Le fard en pleine lumière
En rase-campagne électorale
À trop instrumentaliser les émotions et les images, il y a grand risque à briser son image et tout le reste. Notre marcheur en chef à l'instar du petit Nicolas a souhaité mettre en avant son épouse sans prendre en compte les écueils d’une telle attitude. Le déchaînement des internautes est à ce titre significatif : photographies truquées, détournées, déplorables et vachardes ne cessent d’illustrer la décrépitude et la bassesse du débat actuel tout en montrant du doigt une différence d’âge qui passe désormais pour un sujet de moquerie dans le meilleur des cas, de règlement de comptes ou bien d’assassinat virtuel.
À se présenter comme le plus jeune Président de France, le jeune époux, fou d’amour sans doute, n’a pas mesuré les effets de la différence d’âge et l’immense capacité de nuisance des réseaux sociaux. Si le pire circule désormais sans qu’aucune limite ne soit mise à ce cirque honteux, le plus sordide risque de lui advenir au fil du temps.
On peut qualifier la chose de retour de bâton même si on ne sait pas très bien de quel bâton il s’agit. Le rouge me monte autant au front qu’aux lèvres quand je vois des amis partager des portraits d’une indicible méchanceté, d’une sublime sottise et d’une parfaite abjection. Mais qui diable a déclenché le processus si ce n’est celui qui a exploité l’image de son épouse comme d’une vitrine clinquante et volontairement provocante.
Quand la poudre aux yeux se fait fard, le fond n’atteint jamais la forme, les rides laissent des traces dans l’opinion et la tenue manque de discrétion. Vous voulez ainsi jouir d’une vitrine et mettre en avant pour je ne sais quelle raison cette dame qui fut jadis votre professeur. Vouloir la remettre ainsi sur une estrade est une prise de risque insensée et vous risquez fort de vous en mordre les doigts. Les réseaux sociaux sont devenus un véritable coupe-gorge et pour l’heure, c’est celle de votre épouse qui tombe sous cet effroyable couperet médiatique.
Avez-vous pensé également à la perspective d’une seconde candidature et à l’effet inévitable d’un vieillissement qui ne sera pas toujours possible d’effacer ou bien de gommer ? Votre stratégie me semble être à court terme - il ne faut pas se voiler la face – et d’une rare inélégance vis à vis de votre compagne. Vous faudra-t-il un jour la cacher de trop l’avoir exposée maintenant ?
Je puis également me fourvoyer et ne pas comprendre que vous n’avez agi que par amour, aveuglé par une passion aussi puissante qu’incontrôlable. Dans pareil cas, vous démontrez à vos adversaires une faiblesse certaine qu’ils se sont déjà empressés d’exploiter sans honte ni délicatesse. Vous ne deviez pas ignorer la férocité de cette jungle médiatique et en cela, vous avez commis une faute que votre épouse paiera en raillerie, humiliation et caricature. Je lui souhaite d’avoir le dos assez large pour encaisser les dividendes de votre plan communication.
Je vous suggère à l’avenir d’agir avec un peu plus de discrétion. Tant pis pour les représentants du luxe et de la haute couture auxquels vous voulez sans doute renvoyer l’ascenseur. Nous avons, nous citoyens de base, un profond sentiment de malaise à la vue de ce spectacle aussi pitoyable que dérisoire qui n’est pas de nature à nous sentir proches de vous et de votre compagne. Ça dégouline de fric, de paillettes, de compromissions et de magouilles. Ce n’est pas ainsi que nous pensons une République fraternelle.
Maintenant, vous semblez baigner dans la félicité et je ne suis rien ni même personne pour vous donner des conseils. Si je le fais, je le répète, c’est d’avoir été non seulement choqué, mais également horrifié de découvrir des représentations scabreuses, déplacées et ignominieuses de celle qui se prétend première dame de France bien que cette fonction n’existe pas dans notre République. Il conviendrait donc à chacun de mettre un peu d’eau dans son vin et .. savoir raison garder. Ne soyez pas ébloui par les paillettes et votre charmante épouse. La vie privée n’est vraiment un havre de paix et de bonheur que lorsqu’elle parvient à rester privée. C’est du moins mon humble sentiment.
Sarahement sien.