vendredi 20 mars 2015 - par Pelletier Jean

Elections départementales, des incertitudes et un test grandeur nature

Une élection peut toujours être une surprise, pour autant l’UMP a toutes les chances de tirer satisfaction de ces élections, comme elle l’avait déjà fait pour les municipales. Malgré l’annonce d’une faible mobilisation, il est clair que le PS va perdre la présidence de nombreux départements et le FN, pour sa part, alignera une réelle progression en termes de conseillers départementaux élus. Mais il reste encore quelques incertitudes majeures et déterminantes pour notre vie politique.

A ce jour l’UMP, avec l’UDI, gère seulement 41 départements (sur un total de 101), reflet de la victoire de la gauche aux dernières élections. Son état major de campagne prévoit la conquête de 20 à 30 départements. Le bas de la fourchette sera considéré comme une victoire un peu décevante, le haut de la fourchette permettra à la droite (UMP et UDI) de revendiquer, une large victoire et se positionner en pool position pour les présidentielles.

Pour mener à bien cette conquête l’UMP s’est donnée toutes les chances en allant à la bataille unie (80 % des cantons) avec son partenaire centriste, l’UDI, qui bénéficie d’une surface électorale non négligeable pour ce type d’élection. Ce qui est loin d’être le cas pour la gauche. Résultat, en raison de son irresponsabilité, la gauche sera absente au second tour dans la moitié des 2 054 cantons en lice. Et ce ne sera pas moins de 1000 duels qui se joueront entre la droite et le FN, contre seulement 400 entre le PS et le FN. C’est par cette équation que se jouera la victoire de l’UMP dans cette configuration.

Dans la majorité des duels UMP/FN, la gauche votera pour la droite au nom du front républicain, la réciproque n’existe pas, avec l’appui de Nicolas Sarkozy et de l ’UMP et leur consigne du ni FN, ni PS.

Les sondages donnent le FN tout juste en tête avec 30%, talonné par l’UMP, donc rien n’est joué pour la place de premier parti de France. Si le premier tour sera interprété comme une vague FN, le second tour se traduira par une vague effective de la droite, car le FN aura du mal à concrétiser sa victoire au second tour en décrochant des présidences de départements. Toutefois il faudra observer plus particulièrement le Vaucluse, le Var, l’Oise, le Nord et l’Aisne, qui sont les cinq départements susceptibles de pouvoir basculer dans le camp du FN. Sur ces cinq départements l’UMP va jouer sa crédibilité à combattre l’extrême droite. Nicolas Sarkozy, très présent dans cette campagne sait qu’il y joue aussi son avenir politique personnel.

Bref, s’il reste des incertitudes, la gauche ne pourra qu’enregistrer une défaite majeure. Les partis de gauche auront mis toute leur énergie à organiser cette défaite. Ils vont majoritairement séparés à la bataille, même l’ancien Front de gauche (PC et Parti de gauche) devient plus incertain. Les verts, suicidaires, s’allient ici et là en fonction des humeurs locales avec le Front de gauche quand il existe encore et plus rarement avec le PS.

Cette stratégie électorale, il n’est nul besoin d’avoir fait Sciences Po pour le comprendre, conduit inexorablement à l’absence de candidats de gauche dans une large majorité de cantons.

S’il fallait une preuve que les partis politiques œuvrent malheureusement pour leur stratégie personnelle et non pas pour le bien commun, nous en avons là, la preuve irréfutable.

Les seules inconnues sont encore celle d’un FN, en tête au premier tour et conquérant quelques présidences de départements et une droite pour laquelle la stratégie de l’union lui permettrait de ratisser large au second tour et en barrant ainsi la route au FN. Enfin dernière inconnue, pour le troisième tour, à savoir l’élection des présidents des conseils départementaux, quelle sera l’attitude des élus UMP, certains seront-ils tentés de s’allier au FN pour éviter une majorité relative et obtenir une majorité absolue ?

Selon le cas de figure Nicolas Sarkozy sera ou ne sera pas ne mesure de se présenter à la primaire à droite pour les présidentielles de 2017.



15 réactions


  • Garance 20 mars 2015 13:15

    @ Pelletier


    Sans compter qu’il est des « affaires » qui tombent mal : comme celle-ci



    Nominé depuis un an à la tête de Radio-France par ? : 

    « Moi Président je n’aurai pas la prétention de nominer des directeurs de Chaine : je laisserai cela à des instances indépendantes »

    Quand on est adoubé par le pouvoir en place pour lequel on désinforme plein pot : on se permet de se sentir intouchable

    Ca ajouté au reste : pas la peine d’incriminer Sarko pour expliquer la branlée à venir et ses inéluctables retombées

  • Jean Marine Jean Marine 20 mars 2015 16:52

    Quelques remarques sur votre texte.
     
    « Les sondages donnent le FN tout juste en tête avec 30%, talonné par l’UMP, donc rien n’est joué pour la place de premier parti de France »
    Non. Le FN est talonné par une alliance de plusieurs partis politiques (UMP, UDI & DVD). Nuance !
     
    « S’il fallait une preuve que les partis politiques œuvrent malheureusement pour leur stratégie personnelle et non pas pour le bien commun, nous en avons là, la preuve irréfutable. »
    Au risque de vous surprendre, les partis de gauche et de droite n’œuvrent plus pour le bien commun et les intérêts de la France depuis longtemps.
     
    Pour le 3ème tour, « quelle sera l’attitude des élus UMP, certains seront-ils tentés de s’allier au FN »
    Cela est également valable pour le PS. Du reste, il ne s’agit pas d’une alliance, mais d’un engagement formel et acté à respecter certaines mesures pour le bien commun en échange des voix des élus FN pour la présidence du département.


  • eric 20 mars 2015 16:56

    Il me semble que tant qu’a s’en prendre une, le PS a eu au moins l’intelligence d’envoyer les gauches de gauche au massacre. Faute d’alliance, il y aura quand même quelques élus PS, en revanche ses supplétifs et concurrent devraient globalement disparaître du paysage. Compte tenu des postes, du fric, etc à partager dans les département. De la façon dont cela finance le militantisme de gauche, de la culpabilité des sus dit si il y a 2 à 6% de départements qui passent FN, cela devrait permettre au PS de mettre le couteau sous la gorge à ses frondeurs comme à ses alliés pour la suite, et notamment pour les régionales.

    Pas sur que cela suffise face à l’immense désir de droite qui rassemble de l’ordre de 65 à 70% des électeurs autour d’un « tout sauf les gauches » depuis 2012, mais on comprend qu’ils essayent fautte d’un autre choix possible.


    • Pelletier Jean Pelletier Jean 20 mars 2015 20:17

      @eric,


      oui il y’a une nette majorité à droite au moins 60 % … c’est le choix des électeurs, ils verront,t à l’usage quand les acquis sociaux seront mis à mal …


    • gerard5567 20 mars 2015 20:33

      @eric
      65 à 70 % des électeurs ? Vous voulez sans doute dire des suffrages exprimés. Nombre d’électeurs ne se déplaceront pas.


    • berry 20 mars 2015 20:59

      @Pelletier Jean
      Les acquis sociaux sont moribonds avec la mondialisation.
       
      Ils sont financés à crédit, à grands coups de déficits......
      Leur fin est proche.


    • eric 20 mars 2015 21:01

      @berry Pelletier parle sans doute de la Loi Maxron, de la journée de carence des fonctionnaire et des baisses de retraites des mère de famille nombreuses.


  • zygzornifle zygzornifle 20 mars 2015 17:33

    Hollande s’est fait élire en tant qu’homme de gauche , il s’avère qu’il a fait une campagne de publicité mensongère pour se faire élire , j’aurai autant de plaisir a le faire dégager que j’en ai eut pour Sarkozy , ce n’est pas les mensonges et tromperies de son gouvernement qui me feront changer d’avis.....


  • gerard5567 20 mars 2015 20:27

    Pour qu’un parti, quel qu’il soit, puisse revendiquer une victoire, il faut, a minima, que l’abstention se situe au dessous de 50 % Si j’ai bien compris, cela n’en prend pas le chemin et on peut s’attendre à ce que le FNUMPS prenne une raclée mémorable.


  • La Dame du Lac La Dame du Lac 21 mars 2015 00:21

    « La gauche ne pourra qu’enregistrer une défaite majeure. »

    Champagne ! Il coulera à flot ce 22 Mars 2015.
     A dimanche les amis, nous avons rendez-vous avec la France.


  • Fergus Fergus 21 mars 2015 12:15

    Bonjour, Jean.

    J’entends tes arguments. Toutefois, lorsque tu écris « en raison de son irresponsabilité, la gauche sera absente au second tour dans la moitié des 2 054 cantons en lice », je ne suis pas d’accord avec toi :

    L’irresponsabilité, pour des électeurs de gauche, n’est-elle pas, en effet, dans un accord de dupes des partis encore de gauche avec un PS qui ne l’est manifestement plus ? Le temps des faire-valoir mués en dindons de la farce électorale est derrière nous !


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