jeudi 15 mars 2012 - par Didier Barthès

L’écologie est-elle de gauche ?

Vieux débat que l'approche des élections remet au goût du jour. Il s'agit moins ici de répondre à la question que d'en évoquer les différentes facettes et de s'interroger sur sa véritable pertinence.

Interrogation récurrente qui nous laissera sans doute longtemps sur notre faim puisque la gauche et la droite ne constituent pas des objets matériels implicitement définis, mais sont des concepts construits. Chacun étant libre de les appréhender, de les définir, on pourrait presque dire de les "ressentir" comme il l’entend, la réponse ne peut engendrer l’unanimité. Cet empêchement intrinsèque n’interdit pas de se pencher sur ces affaires d’étiquette et d’en souligner quelques particularités. 

L’une des difficultés résulte de ce que la distinction entre droite et gauche ne se cristallise pas sur un axe unique mais peut se décliner autour de plusieurs lignes, parfois sans rapport simple les unes avec les autres. L’économie, l’histoire, la politique, constituent autant de domaines sur lesquels peuvent être indépendamment définies ces deux notions.

Sur le plan économique d’abord. L’idéologie de droite regroupe les points de vue souhaitant donner l’essentiel de l’initiative aux agents individuels. Elle fait sienne l’idée que la meilleure façon de subvenir aux besoins des hommes est de laisser faire les forces de marché. Si un besoin apparait, la plus grande liberté d’entreprendre est la meilleure garantie pour que ce besoin se trouve satisfait. Coté consommateur, le marché offre a chacun, dans des conditions de rareté données, l’occasion de faire la meilleure allocation possible de ses ressources. Elle affirme la supériorité d’un principe général d’optimisation censé être plus efficace que tout système de planification. Cette idéologie, dominante dans les faits, sinon dans les discours, a permis, ou, pour être le plus prudent possible, s’est trouvée temporellement corrélée, à la formidable expansion économique des 150 dernières années. De façon indirecte l’économie de marché et l’idéologie qui la sous-tend ont donc bien engendré les problèmes écologiques liés à cette même expansion (problèmes qui cependant se seraient certainement et également posés avec tout autre moteur d’expansion). L’idéologie de gauche, au contraire, rejette fondamentalement ce pouvoir optimisateur du marché et prétend que c’est l’organisation collective des hommes (les Etats, les associations, les mouvements politiques…) qui doivent gérer et orienter les productions et la plupart des activités humaines afin de répondre au mieux à nos aspirations.

Sur cet axe économique, l’écologie serait plutôt de gauche tant certains problèmes, par leur caractère global, comme la pollution ou la disparition des espèces, peuvent difficilement être appréhendés par le marché. Certains mécanismes de marché pourraient même se révéler particulièrement " vicieux ". Ainsi, si l’air devenait à ce point irrespirable qu’il faille le faire payer, nos économies y trouveraient sur le plan comptable un avantage et une source de croissance, sans que concrètement la vie soit plus agréable et nos besoins mieux satisfaits, tout au contraire. Rien ne prouve que dans ce cas, le cumul des actions des acteurs individuels cherchant soit à se procurer, soit à produire et à vendre de l’air respirable conduisent à une meilleure satisfaction globale de notre besoin d’oxygène, besoin par ailleurs parfaitement satisfait dans les sociétés les moins développées. Le même type de raisonnement pourrait s’appliquer par exemple à la protection des réserves halieutiques. La sommes des intérêts individuels des pêcheurs et des consommateurs de poissons peut très bien in fine conduire à vider les mers. Ce sont là des éléments qui laissent penser qu’une démarche écologique de protection de la nature s’accorde mal avec une idéologie libérale. L’écologie serait donc bien de gauche ou du moins devrait s’inspirer des principes et du mode d’appréhension propre à ce qu’on appelle communément la gauche  : favoriser les actions collectives et organisées.

Deux premières retenues doivent cependant tempérer une telle conclusion.

Localement on peut admettre que des mécanismes de marché participent à la préservation de l’environnement. C’est par exemple le cas des réserves de biodiversité créées sous la pression d’agents économiques locaux pour maintenir le tourisme et l’intérêt des investisseurs en ce domaine (notons que concrètement la création de ses réservent exigent quand même une législation). Il semble par contre improbable que ces mécanismes soient généralisables au monde entier. La taxe carbone elle-même, si elle doit prendre un jour quelque importance, sera bien un mécanisme de marché mais dont l’existence même aura été imposée par la puissance publique.

L’autre réserve concerne la réalité des faits. Deux grands exemples d’économie planifiée ont existé dans l’histoire récente  : les communismes chinois et soviétique, dans les deux cas et pour un niveau de production beaucoup plus faible que celui de l’occident capitaliste, la préservation de l’environnement n’a pas été exemplaire, loin de là. A niveau de PIB égal, ces sociétés polluaient et massacraient l’environnement plutôt plus encore que les sociétés capitalistes, même si la Russie a été partiellement préservée du fait de sa faible densité de peuplement. Cette leçon ne doit pas être oubliée.

Une troisième nuance peut enfin être ajoutée. En pratique les sociétés ne s’organisent jamais autour de versions aussi caricaturales des principes libéraux ou socialistes. Ainsi nos sociétés occidentales majoritairement considérées comme capitalistes sont en réalité très marquées par des principes collectivistes. Par le poids des prélèvements obligatoires d’abord, une partie significative de la production sans doute autour de 50 % dépend en fait de l’action de l’état. A ceci s’ajoute bien évidemment une masse de réglementation impressionnante et en croissance ininterrompue qui encadre toujours plus les voies ou peuvent s’appliquer les libertés des acteurs individuels, producteurs ou consommateurs. Cette inflation de règlement est une excellente illustration de notre soumission (obligée ?) à un principe d’organisation venant tempérer les préceptes libéraux.

Sur le plan politique, définir la droite et la gauche est le premier écueil. La question du conservatisme peut constituer une ligne de partage, la droite serait conservatrice tandis que la gauche serait novatrice et plus favorable à l’évolution des structures sociales. Notons qu’en fonction de l’Histoire, cette définition entre parfois en contradiction avec le point de vue économique précédent. Ainsi dans les sociétés ayant connu des économies planifiées au cours du dernier siècle, le conservatisme est du côté du socialisme et la gauche constitue plutôt le versant libéral. La difficulté d’analyse est augmenté du fait qu’à ces distinctions d’idéologies économiques se superposaient des visions différentes du concept de démocratie. Les économies planifiées avaient une conception très particulière de la démocratie déniant, au nom de lui-même, tout pouvoir au peuple dans une dialectique que seul un marxiste bon teint était susceptible de comprendre, d’accepter et plus encore de propager.

Ce point précisé, si l’on pose que la droite représente le conservatisme, alors on peut admettre que l’écologie est fondamentalement de droite. Il se trouve en effet au fond de l’idéologie de gauche l’idée que tout est possible  ; que les hommes libérés des pressions du "grand capital" et de toutes les oppressions sociales seront capables de s’organiser au mieux et sauront imposer des lois justes et efficaces, lois face auxquelles aucune contrainte matérielle ne saurait s’opposer. C’est là, hélas, une négation de la réalité physique du monde. On le voit particulièrement bien dans les débats autour de la surpopulation, une large partie de la gauche ne veut pas entendre parler du problème. Imaginer que notre trop grand nombre puisse poser un problème à la nature est interdit, seuls peuvent être responsables le capitalisme et sa soif de profit. Pourtant la Terre ne grandit pas et la consommation d’espace par les hommes au détriment de toutes les autres espèces est une réalité dont aucune organisation sociale ne pourra faire abstraction. Ajoutons que pour la gauche, s’attaquer au nombre serait s’attaquer au peuple, crime de lèse-majesté s’il en est.

Si le conservatisme, dans sa conception la plus pure, c’est-à-dire dans l’acceptation qu’au-delà des lois des hommes existent des lois physiques et des contraintes universelles auxquelles il n’est pas honteux, mais au contraire il est sage de se soumettre, est un concept de droite, alors oui, l’écologie bien comprise est de droite, fondamentalement.

Comme les choses ne sont jamais simples, admettons toutefois que la gauche puisse avoir sa revanche. On peut en effet considérer que globalement depuis la révolution industrielle l’humanité a perdu tout sentiment de dépendance vis-à-vis de l’ordre naturel (sentiment qui a perduré dans les sociétés dites primitives). Le natalisme forcené que nous reprochions à la gauche est d’ailleurs largement partagé par la droite. Changer de paradigme et d’attitude en remettant la nature au centre de nos préoccupations serait alors une démarche progressiste et donc de gauche.

Sur le plan historique enfin, ou plutôt sur le plan de l’histoire du rattachement politique des mouvements écologistes, les choses ne sont guère plus claires et plus décidables. En France, en 1974, René Dumont qui inaugurait l’entrée de l’écologie sur la scène médiatique proposait une certaine indépendance vis-à-vis de la césure droite/gauche, il parlait des problèmes d’écologie, de surpopulation, mettait en cause la croissance et se heurtait de ce fait avec un égal courage aux deux idéologies dominantes. Depuis l’écologie politique a connu moult bouleversements et les disputes internes et incessantes de ces mouvements constituent d’ailleurs l’axe d’attaque privilégié de tous leurs caricaturistes. Si des dirigeants comme Brice Lalonde ou Antoine Waechter ont également œuvré pour une certaine indépendance politique, depuis une dizaine d’années, le mouvement écologique majoritaire, aujourd’hui EELV, a investi le champ politique traditionnel et s’est clairement positionné à gauche (se coupant ainsi d’ailleurs d’une partie de ses électeurs potentiels et prêtant le flanc aux soupçons d’opportunisme dans une période où la gauche espère récupérer le pouvoir). Pas de discussion possible sur ce point, si les concepts de droite et de gauche sont définis par les hommes qui prétendent se rattacher à ces tendances, alors si les écologistes se disent de gauche, ils le sont, mais il ne s’agit là, bien sûr, que d’une tautologie.

Le vrai débat bien sûr est ailleurs. Si la pertinence d’une question se mesure à celle de sa réponse, alors celle-ci : " L’écologie est-elle de gauche ? " est une mauvaise question dans le sens où elle n’aura d’autre réponse que celle de notre arbitraire. Il ne faut donc pas la mettre au cœur de nos polémiques, cela reviendrait à lui accorder une importance injustifiée.

Nous marquerons plus de respect envers l’écologie en rappelant qu’elle est l’exigence essentielle de notre siècle (et des suivants, désormais elle accompagnera toute l’Histoire de l’humanité du fait de son pouvoir technologique sur la planète).

Exigence sur le plan pratique dans la mesure où toute autre question sera sans objet dans un monde dévasté, l’écologie l’est surtout sur le plan moral  : La beauté du monde nous impose le respect et la capacité de souffrance du vivant nous y oblige.



23 réactions


  • jef88 jef88 15 mars 2012 11:43

    Historiquement !
    L’écologie est née en RFA (ouest) implantée par la RDA (est) . La lutte contre le nucléaire était d’abord contre les bombes que les USA avaient stocké en RFA....

    S’en est suivi un mélange écolo-gauchiste dont notre Dany international est un bel exemple !!!


  • foufouille foufouille 15 mars 2012 13:21

    interdire les centres villes aux voitures de pauvres est de droite


  • niberta 15 mars 2012 14:19

    Vous avez oublié dans votre analyse le paramètre suivant : ce sont les riches qui polluent pas les pauvres. Le problème écologique est indisociable de la justice sociale et de la réduction des inégalités. A ce titre elle est nécessairement de gauche.


    • Francis, agnotologue JL1 15 mars 2012 15:38

      Comment les riches détruisent le monde

      « Et si la dégradation de l’environnement était intimement liée à la crise sociale dans le monde ? En effet, ceux qui détiennent les leviers politiques et financiers sont aussi les promoteurs d’un modèle de consommation à outrance, dévastateur pour la planète... mais imité par les couches moyennes. Que ceux du haut de l’échelle misent sur la décroissance, et l’effet d’entraînement est assuré... La préservation de la terre passe par plus d’égalité. »

      par Hervé Kempf, juin 2008


    • Didier Barthès 16 mars 2012 12:23

      Bonjour Niberta,

      Je ne l’ai pas oublié, simplement, les pauvres ont, et on les comprend, une furieuse envie de devenir riches ce qui les conduira, s’ils y arrivent, à polluer autant que nous. C’est pourquoi je pense que si l’on veut leur permettre d’être plus riches (et il le faut), il faut aussi réduire la fécondité dans les pays les plus pauvres. Je pense que sinon on croit défendre les pauvres mais qu’on défend en fait la pauvreté, c’est bien différent.

      D’autre part si bien sûr, la pollution est assez largement corrélée au niveau de vie, l’espace consommé sur la planète, l’est moins et même si nous sommes tous pauvres (ce qu’encore une fois on ne peut décemment souhaiter) alors nous prendrons les espaces des autres espèces et les élimineront de facto). Cet argument doit être pris en compte et je suis vraiment triste de voir que la plupart des mouvements écologistes ne l’évoquent jamais.

      Cordialement


  • Francis, agnotologue JL1 15 mars 2012 15:34

    Didier Bathès,

    je vous cite : "L’une des difficultés résulte de ce que la distinction entre droite et gauche ne se cristallise pas sur un axe unique mais peut se décliner autour de plusieurs lignes, parfois sans rapport simple les unes avec les autres."

    Je dirai que la gauche c’est le souci de préserver et d’enrichir les patrimoines collectifs, la droite c’est le contraire : la recherche du profit personnel au mépris du bien public. 

    « La planète compte suffisamment de ressources pour répondre aux besoins de tous, mais pas assez pour satisfaire le désir de possession de chacun. » Gandhi.

    Je crois tout est dit : l’écologie est de gauche ; congénitalement de gauche !


    • Didier Barthès 15 mars 2012 15:44

      Malgré l’admiration que l’on peut avoir pour Gandhi, on ne doit pas forcément prendre chacune de ses citations pour parole divine. Quand Gandhi est mort, le monde avait moins de 2,5 milliards d’habitants, nous en avons 7, admettez que les données ont changées. En 1900 il y a avait 100 000 tigres dans le monde il y en a moins de 3 000 désormais et cette réduction est pour l’essentiel lié au fait que l’habitat des hommes à pris la place de celui du vivant. La Terre n’a pas gagné un seul mètre carré depuis Gandhi. Quitte à ne pas me faire d’amis, je maintiens que la phrase « La Terre compte suffisamment de ressource pour satisfaire aux besoins de tous », est désormais vide de sens, c’est tout simplement une négation du monde physique et un appel à supprimer tout espace pour les autres espèces que l’homme, de ce monde là, j’assume ne pas vouloir. Encore une fois : Où mettrez vous les animaux et les forêts dans un monde de 10 milliards d’hommes ? Rêvez-vous de monades urbaines ?


    • foufouille foufouille 15 mars 2012 16:12

      vu que les hypers balancent un million de tonnes de bouffe a la poubelle par an, il y a de la marge


    • Francis, agnotologue JL1 15 mars 2012 16:39

      Pas de problème !

      relisez mon post ainsi :

      « La planète ne compte pas suffisamment de ressources pour satisfaire le désir de possession de chacun. » Gandhi.

      Tout est dit : l’écologie est de gauche ; forcément de gauche !

      CQFD

      Que vous faut-il de plus ?

      pfff !


    • Didier Barthès 16 mars 2012 12:26

      Bonjour JL1

      J’étais d’accord avec la seconde partie de la citation de Gandhi, c’est pourquoi je n’ai répondu qu’à la première. Je continue quand même à penser que cette phrase est un peu médiatique, fait très bien dans un recueil de citations, mais reste un peu contradictoire malgré tout le respect que l’on doit à Gandhi. Elle me semble beaucoup moins profonde qu’elle en a l’air.

      Bien cordialement


  • POlivier 15 mars 2012 18:14

    N’importe quoi. C’est une rumeur totalement infondée que de croire que la gauche est plus écologique que la droite. Citez moi une mesure -non électoraliste et durable- que la gauche a réalisé pour l’environnement.

    Il y’en a pas pas. Ou du moins, il y’en a pas plus que la droite. Aucun parti actuel n’est pour l’environnement.


    • epicure 15 mars 2012 20:35

      C’est pour ça que le FdG prône une planification écologique, non pas un truc sorti de nulle part pour plaire au blaireau gauchiste écolo, mais un projet inclus dans une vision d’ensemble, une vision de Gauche.
      Si sarkozy fait des proposition écologique, cela sera déconnecté de sa vision politique du reste, et puis ce sera avant tout pour séduire électoralement (pour faire le contraire une fois élu comme il l’a fait avec ce quinquennat sur de nombreuses choses).


  • Frabri 15 mars 2012 18:18

    Il y a l’écologie scientifique avec les écologues qui sont ni a gauche ni a droite

    http://www.afie.net/

    Et l’écologie politique avec les écologistes de droite comme Nathalie Kosciuszko Morizet,Nicolas Hulot (ancien conseillé de Chirac), des écologistes du centre qui sont chez Corine Lepage, et des écologistes de gauche qui sont chez EELV et d’autres partis de gauche.Et la majorité des écolo se situent à gauche


  • jesuisunhommelibre jesuisunhommelibre 15 mars 2012 19:13

    @ l’auteur,

    Quand vous parler des ressources halieutiques d’un point de vue libéral, vous oubliez un principe essentiel, qui est la propriété.

    Pourquoi il y a une sur-exploitation de la mer : Parce qu’elle appartient à tous, donc à personne. Et chacun prend le maximum, en se disant que s’il ne le fait pas, d’autres le feront à sa place. Il ne reste plus que le flicage et la répression pour tenter de sauver quelque chose. Ce qui conduit, automatiquement à la collusion entre gouvernants et industriel, et donc à la corruption.

    Dans une économie libérale, les zones de pêche sont privées. Le propriétaire gère son patrimoine. Il surveille lui-même l’exploitation. Et l’état n’est là que pour assumer son vrai rôle : Défendre la liberté, la propriété, la sureté et la résistance à l’oppression (art. 2 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789).

    Second point, la distinction droite / gauche souffre d’une approximation que vous relevez, mais qui biaise néanmoins votre démonstration :

    Concernant les mœurs, la gauche et les libéraux se retrouvent. Concernant le pouvoir de l’état, la gauche et les conservateurs s’entendent bien. Concernant l’économie, les conservateurs sont souvent libéraux pour eux-même et étatistes pour les autres. L’exemple du libéral (libertarien) Ron Paul, aux USA : Il est républicains. Mais il est contre l’interventionnisme des USA à l’extérieur, mais pour l’ouverture des marchés. Exactement le contraire des conservateurs !

    Revenons à l’écologie. Si la nature doit être administrée, elle ressemblera à un jardin de Le Notre. La nature est libérale : Dans la plus grande diversité, les plus petits côtoient les plus grands, sans autre règle que la recherche du rendement maximum pour chacun : Et le résultat est une grande harmonie créatrice.

    Imaginez une nature administrée ! A partir de statistiques obsolètes, des fonctionnaires plus ou moins compétents décideraient que telle plante doit être planté ici, et que tel animal doit voir sa population réduite ou augmenté.

    Pensez-vous réellement que dans de telles conditions la nature évoluerait et se diversifierait  ?


    • Didier Barthès 15 mars 2012 19:34

      Bonjour « Je suis un homme libre »

      Votre dernière remarque est très juste, une telle nature gérée par des « administrateurs- jardiniers », n’évoluerait plus, ce serait un jardin, ce ne serait plus la nature. Il va de soi que ce n’est pas ce que je souhaite. Si je suis favorable à une certaine gestion, je dois alors préciser ce que j’entend par là : Réserver des zones (vastes et nombreuses d’où mon militantisme anti-surpopulation) où l’homme n’intervient absolument pas. Mais surtout n’essayons pas de jouer à Dieu, laissons faire les lois de la sélection naturelle qui sont de loin les plus efficaces. Merci de m’avoir donné l’occasion de préciser ce point.


    • foufouille foufouille 15 mars 2012 20:29

      "Dans une économie libérale, les zones de pêche sont privées. Le propriétaire gère son patrimoine. Il surveille lui-même l’exploitation."
      il vend les poissons
      puis vend la mer
      il a toujours plein de fric donc aucune morale


    • epicure 15 mars 2012 21:09

      1) la surexploitation provient d’une gestion égoïste sur un bien universel limité.
      Donc l’autorité de l’intérêt général, appelé en général état, doit règlementer la pêche pour ne pas que certains vident la mer pour leur seul profit.
      Par exemple dans certains endroits, ils ont trouvé une solution profitable à tout le monde, par la création de sanctuaire où la pêche est interdite, ce qui permet aux poissons de se repeupler, et par extension de repeupler les zones de pêche, mais ce n’est pas le libéralisme qui permet ça.

      Tton système libéral, c’est de la théorie, le pêcheur n’a aucun contrôle sur sa zone de pêche, certains pourraient se voir décerner des zones pauvres alors que le voisin bien qu’ayant la même surface pourrait avoir des pêches abondantes. Et puis par intérêt privé pour rentabiliser son investissement il pourrait quand même pêcher beaucoup en se disant que les poissons se déplacent de zones en zones.
      Ta privatisation des zones de pêche est une spoliation pour tous les utilisateurs de la mer notamment pour les petits pêcheurs qui n’auraient pas les moyens de se payer des kilomètres carré de zone de pêche en mer.
      Enfin je suis sûr qu’on peut trouver à ton pseudo système libéral.

      2) c’est sa distinction droite gauche qui est approximative, même si parfois il frôle la résolution du problème mais passe à côté. La solution de toutes les contradiction repose par une distinction entre 4 grandes familles politiques : gauche, droite, libéraux et collectivistes ( Staline, Mao etc... ).

      3) Pour les mœurs c’est exactement ça, ce qui est un bon exemple de la justification d’un échiquier politique avec 4 famille et non une simple division binaire. De même que les conservateurs et les collectivistes sont souvent sur la même longueur d’onde sur les mœurs, les staliniens ne se sont jamais distingués par la libération des mœurs.

      Pour l’état les choses sont plus compliquées, il y a la gauche libertaire qui est antiétatique, et les collectivistes modernes qui son pour une main mise de l’état sur tout, et ils sont classé habituellement sous la même étiquette d’extrême gauche, mais ce n’est pas du tout la même famille de pensée.
      La gauche philosophique, historique (donc les libertaires font partie) qui n’est pas dogmatiquement antiétatique absolue (donc pas les libertaires) a une approche démocratique de l’état : il doit représenter la volonté et l’intérêt du peuple, et par exemple l’état n’a pas à s’occuper de ce que font les gens dans leur lit. Alors que les conservateurs eux utilisent l’état pour favoriser les intérêts particuliers des élites, et peut s’immiscer dans la vie privé des gens.
      J’aime ta définition des conservateurs au niveau économie, en fait c’est : la licence pour eux, l’autoritarisme pour les autres. Donc l’état, et la loi, ne doit pas s’ingérer dans leurs affaire, mais subordonner les autres à leurs intérêts par contre, ils sont donc gagnants sur tous les tableaux.
      Ceci rend caduque une approche des conservateurs uniquement sur des critères libéral/antilibéral, car ils ne pensent pas selon ce schéma en fait.


    • jesuisunhommelibre jesuisunhommelibre 16 mars 2012 09:54

      @ epicure,

      Nous nous comprenons bien. La plupart des critiques opposées au libéralisme, le sont en fait au conservatisme ou à la sociale démocratie : La collusion entre l’état et la finance.

      La extrême gauche veut tout étatiser, ce qui exclus la collusion, mais je considère cela comme parfaitement immoral.

      Enfin, quand l’état veut contrôler une activité, cela entraine un flicage, cela exclus, par la complexité des réglementations, les plus faible, et donc cela privilégie les plus puissants.

      Le libre contrat de gré à gré, est la forme la plus évoluée de rapport humain, avec un état, en dernier ressort pour assurer le respect de chacune des parties.

      Quelqu’un m’oppose le bien commun.

      Soit le bien commun est le bien de tous, et dès qu’un seul individu est lésé, il n’y a plus de bien commun. Soit le bien commun est proclamé par le plus grand groupe, le groupe le plus fort, au détriment de la minorité ou des plus faibles. Et il est, lui aussi, parfaitement immoral.


  • Abou Antoun Abou Antoun 15 mars 2012 22:00

    Sans parler encore d’écologie, les images de la droite et de la gauche sont de plus en plus brouillées au niveau national et international et cela dès la seconde moitié du 20-ième siècle.
    Il y a bien sûr la gauche et la droite historiques, les courants de pensée, etc., etc. et puis il y a les prétendues gauche et droite aux affaires, le réalisme politique, et là on ne retrouve pas les mêmes différences.
    Je vous épargnerai la néfaste ’alternance’ que nous connaissons depuis 30 ans et qui en a déboussolé plus d’un. Vous connaissez comme moi les reconversions des deux grandes démocraties ’populaires’ (de gauche) l’une décidant de repeindre la boutique et l’autre non. La Chine, n’est-elle pas toujours populaire et communiste ?
    Vu l’urgence des problèmes réels, (épuisement des ressources, surpopulation, surconsommation) l’écologie doit être forcément dirigiste. L’économie doit obéir à une volonté politique, il est exclu de laisser la loi du marché régler les problèmes planétaire. L’écologie est incompatible avec le libéralisme débridé qui est l’expression de tous les égoïsmes.
    Aujourd’hui dans notre pays, les leaders se prétendant de droite ou de gauche, se rejoignent par leur ignorance (réelle ou feinte) des problèmes de l’humanité dans son ensemble.
    Il serait donc imprudent de ’vendre’ la cause écologiste réelle à des partis traditionnels se reconnaissant encore dans un clivage gauche-droite. C’est à la droite et à la gauche de rejoindre l’écologie, pas le contraire !
    L’écologie en tout cas, doit commencer à faire le ménage dans ses rangs et à en chasser les usurpateurs, qui pour l’heure et en France ne sont que des gauchistes reconvertis (presque par hasard) dans un mouvement vaguement romantique, mais surtout très opportuniste.
    On est pour le moment avec un mouvement comme EELV dans la politique traditionnelle, les combines, les négociations pour une circonscription, pour un maroquin, tout ce que les français ont en horreur. Résultats : aujourd’hui 1% des intentions de vote.
    Joly, Cohn-Bendit beau travail, vous pouvez être fiers.


  • lsga lsga 16 mars 2012 10:01

    L’Ecologie EST DE GAUCHE, car elle implique nécessairement l’intervention de l’Etat dans l’économie. 


    L’Ecologie, par définition, c’est une régulation du système économique selon des critères qui ne sont pas économiques. 

  • gogoRat gogoRat 16 mars 2012 13:52

    Voilà bien le genre de faux problèmes stupides qui désespèrent un pourcentage incalculable de Français parmi la grande majorité prévisible d’abstentionistes, candidats au vote nul, blanc (, ou « sarcastique ») qui s’ajoute aux non-inscrits sur les listes électorales !

     
     Outre le fait qu’une classification « de gauche » ou « de droite » n’apporte strictement rien à la résolution pratique ou intellectuelle des questions relevant vraiment d’écologie ... tenir à ne reconnaître comme alliés qu’une partie des Français (qui plus est évaluée à partir d’un concept on ne peut plus flou) relève d’une statégie électorale qui aurait du mal à passer pour pertinente !

     Quel Français peut avoir l’illusion de pouvoir se réduire lui-même,( et pire encore : réduire d’autres que lui-même !) à une projection infaillible de toutes les composantes de son intellect sur un même segment « de gauche » ou « de droite » ?
     C’est comme si je tenais à n’écrire que les mots qui me semblent venir de mon « cerveau droit » plutôt que de mon « cerveau gauche » ( ou vice versa) ... en n’acceptant en plus de lire que les mots qui me semblent venir du cerveau gauche (ou vice versa) de mes interlocuteurs ...
      Comme une intuition que ça ne ferait pas beaucoup avancer l’écologie ! 
     Dont acte 

    • lsga lsga 16 mars 2012 14:36

      Gauche :


      Révolutionnaire, voulant soumettre l’économique au social et à l’écologie (ex : planification écologique de Mélenchon)

      Droite :

      Réactionnaire, prônant le ’réalisme’ économique, c’est à dire la soumission de l’économie uniquement à des règles économiques.

      D’autres questions ?


  • Rémi Manso Manso 17 mars 2012 15:32

    Même si la question (et les réponses mesurées qui sont apportées) sont intéressantes, car elles nous font réfléchir, au final ce qui ressort de cet article est que l’écologie ne peut être accaparée par quelque camp que ce soit.

    Et d’ailleurs, comme pour de nombreuses autres questions qui se posent à la France et à l’humanité dans son ensemble, il ne faudrait surtout pas que l’écologie s’affiche (d’un côté ou de l’autre) de façon radicale (comme c’est encore malheureusement le cas dans notre pays).
     
    En effet, face aux maux (tous d’origine anthropique, précisons le...) qui accablent notre espèce (surpopulation, réchauffement climatique, pénurie des énergies fossiles et des métaux, raréfaction de l’eau douce, extinction de la biodiversité, et j’en passe), il est évident que pour s’en sortir (si c’est encore possible), un rassemblement majoritaire (et donc au delà des clivages politiques) s’impose.

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