lundi 5 novembre 2018 - par Fergus

Élections européennes : le clip qui fait polémique

Un clip gouvernemental officiellement destiné à relancer (sur le web) la participation au scrutin de mai 2019 fait actuellement polémique. De la France Insoumise au Rassemblement National en passant par le Parti Socialiste et Les Républicains, toute l’opposition dénonce une opération de promotion initiée par l’exécutif au profit de La République en Marche...

Le clip incriminé décline en images durant une trentaine de secondes les quatre principaux enjeux des Élections européennes qui se dérouleront en France le dimanche 26 mai 2019 afin de désigner les représentants de notre pays au parlement de Strasbourg : « Immigration : maîtriser ou subir ? », « Climat : agir ou ignorer ?  », «  Emplois partenaires ou concurrents ? », « Europe : union ou division ? » Le tout conclu par un avertissement « Le 29 mai, l’Europe changera. À vous de décider dans quel sens  » suivi d’un appel au vote.

Qualifié, entre autres qualificatifs, de « populiste », de « racoleur », de « démagogique », ce clip a manifestement été conçu pour dramatiser le scrutin par la diffusion d’images choc sur un fond de musique angoissante qui semble tout droit sortie d’un thriller. Que voit-on sur les images qui accompagnent les quatre thèmes évoqués ? Des chantiers, des éoliennes, des panneaux photovoltaïques, mais aussi des migrants, des catastrophes naturelles et surtout des extraits vidéo de discours enflammés de Viktor Orbán et Matteo Salvini, leaders européens les plus emblématiques de la poussée nationaliste. 

S’agit-il pour autant d’un « clip de propagande » comme l’affirment, avec une belle unanimité, les opposants de tous bords à la majorité LREM ? Cela ne fait aucun doute, et personne parmi les observateurs indépendants n’en est surpris tant la « Macronie » prend l’eau, au point que ses caciques sont désormais prêts à utiliser tous les moyens possibles, y compris les artifices les plus voyants, pour éviter un naufrage électoral.

À cet égard, les récentes paroles prononcées par Macron sur « le retour aux années 30 » et « L’Europe [...] face à un risque, celui d’être démembrée par la lèpre nationaliste, et d’être bousculée par des puissances extérieures  » sont en phase avec ce clip dont la finalité, évidemment niée par les porte-paroles de l’exécutif, est d’instiller dans l’opinion la peur d’un remake des années sombres, de ces années de fascisme qui ont débouché sur le chaos. Montrés, mais non désignés comme tels, Orbán et Salvini y font clairement office d’épouvantails fascisants ! Objectif recherché : inciter les électeurs à faire corps avec les défenseurs autoproclamés de la démocratie que sont les candidats de La République en Marche. 

Hélas ! pour les stratèges de LREM, rien ne démontre que ce mode de communication anxiogène fonctionnera au profit de Macron et de ses amis. C’est peut-être même un effet radicalement inverse qui pourrait être constaté dans les urnes en mai 2019. Les électeurs sont en effet suffisamment lucides pour constater que tous les problèmes qu’ils rencontrent depuis l’arrivée de Macron à l’Élysée sont liés, non à la poursuite de la politique néo-libérale antérieure, mais à son amplification au service des puissances industrielles et financières dont les membres du gouvernement sont des valets serviles.

Qui peut croire en outre que Macron ait la moindre volonté de « Make our planet great again  » ? Lui qui, malgré l’urgence avérée d’agir, a tout fait pour empêcher Hulot de mettre en œuvre les indispensables avancées écologiques que l’état de notre environnement nécessite. 

Qui peut croire d’autre part que ce même Macron ait une quelconque légitimité lorsqu’il se dresse en défenseur de la démocratie ? Lui qui, non seulement refuse de couper le lien entre l’exécutif et les procureurs, mais allonge les délais de saisine du parquet par les citoyens et nomme des magistrats à sa botte pour engager ou pas des actions en fonction de la proximité des justiciables avec le pouvoir. Lui qui, sur un autre plan, entend réduire les prérogatives des parlementaires de l’opposition, avec pour perspective la tentation de museler tôt ou tard leurs voix au pays des Lumières !

Le plus cocasse est que LREM est certain d’un... succès aux Élections européennes. Et pour cause : ce parti ne dispose actuellement d’aucun élu à Strasbourg. Et il ne fait aucun doute que les porte-paroles de Macron s’appuieront sur ce gain de sièges pour revendiquer l’adhésion des Français à la ligne politique résolument néolibérale pro-européenne du chef de l’État. Mais ce succès risque fort d’être très relatif, et surtout très en deçà des espoirs de l’état-major LREM qui craint notamment une forte poussée des écologistes alimentée par les déçus du macronisme.

Bien malin celui qui pourrait aujourd’hui dire ce que seront les rapports de force politiques qui sortiront des urnes le 29 mai au soir. Mais soyons certains que ce n’est pas un clip aussi caricatural que celui dont nous débattons aujourd’hui qui changera radicalement la donne électorale lors de ces Élections européennes.




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