      Et surtout faire ingurgiter aux élèves les sains principes financiers de la mondialisation qui ont produit les effets magnifiques que l’on sait ! N’est-ce pas ?

      L’éducation a surtout pour but de transmettre un héritage, une identité, une (des) culture(s), une capacité de raisonner et de comprendre - et pas des modes d’emploi qui deviennent obsolètes à peine ils sont conceptualisés.

      Dans ce sens, un peu plus de Victor Hugo ne ferait pas de mal...


    • Popo 22 novembre 2008 10:58

      Non c’est là où vous vous trompez : l’école c’est transmettre des valeurs, mais c’est avant et surtout orienter, préparer et apprendre un métier. Le logarithme népérien c’est formidable mais dans la vie de tous les jours chez soi, en société, au travail, pour celui qui n’est pas prof de math ou ingénieur, quel est le but ?

      Vous dites plus de Victor Hugo...Oui, là aussi, c’est sympathique comme idée, mais le gamin qui veut faire de la menuiserie, ça ne risque pas de lui servir des masses. Pendant des années on a reporté sur l’école une tache culturelle pour ainsi dire. Qu’elle participe, qu’elle initie un désir de découvrir telle ou telle chose, oui. Après libre à chacun d’ouvrir le livre chez soi. C’est aux parents aussi de faire cela. Analyser la structure du récit dans Notre-Dame de Paris en classe de 3ème, désolé, mais c’est inutile, et déjà quelques mois plus tard , il n’en reste rien...
      A titre d’exemple, le nombre de postes d’enseignants-chercheurs en littérature comparée en France par an est inférieurs à 10, 100 pour toute l’europe. Et nous, bons français nous orientons des milliers d’élèves chaque année dans ce genre de filière....

      Au passage aucun rapport avec cette histoire de principes financiers...Là aussi le lien c’est quoi ?
      Enfin, transmission du savoir et acquisition de savoir-faire ne sont pas incompatibles. J’ai juste l’impression que cela ébranle la bonne base gauche de l’EN de voir qu’un ministre tente enfin d’apporter une vision différente de celle de nos ancêtres....(ce qui ne veut pas dire que sa vision des choses est exacte, mais le pas dans la bonne direction est amorcé).


  • Bernard Dugué Bernard Dugué 21 novembre 2008 21:07

    Salut Tristan,

    Excellente recension de processus bien étranges dévoilant des forces en oeuvres qui se masquent et qui si ça se trouve, n’ont même pas de commandement. J’y vois la ruse de la technique, la logique des dominations, l’horizon de l’efficacité et du rendement. Je ne pense pas que ce système va l’emporter. L’homme va s’éveiller et envoyer dans le décor tout ce système qui en fait, participe au devenir secte du monde des humains. La secte qui ne voit que le pragmatisme. Mais pour l’instant, c’est le système qui gagne la partie. Nous verrons dans dix ans.


    • armand armand 22 novembre 2008 01:07

      Alors les enseignans "ne mériteraient pas" les affreux syndicats chahuteurs qu’ils ont ? Je dirais plutôt qu’ils ne méritent pas le duo de charlot/charlotte Darcos/Pécresse qu’ils se sont fait imposer comme ministres de tutelle...


    • eric 24 novembre 2008 09:49

      A Armand

      Il me semble que votre commentaire résume un peu les difficultés de l’ EN avec la nation.

      Les enseignants sont en principe des fonctionnaires. En principe ils sont au sein de l’Etat, au service du pays, sous la direction du pouvoir politique.
      ,
      Les professeurs ne se sont pas vu "imposer un MInistre de tutelle". Le pays a choisi un gouvernement pour mettre en oeuvre une politique. Ils ne sont pas un cprs extèrieur chargé d’éduquer la nation. Ils sont un crps de professionnel au service des usagers et des citoyens.
       
      Il est implicite dans votre commentaire, mais plus largement dans les positions syndicales, que les enseignants savent mieux que personne ce qu’ils ont a faire et n’ont donc de compte à rendre à personne.

      La première affirmation est peut être vrai, chacun est libre d’avoir son opinion à ce sujet. La seconde est anti démocratique ou a tous le moins "technocratique", "je sais donc je décide".

      Qui plus est, ce sentiment de l’usager que l’école est faite pour les enseignants plus que pour les parents ou élèves, est régulièrement renforcé par des positions complètement shyzophréniques des principaux syndicats.

      Ils sont pour les 35 heures pour les adultes, mais ne tolèreraient pas que des enfants du second cycle aient une heure de cours ou de devoir à la maison de moins.

      Ils sont pour la démocratie dans l’entreprise, chacun doit pouvoir donner son avis sur les principales décisions de gestion, mais pas dans l’école, (on ne donne pas de conseil à son garagiste, les parents ne sont pas compétents en pédagogie).

      Ils sont pour la parité dans le privé, mais l’éducation nationale recherche sont les administrations qui nomment le moins de femme à des postes de direction à grade équivalent.

      Ils sont pour la non discrimination à l’embauche des étrangers dans le privé, mais essayez de faire admettre des étangers comme enseignants sur équivalence.

      Ils sont pour le respect de la carte scolaire pour les enfants des autres au nom de la mixité sociale, mais 50% des enseignants de la région parisienne n’ont pas leurs enfants dans leur établissement.

      Ils sont contre la "reproduction" sociale, mais 50% des polytechniciens sont enfants d’enseignants.

      Ils sont contre le port des croix et voiles à l’école, mais ils font dessinner des mandala à nos gosses.

      Ils sont pour le respect des différences, mais cherchent des poux dansla tête à des maman musulmanes qui viennent voilées chercher leur gosse.

      Enfin et peut être surtout, ils emboitent les pas servilement et avec retard, plus que toute autre catégories de notre population, aux modes anglo saxonnes, vêtements "casual", écologie, émancipations "sociétales" diverses et variées. Pshycho, pshycha, politiclly correct etc... tout en faisant mine d’avoir une sainte horreur de tous ce qui est anglo saxon, notamment cette manie d’avaluer, de demander des comptes, notamment en matière de dépense publique.


      Il existent de nombreuses raisons objectives à tous cela, mais il faut comprendre que cela finit par provoquer chez les usagers financeurs un certain manque de prise au sèrieux de la profession.





  • jak2pad 23 novembre 2008 00:56

    à popo : bravo

    notre système d’enseignement est à bout de souffle, et ne subsiste que grâce à l’absence totale d’alternative, qui est torpillée immédiatement par la corporation enseignante, sclérosée et opposée à toute évolution

    nos enseignants, formés depuis des années dans ces IUFM désolants, sont devenus des fossiles vivants


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