jeudi 27 septembre 2012 - par C’est Nabum

Euthanasie : Une question qui les dérange …

Quelques heures de Printemps

Vidéo BA :

Quelques instants et l'éternité.

Ils n'ont pas de mots, ils sont enfermés dans leur silence, le fils qui a pris un mauvais virage, la mère qui est dans son dernier voyage. La prison, la solitude, la maladie, la détresse sont autant de murs contre lesquels ils ne font que se cogner. Seul le chien a droit à ce peu de tendresse qu'ils s'interdisent mutuellement. Une chape de silence, un bloc d'angoisse qui habite une relation impossible, un indicible de plomb !

Comment dire en quelques mots la puissance d'un film sans dialogue ou presque ? Comment rendre compte d'une oppression magnifique qui cloue le spectateur à ce quotidien poisseux ? Il faut prendre ce film à bras le corps, il faut aller jusqu'au bout de ce parcours silencieux qui conduit au dernier voyage, celui où tout sera dit pour l'éternité !

Car derrière ce face à face, dos à dos, va s'achever sur une question de société, un choix personnel si important, refusé en France par lâcheté des élus devant les oukases de quelques groupes de pression. La liberté individuelle n'est rien quand les intérêts électoraux sont en jeu, notre démocratie est malade des lobbies, de son système de clientélisme absurde qui interdit toute décision courageuse.

La toile de fond du film « Quelques instants de printemps ! » c'est le droit de mourir dans la dignité, la possibilité de choisir sa mort. On peut parler d'euthanasie, d'assistance au départ, d'accompagnement final, mais il vaut mieux ne pas le faire en France. La fin de vie est sujet tabou, les groupes de pression sont vent debout contre toute évolution.

J'ai bien quelques explications. Notre société libérale est si mal en point qu'elle cherche partout des gisements de ressources. La vieillesse et ses dépendances multiples sont une mine à bénéfices pour des organismes sans scrupules, de bien peu de foi mais défendue bec et ongles par la loi. Car en France, le parlement est aux mains des détrousseurs d'honnêtes gens.

Combien de médecins sous les lambris de notre république de notables ? Ils défendent une corporation qui fait commerce de l'agonie et a si peu à gagner sur la mort anticipée ? Une perte sèche insupportable à nos détrousseurs de fin de vie. Les structures ne cessent de se monter pour faire du fric sur la dépendance, sur la souffrance, sur les soins palliatifs. Faire durer pour presser un peu plus le citron de la sécurité sociale et faire rendre gorge et pognon aux mourants qu'on prolonge.

Voilà la véritable raison qui permet de repousser sans cesse ce débat indispensable. A cela s'ajoute encore quelques bonnes consciences catholiques et le tour est joué. L'euthanasie ne se fera pas dans l'hexagone. Ceux qui peuvent se payer le dernier voyage, iront en Suisse, comme dans ce film, pour ne pas connaître le risque d'une dénonciation au royaume de l'hypocrisie.

Car, n'en doutons pas, des braves gens font le geste nécessaire quand la douleur est trop forte, quand l'insupportable est dépassé depuis trop longtemps. Mais il suffit alors d'une jalousie, d'un mot de trop, d'une délation qui tombe à point nommé, d'un besoin d'exemple pour qu'une infirmière ou plus rarement un médecin, soient offerts en pâture à notre justice sélective.

Comment faire avancer vraiment tous ces sujets de société bloqués par des conflits d'intérêts, des groupes de pression, des hypocrisies honteuses qui verrouillent notre pays ? Il semble de plus en plus clair que notre pseudo démocratie représentative est incapable de répondre aux besoins réels de réflexion et de législation.

Le bipartisme encourage cette main mise des lobbies sur les instances de la nation. La République est à reconstruire, la démocratie ne s'exprime plus au travers de votes qui vont toujours vers les représentants de la bourgeoisie, qu'elle soit d'une gauche trop raisonnable ou d'une droite pas toujours supportable. Euthanasions au plus vite cette cinquième constitution à l'agonie. Que le peuple cesse enfin d'être privé de voix !

Piqurement leur.



18 réactions


  • Gabriel Gabriel 27 septembre 2012 09:27

    Bonjour Nabum,

    La question à se poser est : « Sommes nous libre des décisions concernant notre enveloppe corporelle ? » Il me semble que la réponse est oui. Dans ce cas là, si je décide de ne plus continuer de vivre et que je suis dans l’impossibilité physique de mettre fin à mes jours tout en étant conscient de ma demande, je ne vois pas pourquoi et selon quelle loi une tierce personne répondant à ma demande devrait être condamnable. Je ne me connais aucun droit de décider de la vie d’autrui, le respect et la dignité de toute personne réclame la réciprocité de cet état de fait..


    • C'est Nabum C’est Nabum 27 septembre 2012 12:45

      Gabriel


      Hélas d’autres prétendrent posséder l’oreille de Dieu qui est en communication direct avec eux.

      Le créateur aime voir ses créatures souffrir le martyre sur terre pour vivre pleinement leur éternité. C’est à cause de ce message falacieux que des intolérants imposent aux autres des convictions délirantes.

  • Yves Dornet 27 septembre 2012 09:34

    la religion doit retourner dans la sphère privée.

    Oui au mariage homosexuel et à l’adoption

    oui à l’avortement

    oui à l’euthanasie

    personne n’impose aux croyants l’une ou l’autre de ces mesures alors qu’ils laissent la société évoluer... parce qu’avec eux nous serions en arabie ou en iran à l’heure actuelle.

    tu parles d’un progrés


  • nico31 27 septembre 2012 10:15

    Oui a l’euthanasie.
    Les personnes âgées, malades et handicapés sont un poids pour notre économie (retraite, traitement médicaux lourd, pensions à financer).
    Il faut absolument faire de la place aux personnes jeunes et bien portantes en encourageant l’euthanasie.

    N’y aurait il pas moyen de vendre les corps des euthanasié aux groupes agro-alimentaires pour qu’ils les recyclent ? En ces temps de disette budgétaire ça pourrait faire des rentrées d’argent bienvenues pour l’état.


  • nico31 27 septembre 2012 10:44

    L’euthanasie est un bon moyen de régler le problème de la dépendance.


  • eric 27 septembre 2012 11:42

    1 Cela existe : les statistiques sur les décès prouvent que bon nombre d’entre nous partent « aidés »
    2 Cela concerne ceux qui ne peuvent plus choisir car comme nous le rappelle le battage actuel sur les suicides, notamment de personnes âgées, pas mal de gens choisissent déjà eux même. A ce que je sache, les suicides ne sont pas réprimés par la loi.

    Ce dont il s’agit, c’est de légaliser tous cela. De définir des modalités concrètes de procédure d’un droit voir d’un devoir à tuer.
    Aujourd’hui, celui qui « aide » court un vrai risque avec une vraie responsabilité. C’est une certaine incitation à ne le faire qu’avec mure réflexion, et notamment avec un sens aigu de l’intérêt du « bénéficiaire ». Un proche, la mort dans l’âme, un médecin, dans l’intérêt du patient, prennent un risque très sèrieux.
    Le peu de cas se retrouvant devant les tribunaux, alors même que tous le monde sait, ne signifie pas qu’il n’y a pas d’abus, mais que dans l’ensemble, le système fonctionne a peu prêt. Il fonctionne parce que pour une décision qui touche au combien à« l’humain », on renvoie vers l’humain. A la fin, ceux qui décident restent face à face avec leur conscience et un geste qui n’est j’imagine, ou je le souhaite, rarement anodin. « je pense que je l’ai fait dans l’intérêt de grand père, mais c’est quand même pas la joie ».

    Ce que veut la gauche, c’est un permis de chasse avec un quitus moral. Réduire un choix entre vie et mort à une procédure. Et puis, avec des « proches » il peut y avoir des facteurs accélérateurs, ( attente d’un héritage) ou des freins ( scrupules moraux, si, si cela existe)
    Avec un tiers professionel, on peut en être réduit à un constat froid, sans joie ni haine. Mon euthanasie entre les mains d’un fonctionnaire munit d’une check list de légitimité ? Cela fait froid dans le dos par avance...

    La preuve de tous cela ? Elle est comme souvent dans les arguments absurdes évoqué. Mon pauvre ami, pour un système capitaliste, dans un contexte de déficit tous azimut, il est bien plus rentable d’en finir avec les « vieux » comme dit la ministre. Ils ne rapporteront plus jamais rien. Il y a bien assez de boulot avec les autres et pas assez d’argent pour tous.

    Le simple glissement sémantique chez les chinovniks de gauche de personne âgées à « vieux » est déjà en soi inquiétant. Quand on sait à quel point ils sont pointilleux dans le choix des termes ( mal entendant, issus de la diversité etc...) commencer à traiter ceux qui étaient encore des « personnes », même si âgées, d’obsolètes n’est pas rassurant quand à leurs intentions.
    Et quand la ministre s’inquiète d’une surmortalité de vieux en été, alors que les statistiques démontrent qu’ils se suicident en mars avril ou en octobre, on devine que le but est plutôt de justifier des embauches dans la fonction publique ( voir l’article de Chalothttp://www.agoravox.fr/actualites/societe/article/vive-la-solidarite-avec-nos-aines-123316, la principale question est de savoir qui touchera les postes ). On va aider les « vieux » à ne pas se suicider, même si ils le souhaitent, en légalisant parallèlement l’euthanasie. On dissuade ceux qui ont le choix mais on va aider ceux qui ne l’ont plus.
    Bon, vous faites ce que vous voulez avec votre grand père, mais touchez pas à MES vieux.


  • CHIMERE 27 septembre 2012 12:22

    @ l’auteur,


    Votre compassion est touchante et je n’en doute pas,également sincère.

    Seulement,vous réagissez à un film,et à la lecture de votre article,je devine une profonde méconnaissance du sujet en dehors du pâle reflet que vous en retirez du traitement médiatique.

    Laissez moi vous expliquer :

    Je suis infirmier diplômé d’état depuis 1985 .

    Je suis d’éducation catholique mais athée « de naissance ».

    Dans les années 80/90,avant la création des unités de soins palliatifs et la loi Léonetti, nous,les « soignants » (j’y inclue également les médecins) étions dépourvus face à la fin de vie.

    Je travaillais alors pour un service d’oncologie médicale qui était en fait une grande salle d’embarquement pour l’au delà.

    Ces services étaient rares à cette époque,et complètement illégaux tout comme précurseurs.

    Ne vous leurrez pas,l’euthanasie a toujours existé et existe encore dans les institutions de soins.

    J’ai,moi même,à de (trop) nombreuses reprises,administré ce que l’on appelait alors des « cocktails lytiques » (les connaisseurs se reconnaîtront dans ce terme et mon expérience).

    Je peux me permettre de l’affirmer aujourd’hui,il y a prescription,et je suis (relativement) protégé par le (très relatif) anonymat de l’internet.

    C’est un geste que je me suis alors juré de ne plus jamais reproduire.

    Ce sont les choses les plus difficiles que je n’ai jamais faites de ma vie.

    Je ne vous conseille pas d’en faire l’expérience par vous même,mais tuer quelqu’un n’est pas chose facile.

    Aujourd’hui,il existe un cadre réglementaire qui permet d’assurer la dignité dans la fin de la vie,à condition que l’on donne les moyens aux soignants et aux centres investis de cette très lourde mission ( les équipes des « soins palliatifs ») de faire correctement leur travail.

    Ce cadre n’est peut être pas parfait,mais il a le mérite d’assurer la protection des gens en fin de vie contre des abus familiaux ou institutionnels qui ne manqueraient pas de se manifester dans une loi sur l’euthanasie.

    Lorsque vous écrivez :

    « Les structures ne cessent de se monter pour faire du fric sur la dépendance, sur la souffrance, sur les soins palliatifs. Faire durer pour presser un peu plus le citron de la sécurité sociale et faire rendre gorge et pognon aux mourants qu’on prolonge »

    non seulement vous affichez votre propre ignorance,mais vous insultez tous ces professionnels qui s’investissent dans cette pratique de soins.

    Je ne vous reproche pas votre méconnaissance sur ce sujet si douloureux.

    Je vous conseillerais simplement,avant d’écrire ce que l’on peut qualifier de n’importe quoi,d’aller proposer vos services en tant que bénévole auprès d’associations de visiteurs de malades et d’approcher la mort,non pas au travers du cinéma,ni des « médias »,mais en vrai.

    De la toucher avec vos mains.

    Et je prends le pari ce jour que vous en revendrez,vous aussi,bouleversé.

    Nous pourrons alors en parler plus sereinement.



     

    • Furax Furax 27 septembre 2012 12:36

      Merci, Chimère, pour ce témoignage magnifique.
      Je vous rappelle que la commission des Droits de l’Homme aux Nations Unies a rappelé à l’ordre Les Pays-Bas. Les retraités hollandais émigrent en Allemagne pour ne pas se faire flinguer.
      C’est curieux, cette obsession d’obtenir le droit de TUER (le médecin de Pau, ce héros récemment mis en examen a éxécuté plusieurs personnes âgées sans leur demander leur avis)
      Pour plus de détails :
      .http://www.agoravox.fr/actualites/societe/article/touche-pas-a-ma-vie-99021


    • eric 27 septembre 2012 12:43

      A chimene, pareil, c’est exactement ce que me racontait Shneegans.


    • C'est Nabum C’est Nabum 27 septembre 2012 12:51

      CHIMERE


      Je n’écris pas des chimère, j’ai eu aussi ce choix à faire !

    • Gabriel Gabriel 27 septembre 2012 14:54

      CHIMERE pour parler expérience, je vais vous faire part de celle de la personne qui partage mon quotidien et que peut se prévaloir de 17 années passées dans les hôpitaux et centres de soins palliatifs comme bénévole dans l’accompagnement aux personnes en fin de vie. Nous connaissons un petit peu le sujet ayant participé aux associations comme JALMAV ou l’ASP. Nous nous sommes beaucoup documenté sur le sujet (Conférences et lectures - M De Hennezel, H K Ross etc…) Ce que j’essaie de vous dire c’est, qu’évidement il faut accompagné le plus possible la personne en fin de vie, et d’ailleurs cela est souvent fait par des bénévole car le corps médicale est encore très peu formé à cela. Son but étant la guérison, la mort étant considérée comme un échec. Je comprends qu’il est très difficile de donner la mort à des personnes en souffrance qui le réclame, c’est un geste d’amour et si vous l’avez déjà fait, j’admire votre courage et votre compassion. Ceci dit, comme Nabum je persiste à dire que cela est un choix personnel qui n’appelle aucune législation et lorsque ce choix est acté, la personne qui vous aide au départ mérite toute notre considération.


  • CHIMERE 27 septembre 2012 20:33

    Gabriel,


    Je ne suis pas évidemment opposé ni au débat ni à une évolution dans les pratiques de soins en fin de vie,bien au contraire.

    Mais il faut bien voir que la réglementation actuelle permet,comme je le suggérais dans mon post précédent, d’administrer toutes les médications antalgiques sous forme de PCA (antalgie contrôlée par le patient) ou bien,si l’agonie s’éternise,de neuro-sédation.

    Ces techniques ne sont,j’en conviens,pas suffisamment répandues,ni complètement satisfaisantes.

    Mais elles sont légales et permettent de « traiter » ces douloureuses situations humaines de façon correcte,sinon mieux.

    En tant que soignant,je peux par exemple vous affirmer que les services de réanimation pratiquent l’« euthanasie’ ,non pas pour des motifs humanitaires,mais pour des impératifs de gestion de remplissage de lits.

    Il y a ,statistiquement,généralement plus de décès avant les longs WE,ou les périodes de congés.

    Il y a l’épaisseur d’une feuille de papier à cigarette entre l’eugénisme et la compassion .

    L’euthanasie n’est pas un sujet »ordinaire".

    L’euthanasie,comme sujet,parle plus de la vie que de la (bonne )mort.





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