lundi 25 juin 2012 - par A. Spohr

Forum Mondial de la Démocratie en octobre à Strasbourg

Planisphère réalisé par le Collège Leroy de BergeracCe n''était donc pas l'Arlésienne !

Certains commençaient à en douter, d’autres le voyaient remis à plus tard ou aux calendes grecques, d’autres encore en attendaient une mouture petit-bras. Eh bien non ! Le Conseil de l’Europe a tenu bon et a convaincu ses partenaires.

Qu’on se le dise : Le Forum Mondial de la Démocratie aura bien lieu en France, à Strasbourg, du 5 au 11 octobre 2012.

A l’horizon se profile pour l’événement, une récurrence, une notoriété et une aura comparables à Davos ou Porto Alegre. Avec des objectifs et un fonctionnement bien différents évidemment. Et il y aura du beau monde et même, au moins un roi ( Abdullah II de Jordanie) , comme dans « la marche des rois » de l’Arlésienne de Bizet. « De bon matin, j’ai rencontré le train de trois grands rois qui…. », des présidents aussi, y compris François Hollande bien sûr, le secrétaire général de l’ONU, des ministres, des savants ou experts de toutes disciplines, des artistes…

Rien de totalement définitif pour ce qui concerne le programme et les intervenants dont la liste est longue et comporte des noms très prestigieux. Cela ne peut que s’enrichir, nous dit-on.

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Doit-on le nommer ainsi désormais ? WFD ? Why not, pourquoi pas ? On a bien dit « mondial ». La version en français existe bien sûr mais le forum déborde forcément de l’hexagone et loin, loin. Et puis il y aura les traductions ( les deux langues officielles du Conseil étant le français et l’anglais).

Les puissances invitantes .

Elles sont représentées par :

Thorbjoern Jagland, Secrétaire Général du Conseil de l’Europe

Laurent Dominati, représentant permanent de la France auprès du Conseil de l’Europe 

Roland Ries, Sénateur-Maire de Strasbourg

Philippe Richert, président du Conseil Général d’Alsace

Guy-Dominique Kennel, président du Conseil Général du Bas-Rhin.

 Ce sont là les chefs ou " chairs" des Institutions qui participent au financement de cette grande fête studieuse, sans clivage, fort « démocratiquement » pour la circonstance. D’ailleurs, vraisemblablement, cet aspect financier a-t-il obéré quelque temps la mise en route déterminée et efficace du projet.

Période électorale ! En Alsace pourtant les oppositions sont loin d’être féroces.

En effet, la période électorale qu’on vient de vivre et dans laquelle l’Alsace ne montre pas une grande homogénéité politique, explique grandement les atermoiements, les réserves, les hésitations prudentes. En cause, surtout le fameux contrat triennal avec l’Etat dont bénéficient, sous forme de dotations substantielles, les collectivités territoriales et surtout la Ville pour leur rôle européen. Pour 2012-2015, il était en suspens bien que promis fermement « dans l’alternance » possible. M. Laurent Dominati a dû « tamponner » habilement entre le Conseil et les autres partenaires ! L’Etat français respecterait son engagement certes mais quand ? combien ? selon l’élu puis les élus ?

Laissons cela pour une analyse prochaine.

 Le fond est plus important que le fonds pour l’existence même de ce forum. La cause est belle et recueille le consensus. Au-delà des spécialistes" autorisés" ,le Forum s'adresse au public ( particuliers, obeservateurs, médias). On attend beaucoup de monde en Alsace et chez les voisins d'Outre-Rhin.

 Sa réussite peut en outre changer la donne la prochaine fois, car cette ambition est affirmée, en mobilisant peut-être des contributions privées de grandes firmes mondiales, en mécénat. Elles aussi sont confrontées aux problèmes des réalités politiques dans les pays où elles sont installées.

« La démocratie à l’épreuve. »

Entre modèles anciens et réalités nouvelles

Sous ce titre bien trouvé car il ne s’agit pas de faire une apologie béate de la démocratie idéale, sont regroupés les thèmes les plus divers qui s’articulent autour des « valeurs universelles, les défis globaux et les réalités régionales » dont voici un aperçu :

- Les marchés ont-ils besoin de la démocratie et réciproquement ? En session plénière.

- Quelle démocratie après les printemps arabes ?

- Démocratie : valeur universelle ?

- Valeurs virtuelles et nouveaux réseaux sociaux

- Un modèle pour tous ? Démocratie et mondialisation

Après chaque table ronde où siègent près d’une dizaine d’intervenants, a lieu un débat avec les participants. On en tire ensuite les conclusions, compte rendu final en quelque sorte.

Des ateliers parallèles se tiennent sur les principaux axes du forum. Par exemple, sur le thème de « démocratie : valeur universelle » s’articuleront deux grandes questions : sphère publique/sphère privée et donc, le religieux dans l’espace public démocratique.

Ou encore la question « du vivre ensemble » en présence d’identités multiples.

Si on y ajoute qu’en soirée, dans divers lieux de la ville de Strasbourg et des environs, des personnalités participant au Forum animeront des débats publics, « Strasbourg sera une fête », en plagiant Hemingway.

En préambule, dès le vendredi 5 aura lieu, au Palais, l’Assemblée des Jeunes :150 jeunes débattront des nouvelles formes de participation. Cela promet.

On pourra peut-être regretter que la société civile, à travers les associations, ne soit pas plus impliquée et mise à contribution. Ne peut on imaginer que, pour la circonstance, les boulangers cuisent un pain spécial-forum, que les restaurateurs proposent un menu spécial-forum, que des orchestres donnent un concert spécial-forum et bien d’autres « spécial-forum » ? Les associations sont bien vivantes et productives en Alsace et chez les voisins allemands mais le temps est compté. Mais là ce n’est pas du ressort du Conseil ni de l'Etat.

 Trois mois grignotés par les vacances, c’est peu.

Antoine Spohr.

(article publié également sur Mediadapart) 



9 réactions


  • A. Spohr A. Spohr 25 juin 2012 10:48

     Un oubli coupable : Le planisphère a été réalisé par un ou des élèves du collège Leroy de Bergerac . 

    J’aurais souhaité publier une carte politique du muette du Monde. A charge pour les « joueurs » d’y placer les démocraties, les fausses démocraties, les régimes autoritaires ! ou encore ceux indéfinissables. Pour une autre fois . 

    • Morpheus Morpheus 25 juin 2012 13:52

      Placer les démocraties, ça va aller très vite : il n’y en a pas. Ou alors, on est souple, et place la Suisse, l’Islande, le Venezuela et la Bolivie .

      Les fausses démocraties, c’est pas difficile : tous les gouvernements soi-disant représentatifs, à savoir les USA, UE, etc. (tous ceux qui se disent démocratiques, mais qui utilisent exclusivement le mode électif pour former les gouvernements). La difficulté sera de trancher entre « fausse démocratie » et « régime autoritaire », parce que par exemple, les USA et l’UE sont les deux en même temps ...


  • soimême 25 juin 2012 11:59

    C’est simple, si il y a un Forum Mondial de la Démocratie en octobre à Strasbourg.
    C’est que la Démocratie est Morte, ce n’est pas compliqué que cela, quand on commence en faire des colloques, c’est que l’on sait plus que cela veux dire, c’est que on ne le vie plus !


  • Morpheus Morpheus 25 juin 2012 13:47

    Forum mondial de la démocratie, organisé par les institutions européennes ?

    C’est une rigolade, ou quoi ?

    Les institutions les plus éloignées de la démocratie qui existent dans nos gouvernements (prétendument) représentatifs qui organisent un forum sur la démocratie, c’est du tout grand foutage de gueule ! Le super enfumage qui en remet une couche ... Décidément, les voleurs de pouvoir ne manquent pas d’air. Ils sont définitivement sans la moindre vergogne.

    Décidément, on nous prend vraiment pour des cons.


  • Morpheus Morpheus 25 juin 2012 14:04

    « La démocratie à l’épreuve » avec ces questions :

    - Les marchés ont-ils besoin de la démocratie et réciproquement ? En session plénière.

    - Quelle démocratie après les printemps arabes ?

    - Démocratie : valeur universelle ?

    - Valeurs virtuelles et nouveaux réseaux sociaux

    - Un modèle pour tous ? Démocratie et mondialisation

    ... sans grand intérêt si l’on ne pose pas les vrais questions  : le système électif est-il démocratique ? Le stuud étant que la question est idiote, puisque la définition même du système électif ne souffre pas de controverse : « Il est considéré comme démocratique que les magistratures soient attribuées par le sort et comme oligarchique qu’elles soient électives » (Aristote)

    En effet, l’idée même de voter implique le fait de choisir le candidat que l’on considère comme « le meilleur » (parmi un panel qui nous est imposé, soit dit en passant, donc pas librement) ; or, « le meilleur » en grec = aristos > aristocratique. Dans toute l’Histoire, les aristocraties donnent toujours lieu à des oligarchies. CQFD.

    Le seul et unique véritable forum de la démocratie


    • A. Spohr A. Spohr 25 juin 2012 15:40

      Je suppose que vous vous amusez, encore imbibé par les excès des campagnes pseudo-démocratiques des campagnes électorales vécues en France.

      Ici il s’agit du Monde dans sa diversité face à un problème premier : qui commande ? au nom de quoi ? de qui ? choisi comment ? avec ou sans contre-pouvoir etc ....la force, le droit ?...? c’est autrement complexe en tout cas par rapport au bout par lequel vous le prenez . Mais vous participez à la démocratie en intervenant comme vous le faites. Merci

    • Morpheus Morpheus 25 juin 2012 20:54

      @ A. Spohr

      Le « bout » par lequel je prends le sujet n’est pas spécialement « amusant », il est juste dérangeant pour les systèmes prétendument représentatifs qui dirigent le monde sans aucune légitimité démocratique. Je ne trouve pas du tout amusant de me voir imposer des décisions par des voleurs de pouvoir n’ayant pas même été élus (Van Rompuy n’a pas été élu, par exemple, et il n’est pas le seul : les dirigeants de la BCE ne l’ont pas été, ils n’ont aucun compte à rendre aux gouvernements, tandis que ceux-ci, par contre, doivent sans cesse rendre des comptes à la BCE - organisme privé, faut-il le rappeler ? ; de même, le FMI, l’OMC, l’OCDE, la Banque Mondiale, toutes ces « organisation non gouvernementales » n’ont aucune légitimité démocratique, mais n’ont pas même de légitimité élective : ils nous sont imposés !). Bref, non, je ne m’amuse pas, je me révolte, c’est tout différent.

      Ce n’est pas parce qu’ils ont appelé leurs gouvernements « démocratie » que leur système est démocratique. Ce n’est pas parce qu’on nous ressasse depuis 150 ou 200 ans que « démocratie = élection / élection = démocratie » que c’est la vérité.

      Historiquement, la question ne se pose pas :
      - le suffrage électif est oligarchique
      - la suffrage par le sort est démocratique

      Les principes qui établissent une démocratie stable (et vraie) ne sont pas compliqués, ni à concevoir, ni à mettre en place. Ils ne sont pas du ressort de prétendus experts, et ne peuvent en aucun cas être du fait de ... l’élite (ou ceux qui se prennent pour l’élite). Tout processus démocratique peut - et doit - être entrepris par - et exclusivement par - le peuple. Ce n’est nullement une tâche en dehors de ses capacités.

      Je peux dresser, de mémoire, quelques points essentiels qui garantissent un système démocratique :

      1) le plus important est une assemblée constituante tirée au sort (en aucun cas élue !) : argument simple à cela « ce n’est pas aux gens de pouvoir d’écrire les règles censées les empêcher d’abuser du pouvoir » (une Constitution a pour but d’affaiblir les pouvoirs afin d’empêcher les abus > conflit d’intérêts évident dans le chef de gens de pouvoir).

      2) le pouvoir de décision doit rester entre les mains du peuple, soit sous forme d’une assemblée populaire tirée au sort (on peut envisager - même si c’est moins bien - deux chambres, l’une tirée au sort, la seconde élue - je ne suis pas pour, mais c’est une possibilité), soit sous forme de referendum.

      3) le referendum d’initiative citoyenne, indispensable pour permettre aux citoyens (au peuple) de remettre en cause toute décision, ou pour proposer des projets de lois (la Suisse, mais aussi l’Allemagne, l’Italie et 50% des états américains, notamment, font usage du RIC, mais pas au niveau fédéral).

      4) des magistrats et mandataires tirés au sort, sans pouvoir décisionnel (décision par l’AP)

      5) des mandats courts et non renouvelable (rotation des charges)

      6) des mandats impératifs (reddition des comptes avec possibles sanctions à la clef)

      7) impossibilité pour les mandataires et magistrats de modifier la constitution (pouvoir supérieur exclusivement réservé au peuple, via une assemblée constituante tirée au sort).

      8) organisation des structures décisionnelles au départ de la base, soit : communes (ou cantons) / arrondissements dans les grandes villes > régions > pays, sur un principe fédéral inversé (c’est-à-dire non pyramidal, ou si vous voulez, à pyramide renversée).

      La « complexité » n’en est pas vraiment une. J’ai arrêté l’école à 16 ans, et je suis parfaitement à même de m’emparer de ces sujets et d’évaluer les avantages et inconvénients. Je ne suis certainement pas le seul.

      Cordialement,
      Morpheus


  • bernard29 bernard29 25 juin 2012 14:38

    combien ça va couter, cette faribole ?
    A quoi s’amusent nos députés européens ?
    A quoi sert le Conseil de l’Europe ?
    Remboursez !!!!


  • Jason Quidoz 25 juin 2012 17:56

    Faire un forum sur la démocratie sans inviter des personnes réellement démocrates (comme Etienne Chouard par exemple ...), c’est un peu comme faire une soupe sans légumes : c’est juste de l’eau, ça ne sert à rien.


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