lundi 9 mars 2015 - par Céline Ertalif

Le fantasme patronal des élus bloque l’émergence communautaire

Faut-il réduire le nombre des élus ou au contraire dé-professionnaliser la politique ? Le développement de l'intercommunalité devrait être l'occasion d'une réflexion car la contradiction est assez évidente. En éludant pudiquement les questions qui gênent, on ne comprend plus rien aux réalités concrètes et pratiques : la principale difficulté actuelle dans nos collectivités locales, c'est l'amateurisme imposé par les élus dans la gestion publique locale et la professionnalisation des élus qui en est la principale cause. Petite explication sur ce paradoxe.

L'idée est de mettre fin au particularisme français d'une administration territoriale en 36 700 communes en imposant un cadre intercommunal à l'échelle minimale de 20 000 habitants, avec l'objectif de réduire le nombre de collectivités de base à environ 1 500. Il y a la méthode des transferts de compétence et celle de la mutualisation des services, le redimensionnement reste le but. L'évidence, c'est que cela conduira tôt ou tard à la réduction du nombre d'élus locaux de 90 %. Finie la France des 500 000 élus, cap sur les 50 000. Ce sont les élus municipaux qui résistent à l'intercommunalité, et il y a une raison qui pour être tue en permanence n'en est pas moins évidente, c'est que 90 % d'entre eux passeront à la trappe. Les « grands élus » ne veulent pas le dire.

 

Peut-on reproduire la porosité des postes propre à l'oligarchie républicaine au niveau local ?

Les élus locaux n'aiment pas le sacrifice, même s'il est patent que 95 % d'entre eux ne décident de quasiment rien depuis longtemps, mais ce n'est pas avouable. Difficile également de faire l'apologie de la professionnalisation : mettre en évidence l'existence d'une classe politique qui vit de la représentation politique, c'est aussi mettre en lumière le rôle des partis politiques, de leur financement, de leurs liens avec les lobbies, avec les problèmes de carrière de ce personnel qui n'a que l'aisance des indemnités et les liens avec les puissants pour échapper à l'insécurité électorale. "A partir du moment où la politique est un métier, chacun défend son job", comme le dit Corinne Lepage (1).

En clair, l'une des conséquences potentielles et essentielles du développement de l'intercommunalité, c'est l'affirmation de la classe politique dans un cadre mieux délimité et plus lisible... au moment où tout le monde la dénonce ! La « classe politique » n'est pas un concept de classe sociale bien défini par la tradition sociologique, héritière du marxisme ou non. C'est un néo-concept, empiriquement nous savons tous que cela s'organise autour d'une circulation des mêmes personnels sur les postes de la haute administration, de la représentation élective et des postes exécutifs des institutions publiques, ces derniers étant les plus prestigieux.

La diminution des postes de la représentation politique territoriale, qui a toujours eu de nombreuses passerelles avec la représentation politique nationale, doit donc nous amener à nous poser quelques questions sur le développement d'une même circulation entre la haute administration territoriale et les postes politiques de cette représentation territoriale en voie d'écrémage. De nombreux cas existent, la porosité entre les fonctions est encore à ce jour beaucoup plus limitée dans les collectivités territoriales qu'au niveau national, elle progresse discrètement. A surveiller.

La contestation de l'oligarchie républicaine, de plus en plus vive, s'exprime par la baisse de la participation électorale, surtout dans les catégories les plus jeunes, les mieux éduquées et souvent les plus politisées (2). Les uns vantent les mérites du tirage au sort, les autres soulignent que l'élection est un processus typiquement aristocratique et sans rapport avec la démocratie, et d'autres encore revisitent la thématique du suffrage universel pour y voir une spoliation des aspirations révolutionnaires et populaires en offrant le pouvoir à la représentation nationale, laquelle finit par se représenter elle-même en tant que classe politique.

L'enjeu essentiel se situe au niveau de l'articulation entre les représentants politiques et les gestionnaires de l'administration. Les élus se veulent les patrons, ils ont la légitimité par l'onction électorale et ils veulent commander les administrations. Le problème, c'est qu'il n'y a évidemment pas de légitimité professionnelle par l'élection. Une façon de s'en sortir est de prendre un administrateur diplômé comme représentant élu : c'est ce que notre belle collection d'énarques à la tête de l'État démontre depuis des décennies… Au niveau des maires, c'est un peu plus difficile. Et nous avons des maires, élus au suffrage universel, qui ont pour toute expérience professionnelle 30 ans d'enseignement, 25 ans de travaux agricoles ou de notariat, ou tout autre chose... qui se retrouvent à la tête d'administrations de 10, 100 ou 1 000 agents, voire bien plus.

 

Appétit pour la concession administrative et désertion de la souveraineté citoyenne

Les élus locaux arrivent avec un programme politique de plus en plus mince mais une volonté gestionnaire de plus en plus affirmée. Nous vivons l'ère des élus gestionnaires, souvent des gens sans expérience managériale mais un grand désir de la position patronale que leur parcours professionnel personnel ne leur aurait jamais ouvert. La voie électorale est devenue la grande porte du "tour extérieur", cet accès limité à quelques grands corps (Conseil d'État, Cour des Comptes, Inspections ministérielles…) par un pouvoir de nomination réservé principalement au Gouvernement. Dans la pratique, l'élection aux postes importants des exécutifs locaux est devenue le pendant territorial de l'accès à l'oligarchie républicaine.

Bien entendu, l'exécutif local dispose d'un Directeur général des services et d'autres fonctionnaires territoriaux qualifiés et il peut même s'entourer d'un cabinet composé des professionnels qu'il souhaite, suivant l'importance de la collectivité publique. Le problème, c'est que rien ne définit la limite entre l'autorité politique et le management de la collectivité. L'un des problèmes récurrents dans les services publics locaux, c'est l'incertitude du niveau d'implication des élus dans le management des services. Un chef de service ne peut pas empêcher un adjoint aux travaux d'imposer la réalisation d'une canalisation de pluviales contre l'avis du technicien qui l'estime non-efficiente (je donne cet exemple pour l'avoir personnellement vécu, ce genre d'histoire est très répandu dans nos collectivités locales).

L'intercommunalité est tout à fait justifiée par l'opportunité de regrouper les moyens de gestion, les supports techniques de toute nature et le nécessaire approfondissement des savoir-faire spécialisés de l'administration grâce aux facilités de mutualisation ouverte notamment par les réseaux informatiques et les techniques de dématérialisation. Au niveau politique, la représentation suppose de faire vivre le lien entre les élus et les citoyens. La progression de l'intercommunalité se discute davantage au Parlement que dans nos communes ou dans nos territoires communautaires. Depuis 25 ans, on fait des regroupements d'élus sans agréger nos administrations locales et les élus locaux ont totalement renoncé, ou quasiment, à leur rôle politique d'animateurs du débat public pour mobiliser les citoyens de leurs territoires.

On ne comprend rien aux enjeux importants de la réforme territoriale parce que les élus locaux veulent faire de la gestion, comme s'ils étaient les patrons d'une concession administrative, au lieu de faire de la politique. Les enjeux politiques locaux sont désertés (monnaie complémentaire locale, répartition absurde des responsabilités avec l'État, transports alternatifs, logement, développement des circuits courts alimentaires, etc) d'abord par les élus locaux eux-mêmes, par une presse locale indigente, et par nos concitoyens dont la culture politique locale quasi-nulle (l'ignorance des questions relatives à l'urbanisme étant le symptôme le plus remarquable).

Dans ce contexte, le mimétisme nous entraîne à recopier les pratiques nationales, référent commun et dominant, avec ses errements y compris. En clair, les élus locaux assistent à la scène comme si la souveraineté provenait davantage des institutions nationales que de leurs électeurs. Sauf qu'il n'est pas certain que nos concitoyens supporteront aussi bien la dérive oligarchique au niveau local qu'au niveau national. Gardons espoir en cette incertitude.

Par cet article, je veux remercier particulièrement Michel Hiriart, président de la Fédération nationale des centres de gestion qui m'a un jour reprochée, à l'issue d'une intervention dans un colloque sur la mutualisation des services, de critiquer les élus. J'en ai été interloquée, je n'y avais jamais pensé. Ce serait interdit ? Pas pour moi, et pour vous ?

 

Notes :

1 - Causette – mars 2015

2 – Voir le plan C d'Étienne Chouard et l'excellent documentaire J'ai pas voté

3 – Le tour extérieur des administrateurs civils



26 réactions


  • sophie 9 mars 2015 12:19

    Bonjour, je ne connais pas votre age, mais dans mon enfance la mairie du village ( 1200 habitants) c’était un secrétaire de mairie quelques jours pas semaine, aujourd’hui dans le même village de 1300 hbts ce sont 27 personnes (avec la voirie etc....)


    • Céline Ertalif Céline Ertalif 9 mars 2015 17:22

      @sophie - 27 personnes pour 1300 habitants, cela paraît effectivement un chiffre élevé. Après cela, la question est souvent complexe, on distingue d’une part de nombre d’agents et le nombre d’équivalent temps plein (les temps partiels sont souvent nombreux, en particulier dans les services scolaires et jeunesse). Ensuite les comparaisons sont difficiles en raison de l’importance variable des services gérés au niveau intercommunal. Mais bien entendu la fonction publique communale a beaucoup augmenté en volume depuis 30 ans.


    • Céline Ertalif Céline Ertalif 9 mars 2015 17:24

      @gros macho. Je suis bien d’accord !


    • TOUSENSEMBLE OU L ECUREUIL ROUGE TOUSENSEMBLE OU L ECUREUIL ROUGE 10 mars 2015 10:43

      @sophie

      nous SOMMES PASSES A L INTERNET ET AUX DRONES

      LA FRANCE A AUTANT DE COMMUNES QUE LES 12 PAYS LES PLUS COMPETITIFS DE L UE

      LE BONNET D’ ANE POUR LA FRANCE 36500 COMMUNES 650000 ELUS !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

        ALLEMAGNE 13 837

      ESPAGNE 8097

      ITALIE 8100

      pour les usa 5 FOIS PLUS D HABITANTS QU EN FRANCE ET 5 FOIS MOINS D ELUS

      representants ou deputes france 577 USA 300

      SENATEURS FRANCE 350 USA 100

      POUR LA FRANCE 100 DEPUTES ET 0 SENATEUR SERAIT SUFFISANT §§§§§§§§§

      CELA SUFFIT ILS RENDENT LA FRANCE NON COMPETITIVE

      90 % D ENTRE EUX ONT ATTEINT LA LIMITE D AGE OU LE SEUIL DE PETER D INCOMPETENCE§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§


  • franc tireur 10 mars 2015 03:04

    La suradministration francaise n’est pas un fantasme

    au jeu des comparaisons internationales c’est effarant :
    c est la republique communiste réussie, a visage humain et sans le dogme . avec des chefaillons de partout pour conduire une vie publique qui étouffe toute initiative privée.
    pour faire face a la desindustrialisation la plupart des pays ont fait du mini job et temps partiel,la France a fait du fonctionnariat de masse, emplois doublons improductifs et impossibles a supprimer a cause de ces statuts antiques et intouchables ( sauf greve tatcherienne)


    • franc tireur 10 mars 2015 16:55

      en 5 ans de pratique forumique je n’ai jamais réussi a debattre avec quelqu’un qui n’ait pas la méthode que vous utilisez ici meme, consistant a s attaquer a la source de l information plutot qu a l information elle meme.

      c est dailleurs a l image du débat politique en France, prouvant bien au passage que nous avons la classe politique que nous méritons

    • Céline Ertalif Céline Ertalif 10 mars 2015 17:04

      @franc tireur Non mais les infos données par le lien ne sont pas inintéressantes. Après, ce n’est pas mal non plus de savoir qui les donne.


    • franc tireur 10 mars 2015 17:38

      La prochaine j’essaierais de vous citer un rapport de la Cour des Comptes ou parlementaire sur le sujet ..qui dira a peu près la meme chose.

      C’est sur que dans un pays de type socialiste comme la France un organisme froid comme l’Ifrap c est carrement le diable qui donne des boutons a tout le monde

  • goc goc 10 mars 2015 06:01

    Je pense qu’il existe aussi une autre raison au « refus » de cette réforme. Elle est plus profonde
     et Sophie a mis le doigt dessus, c’est que dans nos campagnes, il s’agit d’une question de survie des villages. L’argent du contribuable permet la survie de nos campagnes en faisant vivre plusieurs familles. Car croyez-moi, dans les Cévennes (ou j’habite), s’il n’y avait pas la maitresse d’école et le personnel municipal, le village crèverait. La poste a disparue, le médecin ne veut plus y venir habiter, les retraités préfèrent la cote d’azur, quand aux agriculteurs... (heureusement qu’on a aussi les pélardons et la feuille qui fait rire, produits par nos vieux soixante-huitards)
    Alors certes on peut trouver cela choquant, mais après tout n’est-ce pas aussi une façon de redistribuer les richesses nationales au travers de l’impôt et du fonctionnariat.


  • Le p’tit Charles 10 mars 2015 07:43

    Il faut de toute urgence réduire le nombre des élus (pour incompétence)...Ils coûtent des dizaines de milliards par ans aux Français...Leur gaspillage est énorme...Lire le rapport de la cour des compte (il parait tous les ans)... !


    • Céline Ertalif Céline Ertalif 10 mars 2015 07:59

      @Le p’tit Charles  Des dizaines de milliards ? Pourquoi pas des centaines ? Si c’est pour faire allusion aux indemnités des élus, c’est très exagéré. Cet article dit que les élus n’ont pas à être compétents au sens professionnel, en fait ils sont souvent un frein au développement du professionnalisme des administrations locales parce qu’ils s’impliquent dans la gestion, et indûment. L’évaluation en quantité monétaire serait hasardeuse.

      La dimension politique est manquante, et cela ne se mesure pas en milliards. L’intérêt commun peut aussi bien être de travailler moins pour dépenser moins que le contraire. La question du sens n’est pas quantitative.

    • Le p’tit Charles 10 mars 2015 08:43

      @Céline Ertalif....

      C’est le « Journal du Dimanche » qui dévoile le document. Une note gouvernementale confidentielle montre que les doublons entre régions et départements - coûtent 18,5 milliards d’euros pour 100 milliards de dépenses annuelles cumulées.....
      100 milliards d’euros...une bagatelle en effet...pour des incompétents ça fait beaucoup d’argent non... ?
      La France championne du monde des « Ronds-Points »

    • Le p’tit Charles 10 mars 2015 10:43

      @Le p’tit Charles....Un détail d’importance...Toutes les communes de France ont des dettes difficiles à rembourser...Pleins d’actifs bien pourris...C’est plus de l’incompétence c’est de la connerie... !


    • titi titi 15 mars 2015 19:52

      @Le p’tit Charles

      Au contraire.

      La dette c’est le moyen pour les élus de mener grand train, de faire des cadeaux à la clientèle, et de laisser l’ardoise au mandat suivant.

      C’est très intelligent.


  • zygzornifle zygzornifle 10 mars 2015 09:24

    ils fantasment sur Gataz rêvant tous de l’avoir dans leur lit .....


  • Parrhesia Parrhesia 10 mars 2015 10:11

    Il y a dans cet article beaucoup de bonnes choses, mais il y en a aussi beaucoup de moins bonnes.

    1) D’abord le titre.

    J’ignore s’il y a effectivement un « phantasme patronal des élus », mais si ce phantasme existe, il est au moins partiellement positif dans la mesure, précisément, où il bloque une émergence communautaire qui, sous sa forme actuelle, s’avère désastreuse pour près de 500 millions d’Européens !

    2) >>> Faut-il réduire … <<<

    Bien évidemment, il faut réduire à la fois le nombre des élus et celui des communes. Le regroupement des populations autour des agglomérations a généré un grand nombre de communes dont la dimension humaine ne justifie plus une administration communale. Celles-ci doivent être regroupées. Mais concrètement cela va se traduire par des suppressions d’emplois et d’élus dont il ne faut quand-même pas espérer l’adhésion. Le corollaire de cette situation, c’est donc qu’à l’instar de beaucoup d’ autres problèmes, celui-ci ne peut être résolu que dans le champ enfin retrouvé d’une économie prospère assurant le plein emploi. Sinon, dans l’état actuel des choses, cette réforme, même salutaire, va une fois de plus se transformer en facteur d’aggravation économique. Le plus urgent est aujourd’hui de mettre fin à la superposition des frais de gestion territoriale doublant un système communal qui a fait ses preuves par des régions dont nous n’avons que faire et le triplant par les frais d’entretien d’une administration « contre-européenne » qui, en retour, détruit notre économie au profit de nos concurrents mondialistes. Mais de cet aspect primordial des choses, il n’est point n’est question dans l’article.

    3) >>> Peut-on reproduire la porosité des postes propre à l’oligarchie républicaine au niveau local ? <<<

    Bonne approche de la question, encore qu’aussi longtemps que l’État-Nation a fonctionné dans l’intérêt national, ses échelons préfectoraux ont très bien rempli leurs fonctions de relais entre la Gouvernance de l’État et les populations communales. Ceci sans nous coûter des fortunes, et avec un niveau de compétences qui n’avait jamais été remis en question. Il est vrai qu’à cette époque l’E.N.A. n’avait pas commencé à sévir.

    4) >>> Appétit pour la concession administrative et désertion de la souveraineté citoyenne <<<

    L’intercommunalité est évidemment une excellente chose avec ce bémol que, si elle est maintenant phagocytée par l’influence politique, nous n’y pouvons momentanément plus rien. Seule une révolution politique moralisée pourra y remédier et n’est certes pas sous la tutelle de l’actuelle contre-Europe, non plus que sous celle de nos partis politiques actuels, que cela risque de se produire.

    Il est dit également « que l’on ne comprend rien aux enjeux de la réforme territoriale… » Le contraire serait surprenant. Nous ne pouvions évidemment pas attendre de la part de ceux qui essayent de nous la vendre qu’ils nous expliquent qu’il ne s’agit que de la poursuite du grand bouleversement de nos pays sous leur forme traditionnelle dans le but d’assurer la nouvelle autorité du mondialisme !

    Nous ne nous attendions pas, non plus, à ce qu’ils nous prouvent que le charcutage de la Gascogne historique va contribuer à diminuer le taux de chômage dans le Gers ! Or, c’est dans ce genre de comportement étatique que se situe l’une des causes principales du désintérêt de la population de nos 36.000 communes pour les élections « démocratiques »


  • Michel DROUET Michel DROUET 10 mars 2015 11:52

    Bonjour Céline Ertalif

    Moi aussi le titre m’a gêné un peu puisqu’il s’agit avant tout d’une démarche confiscatoire de la démocratie locale visant à occuper le terrain par des professionnels de la politique, sous le couvert d’une approche gestionnaire, le tout étant destiné à endormir le bon peuple.
    Ce phantasme n’est qu’un argument de vente pour faire croire que l’on dirige quelque chose, alors que les vrais détenteurs du pouvoir, c’est à dire le système économique et les marchés œuvrent en coulisse.
    Pour le reste, je partage votre analyse.
    Merci pour le lien « j’ai pas voté »


    • Céline Ertalif Céline Ertalif 10 mars 2015 18:19

      @Michel DROUET et surtout à @Gros macho qui m’a répondu en commentaire sur ton article d’hier : « Ces sujets sont sans intérêt pour nous. Nous ne les maitrisons pas. Ce qu’il nous faudrait, c’est retrouver la démocratie comme au Moyen-Age. » Je recommande d’abord à tous de lire l’article derrière ce lien.


      L’objectif de mon article, c’est de dire quelque chose d’utile, c’est-à-dire de comprendre ce qui se passe réellement derrière les débats sur la réforme territoriale. Ce n’est pas facile car il y a effectivement une complexité institutionnelle, des liens financiers entre les collectivités et l’État, sans parler de la fiscalité locale qui rend vraiment difficile la compréhension. Pourquoi le passage à la dimension communautaire avance-t-il aussi lentement, malgré la volonté unanime des politiques nationaux ? Eh bien d’abord parce que les élus locaux sont hostiles, et ils le sont pour une raison tabou dans la présentation des débats : on va les mettre au rencart de manière plus nette, mais on ne le leur dit pas. Ils ne dirigent effectivement rien, mais ils ne pourront même plus en donner l’impression.

      Défendre la commune comme lieu ultime de la démocratie, comme l’a fait André Chassaigne à l’Assemblée, me paraît guère crédible. Le problème est bien de maîtriser collectivement la chose publique. Les mots communauté et communautaire seraient-ils en train de se faire détourner comme celui de démocratie ? Ce sont les communautés qui protègent les individus, pas les institutions. Dire que « le système économique et les marchés œuvrent en coulisse », c’est dire que le système institutionnel ne s’occupe plus de faire fonctionner la communauté, mais de la chloroformer et de dévorer ses enfants.

      Ma conviction, c’est que la démocratie locale a un bel avenir, que la politique spectacle de masse avec des possibilités d’action à grande échelle réservées à quelques puissants mais réduites à rien pour les citoyens n’a pas grand chose à voir avec la démocratie. La démocratie ne peut pas se réduire à l’illusion électorale, elle nous fait rêver, elle porte en germes les tempêtes à venir.

    • Michel DROUET Michel DROUET 10 mars 2015 22:44

      @Céline Ertalif
      J’ai suivi le débat en vidéo cet après midi sur la réforme territoriale à l’Assemblée : affligeant ! Un texte pour quasiment rien, sinon quelques arrangements entre amis et une déroute en rase campagne pour le gouvernement.


    • Emmanuel Aguéra Emmanuel Aguéra 11 mars 2015 01:16

      Bonsoir,

      Super, l’article. Çà repose, le sens.
      En plus j’ai tout compris. J’ai suivi votre lien et me suis donc farci l’excellent article de Morphéus, dont je comprends très bien que vous en ayez fait un complément du votre. La faillite de l’efficience administrative qui caractérise les administrations locales doit beaucoup à la dichotomie entre la fonction/compétence(s).
      Le concept de démocratie participative est une séduisante réponse. Je ne sais pas trop ce que ça veut dire, mais je le retrouve plus dans ces conseils médiévaux que dans nos conseils municipaux qui ressemblent à des conciliabules théâtraux, ou même pas, d’ailleurs.
      Combien de mises en applications de politiques nationales sont bloquées aux niveaux locaux, sacrifiées au clientélisme d’un électorat couvé, avec pour résultat la sclérose généralisée à la fois des méthodes et de tout espoir d’évolution... Le fossé est patent entre des fonctionnements anachroniques et une réalité en mouvement.
      Nos élus locaux ne sont pas seulement inefficaces, de ce point de vue, ils sont des freins. La municipalité de mon village, en parlant d’anachronisme, ne fait pas du haut débit une priorité qu’elle ne comprend pas(1), dans une autre, voisine, un programme de logements collectifs eco-quartier est bloqué (programme mixte = risque, vous comprenez...) par un maire bien à droite soudainement devenu écolo quand on lui a parlé de locatif social.... monnaie courante, mais on ne voit pas pourquoi nos édiles seraient plus intelligents que ceux qui les élisent ?
      Les municipalités sont devenues des aberrations, ce que deviendront les Communautés de communes, et toutes autres formes de collectivités plus ou moins locales, dès lors qu’elles seront confiées à des élus que leur responsabilité « politique » rend part définition non seulement irresponsables du point de vue technique, mais dont ils ne seront de plus et de toutes manières pas comptables.
      Sauf si...
      Sauf si la réélection était interdite, si la « direction » était collégiale, la mission bénévole, et que les conseils devenaient de vraies consultations municipales. Des forums. Ou des assemblées médiévales. Ou autre, dans le genre, comment réinventer la collectivité en s’enfermant ? La légitimité électorale livrée à elle-même, ça donne des balkany et des dassault, on le sait, on a vu. Et un bon fond de commerce aux démagos.
      Les irresponsables, innés ou élus, ça se surveille.

      (1) ça risque de changer, le Maire s’est trouvé beau sur youtube.


  • egos 10 mars 2015 13:20

    Fantasme, l’usage de ce terme saurait décrire l’aspect irrationnel du mimétisme que l’attraction du statut et des attributs que les fonctions de direction et d’encadrement (supérieur) suscitent auprès des élus , décrite sous la forme d’une classe (ou session) de rattrapage dédiée aux malchanceux méritants, d’un pointe vue endogène, si l’on se fie au profile de l’auteure.


    Irrationnel dans la mesure ou la démarche n’anticipe que les bénéfices primaires et autres (pouvoir, statut, image, reconnaissance, avantages matériels) en occultant les contraintes (sur ce point il y aurait bcp à dire ou médire du statut des fonctions politiques et administratives et des soupçons d’infaillibilité juridiques dont elles disposent)

    Un point central de la démarche des entreprises, depuis qqs décennies et ds le cadre de nouveaux concepts de gestion prônés par les chantres de l’économie financière (roce, flux tendus ...) réside dans qqs formules simples structures mean & jean, arasement des arborescences administratives, centrage des activités sur le score business.

    Ces concepts ne sont pas à proprement parler « capitalistes » du moins il serait naïf de les abandonner au seul profit de l’entreprise, une application dédiée à des projets publics utilisant des ressources demain origine constituerait une avancée vers le rétablissement de la transparence des marchés traité par l’état et ses collectivités, la lutte contre la corruption et ses diverses composantes, corruption, concussion, conflits d’intérêt, clientélisme, gabegie)

    Une idée largement répandue consiste à regrouper les personnels de l’appareil étatique et ses hiérarchies (assimilable aux ordres religieux ou monarchiques d’antan) sous le même vocable, globalisant donc spécieux : représentation politique, fonction publique et services publics (ceux ci restent néanmoins liés demander plus ou moins subtile, quasi organique) :

    Ceux ci étant supposés servir les intérêts de la nation et d peuple, l’état actuel de l’économie et du lien social administre la preuve de son efficacité à défaut de probité. 
    et rien ne signale à ce jour l’émergence d’une quelconque remise en cause des rigidités conservatrice carcan qui asphyxie le pays, laissant supposer un changement (ou renversement) initié de l’extérieur ...

  • alberto alberto 10 mars 2015 14:15

    Bonjour Céline,

    Et bravo pour cette excellente analyse.

    La démocratie, la citoyenneté, la représentativité, la compétence, tout cela interagit...

    Un autre système électoral, aussi...qui permetrait un peu plus de renouvellement des élus !

    Une analyse pourtant un tantinet nombriliste, comme souvent mais on ne se refait pas, n’est ce pas ?

    Car en terminant la lecture de ton article je ne pouvais m’empêcher de me poser la question : comment font-ils dans nos pays voisins...

    Mais c’est vrai que du fait que notre (haute) fonction publique n’a de leçon à recevoir de personne, ces questions devraient tourner en rond encore un certain temps !

     


  • Mohammed MADJOUR (Dit Arezki MADJOUR) Mohammed MADJOUR 10 mars 2015 16:59

    Il existe deux problèmes qui admettent une seule solution :

    Il y a bien sûr un surnombre d’élus (36 700 communes mais aussi les députés et les sénateurs) et l’ensemble des conseillers... C’est une politique de grande centralisation du pouvoir propre à la France. On n’a pas besoin d’autant d’Élus pour administre un petit pays comme la France.

    A côté de cela il y a bien évidemment l’arrivisme qui amène son lot d’amateurisme et d’improvisation à tous les niveaux de gestion !

    La Ve république est sa fin, il faut changer le personnel politique du Pendule Gauche-Droite qui est devnu fossile après plus d’un demi siècle de balancement. Les français se rendent compte aujourd’hui que c’est De Gaule mais aussi Mitterrand qui sont responsables de la situation d’aujourd’hui : Un échec économique, un échec social, un échec culturel, un échec global... parce que dès le début il y avait une volonté de tricher et de forcer le destin ! De Gaule, Mitterrand, les historiens français et l’ensemble des intellectuels de l’époque sont responsables de la Théorie et de la Pratique du terrorisme qui a fini aujourd’hui par ruiner les deux Rives !
    https://www.facebook.com/M.A.Madjour

    Il faut voter Front National et après remettre tout sur la table pour classer définitivement toutes les « questions » !


  • alberto alberto 10 mars 2015 17:12

    Gaffe Momo : si le front est élu, y vont te renvoyer au Maghreb  smiley

    Bien à toi !


  • Mohammed MADJOUR (Dit Arezki MADJOUR) Mohammed MADJOUR 11 mars 2015 17:15

    Il va plutôt renvoyer Valls et Sarkozy qui se déclarent les ennemis des Français qui veulent gouverner leur pays !!! 


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