samedi 6 octobre 2012 - par emmanuel muller

L’hexagone officiellement ouvert

19 septembre 2012, « Coming-out du gouvernement » !

Ce fait éminement politique s'est produit dans la quasi indifférence générale, pourtant c'est bien le fonctionnement de toute l'administration française qui est officiellement Homo, oui homogène.

Bien au delà des détails techniques, c'est bien une nature de fonctionnement collaborative inédite qui émerge de ce texte qui officialise l'orientation officielle en ce qui concerne l' Usage du logiciel libre dans l'administration.

C'est donc sous la forme d'une circulaire signée de la main du premier ministre, Jean-Marc Ayrault, qu'a été publié au journal officiel un document qui est la synthèse d'un travail d'expert de la direction interministérielle des systèmes d'information et de communication ( DISIC ).

Elle dit en terme administratif pourquoi et comment il faut utiliser le logiciel libre dans l'administration.

Et c'est le conseil national du logiciel libre, CNLL, qui a utilisé ce parallèle avec le coming out, parallèle plus pointu qu'il n'y parait, puisque c'est bien la toute première révélation officielle de l'orientation de l'état sur ce sujet, qui jusque là avait déjà un peu cette orientation dans la pratique mais sans le déclarer clairement. ( avec par exemple la migration progressive de toute la gendarmerie vers des solutions libres dont ubuntu, firefox, ...)

Mais je déplore que parmi les autres réactions on ne trouve qu'un public de "geek", d'hyper concernés, à l'image de cette commission. Je veux démontrer ici qu'il suffit de présenter les quelques points centraux de ce document pour comprendre que c'est pas un problème informatique, pas seulement en tout cas.

 

Mais pourquoi serait-ce un fait politique ?

Politique au sens fort, au sens propre de « Qui a rapport à la société organisée », et au sens étymologique de ce qui est propre à un « bon gouvernement, bon, judicieux » (source CNRTL)

Par ce que hormis les détails croustillants pour qui est comme moi un militant convaincu des principes du libre, comme les exemple de division par 10 des coûts, c'est un principe de fonctionnement qui est en jeu ici. j'en veux pour preuve ces quelques exemples (pris chapitre 3.1 du document et librement retranscrit) :

  • Dépense de l'énergie (et de l'argent) exclusivement pour ce qui est choisi, voulu, et utile.
  • Pas de dépendance
  • Mutualisation des efforts
  • Transparence accrue
  • ...

Tout cela s'entend clairement hors du domaine du logiciel ; c'est bien des principes élémentaires de fonctionnement qui sont énumérés ici.


Une autre dimension apparaît aussi dans la méthode :

Là encore on peut extraire quelques données ponctuelles (principaux points du paragraphe 4 du document sur la méthode)  :

  • Choix des souches logiciel (des bases de logiciels libres)
  • Activer un réseau d'expertise de ces souches
  • Création ou renforcement du support d'utilisation
  • Fonctionnement en interaction interne, entre administrations...
  • ... et externe, avec les communauté existantes.

Encore une fois c'est des principes fondamentaux de politique, comme une déclaration officielle de maturité, car ça signe le passage d'une attitude passive d'acceptation au rejet des solution toutes faites.

 

Vers la maturité ?

Ce document dit en d'autres termes que les travailleurs en interne des administrations ne soient plus relégués à un rôle de gobage, et il précise qu'en plus parfois le choix n'existe de toute façon déjà plus dans l'offre commerciale habituelle tellement certains ont une position hégémoniques.

PCimpact n'est pas passé à côté de cet aspect et a même déduit ce qui était pointé du doigt puisqu'on peut lire ici :

La circulaire assène même quelques coups à un éditeur basé à Redmond : « certains produits d’éditeur ont de moins en moins d’alternatives commerciales crédibles, le leader du marché ayant éliminé la concurrence. Le logiciel libre apporte alors des possibilités alternatives ».

 

Ou contre la fragilité ?

Car si on retrouve des principes fondamentaux, c'est tout de même bien à l'origine des failles de sécurité qui ont motivé l'adoption de l'open source comme le rappelle Clubic ici :

Suite aux attaques du ministère de l'Économie et des Finances de 2011, facilitées par plusieurs failles de sécurité dans les outils Microsoft Windows, Outlook et Adobe Acrobat Reader, le gouvernement avait accentué la migration vers des solutions libres.

Est-ce informatique ? Est-ce informatique de réaliser que quand en interne on utilise une solution pré-mâchée on devient vulnérable. Vulnérable et dépendant d'un type de fonctionnement qu'il est interdit de contrôler (code source protégé par le code de propriété intellectuelle) et qu' il faut entretenir quand même.
 
 
...
 
Petit hors sujet pour ne rien conclure, la liste des courses logicielles de l'Hadopi publié par  :
Sur le terrain des licences logicielles, LibreOffice, le pack bureautique libre et gratuit n’est pas mentionné. La Hadopi lui préfère Microsoft Office 2010 pro (ou 2011 pro), Office 2013. Elle recherche également des licences Visio 2010, Project 2010, Exchange, Forefront TMG 2010 ou Sharepoint, toutes made in Redmond. Pour les OS ? Microsoft encore et toujours ; Windows 7, Windows 8, Windows Server (...) .
Haute autorité vous dites ?!?
J'y vois la confirmation que ce n'est qu'une une basse dépendance, et là encore je ne parle pas de l'aspect informatique.


4 réactions


  • jef88 jef88 6 octobre 2012 12:04

    un seul mot :
    BRAVO !
    vive le logiciel libre .......


  • 65beve 65beve 6 octobre 2012 23:24

    grrr, mandriva....grrr..pilote NVIDIA...grrr @+ !!

    Ah oui, vive le libre !

    cdlt


  • lsga lsga 7 octobre 2012 09:29

    C’est une excellente nouvelle pour l’indépendance du pays.

    Si les milliards d’euros que reversent chaque année l’Europe à Microsoft étaient investit dans la recherche informatique, cela ferait belle lurette que Open Office serait à niveau...


    Espérons donc que le gouvernement ne se contente pas de faire des économies en passant au Libre. Donner du travail à des PME française comme Linagora, c’est bien, donner les moyens aux Universités françaises de développer les logiciels open source, c’est mieux. 

    • emmanuel muller emmanuel muller 7 octobre 2012 15:40

      Curieuse réponse.
      Au premier abord c’est exactement ça, mais a y regarder de plus près elle part de ce que j’expose et arrive à partir de là a sous entendre deux chose que je crois fausse :
      _ Que le libre n’est pas au niveau
      _ Que le problème est technique

      Sur le premier point Open Office viens d’un logiciel propriétaire : star-office.
      -> Donc le sous entendu de lacune dû au libre ne tiens pas !
      Il était jugé au niveau voir meilleur avant de devenir libre et après aussi, et c’est valable pour l’actuel libre office.
      Et ça fait longtemps que l’administration y contribue, la gendarmerie étant officiellement libre office depuis 2008, l’assemblé nationale aussi, la ville de paris, etc ...

      Sur le deuxième points le problème de sécurité au ministère des finances pointé dans l’article démontre que c’est les solutions propriétaire qui sont lacunaire techniquement.
      -> Donc le sous entendu d’infériorité technique ne tien pas non plus.
      C’est plutôt l’ergonomie et l’hégémonie qui sont les plus gros handicap du libre, rarement le coté technique qui est déjà mis au point dans les universités. Les dimensions à travailler sont justement pointées dans ce papier.

      Enfin ce qu’on y lis n’est pas un ordre de faire des économie, mais un travail collectif d’experts qui indiquent les bonnes pratique justement pour réussir a développer l’attrait des solution libre, en pour obtenir un meilleur qualité globale, effectivement.

      C’est pour ça que j’ai axé mon article sur ce qu’implique cette conception interactive et responsables des choses, sur le fait d’envisager des principes pérenne par la mutualisation des efforts.


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