lundi 9 septembre - par Michel DROUET

DECENTRALISATION « Il faut que tout change pour que rien ne change… »

Dans le tourbillon médiatique de ces derniers mois, un dossier essentiel pour notre démocratie est passé inaperçu, celui des collectivités territoriales, là où tout se passe au quotidien, où toutes les difficultés sont directement ressenties, celles qui façonnent dans le secret des isoloirs les opinions contrastées qui ont misle pays à l’arrêt.

Un député a été missionné pour « réfléchir à la simplification de l’organisation territoriale en vue de réduire le nombre de strates décentralisées ».

Suite à une observation de la Cour des Comptes pointant l’augmentation des dépenses du bloc communal et dénonçant « une répartition des tâches encore trop confuse et pas toujours performante », le Ministre des comptes publics a commandé, de son côté, à M. Boris Ravignon, Maire de Charleville-Mézières et Président d’Ardennes Métropole une évaluation du coût de l’enchevêtrement du Mille-feuille territorial.

Ces deux rapports ont été publiés courant mai. L’impression première qui se dégage à leur lecture, est que l’on a volontairement cherché, par des arguments d’autorité, ou en compilant des mesures dont l’efficacité est loin d’être prouvée, à conserver le système d’empilement actuel.

Aucun regard critique sur le coût des pratiques passées et actuelles de gestion des collectivités par des exécutifs élus, dont la remise en cause serait d’ores et déjà une source d’économies très importante. Pas d’évaluation non plus sur la pertinence de certaines compétences confiées aux collectivités, dont il serait plus cohérent qu’elles retournent à l’Etat aujourd’hui.

Encore moins de propositions concernant la suppression d’une strate, ce qui nous privera de substantielles économies auxquelles s’ajouteraient celles liées aux surcoûts dû à l’enchevêtrement des compétences ou aux normes applicables aux collectivités restantes.

Les préconisations de ces rapports répondront aux attentes des élus et des partis politiques, satisfaits que l’on préserve, in fine, leur pré-carré (leurs mandats). Il est à craindre, qu’au lieu d’alléger le système, elles le rendent encore plus complexe et coûteux et surtout encore moins lisible par le citoyen, étrangement absent du débat.

Il est probable que la médication proposée, en cas de prescription, risquerait de tuer le patient (la décentralisation) pour aller vers un concept hybride, la « déconcentralisation  » qui n’est rien d’autre que le retour de la tutelle.

Les difficultés financières de l’Etat sont un véritable sujet nécessitant la prise de mesures fortes, adaptées à la situation. A l’heure où le gouvernement, certains partis politiques et les milieux économiques cherchent à remettre en cause le modèle social du pays, jugé trop coûteux, il serait tout de même curieux que certains s’exonèrent par avance de toute participation à l’effort demandé et laissent prospérer, sans le remettre en cause, un système décentralisé, basé essentiellement sur les « avantages acquis » d’une corporation d’élus cherchant à se protéger, ou ceux d’autres opérateurs économiques intégrés au système.

Bientôt la fin de ce mille feuilles trop coûteux et illisible ? Une loi simplifiant le dispositif ? Non, sans doute. Les résistances au changement sont nombreuses. Elles viennent des élus, parfois aussi de citoyens, et de l’Etat lui-même pour qui le mille-feuille représente des opportunités en matière de transferts de gestion vers les collectivités territoriales et aussi des grands corps de l’Etat qui cherchent à conserver ou à reprendre la main sur le système.

 

Un document complet (104 pages) sur le sujet est disponible sur le site Mon bestseller sous le lien suivant :

https://www.monbestseller.com/manuscrit/21475-decentralisation-il-faut-que-tout-change-pour-que-rien-ne-change

Il propose quelques éléments chiffrés (Première partie), et s’intéresse ensuite à l’observation du système, pendant 23 ans, en tant que cadre territorial dans un Département, me permettant d’établir, à l’aide d’exemples concrets, un constat de ce qui a marché, de ce qui n’a jamais marché et de ce qu’il serait nécessaire de modifier, en soulignant l’empreinte importante des élus dont les choix politiques et budgétaires sont parfois sources de surcoûts. (Seconde partie).

La Troisième partie propose un premier bilan de la décentralisation, s’intéresse à la déclinaison de ces surcoûts et aux différentes postures émanant des élus eux-mêmes, peu intéressés par le changement. 

Ensuite, les deux rapports (Woerth et Ravignon) cités ci-dessus feront l’objet d’observations quant aux méthodes de travail adoptées ainsi que de remarques critiques sur les propositions formulées (Quatrième partie).

Enfin, la dernière partie de ce document (la cinquième), est consacrée à des propositions personnelles de modifications du mille-feuille répondant à la demande de diminution du nombre de strates décentralisées, basées sur ma propre expérience, dans un souci de cohérence, d’optimisation des dépenses et de regain démocratique.

Elles ne plairont certainement pas aux élus.

 



15 réactions


  • ZenZoe ZenZoe 9 septembre 15:09

    Il me semble que ce n’est pas le premier rapport sur le sujet. Quantité de dossiers similaires ont été commandés, publiés, puis classés verticalement. C’est tout à fait déprimant.

    Ce n’est pas seulement le nombre d’organismes ’’décentralisés’’ qui pose problème, c’est aussi et surtout l’enchevêtrement des missions, avec des doublons et, des divisions imbéciles.

    A propos de l’accident qui a coûté la vie à la petite Kamilya, je lisais que mairie et département n’étaient pas d’accord sur les responsabilités en termes de sécurisation de la route en question : c’est la mairie, non, c’est le département car c’est une route départementale, non cette portion est en ville donc c’est la mairie etc. etc. Les choses ne seraient donc pas claires ? Affolant !!!


    • Michel DROUET Michel DROUET 9 septembre 17:49

      @ZenZoe
      Vous avez très bien résumé la situation de doublons, enchevêtrement de compétences et d’absurdités administratives. Tout cela coûte cher et profite surtout à la caste des élus et des partis politiques.
      Et cela est également coûteux en vies, comme vous le rappelez. 


    • Michel DROUET Michel DROUET 9 septembre 17:54

      @ZenZoe
      Ce n’est pas le premier rapport en effet et à chaque fois les élus s’efforcent de les enterrer (et ils y arrivent).
      Par contre, dans ce dernier rapport on remet sur la table la question du cumul des emplois (pour pouvoir continuer à faire carrière si on perd un mandat) et on parle de la remise en place de la réserve parlementaire qui permet le clientélisme politique et qui n’est rien d’autre que l’achat de voix.


  • La Wellington House & Tavistock menacent la Chine et la Russie ....

    https://www.francesoir.fr/politique-monde/lors-d-une-apparition-inedite-les-directeurs-de-la-cia-et-du-mi6-affirment-que-l


    Lors d’une apparition inédite, les directeurs de la CIA et du MI6 affirment que “l’ordre mondial est menacé comme jamais” par la Russie et la Chine

    Pour une première apparition publique commune en près de 80 ans de partenariat, plus de solennités que de révélations marquantes. Auteurs d’une chronique commune dans le Financial Times, les chefs de la CIA et du MI6 se sont rencontrés ce samedi à Londres lors du FT Weekend Festival pour évoquer la situation géopolitique internationale actuelle. Les déclarations ont essentiellement porté sur la Russie et la guerre en Ukraine, beaucoup moins sur la Chine et le terrorisme islamiste. Aux yeux des deux responsables des agences de renseignement britannique et américaine, le “tyran Poutine va continuer à faire des coups d’éclats” et la Chine est le “principal défi géopolitique du 21e siècle en termes de renseignement”.

    Le britannique Richard Moore et l’américain William Burns ont d’abord co-écrit une chronique dans le Financial Times pour expliquer comment les deux agences “gardaient une longueur d’avance dans un monde incertain”. “Il ne fait aucun doute que l’ordre mondial international, le système équilibré qui a conduit à une paix et une stabilité relative et a apporté une amélioration du niveau de vie, des opportunités et de la prospérité, est menacé d’une manière que nous n’avons pas connue depuis la guerre froide”. 

    Un discours essentiellement porté sur la Russie   

    La première menace n’est autre, à leurs yeux, que la Russie. “La CIA et le SIS (Secret Intelligence Service, NDLR) s’unissent pour résister à une Russie agressive et à la guerre d’agression de Poutine en Ukraine. Nous l’avons vu venir et avons pu avertir la communauté internationale afin que nous puissions tous nous rallier à la défense de l’Ukraine. Nous avons soigneusement déclassifié certains de nos secrets dans le cadre d’un effort nouveau et efficace”, écrivent-ils encore. .............


    John Coleman, The Tavistock Institute of Human Relations : Shaping the Moral, Spiritual, Cultural, Political and Economic Decline of the United States of America.




    • Michel DROUET Michel DROUET 11 septembre 07:52

      @SPQR audacieux complotiste chasseur de complot
      Je pense que vous vous êtes trompé en postant ce commentaire qui ne concerne pas du tout mon article smiley


    • @Michel DROUET

      On n’est pas dans une classe de CM2 , Ok

      La politique c’est plusieurs sujets important en même temps car elle est menée et portée par des centaines de personnes en même temps sur des sujets multiples .

      Donc , votre avis même si il est peut être justifié , il est de fait dépassé par la quantité importante des évènements .

      Mais il est vrai que le journalisme à la française est ringardisé par la pratique de son allégeance au pouvoir .


    • Michel DROUET Michel DROUET 14 septembre 08:49

      @SPQR audacieux complotiste chasseur de complot
      Vous n’avez pas assez d’occasions pour placer vos commentaires récurrents et identiques (18991 commentaires depuis votre inscription) ?
      Essayez donc d’écrire vous même des articles que je me ferai moi-même le plaisir de commenter au lieu de jouer les coucous compulsifs sur les articles des autres comme un banal tenant du journalisme orienté qui fait allégeance aux populistes.


    • @Michel DROUET

      Le journalisme, c’est un métier mais les orgueilleux, du je sais tout, inondent le monde entier de leur prétention, de leur frustration ...

      Seriez vous plombier , pendant vos heures creuses ?

      AGV se définit comme un Média Citoyen , n’est ce pas !
      En plus vous ne savez pas lire , curieux ??? 
      Bon Dimanche ...


    • Michel DROUET Michel DROUET 15 septembre 18:33

      @SPQR audacieux complotiste chasseur de complot
      Oui, je suis plombier pendant mes heures creuses et j’ai d’ailleurs exercé mes talents en ce domaine pas plus tard que ce matin.
      C’est la seule chose exacte que vous avez écrit dans vos deux posts smiley


    • @Michel DROUET

      1,’La Wellington House & Tavistock’ c’est la réalité historique .
      Les Britanniques ont tout fait et manipulé pour déclencher la première guerre mondiale....

      2,Quant à vos talents de plombier , ce n’est que le hasard du propos ...


    • Michel DROUET Michel DROUET 16 septembre 08:19

      @SPQR audacieux complotiste chasseur de complot
      Vous n’avez pas encore parlé de la guerre de 100 ans... Continuez, vous contribuez à augmenter l’audience de mon article smiley


  • Sylfaën.H. Sylfaën.H. 11 septembre 02:23

    Bonsoir
    Merci de cette restitution d’un bout d’expérience vécue, d’en-dedans.
    Vu de l’extérieur, le mille-feuille territorial se trouve être traversé de colonne de politicaille organisée pour faire descendre le friK. Les « croisées de Compétence », dévoiement de fonds nationaux, européens, sont réalisés par greenwashing-tous-étages, où, finalement, en-bas, il s’agit pour beaucoup de bétonnage. Celà permet à politicaille de bombarder le friK par gros paquet, là où il serait question d’une distribution-répartoition à la plus petite échelle possible, chose qui les emmerde vaillamment, préférant se vautrer dans les salles de réunion, jusqu’en jardins préfectoraux, bureau-d’études pilotés depuis Région et co-projetés jusqu’en-bas, pour diriger manne publique vers le Privé, à s’en rincer.
    Le CONSEIL est séquestré en main départementale et les fonds sont discrétionnairement alloués selon « critères d’éligibilité » à géométries variables.
    Les comm-comm et communes ne sont plus que des passe-plats.
    Lorsque qu’augmentation du gâteau-friK, création de Compétences-(comme EAU prochainement pour Thermalisme), les Maires sans Conseil n’ont plus qu’à transférer à comm-comm, qui attend, où tout est prêt par département, pour Vendre au Privé, en éradiquant emplois locaux.
    Comme disait un Maire parlant des communes : « il n’en restera que le cadastre ».
    La connivence souhaitée entr’élus de ces colonnes territoriales appellent de leur part la multiplicité des mandats pour jouer sur tout le clavier.

    Le défaut de Conseil en Commune est suffisamment dénoncé par Maires !

    Ceux-ci n’ont plus qu’à se rabattre vers des politiques foncières, bétonner.
    Le « jeu » des compensations se révèle ubuesque en certains cas.
    Je vous joins une étude d’un cas-d’école : https://chk.me/vjWL0fS
    Encore merci smiley


    • Michel DROUET Michel DROUET 11 septembre 07:55

      @Sylfaën.H.
      Merci pour ce commentaire qui va un peu plus loin que mon article dans le ton mais qui n’en est pas pour autant dénué d’intérêt et que j’apprécie !


  • xana 11 septembre 08:53

    Un dossier essentiel pour notre démocratie....

    Mais de quelle démocratie parlez-vous ?

    Notre pays est une dictature. Molle, j’en conviens, mais une dictature.

    Dès le départ vous vous fourvoyez. Le reste est sans importance !


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