lundi 21 janvier 2008 - par Euros du Village

Le MoDem, la troisième voie fantôme

Début décembre 2007, en France, un nouveau parti est né. Un mouvement qui veut incarner tout à la fois le consensus et la force d’opposition principale au gouvernement actuel. Le Mouvement Démocrate (MoDem) peut-il devenir un nouveau parti incontournable et concentrer la résistance au tout Sarkozy ?

Interview de F. Bayrou (2007) et historique de l’UDF/Modem


- 1978 : fondation de l’UDF (Union pour la démocratie française) par Michel Poniatowski, suite à l’idée de Jean Lecanuet et de Jean-Jacques Servan-Schreiber, pour que Valérie Giscard d’Estaing dispose d’un parti le soutenant lors des législatives.
- 1978-1988 : Jean Lecanuet est président de l’UDF
- années 1970-1980 : Âge d’or de l’UDF, avec Valérie Giscard d’Estaing à la présidence de la République et Raymond Barre au gouvernement.
- 1988-1996 : Valéry Giscard d’Estaing est président de l’UDF
- Elections législatives de 1993 : l’UDF s’allie au RPR, puis participe aux gouvernements d’Edouard Balladur et Alain Juppé.
- Election présidentielle de 1995 : l’UDF se déchire entre partisans d’Edouard Balladur et de Jacques Chirac.
- 1996-1998 : François Léotard est président de l’UDF.
- Elections régionales de 1998 : alors que plusieurs présidents de régions sont élus grâce aux voix de l’extrême droite, l’UDF se scinde entre le camp de François Bayrou et celui d’Alain Madelin sur la manière de réagir à cette nouvelle situation. La position de François Bayrou (refus des alliances avec le FN) finit par l’emporter et Démocratie Libérale quitte l’UDF quelques semaines plus tard.
- 1998-2007 : François Bayrou est président de l’UDF.
- 1998 : François Bayrou décide d’unifier les différentes composantes de l’UDF pour créer un nouveau parti (la nouvelle UDF), marqué au centre.
- Election présidentielle de 2002 : François Bayrou arrive en 4e position avec 7 % des voix
- Avril 2002 : création par Jacques Chirac et Alain Juppé de l’UMP pour unifier les partis du centre et de la droite. Une grande partie des élus UDF quitte le mouvement pour rejoindre l’UMP.
- Elections législatives de 2002 : Malgré ces départs, l’UDF, avec 29 députés, parvient à conserver un groupe à l’Assemblée nationale. Cette tribune lui permet d’affirmer sa différence en s’opposant à diverses reprises au gouvernement de Jean-Pierre Raffarin.
- 16 avril 2004 : François Bayrou et l’Italien Francesco Rutelli initient le Parti démocrate européen, de tendance réformiste et centriste.
- 2004 (Elections régionales et européennes) : l’UDF retrouve un niveau de croisière, avec 12 % des voix.
- Election présidentielle de 2007 : avec un score de 18,57 %, François Bayrou arrive en 3e place après Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal.
- Mai 2007 : mécontents du refus de François Bayrou de donner des consignes de votes pour l’entre-deux-tours, 23 députés UDF sortants, soucieux de ménager leur électorat de droite, déclarent entrer en dissidence avec l’UDF et appellent à fonder un nouveau parti du centre, partenaire de l’UMP.
- 10 mai 2007 : en réponse à ces déclarations, les conseillers nationaux UDF, lors d’un Congrès national, appellent à l’unanimité à créer un nouveau parti politique, le Mouvement démocrate (MoDem), regroupant les formations politiques et militants en faveur de l’indépendance par rapport à la gauche et à la droite.
- 7 décembre 2007 : naissance officielle du MoDem.

Un nouveau mouvement né sur la vague de l’élection présidentielle

Au lendemain de l’élection présidentielle de 2007, fort de sa troisième place avec un score très honorable (18,57 %, soit près de sept millions d’électeurs), François Bayrou veut maintenir le rythme soutenu des six mois de campagne et cristalliser cette nouvelle montée de l’électorat centriste dans un nouveau mouvement, le Mouvement Démocrate (MoDem). Celui-ci veut renouveler l’image vieillissante du centrisme qu’incarnait l’UDF. Le 10 mai, quatre jours après le deuxième tour qui consacrait le nouveau président Sarkozy, la création du mouvement est décidée.

L’engouement populaire est indéniable, et le mouvement revendique entre 50 000 et 60 000 adhérents au 1er décembre 2007. C’est justement ce jour-là, à Villepinte, que naît officiellement ce nouveau mouvement, incarnation d’un nouveau centrisme français, qui souhaite rassembler en son sein les démocrates chrétiens, les socio-démocrates, les écologistes de droites et de gauche, les socialistes libéraux, les gaullistes orphelins, bref tout ce que peut compter de citoyens des déçus du PS aux farouches opposants à Sarkozy. Cela semble faire beaucoup de monde et un monde difficile à rassembler. Cependant son leader légitime bénéficie d’une cote de popularité très importante auprès des Français (48 %, en décembre 2007, Sofres).

La fuite des ténors du centrisme français

Avec ce nouveau mouvement si soudainement populaire, un système politique à trois partis pourrait-il émerger, de façon durable, en France ? C’est encore loin d’être sûr.

L’envers du décor de cette petite « success story » n’est pas tout rose. Il y a même une ombre au tableau de la création du parti, celle de son encadrement. Le jeune mouvement - c’est sans doute un atout - n’est représenté par aucune tête connue. Il y a certes son président, populaire, mais il est bien seul. Sa fidèle lieutenant, directrice de sa campagne, Marielle de Sarnez, est toujours là, mais elle reste relativement inconnue sur la scène politique nationale, à peine connue à Paris où elle compte défendre les couleurs du MoDem aux prochaines élections municipales. Ceux qui incarnaient l’UDF sont déjà partis, depuis longtemps, et la fuite continue et ce avant, pendant et depuis l’élection présidentielle. Certes, le ralliement de Gilles de Robien, alors ministre de l’Education nationale du gouvernement Villepin, ne fut pas une surprise. Puis il y eut les ralliements d’André Santini, Christian Blanc et Simone Veil, à Nicolas Sarkozy, cible principale de Bayrou durant sa campagne, qui le privèrent de soutiens politiques de premier plan sur la scène nationale.

L’entre-deux-tours puis l’appel à l’ouverture de Sarkozy porteront le coup de grâce. On se souvient de cette étonnante situation où le faux-gagnant Bayrou se permet d’éclipser incroyablement le duo finaliste pendant toute la première semaine de l’entre-deux-tours. Mais au même moment continuait inexorablement le départ des députés UDF qui rejoignaient quasi-unanimement le clan du nouveau président. Ils allaient alors gonfler les rangs de la nouvelle majorité présidentielle créant un mouvement centriste au sein même de l’UMP (Le Nouveau Centre). En conséquence les législatives de juin 2006 n’ont été ni pires ni meilleures que prévues. Loin de pouvoir créer un groupe parlementaire, François Bayrou n’est soutenu à l’Assemblée nationale que par trois autres députés, M. Aly, M. Benoît et M. Lassalle, alors que dans le même temps trois anciens UDF sont nommés ministres et secrétaires d’Etat du gouvernement Fillon. Bref, le trublion de l’élection présidentielle, au terme d’une année politique très chargée en France, maintient une situation paradoxale. Certes il est reconnu comme un personnage politique de premier plan et est largement apprécié par les Français, mais en même temps il semble commencer une grande « traversée du désert » politique, lâché et parfois même lynché par ses anciens amis de l’UDF. La stabilité et l’enracinement de ce nouveau mouvement semblent si fragiles qu’il est très osé de l’imaginer véritablement incarner une troisième voie.



Mais la forme politique est-elle si importante que le message de ce nouveau parti ne pourra pas transcender le dogme de l’opposition droite gauche de la politique française établi depuis plus de trente ans ? Oui et non. Oui parce que de fait cette absence de soutien fort autour du chef, empêche le relais des idées sur l’ensemble du territoire. Les cadres du parti ne sont pas là que pour légitimer leur chef, ils permettent la présence forte du parti notamment dans leur circonscription et participent au projet qu’ils font évoluer et qu’ils diffusent. Etant privé de ces relais, le Modem fait peu entendre ses messages. Mais non ce n’est pas très grave, en tout cas pour lui, le chef. Car François Bayrou, paraît-il, ne pense qu’à une chose, la présidentielle. Certes il a manqué cette occasion de 2007, et au fond il s’y attendait, mais la prochaine fois sera la bonne, pense-t-il. Il n’a même aucun doute là-dessus. Il n’a donc pas de réelle nécessité à marquer sa présence avant le début de la prochaine décennie (On lui prête cette prédiction, à deux tiers réalisée « Je me présente en 2002, je fais un score à deux chiffres en 2007, je suis élu en 2012 »). C’est cette certitude qui semble-t-il en a agacé plus d’un, au point de les faire quitter le navire UDF MoDem.

Un positionnement politique encore flou

Cette absence, peut-être voulue, lève une autre question à laquelle il est bien difficile d’apporter la moindre réponse. Quel positionnement politique ce mouvement veut-il occuper ? Les possibilités sont nombreuses, mais pour l’instant aucune ne semble vraiment choisie.

Le créneau de l’anti-sarkozisme au sein des formations démocrates est complètement libre. En effet, huit mois après les élections, le PS continue de se déchirer, n’ayant toujours pas fait le deuil de l’échec de son rendez-vous politique de 2007, immanquable et pourtant raté, après douze années de chiraquisme. C’est donc le mouvement syndical qui, tant bien que mal, tient à bout de bras le rôle de l’opposition qui n’est pas le sien. Pourtant, François Bayrou et son parti ne semblent pas vouloir s’aventurer sur ce boulevard. C’est sans doute trop tôt pour lui, comme on l’a dit. Dans tous les cas, il fait preuve d’un manque de réactivité face aux multiples questions posées par les nombreuses réformes menées par l’équipe gouvernementale - des réformes fiscales à celle de la carte judiciaire en passant par la politique internationale.

De l’autre côté, aucune approche n’est engagée vers la droite du Parti socialiste, pourtant jamais si proche de l’UDF à la veille du second tour des présidentielles. Enfin, aucune trace d’un maintien et de l’affirmation d’une troisième voie claire et indépendante. Cela se traduit par un sentiment de confusion concernant la prochaine échéance électorale. Dans deux mois, les électeurs vont retourner aux urnes pour les élections municipales et aucune stratégie nationale n’a encore été décidée par le Modem - hormis celle consistant à être présent partout et à survivre comme on peut au niveau local. Les alliances, aussi bien avec le PS qu’avec l’UMP, se dessinent un peu partout. C’est exactement à l’opposé de la campagne du printemps dernier. Il n’est plus question de dépasser les clivages, transcender droite et gauche, mais il faut s’aligner sur les meilleurs de droite ou de gauche. D’ailleurs Nicolas Sarkozy a bien repris à son compte cette idée du rassemblement au-delà des partis, en pratiquant l’ouverture, coupant du coup l’herbe sous les pieds du leader centriste. Plus généralement, on peut voir dans cette situation de début d’année les symptômes des difficultés du MoDem. L’impulsion née de l’élection présidentielle s’essouffle et, à l’intérieur du parti, rien ni personne ne vient - pour l’instant - relancer la machine. Pourtant, le MoDem se veut le porteur de messages modernes et novateurs.

Les messages d’une sociale-démocratie à la française

Quels messages ? Quelles idées fondatrices veut-il faire passer ? Là aussi la communication n’est pas des plus claires. Certes un aussi jeune mouvement ne peut pas avoir une pensée politique déjà structurée et aboutie. De plus, s’il se construit à partir du parti solide qu’était l’UDF, il doit néanmoins moderniser son idéologie et ne pas se limiter à un simple changement de nom.

Reste un dogme central dont le nouveau parti du centre ne devait pas s’écarter. Fondamentalement, le MoDem est un parti très libéral, probablement plus encore que ne l’est l’UMP. Libérer le marché du travail, diminuer les charges pour les entreprises sont les éléments fondamentaux dans sa politique économique et de l’emploi. Mais il est tout aussi fondamentalement anti-américain. Pas l’anti-américanisme primaire, ni un simple anti-Bushisme, mais c’est un rejet et une peur du modèle sociétal américain. Il veut placer la solidarité avant la réussite, le bien-être des individus avant la richesse du pays.

Enfin la modernisation et l’efficacité de l’Etat et de son administration sont prioritaires pour atteindre l’objectif d’équilibre budgétaire, un des objectifs centraux du programme des centristes. En somme c’est un message de social-démocrate dans l’idéal républicain français. Rien de bien neuf en fait. Alors que nos voisins réfléchissent déjà à l’après sociale-démocratie, celle-ci peine encore à décoller en France.

Enfin il y a la question européenne. Le MoDem tout comme son prédécesseur veut être le parti pro-européen de la scène politique française ; le programme présidentiel le prouve : forte volonté de défendre un modèle européen, une diplomatie et une défense européenne, approfondir les politiques économiques, énergétiques, de l’immigration, du co-développement, de la recherche communes. Mais, d’une part, ce message pro-européen n’est pas particulièrement porteur au sein des Français et, d’autre part, surtout, le nouveau président a fait le nécessaire avec la signature du nouveau traité de Lisbonne en décembre en se présentant en parallèle comme le président qui remettra la France au coeur de la construction européenne. Finalement le MoDem ne sait pas se démarquer sur ce sujet et son message pro-européen se confond avec le discours général du reste de la classe politique nationale.

Une initiative qui ressemble à d’autres en Europe...

Des partis centristes existent dans la plupart des pays européens, mais leurs rôles et dogmes respectifs dépendent largement du contexte national. Renaud Dehousse, chercheur au Cevipof (Science Po Paris), distingue trois scénarios-types : un premier, dans lequel les grands partis convergent vers le centre, grignotant l’espace des partis qui s’en réclament - ce fut jusque-là le cas en France -, un deuxième, dans lequel le centre est une force d’appoint pour la constitution de coalitions gouvernementales - ce fut longtemps le cas du FDP en Allemagne -, un troisième, dans lequel le centre est une force significative qui s’oppose à la gauche et à la droite - ce fut le cas lorsque Valéry Giscard d’Estaing fut élu président en 1974 en s’appuyant sur le petit parti des Républicains indépendants.

C’est au troisième scénario qu’aspire clairement le MoDem de François Bayrou aujourd’hui. De manière générale, le rôle du parti centriste dépend à titre principal du mode de scrutin - d’où le rôle subsidiaire des LibDem en Grande-Bretagne (pays dans lequel le suffrage proportionnel n’existe pas) alors que le FDP allemand (pays dans lequel il existe une dose de proportionnelle) a un poids politique bien plus important.

En Italie, et notamment du fait de l’extrême fragmentation du système partisan, le centre est en perpétuelle décomposition et recomposition. La Démocratie chrétienne a longtemps été le parti majoritaire et pivot du jeu politique italien, mais a éclaté en 1992-1993 à la suite des scandales de corruption. Récemment, la Démocratie chrétienne, la Marguerite et le Parti socialiste ont fusionné en un nouveau parti de centre-gauche, le Parti Démocrate (PD) [1] ]]. Le PD a officiellement été fondé le 14 octobre 2007, lorsque les inscrits et sympathisants des partis constitutifs ont élu les membres de l’Assemblée constituante du PD, son secrétaire général (Water Veltroni, maire de Rome, élu avec 75 % des voix) et ses secrétaires régionaux. Cette récente initiative, par certains côtés, ressemble fortement aux ambitions du MoDem en France, à ceci près que le PD ne se situe pas "contre la droite et la gauche", mais au centre gauche et qu’il s’appuie sur des partis actuellement au pouvoir. Les évolutions respectives du MoDem français et du PD italien seront intéressantes à comparées dans les années à venir.

... mais qui peine à décoller dans l’Hexagone...

Le MoDem pourrait être une troisième voie attendue par une certaine partie de la population française et il attire indéniablement la sympathie de beaucoup. Mais cela n’est sans doute pas suffisant pour apporter un poids dans le débat public français, surtout si ses représentants ne cherchent pas à porter davantage leurs convictions. Alors la force incontestable de ce nouveau mouvement que représentent ces milliers de nouveaux adhérents militants pourrait aussi bientôt retomber, dans cette attente forcée. Attendre cinq ans, c’est long, trop long pour prédire l’avenir de ce mouvement qui reste en suspens.

Auteur : Romain Poly pour Euros du Village ASBL © 2008

[1] Voir notre article "Le Parti Démocrate, reflet d’une vie politique tourmentée"



16 réactions


  • tvargentine.com lerma 21 janvier 2008 09:38

    Avant tout,dans les 18,57%, ils existaient beaucoup d’électeurs centristes qui avaient peur du message vendu dans les médias (le TSS),sans parler des socialistes qui ne se reconnaissaient pas dans le discours démago et populiste de Ségolène ROYAL.

    Aujourd’hui,tout à changer car,Nicolas Sarkozy a construit un gouvernement d’ouverture avec des hommes de bonnes volontés qui travaillent à reformer la France et vous pouvez noter aussi la collaboration (tacite) des organisations syndicales qui viennent d’approuver le nouveau contrat de travail (la CGT,’n’étant pas si refractaire,puisqu’elle aura négocié des avancées sociales jusqu’au dernier jour des négociations)

    Les Français qui ont voté BAYROU,ont compris la voie sans issu dans laquelle F BAYROU emene son mouvement et le TSS,ne fontionne plus.

    C’est donc ,la fin d’un mouvement ,qui avait bati son élan sur la peur !

    En mars ,le MODEM et le PS,sera au plus,bas

     


  • La Taverne des Poètes 21 janvier 2008 12:21

    "Le MoDem ? ça ne marchera jamais  !"

     La puissance est dans la sarkozisme, la force est dans le MoDem.


  • Voltaire Voltaire 21 janvier 2008 13:20

    Une bonne analyse, assez exhaustive.

    Vous avez bien identifié les forces et faiblesses du Mouvelment Démocrate actuel : un leader reconnu, un véritable créneau politique, et une philosophie compatible avec une majorité de l’électorat d’un côté, une organisation encore embryonnaire, un discours très discret, et le manque de personalités de poids de l’autre.

    Son avenir va donc dépendre de facteurs externes et internes.

    En externe, son succès est d’abord lié à la poursuite des divisions du PS : faute deleader et de projet, un bon tiers de l’électorat PS peut basculer vers le MoDem, comme une bonne partie de l’électorat écologique modéré l’a fait suite à la radicalisation des Verts. Ce succès peut-être renforcé par les déceptions de l’électorat Sarkozyste modéré, même si l’on peut compter sur le Président de la République pour réectifier le tir en matière de communication. Mais avec un discours s’adressant à l’essemble de l’électorat modéré, et accentuant les divisions actuelles de ses deux grands partis ennemis (comme il a su habilement le faire en s’alliant avec des listes modérées de droite et de gauche pour ces élections municipales), le MoDem a une carte à jouer.

    En interne, le défi est grand. Si l’on peut imaginer que la phase de mise en place opérationnelle ne durera qu’un temps, et que les divisions au sein de ses adhérents ne sont que l’expression de sa jeunesse, le Mouvement Démocrate va de voir organiser une réflexion de fond afin de proposer un projet de société cohérent et attractif, ce qui nécessite une méthode et des réseaux. Quant à l’émergence de personnalité autour de François Bayrou, le problème est encore plus compliqué : le Mouvement Démovcrate sera toujours la cible privilégiée du pouvoir et du PS pour débaucher ses têtes montantes en échanges de postes, puisqu’il les menace directement. A cela s’ajoute apparement la difficulté du leader du MoDem de déléguer et faire confiance à des adjoints qui l’ont souvent trahis... On peut penser que seul l’espoir de succès électoraux permettront au MoDem de faire émerger une éuqipe de dimension nationale crédible. IL faudra donc sans doute attendre les élections européennes et régionales, plus favorable au MoDem, pour que s’affirme une équipe autour de son leader.


  • OlivierK 21 janvier 2008 15:52

    Bigre, mon tout premier commentaire Agoravox, après quelques semaines de lecture, histoire de m’approprier le ton et les us et coutumes des lieux.

     

    Je suis depuis quelques mois, nouvel adhérent au Modem. Ceci constitue mon premier engagement politique actif, motivé par un triste constat : je crains hélas qu’aujourd’hui, un élu se batte d’abord :
    1 - pour sa carrière et ses ambitions personnelles
    2 - pour son parti d’appartenance (ce qui est nécessaire pour ne pas remettre en question le point 1)
    3 - ses électeurs, si cela ne remet pas en cause les 2 points précédents.

    Et comme je me sens plutôt dans la peau d’un Don Quichotte et que la maturité d’esprit et la sagesse de ma presque quarantaine commence à m’habiter , j’ai décidé de me lever et d’agir.

     

     

     

    Quelques réponses à l’auteur de ce billet fort intéressant.

     

    "Fondamentalement, le MoDem est un parti très libéral, probablement plus encore que ne l’est l’UMP. Libérer le marché du travail, diminuer les charges pour les entreprises sont les éléments fondamentaux dans sa politique économique et de l’emploi."

    Je n’ai rien lu, ni vu, ni entendu de tel au sein du MoDem.
    Quelles sont vos sources ?

     

     

    "Mais il est tout aussi fondamentalement anti-américain. Pas l’anti-américanisme primaire, ni un simple anti-Bushisme, mais c’est un rejet et une peur du modèle sociétal américain. Il veut placer la solidarité avant la réussite, le bien-être des individus avant la richesse du pays."

    La réussite crée de la richesse, ce qui est un prérequis indispensable pour pouvoir la redistribuer le plus justement et solidairement possible. Je dirais donc que pour moi la réussite se trouve juste avant la solidarité. Ce discours que je tiens ne m’a pas semblé être ichonoclaste et marginal au sein du Modem.
    Êtes-vous sûr de votre diagnostic ?

    Quand au peuple américain qui glorifie la réussite individuelle et collective. J’applaudis.
    Mais quand Il se désole face à des situations terribles ou des familles sont contraintes de vendre leur maison (payée à coup de Subprime héhé) pour pouvoir payer à leur enfant l’opération chirurgicale qui lui est nécessaire, je n’applaudis plus et porte un regard vivement critique.
    Nous avons très certainement à prendre et apprendre des américains, tout comme j’ai le sentiment qu’ils auraient intérêt à plus d’humilité et d’écoute.

     

     

    "Enfin la modernisation et l’efficacité de l’Etat et de son administration sont prioritaires pour atteindre l’objectif d’équilibre budgétaire, un des objectifs centraux du programme des centristes."

    Sur ce point, je pense que le consensus est général et national.

     

     

    "Enfin il y a la question européenne. Le MoDem tout comme son prédécesseur veut être le parti pro-européen de la scène politique française ; le programme présidentiel le prouve : forte volonté de défendre un modèle européen, une diplomatie et une défense européenne, approfondir les politiques économiques, énergétiques, de l’immigration, du co-développement, de la recherche communes. Mais, d’une part, ce message pro-européen n’est pas particulièrement porteur au sein des Français et, d’autre part, surtout, le nouveau président a fait le nécessaire avec la signature du nouveau traité de Lisbonne en décembre en se présentant en parallèle comme le président qui remettra la France au coeur de la construction européenne."

    Je me félicite que notre Président de la République porte ma conviction européenne avec tant d’efficacité.
    S’il partageait en plus ma conviction d’une europe fédérale, je crois que j’en pleurerais de joie.
    Voyez comme il m’est facile de louer la réflexion et l’action d’un homme que je n’apprécie pas.
    Tout comme il m’est aisé de lui témoigner ma désapprobation sur d’autres sujets.
    J’en reviens à la raison fondamentale de mon engagement politique : Ma liberté de penser et d’agir, libre de tout dogme politique.

     

     

    "Renaud Dehousse, chercheur au Cevipof (Science Po Paris), distingue trois scénarios-types : un premier, dans lequel les grands partis convergent vers le centre, grignotant l’espace des partis qui s’en réclament - ce fut jusque-là le cas en France -, un deuxième, dans lequel le centre est une force d’appoint pour la constitution de coalitions gouvernementales - ce fut longtemps le cas du FDP en Allemagne -, un troisième, dans lequel le centre est une force significative qui s’oppose à la gauche et à la droite - ce fut le cas lorsque Valéry Giscard d’Estaing fut élu président en 1974 en s’appuyant sur le petit parti des Républicains indépendants."

    Votre réflexion m’interpelle. Je suis moi aussi un rien expectatif.
    Et si le MoDem n’avait pas pour vocation d’être un parti de pouvoir (à la tête de l’exécutif) ?
    Et si le MoDem avait pour vocation de basculer de gauche à droite et de droite à gauche, au grès de coalitions ponctuelles pour faire avancer tel ou tel problème de société ?
    J’avoue que cette hypothèse me séduit (et tant pis pour les ambitions personnelles de François Bayrou).


  • Napoleon Napoleon 21 janvier 2008 17:11

    Pour moi le modem n’a qu’une seule raison d’exister.

    C’est un parti crée sous l’action de Mr Bayrou, avec pour seul but l’election de Mr Bayrou en 2012.

    Tout le reste n’est que de la poudre aux yeux.


  • OlivierK 21 janvier 2008 17:15

    Et voilà, illustration par l’exemple de mon propos précédent.

    "Je me félicite que notre Président de la République porte ma conviction européenne avec tant d’efficacité. S’il partageait en plus ma conviction d’une europe fédérale, je crois que j’en pleurerais de joie. Voyez comme il m’est facile de louer la réflexion et l’action d’un homme que je n’apprécie pas. Tout comme il m’est aisé de lui témoigner ma désapprobation sur d’autres sujets."

    Ou comment rester vigilant sur les apparentes ambitions européennes de notre Président de la République.

    Merci au journal Le Monde pour cet article intelligent : www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3232,36-1001758@51-1001502,0.html


  • vivelecentre 21 janvier 2008 18:59

    le modem un nouveau parti ?

    donc il ne bénéficiera pas du financement "udf" hérité des dernières élections législatives ?

    tseu tseu.. Rien de tres nouveau sinon un habile tour de passe passe !!

    Après la nouvelle udf qui a permis de mettre au pas les différents courants pour un meilleur contrôle par la direction , il s’’agit à nouveau d’une opération politicienne qui a différents buts :

     

    -créer de "l’événementiel" pour faire parler dans les médias et essayer de continuer a surfer sur le "succès" des présidentielles 

    -donner l’impression de la création d’un nouveau machin chose dans lequel on pourrait adhérer sans se retrouver dans le parti des notables de la droite

    -continuer "l’épuration" politique afin que le destin du leader ( disons 2012) ne soit pas entravé par de trop forte personnalité

    La mayonnaise prendra tant que le leader ne sera pas contesté ( et pourtant , il est contestable !!) et après , compte tenu de la diversité et des contrastes idéologiques, cela deviendra un nouveau panier de crabe avec des batailles de courants comme les verts il y a peu

     

    d’ailleurs on le voit sur des sujets principaux ou le modem ne peut se positionner sauf prendre le risque de se fâcher avec la moitié de ses supporters

    "L’Europe" en est un (triste pour un ancien centriste) exemple emblématique


  • moebius 21 janvier 2008 21:18

    ..Bayrou ne vise que la présidentielle..On imagine un président en camembert allégé


  • Jocrisse Jacques 21 janvier 2008 22:08

    F.Bayrou est un homme certainement intelligent et cultivé, mais il ne trouvera pas les soutiens pour réaliser son ambition.

    De plus, l’existence d’une petite troisième force constituée, c’est à dire capable d’arbitrer entre droite et gauche parlementaire, nous ramènerait aux pratiques désastreuses de la 4ième.

    Histoire vraie :

    Pendant la campagne des présidentielles, je l’ai entendu, assis sur son nuage, raconter sans rire, cette anecdote lors d’un interview à la télé :

    Lorsqu’il était ministre, au cours d’une conversation en tête à tête avec Dieu (le président Mitterand), celui-ci lui aurait prédit qu’il serait un jour lui-même président car il voyait en lui toutes les qualités requises.

    Si cette histoire est avérée, j’imagine Tonton, mort de rire après la sortie du Bayrou, et convoquer d’urgence Pelat, Charras, De Grossouvre, Attali et les autres pour leur faire profiter de la bonne blague au naif.

    A mon avis, il a rêvé, mais il s’est persuadé que cette scène avait eu lieu . Depuis il est sûr de son destin et se comporte comme un demi-dieu.

    Tout le monde est fou, mais il y en a chez qui cela se voit plus que chez les autres.

     

     

     


  • Hervé Torchet 22 janvier 2008 01:51

    Le MoDem est la cible préférée de toutes les cassandres du monde. C’est un parti nouveau dont toute la nouveauté est faite pour déranger (même une partie de ses cadres). Il se définira par ce qu’il fera.

    Social-démocrate ? Je ne crois pas : ce concept est périmé.

    Républicain ? À coup sûr.

    Libéral ? Pas au sens néoconservateur du mot.

    centriste ? Presque mais pas seulement.

    Mangé par la droite et la gauche ? La chair est faible.

    Si son existence correspond à un besoin du pays, il résistera aux difficultés de sa naissance, ce que je crois.


  • vivelecentre 22 janvier 2008 07:06

    Le modem, la troisieme voie, c’est réinventer en permanence l’eau tiède !

    Depuis 1965 on nous fait le coup !

    On sait qu’ils prétendent faire la politique soit disant "autrement" ( sans jamais dire ce qu’est cet "autrement"...

    Mais on le voit bien encore une fois, que ce soit a travers la constitution (peu démocratique) de leur mouvement ou la mise en place des candidatures aux municipales avec les accords a géométrie variable, ils réinventent.les méthodes et pratiques ...de la 4eme république !!


  • vivelecentre 22 janvier 2008 15:00

    avec sa grève de la faim, , il n’a pas vraiment contribué a la grandeur de l’action politique sans parler de notre appréciation à l’etranger...

    Le gars (Lassalle)était certainement convaincu du bien fondé de sa démarche, les tors reviennent a son entourage de ne pas l’avoir dissuadé de cette action ridicule et surtout , completement sterile !


  • miha 22 janvier 2008 18:42

    mais pourquoi, pourquoi lorsqu’on parle du Mouvement Démocrate, on ne dit pas que la majorité de ses adhérents sont (étaient) apolitiques ?

     

    ce sont surtout les déçus de la politique tout court qui y vont... cessez de toujours parler des déçus de la gauche (même si il y en a, il est vrai) et des déçus de NS (même si il commence à y en avoir, il est vrai)

     

    et... aussi... SVP, cessez de reprocher son ambition à François Bayrou !

    en quoi serait-ce un défaut en politique ?


  • OlivierK 22 janvier 2008 18:53

    "Le gars (Lassalle)était certainement convaincu du bien fondé de sa démarche, les tors reviennent a son entourage de ne pas l’avoir dissuadé de cette action ridicule et surtout , completement sterile !"

    Jean Lassale est un grand homme.
    Un homme pour qui les mots engagement et honneur ne sont pas que réthorique et langue de bois.
    Ce qui est réellement anachronique dans notre petit paysage politique français.

    Pour la petite info, Jean Lassale est celui qui a recueilli le plus d’applaudissements lors du Congrès Fondateur du Modem de décembre dernier. François Bayroux faisait la moue. Beaucoup s’en réjouissaient.


  • vivelecentre 22 janvier 2008 21:07

    je ne sais pas si l’on peut le qualifier de grand homme, certainement quelq’un de courageux,et ce qui est sur , un peu "encombrant "pour Bayrou !!


  • PageNotFound 26 janvier 2008 16:39

    A l’inverse de ce qui peut être dit dans le post et certains commentaires, je ne pense pas qu’il s’agisse de troisième voie fantôme !

    Encore une fois, les idées de FB ont été récupérées, mais il faut le dire, pour la plus grande chance du pays.

    Il faut aussi se rappeler que l’ex-UDF arrivait tout juste à 6% lors des précédentes élections (hors présidentielles) et était en voie d’être complètement récupéré par l’UMP, et donc de disparaître.

    FB a donc choisi la voie la plus difficile pour garder son indépendance : la création d’un nouveau parti.

    Il faudra donc évidemment du temps avant que l’ensemble des nouveaux élus du MoDem se forgent à la politique.

    Crédité à 7% dans les sondages, le MoDem fait dores et déjà mieux que l’ex-UDF. De nouvelles personnalités vont émmerger de ce mouvement et encore une fois pour le plus grand bien de la démocratie.

    Je regrette simplement que le débat se porte toujours sur le Ni Droite Ni Gauche, qui fait plus de tord au MoDem qu’il ne le sert, puisque habilement récupéré par NS.

    Je regrette aussi la critique portée sur le rapport Attali alors qu’il reprend sur plusieurs points certaines idées de FB.

    Bonne chance au MoDem, bonne chance à FB.


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