mercredi 10 août 2022 - par Michel DROUET

Eau, énergie : des arbitrages s’imposent

 

Demain, c’est aujourd’hui, et il est peut-être déjà trop tard : le climat change et nous ressentons les effets du manque d’eau potable en attendant la prévisible pénurie d’énergie, cet hiver.

Les modèles économiques fondés sur la mondialisation heureuse dont on voyait déjà poindre les limites lors de la crise Covid, vont donc être mis à mal par les volontés impérialistes de certains Etats et l’inévitable égoïsme qui prévaut lorsque l’organisation d’un rationnement se profile.

Chacun pour soi !

Moi d’abord ! Chacun joue dans son couloir et excipe de particularités qui devraient éviter la remise en cause de son modèle économique au prétexte que la profitabilité de son entreprise se dégraderait, avec la menace toujours mise en avant de licenciements.

Nous voyons donc apparaître des plaidoyers destinés à obtenir des dérogations aux timides règles d’usage de l’eau et des cahiers de doléances pour continuer à consommer des kW/h, sans se questionner sur le caractère indispensable de l’activité concernée au regard de l’intérêt général qui, rappelons-le, n’est pas la somme des intérêts particuliers.

De l’agriculture dont il serait utile de se pencher sur le modèle productiviste afin d’éviter l’hérésie des « bassines » qui se remplissent en pompant l’hiver l’eau des nappes phréatiques, la production de tomates sous serres chauffées et éclairées, l’arrosage de greens de golf ou d’hippodromes, le lavage des voitures ou les piscines des particuliers, la climatisation « portes ouvertes » de commerces ou leur éclairage nocturne, en passant par la prochaine mise en route des canons à neige en montagne, il devient indispensable de construire collectivement une hiérarchie des priorités que nous souhaitons établir en raison d’une situation qui s’avère durable.

Faisons un rêve…

Pour cela, il nous faut un Etat fort, débarrassé de son tropisme pour les lobbies qui saura « dire le droit » en matière de consommation d’eau et d’énergie au lieu de regarder chaque dossier en dehors de l’ensemble : est-ce possible ? Difficile d’y croire, tant la pratique libérale des gouvernements successifs s’est traduite par le retrait progressif de la puissance publique dans beaucoup de domaines, au profit de « la main invisible du marché » censée tout réguler… à coup de subventions sonnantes et trébuchantes, tout de même, et avec de médiocres résultats en matière environnementale et de consommation vertueuse.

Le poids des lobbies

C’est ainsi que la pénurie croissante d’eau se traduit pour cet état libéral par la mise en place d’une simple cellule de crise qui suppose qu’il y aura une fin au problème avec l’arrivée des pluies d’automne sans que le mal soit jamais pris à la racine, c’est-à-dire que nos modes de production agricole responsables de 50 % de la consommation d’eau soient interrogées.

Les lobbies agricoles en particulier la FNSEA y veillent et allument des contre feux lorsque les interrogations deviennent plus pressantes sur le mode productiviste destructeur. C’est ainsi que ce syndicat commence à hurler au loup en menaçant d’une pénurie de lait liée au manque de fourrage pour les bêtes qui fera s’effondrer la production étant entendu que 4 litres de lait sur 10 exportés continueront de l’être avec des prix plus rémunérateurs que ceux offerts par la grande distribution en France qui pourrait donc restreindre ses ventes.

Le message au gouvernement est donc clair : on veut des aides, sinon ce sera à vous de gérer la crise avec les consommateurs et vous coltiner la grande distribution, une hérésie pour un pouvoir dont l’alpha et l’oméga de la politique libérale est de laisser le marché se réguler lui-même.

Au consommateur de culpabiliser…

C’est dire que la question de la ressource en eau ne va pas être réglée de sitôt et l’agriculture étant intouchable du fait de son poids politique, il faut s’attendre à des messages culpabilisants de la part du ministre de l’écologie envers les particuliers coupables de ne pas mettre de mousseurs sur leurs robinets et de continuer à arroser leur pot de géraniums sur le balcon.

Pour le gaz et l’électricité, ce sera le même schéma qui prévaudra et c’est le consommateur final qui devra faire des efforts après que les abus les plus flagrants soient tout de même réprimés comme la lumière allumée la nuit ou bien la clim portes ouvertes dans les commerces et peut-être si on est sages la fin des tomates cultivées sous serres en plein hiver ?




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