samedi 10 août 2019 - par Nicole Cheverney

François Asselineau, un profil atypique

Généralement, lorsque les media évoquent François Asselineau, ils parlent de tout, sauf de ce qui devrait intéresser prioritairement les électeurs : l'Union Européenne et comment en sortir. Se contentant de dresser de lui un portrait superficiel et réducteur. En effet, le profil de F. Asselineau ne correspond en rien aux critères actuels post-modernes depuis environ 40 ans où, avec l'arrivée de Mitterrand en 1981 et son équipe de fossoyeurs chargés d'enterrer la France et son identité culturelle, les normes du politique ont littéralement transformé en profondeur la fonction élective ainsi que les femmes et les hommes qui s'en réclament.

Tout dans la personnalité de F. Asselineau va à l'encontre aujourd'hui de l'image d'un politicien médiatisé-tendance marketing.

Déluré, il ne l'est pas. Médiatisé, il ne l'est pas plus. Physiquement, il est rondouillard et semblerait s'en satisfaire, là où les autres sont obsédés par leur aspect physique, les hommes par leur bedaine, les femmes par leur faciès et le botox ! F. Asselineau n'a rien de ces politiciens marketing qui s'empressent d'en suivre les caractéristiques principales : minceur obligée, vie privée plutôt agitée exposée aux paparazzi. Et pour mieux épouser les codes inspirés par la mode anglo-saxonne, la vie familiale doit être, comme il se doit, également décortiquée par lesdits paparazzi, comme la langouste ou le homard ! D'ailleurs, les politiciens qui se prêtent à ce genre de mondanités avec une complaisance mielleuse, vilipendent après coup les affreux paparazzi : - Salaud ! Vite un procès ! Dommages et intérêts !

La politique n'est plus qu'un grand Barnum avec ses clowns et ses bouffons, jouant adroitement de leur talent de singe habillé et de la bouffarde excentrique.

F. Asselineau se démarque de ce microcosme exhibitionniste et vulgaire.

Bien entendu, il fait figure de trublion dans les média et le monde politique ainsi que pour les électeurs influencés par les media, et, qui ne voient pas plus loin que le reflet de leur écran. Car la projection de lieux-communs et d'images frelatées par la propagande médiatique, façonne irrémédiablement et l'électeur, et les politiciens de notre "société du spectacle" (voir Debord), en confondant Hollywood avec le palais Bourbon, le palais Matignon ou l’Élysée.

F. Asselineau porte costume classique et cravate, faisant plutôt penser à un placide notaire de province, loin des agitations parisiennes d'une capitale totalement dénaturée par le roulement continu et dépressif et tapageur des municipalités successives, toutes attachées à donner à Paris un nouveau "look" avec les millions d'Euros drainés par la même occasion, en écartant les couches populaires du centre de Paris, en les reléguant à l'extérieur de Paris. Et pourtant, Paris n'a été Paris que grâce à tout ce petit peuple besogneux et ingénieux qui avait donné ses lettres de noblesse à notre célèbre Paname ! Aujourd'hui, ne peuvent vivre décemment à Paris intra-muros que les couches sociales privilégiées quant aux autres, elles sont condamnées à la débrouille ou à dépérir. Depuis 40 ans donc, et peut-être un peu plus, la post-modernité de la chose électorale nous a produit une classe politique insolente et bien trop sûre d'elle, et aujourd'hui, nous en faisons tous les frais.

Que faut-il aujourd'hui, pour réussir en politique ?

Être médiatisé ? C'est obligatoire, et plutôt deux fois qu'une. Ressembler à un haricot vert surgelé dans ses costumes étriqués et ses chaussures longues comme des poulaines moyenâgeuses ? Marcher comme un cakou, en roulant les mécaniques ? Certainement. Mais si en plus, vous vous exhibez les bas-joues envahis d'une barbe de deux jours, donnant aux politiciens de sexe mâle une allure décontractée, alors qu'en réalité ces psycho-rigides sont tout sauf décontractés, là, vous avez réuni tous les codes de la réussite, en sus d'un beau diplôme des grandes écoles !

Ajouté à cela, une propension à postillonner sur tout ce qui ne vous ressemble pas, du haut de votre morgue, lippe hautaine et condescendante, pouah ! pouah ! Prenez par exemple, lors des rassemblements électoraux, dits bains de foule, pour aller serrer les mains de Popu ! Eh bien, cela s'apparente pour ces précieux à un véritable sacrifice. Voyons, cher ami candidat ! Il est absolument nécessaire d'en passer par là pour être élu et rassembler des voix ! Mon ami candidat, fais-toi violence, tu iras après coup te désinfecter les mains après serrage de la pince à Popu !

Seul, Chirac avait ce talent d'aller tapoter le cul des vaches et de se sentir comme un frais gardon dans la foule compacte en serrant les pognes rurales ou urbaines, pour lui tout était bon à palper, il aimait ça et le faisait savoir. On avait aussi G. Marchais dans ce registre, et à personne il ne serait venue l'idée de le lui reprocher. Se frotter au peuple, cela ne s'apprend pas ! C'est du ressort de l'inconscient. Et le peuple lui, sait très bien qui l'aime et qui le méprise.

Quant aux femmes politiques, n'en parlons même pas, de la poupée Barbie stéréotypée à la mère fouettard, nous avons une panoplie complète à étudier de près et dans les moindres détails par les sociologues, rien que de la bonne tenue, n'est-ce pas !

Les fondements post-modernes de notre république tricolore.

Henri IV s'était converti au catholicisme pour être sacré roi, cela valait bien une messe, disait-il, mais pour nos républicains candidats, un siège vaudra bien un p'tit coup de frotta-doux insincère avec Popu ! A chacun ses priorités. Tout dépend, bien sûr, de l'envergure de la destinée convoitée. Royale, comme notre bon roi Henri, ce sera une couronne qui viendra se poser sur le chef par le miracle de l'oint papal ! Républicaine, c'est le fondement qui fera office de chef et ira se loger directement dans les sièges de velours des palais républicains, on a la priorité et le sacre que l'on mérite et où l'on peut. La couronne sera remplacée par le vulgaire strapontin. Comme quoi tout est question de bon niveau de son anatomie. Car la fonction dominante s'est considérablement avachie, au fil des ans, pour, aujourd'hui, descendre au plus bas !

Qu'est-ce qu'un politicien de nos jours ?

Est-ce quelqu'un d'intègre ? J'aurais mauvais esprit à les mettre tous dans le même panier à crabes. Il en existe de valeureux, pour ne pas dire d'exemplaires, mais il faut bien remuer le tamis pour découvrir ces pépites. Mais s'il y en a, pauvres de nous, d'intègres, ils ne sont pas légion. Remarquons l'épidémie de corruption qui cloue les autres dans le lit vaseux de l'affairisme. Et qu'aucun traitement de choc ne viendra, bien sûr, guérir définitivement de leur sale manie maniaco-dépressive que chantait Serge Lama : « je suis comme un bambin, je mets mes mains partout ! ».

Dans ce cénacle bactérien et prolifique, l'intérêt personnel prévaudrait-il l'intérêt commun ? Mais qu'est-ce ? La politique, considérée par certains, comme moyens d'enrichissement personnel et familial ? Népotisme, clientélisme, conflit d'intérêt, passerelles entre privé et public pour s'assurer d'une carrière confortable avec retraite tout aussi confortable, enfin... petites faveurs entre amis, en considérant son pays – la France, comme un terrain de jeux où tous les coups sont permis, détruire de la Constitution, tout ce qui entraverait les moins scrupuleux, dévaloriser les institutions et la fonction élective par des comportements à l'encontre des plus élémentaires principes, dépecer la France, son industrie, son agriculture, ses services publics, monter des opérations frauduleuses sous couvert de décrets ou de lois pour arriver à ses fins, pratiquer le financement occulte des campagnes électorales, faire de notre pays autrefois vivable, un nouvel enfer où la moindre manifestation est réprimée violemment.

Mais ce n'est pas tout : avoir remis notre indépendance économique, militaire, industrielle, à l'Union Européenne et à des entités étrangères ? Détruire notre souveraineté ? Considérer les électeurs et les citoyens comme des blocs de gélatine sans consistance que l'on peut manipuler à souhait ? Si une partie de la population, bienheureusement de moins en moins nombreuse se laisse manipuler, l'autre partie, elle, prend conscience que le mépris de classe gagne tous les jours du terrain. Car pour les politiciens les plus corrompus, sûrs de leur fait, ils considèrent comme un fait acquis l'adhésion du peuple à leurs interminables forfaitures. Et se retrouvent à faire des bulles dans leur bocal, lorsque les gilets jaunes donnent de la voix et sortent dans la rue depuis des mois alors que les scandales continuent de s'accumuler. Car la république n'ayant jamais été aussi gueuse, les gueux, eux, ne l'entendent plus de cette oreille et réclament de la droiture de la part des représentants du peuple. Serait-ce trop demander ?

F. Asselineau entonne un refrain qui n'a pas l'heur de plaire aux plus croassants.

Au milieu de ces espèces de représentants du peuple, plus proches des accipitridés que de la mésange, du pinson ou de la blanche colombe, et pour appuyer sur la métaphore, un oiseau solitaire genre bouvreuil clame du haut de sa branche, depuis dix ans, esseulé, qu'il faut sortir de l'Union Européenne dont il a choisi l'article 50 comme moyen le plus efficace. Sa méthode surprend mais interroge. Il inquiète car sa chanson dissone. Alors on le raille. Les media l'ignorent ou le ridiculisent, les autres l'invitent mais du bout des lèvres, à condition qu'il n'en dise pas trop sur l'Union Européenne dont il connaît sur le bout des doigts les articles, décrets et textes, révélant ainsi au grand public, la véritable nature de cette construction de bric et de broc qu'est l'UE.

Casuites, néo-jésuites.

Tel « l'honnête homme » du XVIIe siècle comme on aurait pu l'imaginer aux temps du roi Soleil où le jansénisme formulait son refus des multiples débordements des Jésuites et des scandales, F. Asselineau, aujourd'hui, plus que jamais incarne ce décalage temporel qui revient en force. Les casuistes – ce sont les Jésuites d'aujourd'hui, contre F. Asselineau, qui, tel un Blaise Pascal, avec une prose et un logos calmes, tranquilles mais fermes, assène ses vérités, sobrement mais sûrement, contre l'Union Européenne, la nouvelle Église, la nouvelle religion envers qui toute remise en question équivaut à une mécréance et à une excommunication. Oh ! Il n'est pas le seul à être excommunié par les néo-Jésuites. Sont de plus en plus nombreux, femmes et hommes à subir les foudres de ces olibrius, irrémédiablement engagés sur la pente très glissante de l'hubris, se disputant les dernières défroques de notre pays, comme une bande de chiffonniers.

Pour F. Asselineau la question d'évidence c'est la sortie de l'UE, la geôle des peuples, et au plus vite, car ses promoteurs n'ont jamais respecté, ce, depuis le début de sa création, ni les peuples, ni les pays, ni même leur génie intrinsèque. Bien au contraire, ils se sont acharnés à voir disparaître la France en l'affaiblissant de l'intérieur. A croire qu'ils la haïssent. Étrange...

De trois choses l'une : ou bien le peuple sortira de l'UE, mais alors par la force, ou bien, de manière plus graduelle, avec le Frexit, si le temps nous en laisse les moyens, comme Boris Johnson l'Anglais dont les media nous tracent un portrait croquignolet avec son Brexit dur. Ou bien, l'UE, vérolée, tombera comme une poire pourrie de son arbre perchée.

La France est issue d'une vieille culture gréco-latine, les Français le savent. Et, de cette certitude naît leur force. Aussi, le côté un peu compassé de F. Asselineau même s'il agace les pisse-vinaigre, révèle, malgré la foison de propos tenus contre lui, l'enracinement et la force turgescente de la longue histoire de notre pays. Il sait de quoi qu'il cause, auraient dit les anciens devant un bon verre de gnôle, dans un de ces vieux bistrots parisiens remplacés depuis de quelques années par les cafés tendance, au décor aussi glacial que le cœur de nos dirigeants et fréquentés majoritairement par une clientèle friquée.

F. Asselineau, c'est l'histoire d'un mec qui ressent les forces telluriques des terroirs français. Ses discours, ses conférences sont, historiquement parlant, ce que la France a su transmettre de sa large culture aux générations futures. Ses discours sont de la nature de ceux qui savent. Et c'est sur ce terrain là que F. Asselineau attend ses adversaires politiques dont il sait pertinemment, qu'en s'entêtant à vouloir évoluer entre les eaux glauques de l'UE ou sur un terrain stérile, « on ne construit rien sur du sable ». Eux ne savent rien, ils n'ont donc rien à transmettre aux générations futures, sauf l'écume des choses.




Réagir