jeudi 5 juillet 2012 - par JPelissade

Le projet ITER : un emblème de la naïveté nationale en matière de politique industrielle

Six ans. C'est le temps qu'il aura fallu aux grandes ambitions industrielles françaises pour se muer en désillusions successives. Ces ambitions portaient un nom : "projet ITER". Fruit d'un consortium international propice à révolutionner "l'énergie du futur", ce programme de recherche sur la fusion nucléaire a fait l'objet d'intenses tractations qui ont abouti à son implantation en France, ainsi qu'à un déferlement d'espoirs... inassouvis. Son coût a déjà triplé et les retombées se font attendre. Zoom sur les raisons d'une exaspération rampante.

Impatience et agacement. Ces deux mots sont manifestement ceux qui caractérisent le mieux l'état d'esprit actuel qui règne parmi bon nombre d'élus locaux et de chefs d'entreprise. Cadarache, cette petite commune située dans les Bouches-du-Rhône, et "terre promise" aux industriels français en 2005 sous l'ère Chirac , est aujourd'hui le théâtre d'un étrange manège. Les riverains y observent impassiblement défiler les entreprises étrangères, guettant l'apparition du moindre logo qui leur serait familier. En vain. Car à l'époque présentée comme une victoire, l'implantation d'ITER en région PACA était érigée en instrument de développement économique local et de création de richesse pour l'industrie nationale. Les Français, sur le coup, ont damé le pion aux Japonais. "Quelque part, heureusement !", ne peut-on s'empêcher de penser au triste souvenir de la catastrophe de Fukushima. Mais laissons de côté la dimension écologique pour se pencher sur un autre scandale : celui d'un des plus grands hold-up de l'histoire.
 
Les vrais enjeux économiques du projet ITER
 
L'Union Européenne finance la moitié de ce projet pharaonique, et la France en est un contributeur majeur. Pourtant, indique L'Expansion, "A l'exception de l'Union européenne, la participation des autres membres se fait surtout sous forme de livraisons de composants, et non en devises. En clair, une turbine peut être fabriquée à partir d'éléments venant de Corée, du Japon et de Chine, assemblée au Etats-Unis puis transportée à Cadarache." En gros, les marchés industriels nous échappent, au nez et à la barbe de l'Etat français.
 
Bien sûr, quelques-uns des quotidiens régionaux du sud de la France s'en félicitent occasionnellement, lorsque une entreprise locale remporte un marché... public financé en grande partie par l'Etat Français. D'autres entreprises, essentiellement dans le BTP, décrochent de biens modestes consolations en se voyant confier la construction d'une école, la réfection d'une route départementale, ou comme précédemment, le débroussaillement du site. Un rôle de "seconde zone" presque humiliant, si l'on considère la dimension scientifique et technologique du projet. Un côté "petites mains", qui fut alors à l'origine de nombreuses railleries et de débats houleux dans l'enceinte de nos conseils territoriaux.
 
En effet, là ne sont pas les vrais enjeux économiques d'ITER : les vrais enjeux, ceux qui génèreront des retombées directes et induites sur le long terme, concernent les contrats qui dépendent directement du bon vouloir de l'organisation ITER (contrats d'ingénierie, de production d'équipements, d'infrastructures ou de pièces de très haute technologie). Car elles se sont mobilisées, les entreprises françaises high-tech, qu'elles soient des PME ou des ETI. Mais dans les pôles de compétitivité de la région aussi, on fait grise mine. Les entreprises ont dépensé des centaines de millions d'euros en formation, en R&D, et en équipements industriels pour être fin prêtes à se positionner comme soumissionnaires aux appels d'offre émis par l'Organisation Internationale ITER et l'Agence Européenne ITER. Mais elles dressent aujourd'hui un bilan en demi-teinte : la fameuse "Vallée de l'énergie" qui devait voir le jour sous l'influence du projet n'est encore qu'une fumisterie.
 
Rappelons que selon l'étude d'impact initialement réalisée, l'effet multiplicateur sur l'emploi (c'est-à-dire les retombées directes et indirectes) serait de l'ordre de trois. Maurice Catin, Professeur d'économie industrielle, avait pour sa part présagé dans un article scientifique publié en 2004 que les chiffres avancés "peuvent être quelque peu surestimés, et doivent être considérés en tout état de cause avec beaucoup de prudence compte tenu des hypothèses à la base des méthodes utilisées." Plus loin, il explique qu'il est "facile de montrer que le poids de ITER, ses effets indirects compris, ne représente qu’une toute petite part du produit intérieur brut et du total de l’emploi de la région PACA, et même du département des Bouches-du-Rhône." Ajoutons-y que le multiplicateur d'emploi direct "sur site" est une arnaque : les "majors" entreprises étrangères qui prennent les marchés ITER "font appel à une partie de leur main d'oeuvre mobile", comme l'indique discrètement le Pôle Emploi, ajoutant que "la fabrication des différents composants d'ITER concerne principalement l'étranger".
 
Le projet ITER "coûte un bras" à la France !
 
Dresser un inventaire exhaustif des dépenses publiques directes ou induites par le projet ITER serait impossible, tant on découvre chaque jour de nouveaux "coûts cachés". Citons-en quelques-uns parmi les plus significatifs. Le 2 juin, le quotidien La Provence indiquait que "L'accord international, signé en novembre 2006 stipule que la France mette en oeuvre des services pour la gestion et l'élimination des déchets radioactifs résultant du fonctionnement d'Iter". Et c'est sans compter sur les coûts indirects liés à la mobilisation des scientifiques français (CEA-CNRS, IRSN, etc.).
 
L'Expansion, qui interrogeait en 2010 le risque d'un "gigantesque désastre écologique", ne trahissait pas sa vocation d'hebdomadaire économique en soulevant lui-aussi la question de l'emploi. "Le journal d'ITER France ose même titrer : « Economieet emploi, une bonne pioche pour la région  » alors que seules 500 personnes y travaillent actuellement. Un chiffre ridicule lorsque l'on sait que 300 appels d'offre ont été émis depuis le début des travaux et 382 millions€ ont déjà été injectés dans ce projet nucléaire... Nous sommes donc très loin de la centaine de milliers d’emplois initialement annoncée !", écrivait alors le magazine avant de s'étouffer devant le fait que "le projet ITER vide les caisses : son coût s’élève à 467 millions€ pour la région PACA (conseil régional, conseil général et communauté du pays d’Aix)".
 
Les communes, elles aussi, boivent la tasse. Et pour les riverains des communes alentours, c'est le coup de massue : spéculation et flambée immobilière, expropriations, taxes foncières pour financer l'adaptation des infrastructures et des équipements communaux, aménagement des services publics pour accueillir des ingénieurs du monde entier qui au final, ne resteront sur place que quelques années...
 
Le projet initialement prévu a été "volontairement sous-estimé au départ afin de faire passer le projet sachant très bien qu'après, on ne peut plus reculer", s'indigne Maurice Wellhoff, président d'un comité local de défense de l'environnement, au cours d'une réunion de protestation. Une occasion saisie par Jean-Pierre Petit, ancien directeur de recherche au CNRS, pour dénoncer ce qu'il considère comme une expérience "sans garantie" qui coûtera en réalité 15 milliards d'euros... En témoigne cet épisode de 2010 relaté par Michèle Rivasi, députée européenne : "l'organisation ITER souhaite que les contribuables européens, et en particulier français, paient l’addition très lourde de ce mirage scientifique, devenu scandale financier". Alors comment justifier en l'espèce que, selon certaines sources, les salariés d'ITER ne paient pas d'impôts sur le revenu en France ?
 
A quel profit les pouvoirs publics oeuvrent-ils ?
 
Pendant ce temps, nos dirigeants s'égosillent au sujet du très conceptuel "redressement productif", tandis que nos partenaires économiques affûtent discrètement leur stratégie de souveraineté industrielle au coeur-même de notre territoire. Emblématique du rapport pathologique qu'entretiennent nos élites avec la défense des intérêts industriels français, le projet ITER est symptomatique d'une maladie bien française : la dépense publique stérile et invalidante.
 
Mais tout ce qu'ont décroché la France et la région PACA, pour l'heure, ce sont de trop longs discours et, surtout, un spectacle de désolation que décrit à merveille L'Expansion : "Sur une vaste étendue rocailleuse, sept grues végètent dans un ciel d'azur, tandis que de rares camions zigzaguent entre les squelettes d'énormes bâtiments et les fondations du futur réacteur, soulevant une poussière ocre". Du côté des représentants d'ITER et des pouvoirs publics, on jongle entre omerta et méthode Coué. Du côté des industriels français, on trépigne et on se consterne.
 
Pourquoi une telle exaspération ?Simplement parce que le réacteur sera implanté chez nos concitoyens, on ne reviendra pas en arrière sur ce point. Et quitte à devoir encourir les risques industriels inhérents au flou théorique qui entoure la fusion nucléaire, quitte à subir la pollution engendrée par des déchets nucléaires qui seront stockés sur place, autant que nos concitoyens profitent de retombées économiques -au moins- significatives. C'est à l'échelle du pays une question de justice sociale, et incarne à l'échelle internationale un souci d'équité entre les nations. Mais l'Etat français semble bien, pour l'heure, s'en désintéresser : est-ce un aveu d'impuissance ou de la crédulité notoire ? Le libéralisme débridé coule décidément des jours paisibles en Provence !


27 réactions


  • slipenfer 5 juillet 2012 10:03

    Pour les déchets je ne m’en fait pas trop,il faudrait que ce bouzingue fonctionne
    suffisamment longtemps pour en fabriquer.
    je me tore de rire comme ce future tas de ferraille sous les forces de Laplace ... smiley

    ITER : Le bateau coule normalement
    JPP


  • JC (Exether) 5 juillet 2012 10:47

    La page wikipedia sur ITER est bien plus précise et réuni des critiques bien plus rationnelles :
    https://fr.wikipedia.org/wiki/International_Thermonuclear_Experimental_React or


  • morice morice 5 juillet 2012 10:52

    un projet idiot, qui rappelle des erreurs du passé....



    un tokamak de plus...

  • Bcapai 5 juillet 2012 12:46

    Ce projet n’est pas le seul en compétition pour la « fusion ».
    Les difficultés qui s’amassent devant lui ne sont loin d’être résolues.
    S’il doit y avoir une explosion, ce sera celle du budget et tout cela sans doute pour pour RIEN


    • morice morice 5 juillet 2012 15:58

      Un débat intéressant (Interview de Michèle Rivasi –député européenne- et de Jean-Pierre Petit  réalisé le 16/11/2011, mettant à jour les incertitudes techniques de fonctionnement d’ITER, des surcoûts qui en découlent ainsi que des oppositions sur la divulgation de ces incertitudes.


      petit étant une référence chez les Ummites ;...


      y’a pas avec pareil scientifique et son B2 à MHD, on avance dans l’analyse....



      superbe démo hein : n’importe quel avion en présence de vapeur d’eau fait ça... surtout si on charge le RVB en... jaune. 

  • Michel Claessens 5 juillet 2012 13:26

    Pour information, voici une petite synthèse que nous avons publiée sur le site ITER : http://www.iter.org/fr/actualites/1103

    « En cinq ans à peine, les différents chantiers liés au programme ITER ont déjà généré 1,718 milliards d’euros de contrats, dont près de la moitié (828 millions) ont été attribués à des entreprises françaises.
    [...]

    Au total, on peut estimer que dans les années qui viennent, le nombre d’emplois liés à ITER de manière directe, indirecte ou induite sera de l’ordre de 6 500 à 7 000. »


    • morice morice 5 juillet 2012 16:00

      PROPAGANDE EHONTEE CARACTERISEE....


      Avec la montée en puissance des travaux de construction dès la fin de cette année, l’arrivée courant 2014 des premières pièces destinées à la machine et la mise en œuvre de leur assemblage sur la plateforme ITER, ce sont plus de 3 000 travailleurs supplémentaires qui sont attendus.

      attendu n’est pas EMPLOI.

      en l’arrétant, on dégagerait de l’argent pour leur trouver un boulot ailleurs...

  • robin 5 juillet 2012 13:38

    Sans parler des obstacles redhibitoires comme l’instabilité du plasma et la pollution de celui ci par les atomes de l’enceinte de confinement, 2 problèmes qui n’ont jamais été résolus en presque 50 ans de technologie Tokamak.

    Le plus optimiste des ITERISTES d’ailleurs ne se hasardent pas à prédire les premiers watts commerçiaux avant au moins ...........30 ANS.........10 fois le temps de voir la planète Terre exterminée au train de folie où on va .......Bref une Immense connerie qui ressemble à une Immense Arnaque.......une de plus !


    • sto sto 5 juillet 2012 14:55

      Ouaip. A la premiere disruption majeure, le truc sera probablement irreparable. Les etudes des specialistes le confirment.
      Esperons qu’ils n’auront pas encore mis de tritium quand ca va exploser, sinon adieu la region.


  • Gilles Gilles 5 juillet 2012 15:26

    Quel ramassis de conneries, d’inexactitudes, d’approximation, de non dits...... Encore un article de type « complotiste qui pèche des arguments plus ou moins sérieux et réels pour défoncer le projet.
    Attention : cela n’empêche pas que certaines critiques sont fondées mais mélangées à de la conneries en barre de merde

     »Cadarache, cette petite commune « 
    —> Cadarache n’est pas une commune ; juste un centre du CEA

     »Les déchets radioactifs....«  De la façon dont vous en parlez on s’attend à des montagnes de déchets. Hors la quantité, l’activité et la durée de vie des déchets sera largement plus faibles que pour la fission.... ;s’il y en a car pour l’instant c’est juste un risque (à prendre en compte mais de là à faire flipper tous le pays)

     »qu’il considère comme une expérience « sans garantie »« ..... rien de nouveau ! De tels projet a si long terme ne peuvent garantir à 100% de livrer. Envisagé dés le début !

     »son coût s’élève à 467 millions€ pour la région PACA« .. ; par an, sur 10 ans, sur la durée du projet (40-50 ans) ? C’est totalement différent selon.....

     » Nous sommes donc très loin de la centaine de milliers d’emplois initialement annoncée« . .. Source please. En tout cas 100 000 emplois ce n’est pas que pour Cadarache (imaginez...) Probablement à l’échelle des pays participants

     »« la fabrication des différents composants d’ITER concerne principalement l’étranger »." Quoi de neuf et de scandaleux là-dedans ? Les industriels se fournissent chez ceux qui font les meilleurs composants et la France est loin d’être en pointe dans les centaines de métiers que regroupent Iter. C’est normal, Airbus, Astrium, Boeingetc etc ont tous la plupart de leurs fournisseurs étrangers


  • morice morice 5 juillet 2012 15:53

    Quel ramassis de conneries, d’inexactitudes, d’approximation, de non dits...... Encore un article de type "complotiste qui pèche des arguments plus ou moins sérieux et réels pour défoncer le projet.


    allez, puisque vous semblez aimez la fusion...



    dans le genre, c’est un SOMMET....
    surtout le

    Vous pouvez vous offrir 50 grammes de Nickel (20 Euros le kilo : une dose coûte donc un euro) et quelques litres d’hydrogène tous les six mois ? Alors vous aurez bientôt accès à cette énergie quasi illimitée, qui ne produit pas de CO2, pas de particules radioactives, et dont les rares rayonnements sont facilement arrêtables avec quelques kilos de plomb.

    on est déjà 6 mois après là... et RIEN. DU FLANC, DU VENT, de l’ESCROQUERIE.

    • Gilles Gilles 5 juillet 2012 16:44

      Quel rapport ?

      Vous lisez n’importe quelle connerie quelque part sur le web, et hop, ça suffit à argumenter....


  • morice morice 5 juillet 2012 16:02

    va falloir qu’ils parlent anglais les chaudronniers Itériens ::


    pas foutus de faire une page en français, ils risquent d’embaucher.... des étrangers.

    franchement, peut on croire à ses dégourdis ?

  • L'enfoiré L’enfoiré 5 juillet 2012 16:43

    Projet français ?
    Nenni, m’fe
    Oui, il est situé en France, mais c’est un projet international.
    "l’Union européenne (+ la Suisse, au titre de sa participation à Euratom), la Chine, l’Inde, le Japon, la Corée du Sud, la Russie et les États-Unis, soit 34 nations."
    Faut pas charrier ...


  • Corbeau 5 juillet 2012 17:12

    Le gros (très gros...) problème avec ITER est le matériau d’enceinte qui devra résister au bombardement neutronique à 14 MeV. C’est bien au delà de ce que l’on connaît dans les réacteur nucléaires actuels à fission. La plupart des spécialistes en matériaux du nucléaires doutent qu’on puisse résoudre ces contraintes. Ils ont émis des réserves dès le début du projet... sans être écoutés (voir par exemple http://www.lps.ens.fr/ balibar/ITER-2010%20court.pdf)


  • Marc Bruxman 5 juillet 2012 19:08

    On sait tous que nos ressources énergétiques s’amenuisent. La fusion nucléaire est une solution qui permet de produire de l’énergie en grande quantité pour un coût qui sera très faible une fois la technologie maitrisée. En clair, c’est le seul espoir si le monde occidental veut maintenir son standard de vie mais également si l’on veut que le reste de l’humanité puisse en bénficier également. En clair, si l’on ne veut pas que le XXIème siécle soit émaillé de guerres pour les ressources naturelles (mais cela a déja commençé au moyen orient).

    Avant d’en arriver la, il va falloir investir à perte surement pendant des années. Et aucun pays ne peut le faire seul. Mais d’une part, il y a des retombées industrielles indirectes (comme pour le LHC) et d’autre part, sans la fusion maitrisée notre avenir est bien sombre.

    Nous bénéficions aujourd’hui du nucléaire civil seulement parce que le gouvernement US a investi sans compter durant la deuxiéme guerre mondiale. Mais le nucléaire civil tel qu’on le connait n’est pas la solution à nos problèmes, c’est au mieux une aide transitoire. .Alors il faut mettre le pacquet et on va y arriver.

    J’ajouterai que pour une fois ce n’est pas encore la guerre qui est le moteur de l’avançée technologique alors profitons en.


  • chantecler chantecler 5 juillet 2012 19:16

    Je suis certain qu’il va fonctionner aussi bien que superphénix leur bousin ...
    Y’ a plus qu’à trouver une bonne banque pour l’assurer .


  • Sinbuck Sinbuck 5 juillet 2012 23:30

    Le sujet est complexe... Mais la réalité de la théorie physique est simple ! Le modèle standard est une approximation de plus dans la théorie. La recherche fondamentale est au plus mal ; mais bon...
    C’est une bonne chose que ce projet soit international, les frontières doivent disparaître non ?
    Mais les frontières de la matière semblent encore une limite infranchissable et ce n’est pas à coup de milliards qu’on arrive forcément à trouver les secrets ultimes de la matière.
    Les grands groupes qui gèrent l’énergie sur la planète vont nous plumer comme des canards.

    L’idéal, comme un doux rêve plaisant, serait d’accéder à une énergie répartie de manière isotrope sur le globe et surtout accessible avec très peu de moyen de financier pour l’extraire et la transformer.

    On peut toujours rêver, et il me semble logique d’y croire car le modèle actuel de la matière est approximatif. Pourquoi cherche-t-on le boson de Higgs et essaye-t-on de dénicher la matière-énergie « noire » dans l’univers ?


  • Asp Explorer Asp Explorer 6 juillet 2012 08:13

    J’avoue avoir du mal à saisir l’acharnement de certains contre ITER. En premier lieu, ça ne coûte pas cher : 15 milliards d’euros, répartis sur les vingt ans du projet et sur le nombre de pays partenaires, ça ne fait pas grand chose. C’est sans commune mesure, en tout cas, avec les cadeaux fiscaux et autres primes de rentrée scolaire dont nos politiques abreuvent les classes populaires pour acheter leur vote. Pour ce prix, on construit une expérience scientifique. On ne peut pas savoir à l’avance si ça va marcher (sinon ça ne servirait à rien de faire l’expérience). Si ça marche, on trouve de l’énergie à volonté et l’avenir de l’humanité est assuré. Si ça ne marche pas, on en apprend déjà beaucoup sur la physique des plasmas et on fait progresser la technologie des aimants supraconducteurs, ce qui me semble autrement plus utile que le boson de Higgs sur lequel on s’extasie cette semaine. Dans les deux cas, l’investissement est rentabilisé.

    Sans doute ces résistance viennent-elles d’une croyance quasi-religieuse dans certains milieux comme quoi il est interdit de fusionner le saint-nucléon, et qui relève plus de la pensée totémique que de la rationalité.


    • Sinbuck Sinbuck 6 juillet 2012 10:00

      Je suis d’accord avec toi Explorer, il faut faire des expériences. Et c’est vrai que même si la fusion échoue les apports pour la théorie sont importants.
      La fusion nucléaire est « le point haut » des réactions nucléaires qui transforment l’hydrogène en hélium. Comme le font toutes les étoiles qui produisent leur lumière...
      Notre connaissance scientifique peut-elle être comparer aux étoiles ? Il y a peut-être des limites que nous pouvons pas franchir (pour l’instant) ? Pourquoi s’obstiner dans le nucléaire connaissant le danger et sachant que la théorie est incomplète ? Affinons d’abord la théorie puis expérimentons...

      La fission nucléaire, qui est une réaction simple, n’est pas encore maîtriser et la connaissance des particules élémentaires est incomplète alors pourquoi continue-t-on à jouer avec sachant que la théorie est inachevée ? Je parle de la fission et il est évident que les connaissances sur la fusion doivent progresser.

      Dans les années 90, si l’on faisait un DEA dans le domaine du nucléaire (en France), on ne pouvait pas soutenir en public son diplôme ; les responsables invoquaient le « secret industriel » et le diplôme était obtenu sans soutenance ! C’est un comble non ? Qui fait la loi scientifique, l’université et la recherche fondamentale ou une entreprise baignée dans des enjeux financiers qui fait joujou avec les atomes sans qu’un regard extérieur et avertie puisse vérifier les expériences/manip. Je trouve ça aberrant ! C’est une honte pour la science et cela prouve que l’argent domine la théorie.
      Pourquoi en serait-il autrement avec la fusion nucléaire sachant que la fission (déjà) est incontrôlable. Pourquoi continue-t-on à construire des centrales sachant que ne nous savons pas les démonter ? EDF fait actuellement des profits et nos petites enfants devront payer pour démontrer des dizaines de réacteurs construits. C’est une honte !

      Il y a une différence entre une formation universitaire et fondamentale et une formation appliquée comme celle des ingénieurs. Les ingénieurs (globalement j’entends) sont le « bras armée » des apprentis sorciers baignés dans les enjeux financiers. Il ne peut y avoir d’éthique dans ce cas là (dans le domaine du nucléaire, des nanotechnologies, des médicaments...).
      La formation théorique et universitaire, ainsi que la recherche fondamentale, est désintéressée financièrement, le cerveau est pleinement disponible et non « prostitué » aux seuls enjeux financiers des entreprises. La « possible » prostitution de l’esprit, c’est le terme que j’emploie, pour qualifier et préparer mes élèves qui se destine à la formation d’ingénieur. Et le pire, c’est que les élèves comprennent cela, mais ils savent pertinemment que l’argent domine tout et c’est ce qui compte pour eux. Cela vous choque ? Vers qu’elle société se dirige-t-on ?


    • Leo Le Sage 6 juillet 2012 10:51

      @Par Asp Explorer (xxx.xxx.xxx.207) 6 juillet 08:13
      Vous dites : « J’avoue avoir du mal à saisir l’acharnement de certains contre ITER. En premier lieu, ça ne coûte pas cher »
      Le problème en France c’est que beaucoup trop de personnes ne savent pas faire la différence entre achat et investissement.
      Pire on ne sait pas faire la différence entre recherche/innovation et application.

      A lire certains commentaires sur AV, on s’en doute bien que même à ce niveau il y a un énorme soucis.

      Si on veut alors aborder un sujet le plus objectivement possible, on a forcément du mal.

      Vous dites : « on fait progresser la technologie des aimants supraconducteurs »
      Absolument : çà aura beaucoup plus d’utilité que Higgs.
      Cependant Higgs est utile pour les expérimentateurs : démontrer leur compétence en modélisation.
      Mais je soutiens que Higgs pouvait attendre...

      @Par Sinbuck (xxx.xxx.xxx.154) 6 juillet 10:00
      Vous dites : « Pourquoi continue-t-on à construire des centrales sachant que ne nous savons pas les démonter ? »
      Ah bon ? Je me souviens vaguement d’un machin dans la centrale qu’on avait démonté... pour réparation.


    • Asp Explorer Asp Explorer 6 juillet 2012 21:03

      Si vous aviez une once de culture scientifique, vous comprendriez la différence fondamentale entre la z-machine et ITER, c’est que la première est incapable de produire un état de plasma stationnaire, alors que c’est le but même du second. La z-machine, ça ne peut servir qu’à étudier des états très comprimés et très brefs de la matière - en clair, à simuler des explosions nucléaires.


  • France-Iter 6 juillet 2012 12:58

    Proposons un autre titre à cet article salutaire :
    La machine ITER : un emblème de la naïveté Internationale en matière de recherche scientifique et technologique

    Il est clair que l’apport pour la région PACA, c’est la création d’infrastructures, certaines indispensables (ligne TER, lycée...), d’autres inutiles (élargissement des ouvrages d’art) aux frais du contribuable PACA.

    Maintenant, pour PACA, l’affaire ITER est terminée sur le plan budgétaire.
     Les emplois éventuels restent très hypothétiques, et concernent uniquement des emplois temporaires, apportant extrémement peu à la région Provence, qui vit surtout du tourisme.

     En ce qui concerne ITER comme projet de recherche scientifique appliquée, il est très inquiétant que des chercheurs spécialistes de cette discipline, surtout s’ils ne sont pas directement en contrat avec ITER, ne s’expriment pas dans le débat portant sur l’utilité, les chances de succès, le coût de ce projet, comparé à d’autres projets de recherches actuels,
    Des pressions fortes sont-elles exercées sur les établissements publics de recherche (universités, CNRS) par un autre grand établissement de recherche technologique français, et par l’Euratom au niveau européen ?

     Pourquoi cette Très Grande Infrastructure de Recherche n’a t-elle jamais été évaluée scientifiquement et technologiquement par une commission internationale indépendante, alors que des crédits publics lui sont attribués quasiment sans débat possible (Commission Européenne, Parlement Européen, Euratom, Etat Français, Région PACA, CNRS, CEA ....) ?

     Voilà la seule question importante pour ce projet.
     Lorsque vous aurez la réponse, tout sera si clair ...


    • Lord_Mahuf Lord_Mahuf 10 juillet 2012 17:57

      Vous en connaissez des scientifiques ? vous avez déjà discuté avec eux de la paie de chercheur en France ?

      Bientôt sur vos écrans, le complot du lobby des richissimes scientifiques de France


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