samedi 4 novembre 2017 - par

L’imposture des pseudo « néo-réacs »

Je n'avais pas lu le livre d'Aude Lancelin « le Monde libre » jusque là. Une journaliste de gauche découvre que ses patrons sont inféodés au fric et à vision hyper-libérale de l'économie. Voilà qui n'est pas neuf. J'aimais bien l'écouter quand elle est passée deux ou trois fois dans les médias car elle est manifestement très intelligente et fine. Bien entendu, son ouvrage a été repris dans de nombreux sites d'informations dits alternatifs pour bien montrer comment la gauche bien-pensante est finalement très bourgeoise et composée de privilégiés éhontés.

 

De l'enfonçage de portes ouvertes à vrai dire, et on notait finalement entre les lignes chez la plupart des éditorialistes portant aux nues ce qu'écrivait madame Lancelin comme l'amertume de ne pas être du système.

 

Cherchant de la lecture hier pour égayer l'attente du train, je suis tombé dessus et le parcourant j'ai compris que l'ancienne journaliste du « Nouvel Obs » et de « Marianne » dénonçait également l'imposture flagrante de ces intellectuels et autres auteurs montrés du doigt comme « néo réacs » depuis un fameux article de Daniel Lindenberg en 2005. Il leur a bien rendu service au fond, en les mettant en valeur dans ce qui n'est au fond qu'un emploi de comédie, qu'un rôle...

Certains sont anciens gauchistes, ils ont fait « 68 » et malgré tout ils en gardent un souvenir enamouré, le voyant recommencer dés que de jeunes privilégiés culpabilisent d'avoir du fric et compensent en restant debout la nuit. On ne va pas le leur reprocher, il est normal d'être nostalgique de sa jeunesse, mais aussi aveugles sur les conséquences de leur monôme de petits bourgeois . A droite de la droite, on les voit maintenant comme des « compagnons de route », des « lanceurs d'alerte » d'un nouveau genre, réactionnaire dorénavant. En feuilletant les pages écrites par Aude Lancelin on comprend surtout combien ils sont dans une collusion permanente avec le pouvoir, les classes dirigeantes, les possédants.

 

Et les patrons de presse ou de médias, ce qui leur est bien utile...

 

On note que tous ces esprits éclairés et s'opposant donc en théorie à la « doxa » ne remettent jamais en cause véritablement les causes de la Crise morale grave secouant en ce moment notre pays. Ils ne contestent pas non plus d'un iota le mode de vie libertaire ou se voulant tel des élites. Ils ne vont jamais jusqu'à remonter aux racines idéologiques du marasme actuel. Ils restent toujours à la lisière, ne se revendiquent pas de droite et en appellent toujours au risque de retour des z-heures les plus sombres de notre histoire quand quelqu'un de la caste oligarchique est touché par tel ou tel scandale.

 

Avant ils souhaitaient que ce mode de vie très libre, ou se voulant tel, soit accessible à tout le monde, ils rêvaient, maintenant ils le perçoivent comme réservé à une élite ou pseudo-élite, la masse devant vivre selon des préceptes par contre plus rudes, plus carrés afin qu'elle ne revendique pas trop et qu'elle laisse les privilégiés en paix. Car la masse a tendance, cette ingrate, à récriminer contre les riches, à les envier, à vouloir même atteindre le même confort matériel.

 

Aude Lancelin décrit fort bien l'endogamie de ce milieu où l'on peut être de droite, de gauche, voire qualifié de « réac » ce qui est un bien grand mot les concernant, tant que l'on demeure « entre soi », tant que l'on maintient cette consanguinité sociale. L'on y vit sur les mêmes mythes éculés depuis des décennies déjà, on fait semblant d'y croire bien entendu, on feint l'admiration pour l'utopie dont on sait qu'elle ne sera jamais réalisée.

 

Parce que l'on sera toujours entre soi, entre personnes de bonne compagnie...

 

Sic Transit Gloria Mundi, Amen

Amaury – Grandgil

 

illustration prise ici

 

« Le feu à la plaine » - site d'Aude Lancelin




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