Le dernier soupir politique et syndical
Où il est montré que, de même que le socialisme est devenu social-libéralisme, la gauche est devenue concomitamment la main de ma sœur... qui n'est pas gauchère.
La culotte du zouave étant ici le capital et l’impérialisme.
Les optimistes ont pu croire un moment, à la faveur de la campagne du premier tour de l'élection présidentielle de 2012 que la moribonde, la gauche, allait pouvoir s'en sortir.
Il leur aura fallu bien vite déchanter après cette courte période de rémission où la mourante a semblé revenir rayonnante dans le monde des vivants.
Il suffit pour s'en convaincre d'analyser les propos tenus par Thierry Lepaon dans une interview de l'HD publiée en partie par l'Humanité.fr. (*)
Non ! Il y a une différence entre la gauche et la droite. Considérer que c’est la même chose, c’est permettre au Front national d’empocher la mise. Jamais la CGT ne jouera ce jeu.
La différence entre la gauche (entendez le PS) et la droite est celle du social-libéralisme avec le néo-libéralisme décomplexé.
Considérer que ce n'est pas la même chose, c'est permettre ce qui se passe actuellement : permettre au Front national d'empocher la mise.
C'est de plus, en filigrane, emboîter le pas des dirigeants du PS pour lesquels la montée en puissance du FN aux élections relève de la responsabilité du Front de gauche et non de leur existence à eux, social-libéraux.
La pénibilité, l’égalité hommes-femmes... la droite n’a jamais voulu même en entendre parler.
Il faut bien trouver un critère de différenciation... donc se rabattre sur la satisfaction de revendications partielles qui, bien qu'importantes pour les intéressés, n'aboutissent qu'à définir la gauche par référence marginale à ce que ne fait pas la droite.
C'est un peu court comme affirmation fière et conquérante de l'identité de la gauche.
Avec ce gouvernement, tel qu’il est, les choses peuvent avancer, si l’on crée les conditions, le rapport de forces pour cela.
Sans parler ici de sa politique étrangère qui le réduit au rôle de satellite du gouvernement nord-américain, ce gouvernement (tel qu'il est . On pense à Guy Bedos, qui alors faisait rire sous F. Mitterrand : - C'était ça la gauche ?) n'a montré jusqu'ici que soumission aux exigences du grand patronat à l'intérieur, par la signature de l'ANI, de la haute finance des instances dirigeantes de l'UE, par la signature du TSCG, et du marché des États-Unis, par l'acceptation du futur Traité transatlantique de libre-échange.
Et c'est précisément cette politique qui empêche de simplement pouvoir évoquer un rapport de forces ; existant ou à venir. En tous cas sur le tapis que T. Lepaon déroule.
Il faut aider la gauche à avoir une politique de gauche. C’est le sens de l’appel du 10 septembre.
Quel que soit le dossard dont on affuble le PS, ici considéré benoîtement comme de gauche, ce qui compte c'est la politique qu'il mène. S'accrocher à ce dossard pour l'aider à avoir une politique de gauche ! mais qu'est-ce donc qui empêche la gauche de mener une politique de gauche ?
La béquille qui prétend aider l'infirme en fait irrémédiablement partie, mais comme simple pièce rapportée.
Il faut une irruption des salariés sur le terrain social.
... Et si cette irruption n'avait pas lieu ? Parce qu'il est demandé aux mêmes salariés d'aller voter pour les listes communes "de gauche" aux élections municipales en faisant préalablement irruption sur le terrain social. C'est attendre de la béquille qu'elle fasse le grand écart.
... leur condition n’avancera pas avec le travail de leurs seuls délégués...
Enfin, passant sur la forme, leur condition qui n'avancera pas, mais quand la langue s'embrouille c'est souvent un signal alarmant sur l'idée qu'elle prétend énoncer, nous sommes bien prévenus de l'échec à venir, et du dégagement de leurs dirigeants de leur responsabilité dans cet échec.
Comme ces lignes relèvent la démonstration topique qu'être de gauche consiste à marcher sur la tête, elles se concluront naturellement à leur tour et sans commentaire sur l'introduction de cette interview.
HD. Comment réagissez-vous aux annonces faites par le premier ministre, Jean-Marc Ayrault, le 27 août, dès la fin des consultations avec les organisations syndicales et patronales, sur le contenu de la future réforme des retraites ?
Thierry Lepaon. Cette annonce précipitée confirme la manière dont le premier ministre a géré ce dossier. Il a refusé qu’il y ait des négociations, qu’il y ait des tables rondes entre syndicats, organisations patronales et gouvernement. Seuls le premier ministre et les autres ministres concernés disposaient de l’ensemble des propositions et des remarques faites par chacune des organisations. En faisant cette annonce le jour où la France décidait, avec d’autres, d’intervenir en Syrie, il a profité d’un effet d’aubaine, si je peux m’exprimer ainsi.
Il ne reste plus qu’à souhaiter aux militants et aux syndicalistes beaucoup de courage et de succès, en dépit de ce qui les mène tel que c’est.
(*) HD. Mettez-vous le gouvernement actuel sur le même plan que les précédents ?
T. L. Non ! Il y a une différence entre la gauche et la droite. Considérer que c’est la même chose, c’est permettre au Front national d’empocher la mise. Jamais la CGT ne jouera ce jeu. La pénibilité, l’égalité hommes-femmes... la droite n’a jamais voulu même en entendre parler. Avec ce gouvernement, tel qu’il est, les choses peuvent avancer, si l’on crée les conditions, le rapport de forces pour cela. Il faut aider la gauche à avoir une politique de gauche. C’est le sens de l’appel du 10 septembre. Il faut une irruption des salariés sur le terrain social. S’ils ne se mêlent pas de leurs affaires, en revendiquant, en faisant grève, en utilisant tous les moyens d’expression qui sont les leurs, leur condition n’avancera pas avec le travail de leurs seuls délégués... même s’ils sont adhérents à la CGT.