jeudi 29 septembre 2016 - par Laurent Herblay

Gaulois : Sarkozy pousse ses adversaires à la faute

Il n’est pas très fréquent que je sois d’accord avec Nicolas Sarkozy, l’opposition que j’ai pour lui m’ayant poussé, il y a presque dix ans, à ouvrir un blog, à voter contre lui en 2007 et blanc en 2012. Cependant, dans la polémique pas si dérisoire sur ses propos sur les Gaulois, il pousse ses adversaires à la faute, aveuglés qu’ils sont par leur opposition et le bruit médiatique.

 

Une ode au modèle assimilationniste Français
 
Alors que ses propositions de limiter le droit du sol cet été avaient créé la polémique, les propos de l’ancien président de la République sur le fait que les Gaulois sont les ancêtres de tous les Français devraient plutôt rassurer ceux pour qui il dérive sur les questions identitaires. Après tout, une telle vision des choses montre que notre pays a une tradition forte de véritable assimilation des étrangers à la communauté nationale, ce qui manque aux pays anglo-saxons, qui refusent tant les entraves à la liberté individuelle que leur melting-pot se transforme en une constellation de communautés séparées par des clôtures. Loin de tomber dans un identitarisme étroit et aux relents nauséabonds, Sarkozy montre que la France peut être accueillante, du moment que l’on respecte nos coutumes et notre culture.
 
Alain Juppé a répliqué : « ça voudrait dire qu’on est tous pareil, qu’on coupe nos racines. Mais quand on coupe les racines d’un arbre, il meurt  ». Mais ainsi, il cède à la caricature : ce n’est pas parce que l’on décide de privilégier ce qui nous rassemble que l’on doit forcément oublier ce qui nous différencie. Pire, n’emprunte-t-il pas la voie multi-culturaliste, qui est aussi celle de l’enseignement des cultures d’origine ? Bruno Le Maire, lui, a réagi « ne nous caricaturons pas dans nos paroles  », sans que l’on voit de caricature dans les propos de Nicolas Sarkozy, qui ne sont pas nouveaux dans sa bouche, ou ailleurs… Quelques uns font mine de ne pas voir que l’on peut parfaitement vanter le fait d’être « de sang mélé  » et parler de « nos ancêtres les Gaulois  », l’un n’excluant en aucun cas l’autre…
 
Le FigaroVox a publié un papier intéressant sur le récit national, même si je suis moins pessimiste que son auteur, voyant au contraire une adhésion croissante à ce récit par rapport à il y a vingt ans, et une levée progressive de ce tabou, comme si nous étions en phase de digestion des élans natiophobes. Dans ce cadre, et même si ce qu’il dit est juste, il est presque dommage que Nicolas Sarkozy semble s’être cru bon de devoir apporter des compléments à sa déclaration initiale, pour calmer le tollé dérisoire de personnes souvent mues par des raisons politiciennes, ou qui ne comprennent pas qu’il exaltait la capacité de notre pays à se rassembler, par-delà nos différences. Car ce que certains voient comme une provocation aurait pu au contraire applaudir un discours bien moins clivant.
 

Mais finalement, le plus consternant, ce sont les réactions si partiales et partielles de tant de médias et politiques qui sont tombés abraracourcix sur l’ancien président, par principe, sans véritablement porter attention à la teneur de ses propos, qui me semblent, pour une fois, largement louables.

 



14 réactions


  • philouie 29 septembre 2016 11:23

    les cons se sont quand ceux qui se font prendre dans le jeu du nain et qui renchérissent sur sa polémique qui n’est destinée qu’à faire parler de lui.


  • charlie charlie 29 septembre 2016 11:44

    Ce qui compte le plus dans la com politique, c’est le subliminal, non les mots par eux-mêmes, mais ce qu’il y a derrière et que tout le monde « perçoit » au quart de tour. 

    Les « Gaulois » de Sarko, c’est cela, jouer sur tous les sens du mot, celui du « roman national » (tu parles, Charles…), et celui, détourné vers le sens, racial, de « blanco », « Céfran », pour ne pas dire « souchien » ou « face de craie »…..

    Ce qui « pousse à la faute », ce n’est pas l’usage politique qui en a été fait au XIXè siècle, mais toutes les connotations identitaires actuelles du mot. C’est du Sarko pur jus : il lance le bâton merdeux et tout le monde se précipite pour le ramasser. 

    Il fait le buzz et ratisse large un électorat qui pige immédiatement le sens caché de ses formules.


    • Olivier Perriet Olivier Perriet 29 septembre 2016 14:08

      @charlie

      en somme vous condamnez non pas les propos en eux-mêmes, mais les arrières pensées (supposées) de celui qui les prononce.

      Très fort vraiment.

      Je ne sais plus où vous en étiez sur le burniké, mais à ce compte là il faut d’urgence interdire cet accoutrement car « ceux qui le portent ont des arrières pensées pas très claires ».


    • charlie charlie 29 septembre 2016 15:12

      @Olivier Perriet

      Parce que vous ne croyez pas que Sarko puisse avoir des arrières-pensées ? smiley


      Bon, sans rire, je répondais à l’auteur de l’article : si Sarko pousse à la faute, c’est exprès, en lançant à dessein une formule fausse mais qui a l’air vrai. Il l’avoue d’ailleurs lui-même plus tard : « Ce n’est pas forcément la vérité historique, mais c’est un roman national ». 


      Donc, il déclare une chose qu’il sait n’être pas la vérité historique pour que tout le monde s’écharpe. Ses adversaires crient au mensonge et passent pour des bisounours naïfs gaucho-hallal. Ses soutiens chantent la Marseillaise la main sur le coeur et glorifient le parler vrai et le réalisme de leur champion…..

      Bref, comme toujours avec Sarko, le débat est biaisé à la base. Et pour faire bonne mesure et parachever le large ratissage des électeurs, cette fois-ci musulmans, il ajoute : « Nos ancêtres étaient aussi les tirailleurs sénégalais. ».

      On peut quand même se marrer…..


      PS : pour le « burnike », ben oui, « à ce compte là », je pense que cet accoutrement relève d’une idéologie et d’arrières-pensées qu’il fallait oser déchiffrer et combattre avec la dernière énergie.


    • Olivier Perriet Olivier Perriet 29 septembre 2016 16:14

      @charlie

      c’est difficile de combattre des sous-entendus supposés.

      C’est le piège dans lequel tombent les détracteurs de Zemmour ou Dieudonné, qui finissent par rappeler les inquisiteurs chassant les faux convertis ou Louis XIV extirpant le jansénisme hors du royaume (ce qu’il n’a d’ailleurs pas réussi et où il s’est ridiculisé).


    • velosolex velosolex 30 septembre 2016 10:05

      @Olivier Perriet

      Effectivement, ne pas voir que ce voile n’est qu’ un drapeau dans lequel certains avancent leurs idées et imposeront demain leur religion sectaire, est un cas de cécité que les ophtalmos ne peuvent pas soigner. 
      Ceux qui connaissent un peu l’histoire penseront aux muntzreristes, par exemple, une secte religieuse dissidente des anabaptistes..., vétus de pied en cap de noir, qui quand elle parvenait à s’implanter dans les villes hollandaises ou allemandes, ils mettaient rapidement tout le monde sous coupe, faisant ensuite exploser leur nature perverse et dominatrice. Comme par exemple à Munster au seizième siècle.
      Le plus vieux truc du monde que ce prosélytisme avançant à pas feutré. Il se trouve des couillons applaudissant leurs bourreaux à venir. Des gens éclairés nous mettent en garde depuis un certain moment, et cela depuis l’Algérie par exemple, soualem sensal, ou Kamel daoud, formidable auteur de « meursaut contre enquête »
       : 
      Boualem Sansal : "Pourquoi l’islam a cédé la place à l’islamisme

  • fred.foyn 29 septembre 2016 14:08

    Sarkozy pousse ses adversaires à la « faute sur mer » pour une noyade collective...


  • Harry Stotte Harry Stotte 29 septembre 2016 17:07

    « Dans ce cadre, et même si ce qu’il dit est juste, il est presque dommage que Nicolas Sarkozy semble s’être cru bon de devoir apporter des compléments à sa déclaration initiale, pour calmer le tollé dérisoire de personnes souvent mues par des raisons politiciennes, ou qui ne comprennent pas qu’il exaltait la capacité de notre pays à se rassembler, par-delà nos différences. »



    Moi, ils me font toujours sourire avec attendrissement, les gens qui croient, sincèrement, pouvoir introduire de la raison et de la gravité dans la politique. C’est par excellence le domaine des passions incontrôlées, des réactions épidermiques, des enthousiasmes éphémères, des colères fugaces et des indignations superficielles.

    Dans sa vie, Chirac aura dit pas mal de conneries, la plus stupide lui fut suggérée par la montée du NON dans les intentions de vote exprimées à propos du Traité constitutionnel européen : « On vote avec son cerveau, pas avec ses tripes... » 


    Chirac l’a appris à ses dépens le 29 mai 2005, et nous, nous en avons eu la confirmation lorsque le peuple s’est laissé, en toute passivité, dépouiller de sa décision, par ses soi-disant (et prétendus) représentants.



  •  C BARRATIER C BARRATIER 29 septembre 2016 20:18

    Laurent, nous sommes au moins deux à avoir créé un blog en réaction à Sarkozy
    Nous sommes républicains, et parce qu’il ne l’est pas, Sarko a baptisé son partI LR
    En table des news :

    Site Retraités dans la République, et discours de LATRAN

     

    http://chessy2008.free.fr/news/news.php?id=2


  • zygzornifle zygzornifle 29 septembre 2016 20:28

    et Paul Bismuth ? On n’entend plus parler de lui en ce moment ......


  • François Vesin François Vesin 29 septembre 2016 21:45

    NON !!! Pas vous et surtout, pas comme ça !!!

    La phrase du délinquant auquel vous vous référez
    est audible pour autant que notre époque la comprenne !

    C’est une image, réductrice (personne ne s’en étonnera venant de lui),
    qui renvoi aux manuels d’Histoire de l’école primaire des années 50 !

    Plutôt que de dire « quand nous étions enfants, on nous apprenait que
    les gaulois »....etc, méprisant le peuple comme de coutume, Sarkozy
    laisse entendre qu’il récite le credo républicain... hors, c’est le seul
    texte qu’il ne connaisse pas et qu’il n’a jamais voulu apprendre !

    Pour peu, il nous ferait croire qu’il a une « certaine idées de la France »
    alors que nous savons aujourd’hui que, non content d’en être structurellement
    incapable du seul fait de son égocentrisme surdimensionné, tout laisse à croire
    qu’au regard de ses forfaits, ’il finira plutôt à Sainte Anne qu’à la Santé.

    Ne consacrez plus un mot à ce grotesque infatué et, revenez dans votre rôle
    avec la vigilance et la pertinence qui vous siéent si bien !!!

  • velosolex velosolex 30 septembre 2016 09:46

    Certains c’est vrai, ne peuvent qu’avoir l’avis contraire de ceux qu’ils détestent, en ce sens, ont leur jugement lié de façon pavlonienne lié à celui de leur ennemi, en faisant une sorte de gourou, de maître à penser à l’envers......

    A l’heure où l’on peut prendre l’avion et se transporter sans problème à l’autre bout de monde, de façon opportuniste, il est évident que le droit du sol ne veut plus rien dire. Il suffit de voir ce qu’il se passe à Mayotte, ou en Guyane, où toutes les femmes enceintes des iles d’a coté accourent, pour mesurer l’absurdité de la situation. La générosité à un certain moment devient une pantalonnade, surtout quand elle déstabilise de plus les pays frontaliers. 
    Sarko ou non, le problème existe. L’induire dans les équations fausse le débat. Il pense ce qu’il veut, vous n’avez pas à prendre son avis pour prendre le votre....Voilà ce débat débile autour des gaulois, où il est de bon ton de dire maintenant que le gaulois n’a jamais existé, et que nous descendrions davantage du Bantou ou du ceylanais que du gaulois, ce gaillard dont César dans la guerre des gaules reconnaissait le courage, l’inventivité, mais faisait remarquer qu’il était indiscipliné, râleur,, individualiste, et pessimiste sur son avenir....Rien à voir avec nous sans doute...
    Sarko, c’est le même personnage manipulateur, tirant les fils du discours, que celui qu’on trouve dans « La zizanie », un très bon astérix...le gaulois...Un album réactionnaire ?...

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