lundi 1er octobre 2012 - par CHALOT

Les contrats d’avenir...pour quel avenir ?

Quand les emplois jeunes ont été créés, beaucoup d'associations ont "joué le jeu" : les contrats étant de cinq ans et sur des nouvelles fonctions, les risques de dérapage étaient limités.

Dans une association que je connais bien les quatre emplois jeunes ont été placés sur la grille de la convention collective, tous ont été maintenus en poste à l'issue de leur contrat ou ont obtenu avec l'aide de leur employeur un CDI dans une autre "entreprise".

Il s'agissait là de l'application d'une convention entre l'Etat el l'association...Les emplois jeunes obtenaient quelques protections même si ce dispositif présentait des insuffisances.

Pour les contrats d'avenir, il y a plus que des insuffisances.

Les contrats d'avenir  !

C'est un sujet qui divise les « progressistes » et militants du mouvement social : s'agit-il là d'une avancée ou d'une machine à précariser ?

Pour les associations, c'est un appel d'oxygène puisqu'elles vont pouvoir recruter du personnel à moindre coût durant une période de trois mois.

Oui mais que ce passera t-il à l'issue de cette période ?
Pourquoi l' Etat ne prévoit-il pas une aide dégressive importante permettant le maintien en poste ?

Pour les collectivités territoriales et les associations, ne risque t-on pas de voir des emplois d'avenir se substituer aux emplois existants ?

Poser la question, c'est y répondre ! En effet alors qu'un député avait proposé lors de la réunion de la commission des affaires sociales de « limiter les emplois d'avenir aux seules activités nouvelles », le rapporteur a émis, au nom du gouvernement, un avis défavorable.

Tous les tours de passe passe sont possibles !

L'obligation d'embauche est -elle portée à trois ans

Nenni ! Il s'agit d'un CDD d'un an renouvelable jusqu'à trois ans...

La prime de 10% de précarité de 10% est-elle prévue ?

Non, c'est un contrat dérogatoire au contrat de travail !

N'y a t-il pas un risque de voir s'installer notamment dans la fonction publique , un système d'emplois kleenex : on embauche des jeunes trois ans, on les remercie au bout de trois ans et ensuite on en reprend d'autres ?

Une députée apparentée communiste a déposé l'amendement visant à « empêcher des employeurs d'embaucher successivement tous les trois ans plusieurs jeunes en contrat emploi d'avenir sur un même poste de travail »

Cet amendement est rejeté

Et la formation ?

L'obligation d'offrir à ces jeunes une formation conséquente est par là -même rejetée.

L'ensemble de la majorité de gauche a voté au Sénat pour le texte sauf le CRC (communiste) qui s'est abstenu.
Il reste des questions sans réponse, des inquiétudes quant à l'avenir de ces jeunes notamment à l'issue de leur contrat et des risques pour l'avenir en ce qui concerne le statut de la Fonction Publique.
Monsieur Michel Sapin, ministre du Travail, de l'Emploi et du Dialogue Social n'a t-il pas, lui même
avoué son intention quand il a déclaré devant le Sénat le 18 septembre : « Les collectivités territoriales ont une opportunité de gestion sérieuse des futurs départs en retraite » !?

Jean-François Chalot



10 réactions


  • jaja jaja 1er octobre 2012 11:12

    Bonjour Chalot,

    "Pour les collectivités territoriales et les associations, ne risque t-on pas de voir des emplois d’avenir se substituer aux emplois existants ?"

    C’est bien là qu’est le problème ! ces 150 000 emplois précaires et sans avenir se font en remplacement des 350 000 destructions d’emplois programmées (2.5% d’emplois en moins chaque année de 2013 à 2015 dans tous les secteurs où intervient l’état)....

    Ces emplois d’avenir serviront avant tout à casser le droit du travail, le CDI et le tout avec des salaires de merde pour les jeunes...

    On s’était battu contre la précarisation des jeunes lors du CPE et aujourd’hui à l’Assemblée nationale c’est toute la gauche (PS-PC-PG-Verts) qui a voté cette saloperie...

    Ras-le-bol du discours plus gauche que moi tu meurs pour faire tout le contraire dans les institutions...

    A bas les contrats d’Avenir ! Le CDI est la seule forme de travail acceptable !


  • CHIMERE 1er octobre 2012 11:24

    Emplois d’avenir = C.P.E. remaquillés


    Merci les traitres du parti « socialiste ».....

    Mais la roue tourne....et tout finit par se payer.....

    •  C BARRATIER C BARRATIER 1er octobre 2012 18:03

      En attendant c’est le chômeur qui souffre.
      Le CPE touchait au contrat de travail, pas les contrats d’avenir.
      Les embauchés dans des emplois aidés ne sont pas de votre avis, ils ont remis le pied à l’étrier.
      Ce type d’accès au travail a fait ses preuves.
      Certes, je ne m’intéresse qu’au demandeur dans la détresse, pas au problème général du chômage de base. Il s’agit de venir au secours de quelqu’un qui est là près de vous et qui se noie. Pas de changer la France ni le monde...Paradoxe, c’est peut être une voie pour changer la France et le monde :
      En table des news :

      « Cellule emploi : le pied à l’étrier »

       http://chessy2008.free.fr/news/news.php?id=218


    • jaja jaja 1er octobre 2012 18:17

      Tous les bien nourris vont faire l’apologie de ce système inique qui est bien un contrat précaire et sous-payé....

      Quelle honte !


  • ZenZoe ZenZoe 1er octobre 2012 12:07

    D’accord avec les commentaires ci-dessus.
    En fait, il y a deux points de vue sur le pb du chômage de masse, et partant de là, deux stratégies :
    1) Le point de vue responsable : on veut que tous tous ceux qui le veulent et le peuvent aient un vrai boulot, durable et payé correctement si possible. On construit un vrai plan de relance pour que les boites se créent et se développent, et en contrepartie on exige des contrats dignes de ce nom pour tous.
    2) Le point de vue politique : on veut balayeur les chômeurs sous le tapis, et hop. On échafaude alors des tours de magie (stages, contrats aidés, formations cul-de-sac, programmation informatique favorisant les radiations, manipulation des catégories de chômeurs et des chiffres).
    Y’a pas photo, les électeurs sont bien moins sots et bien plus informés que nos dirigeants le pensent. Ils se rendent bien compte que le 2ème point de vue manque d’efficacité. Qu’on nous le resserve quinquennat après quinquennat est un vrai mystère !


  • eric 1er octobre 2012 12:30

    Bien d’accord, c’est une arnaque, elle est extremement couteuse, elle est inefficace.


  •  C BARRATIER C BARRATIER 1er octobre 2012 17:30

    L’expérience que j’ai de l’emploi de jeunes financé par l’Etat porte sur les années 1985-1995. J’avais à diriger de gros lycées, avec de gros besoins de sécurité des abords, d’encadrement des restaurants scolaires, d’ouverture tardive du Centre de documentation (porté jusqu’à 20 h pour le plus grand bonheur des nombreux et nombreuses internes), d’activités pour les jeunes sans cours..etc... J’ai eu jusqu’à 55 jeunes en même temps. Répartis dans tous les services. Pour le plus grand bien du lycée et de ses usagers, et pour le plus grand bien de ces jeunes...qui très majoritairement ont trouvé du boulot ensuite.

    Car chacun avait un tuteur (tutrice) (comptable, secrétaire, magasinier, conseiller d’éducation, documentaliste, jardinier, factotum, infirmière, cuisinier, distribution des repas...) qui l’initiait et obtenait des choses qui paraissent évidentes :
    Etre propre y compris côté cheveux
    Arriver à l’heure
    Ne pas utiliser un langage familier mais celui d’un milieu d’éducation.
    Pas de tutoiement
    Boulot boulot, sans machouiller ni sortir hors du lycée pour fumer pendant le temps de service. On est là pour bosser et fournir un travail irréprochable sans traîner.
    Noter les difficultés rencontrées et en discuter avec le tuteur
    Participer à une séance d’évaluation et si possible à des formations (en langues avec une classe, en dehors du temps de service ; en natation avec préparation du brevet de surveillant de baignade ; en informatique ; en premier secours etc...formations qui ne coûtaient rien puisque les volontaires s’ajoutaient aux groupes scolaires ou non en formation)

    Pour gérer tout ce monde (déclarations, paye...) un jeune précaire dont c’était le job avec son tuteur.

    Peu à peu ils croyaient en eux. Parfois changeaient de service.
     Des embauches réussies au bout.

    Je ne suis pas sûr qu’ils y seraient arrivés directement par le Pôle emploi. Et on ne leur disait plus qu’ils manquaient d’expérience, nous leurs fournissions les attestations de travail !

    Certains ont même pu faire un petit diplôme.

    J’ai appris plus tard que j’aurais dû avoir un comité d’entreprise, car ils n’étaient pas fonctionnaires (dans la fonction publique cela n’existe pas, il y en a dans les établissements privés). Nous aurions pu en faire un, cela aurait été utile à leur apprentissage du travail

    Tous les chemins peuvent mener au travail, sauf celui d’attendre sans rien parce qu’on ne trouve rien. Là on s’enfonce ! Et il est ensuite difficile de s’y mettre, et le CV avec un grand vide entre la scolarité et la candidature à un emploi dissuade tout employeur (qui a le choix) de s’intéresser à ce candidat là.

    On parle d’apprendre un métier, là il s’agissait d’apprendre à travailler, le métier venait après et tout seul.

    Alors observons et surtout occupons nous de ceux qui vont accueillir ces « contrats d’avenir » qui devront quelque part être des éducateurs.


    • foufouille foufouille 1er octobre 2012 20:09

      "en langues avec une classe, en dehors du temps de service ; en natation avec préparation du brevet de surveillant de baignade ; en informatique ; en premier secours etc...formations qui ne coûtaient rien puisque les volontaires s’ajoutaient aux groupes scolaires ou non en formation"

      deja hors la loi, vu que la formation devait etre reel
      a cette epoque j’y ait eut droit dans une petite, tres petite maison pour tous
      c’est pas une question de pognon


  • CHALOT CHALOT 1er octobre 2012 18:37

    Je suis d’accord avec JAJA Mais ce que je souhaite puisque le texte est voté c’est qu’il y ait
    un code de « bonne conduite » de la part des employeurs associatifs et municipaux qui utiliseront ces emplois


    • foufouille foufouille 1er octobre 2012 20:11

      un code de « bonne conduite » n’engages personne
      une loi est meme pas applique (pole emploi compris)


Réagir