mercredi 10 septembre 2008 - par clostra

Les 5Ko irradiés de l’hôpital d’Épinal

Un compte tout rond, comme ces statistiques qu’on arrondit (on n’est pas à des broutilles près)… contre peut-être 5 à 10 Mo (M(eur)o) dans la poche d’une blouse blanche (et de quelques autres).

Un Tchernobyl pour quelques oublis.

Une république autonome comme il en existe quelques-unes dans cette noble institution qu’est l’hôpital public français.

Alors quelques questions à notre actuel ministre des Affaires étranges.


RESHUS (RESeau Hospitalier des Usagers) : une association créée à l’arrache dans les années 80, rassemblant des associations d’usagers d’hôpitaux, pour la représentation de tous les usagers actuels et potentiels dans l’hôpital, en appoint indispensable des associations de malades regroupés par pathologie, apportant elles, un éclairage sur la prise en charge de leur pathologie.

Ce réseau, dont on peut imaginer la difficulté à exister dans un milieu aussi hostile à l’administration, suspecté d’emblée par les uns et les autres d’avoir à choisir un camp (corps médical ou administration), souhaitant, a priori, tout connaître du fonctionnement de l’hôpital et apporter sa pierre à cet édifice destiné à les recevoir en période de demande d’aide (une mauvaise période pour constater des dysfonctionnements).

Des associations qui ont œuvré ou œuvrent encore dans des villes comme Montauban, Toulouse, Lyon, Evry, Bastia, Paris, sous des noms divers, incluant dans la majorité des cas « Association des usagers et amis », à l’instar de l’association précurseur : l’Association des usagers et amis de l’hôpital de Montauban dont l’historique mériterait d’être raconté en appoint de celle des irradiés d’Epinal, car elle lui ressemble étrangement. Pourtant, sa présidente a, grâce à son action, évité le pire.

Ces associations, généralement sans moyen, sont parties dans ces années-là, du constat qu’il n’existait pas de statut de l’usager dans l’hôpital. RESHUS s’est attelée à la rédaction d’une charte des droits des usagers dans l’hôpital, ajoutant au livret d’accueil, la reconnaissance que le malade est une personne qui n’abandonne pas ses droits en entrant dans ces lieux dits hospitaliers.

Une vaste campagne a été menée en 1991 auprès de toutes les grandes associations représentant les familles et les malades dont les UDAF, grâce à une subvention de la Fondation de France aboutissant à une véritable charte distribuée dans 26 départements, bien avant que cette charte, un peu modifiée, ne soit reprise par tous les hôpitaux.

Un travail titanesque à travers toute la France.

Dans la fin des années 90, RESHUS a présenté au ministère, à la santé, dont le secrétaire d’Etat était Bernard Kouchner, un projet de création du secrétariat général pour RESHUS. Ce dossier n’a jamais abouti comme nous l’avions pressenti lorsque la chargée de mission du ministère nous a vertement dit que nous n’étions pas assez, disons, intrusifs et que, malgré notre existence, la représentation des usagers dans l’hôpital était inexistante. Elle sous-entendait qu’il y avait au ministère un projet plus consistant.

Un décret est en effet paru, instaurant la représentation des usagers dans les Conseils d’administration des hôpitaux. Cette représentation existe. Généralement, ce sont les UDAF qui y siègent après agrément du préfet.

Or, les UDAF (Union départementale des associations de famille), parapubliques, gèrent des dossiers bien souvent en lien avec des décisions de justice, sous couvert de santé (exemple : les Curatel).

Peut-on dire qu’elles sont dans le champ d’action, de liberté de la majorité des usagers ? La question reste posée.


Ainsi, à l’hôpital d’Epinal, les usagers siégeaient par le biais de leurs représentants associatifs.


Alors apprenez-nous comment se passe dans la réalité la représentation des usagers dans les hôpitaux, si vous êtes libres de circuler, de vous informer, d’informer. Avez-vous accès aux républiques bananières dont nous ne savons trop qu’elles existent ici et ailleurs ? Qu’est-ce qui a changé depuis ces dernières années ?

Chez nous, à RESHUS, certains y ont laissé tous leurs loisirs durant des années.

Pour vous, que représente ce mandat ? Dites-le-nous, donnez-nous des exemples.






12 réactions


  • Halman Halman 10 septembre 2008 19:38

    Ko, kilo octets, kilo euros ?

    Mo, Méga octets, méga euros  ?


    • clostra 10 septembre 2008 23:42

      Les Ko sont déjà en eux-mêmes des approximations comme chacun sait ou ne sait pas sous entendu des personnes KO (5 décès tout de même) ou 5 kilopersonnes.

      De nous fournir un chiffre rond (d’ailleurs tantôt 5000, tantôt 5500) ajoute à l’indécence...On aurait pu dire même 5000 unités.

      Quand on tombe sur des chiffres ronds comme ça on imagine le pire.

      Une forme d’ironie.

      Cette précision me permet ici de m’associer à toute la gamme de sentiment que doivent ressentir tous ces malades et leurs familles.




    • Leekid 10 septembre 2008 23:49

      @ l’auteur :

      sous entendu des personnes KO (5 décès tout de même) ou 5 kilopersonnes.

      5 décès ? Ou 5000 ? Kilos de plumes ou kilo de plomb ? Lapin compris.


    • clostra 11 septembre 2008 00:08

      5 décès, 5000 ou 5500 irradiés, c’est selon (à la TV c’était 5000, sur Internet, généralement 5500)

      voilà pour les kilos de plumes et les kilos de plomb


    • clostra 11 septembre 2008 00:38

      La colère passée, on tente de comprendre comment des personnes qui ont fait des études pour soulager la souffrance et les maladies, peuvent ne pas mettre en place -y compris dans leur structure mentale- des autocontrôles redondants au point d’être sûrs de ce qu’ils font, ou administrent.

      J’ai été frappée dans la presse d’entendre qu’il s’agissait d’un "radiophysicien" ce qui, me semble-t-il n’a plus grand’chose à voir avec un médecin ? autre question. Esprit d’escalier : imaginez, demain, une petite erreur au CERN...Je connais une physicienne qui, après coup, a bouclé ses études de médecine...

      Enfin, oui, les radioéléments...côté INSERM...ces gants qu’oublie le responsable de la radiactivité après une iodation et qui appuie sur les boutons de l’ascenseur...

      Les nouveaux équipement de médecine nucléaire prévoient des bassins de décantation...

      Quant à l’intérêt sur les questions de santé, nous nous trouvons là dans les formes les plus archaïques qui soient, aux frontières de la pensée magique, souvent prêts à conjurer le sort. Quand la réalité s’impose, comme dans le cas présent, c’est une autre affaire.

      Dans les entreprises actuelles, il y a un responsable qualité qui peut à tout moment présenter des documents à la demande de son client et se les faire expliquer. Encore faut-il qu’ils existent...



  • Bobby Bobby 10 septembre 2008 20:47

    Bonsoir,

    Votre article me paraît partir d’une bien bonne idée... apparament peu suivie.

    Il me semble pourtant que tout pouvoir devrait être contrebalancé par un contre-pouvoir qui ait le droit et les moyens de jouer son rôle.

    Là ou ce contre pouvoir n’existe pas, c’est la porte grande ouverte à n’importe quoi ! on se souviendra de "Vol au dessus d’un nid de coucous" !

    Il vous faudra probablement bien du talent pour vous faire reconnaître.

    Bonne chance !


    • clostra 11 septembre 2008 00:05

      La demande que nous avions faite auprès du ministère était destinée à développer ces associations sur tout le territoire, à assurer une formation, à élaborer une stratégie commune.

      Peu suivie : oui c’est vrai, il faudra un jour en faire l’analyse : une des associations de RESHUS (Santé Défense) aujourd’hui dissoute par manque de moyens, et l’espoir aussi que les structures compétentes (il existe désormais une formation spécifique pour les avocats), la charte du malade hospitalisé (une grande victoire), prennent le relais, cette association, donc, croulait sous les dossiers d’expertise (la question étant de la part de ces personnes : "ai-je le droit de me plaindre et des chances d’être entendu sur les éléments de mon dossier ?"). Ces personnes devenaient bien conscientes que si elles s’étaient intéressées au fonctionnement de l’hôpital, avant, elles n’auraient sans doute pas subi de préjudice.

      Il n’est pas raisonnable de terroriser toute une population. Pourtant, nous savions que d’immenses affaires allaient voir le jour : maladies nosocomiales, vaccins, certains médicaments, certains services...etc

      Mais la représentation des usagers est maintenant instituée, ce qui est également un espoir.

      La question reste donc : que font les usagers siègeant dans les Conseil d’Administration pour les usagers dans l’hôpital ? (ce qui permet également de dire que d’autres siègent pour les usagers : élus municipaux etc).

      Que la Santé soit vue sous l’angle financier par les représentants des financeurs, d’accord, encore que. Mais que des représentants d’usagers soient pris dans la même logique : non !

      A l’hôpital d’Evry, un chef de service s’est permis de nous dire que nous ferions mieux de nous occuper d’empêcher les jeunes de faire des grafitis sur le murs. Par contre, les dépenses de son somptueux bureau n’avaient pas prévu que les toilettes publiques n’étaient pas accessibles aux fauteuils des personnes handicapées.

      Oui : il faut être là, présents. Rappeler la mission première de l’hôpital. Rappeler que l’usager est au centre du dispositif.


  • krolik krolik 10 septembre 2008 23:03

    Mais les associations, si elles avaient pu intervenir n’auraient jamais eu les moyens / la qualification de détecter les graves distorsions au fonctionnement de ce service à Epinal.

    A la suite de Carcassonne des têtes sont tombées rapidement.
    A la suite d’Epinal on attend encore les déclarations spectaculaires.

    Il est certain que l’ASN n’a pas fait son boulot. Le service a été contrôlé combien de fois en 5 ans ? Le retour des documentations contractuelles à l’ASN ?

    Mais le problème de l’ASN c’est qu’elle suit les actions médiatiques des anti-électronucléaire et elle oublie que les endroits où il se situe le plus de rayonnement / radiation, ce sont les hôpitaux.
    Lorsque l’on fait un survey en hélicoptères des rayonnement existants dans une ville, on arrive directement sur les hôpitaux, les égouts...
    Un nuage de Tchernobyl du point de vue de l’iode 131 c’est 36 heures de fonctionnement des hôpitaux français.
    Donc l’ASN se fait malheureusement "ballader" par les anti-électronucléaire qui n’ont d’ailleurs rien à faire des radiations généreusement distribuées à la population dans les hôpitaux.
    D’ailleurs vous aurez noter que pour un accident nucléaire, le plus grave du nucléaire civil dans le monde, le silence assourdissant des anti-nucléaires.

    A l’époque le Pr Pellerin avait interdit, fait mettre au rebut les 20 000 appareils de radioscopie fixes ou mobiles On allait se faire examiner les poumons torse nu. Ah les patients ne risquaient pas grand’chose, mais les opérateurs à la fin de la journée s’étaient pris une bonne dose. Et la radiodermite est une maladie professionnelle encore très courante du fait des pratiques d’il y a 30 ans. Maintenant on ne fait plus de radioscopie.

    Mais Pellerin était un toubib, il avait le sens de l’essentiel, de l’important. Alors qu’à la direction de l’ASN, c’est plutôt le royaume des X-mines et de la grosse ferraille.
    Et l’ASN dit maintenant que pour redresser la situation dans le médical en France il y en a pour plusieurs années...

    Cette affaire d’Epinal n’intéresse pas grand’monde, il n’y a qu’à voir le nombre de commentaires, ça ne s’agite pas. Alors qu’un article sur les pollutions de Tricastin a suscité tout de même 440 commentaires.

    Un accident dans une centrale avec 22 morts et des milliers de blessés mais cela serait devenu une affaire nationale, stratégique, cinq articles par jour sur AV pendant des mois..

    Il n’y pas les morts acceptables par irradiation et les morts inacceptables par d’autres irradiations.

    Très bon article.

    Bon courage.

    @+


  • Valou 11 septembre 2008 10:01

    C’est malheureusement généralement les plus ambitieux qui siègent au sommet, et ce genre de personne par définition pense à elle-même plutôt qu’aux autres...


    • clostra 11 septembre 2008 10:20

      Bonjour VALOU

      Cet article est sous la bannière de la Citoyenneté, ce qui signifie que ensemble on peut faire de grandes choses.

      Et surtout, nous occuper de ce qui nous est le plus cher : la santé de ceux que nous chérissons.

      Comme me disait un ami : le pouvoir n’est jamais vacant.

      Imaginez le pouvoir de certains, lorsque pas plus tard que l’an dernier le Président du Conseil de l’Ordre des médecins déclarait qu’il ne recevait que 10 plaintes (et encore) par an.


    • clostra 11 septembre 2008 11:58

      Pour ceux que le sujet intéresse et qui voudraient, malgré tout, juger également des efforts de transparence sur ces sujets aussi épineux et douloureux, il est possible de télécharger un document pas trop indigeste à l’adresse suivante

      http://www.sante.gouv.fr/drees/etude-resultat/er398/er398.pdf





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