Les inepties, mensonges et manipulations des ’Brexiters’ et autres populistes
L'assassinat de la députée Jo Cox, sous les cris de "Britain first !" [19] n'aura donc pas suffi à ouvrir les yeux de beaucoup d'électeurs britanniques, sur les aberrations des arguments utilisés par le camp du Brexit.
Mais une seule journée après le référendum, la chute brutale de la livre (au plus bas depuis 1985, perdant plus de 10% par rapport au dollar [20]), et les chutes des bourses européenes et des banques britanniques ont probablement commencé à déciller les yeux anglais, à qui les Brexiters avaient annoncé qu'il ne se paserait rien de grave, et que les avertissements de Cameron ne visaient qu'à créer chez eux la peur, totalement infondée selon eux [21] [22]
Les premiers revirements des Brexiters, <br>du fait de positions intenables
Sans compter les premiers revirements des Brexiters (Brexit : le leader de l'Ukip avoue déjà qu'une promesse du camp du "Leave" est intenable, ("That was one of the mistakes made by the Leave campaign.”) [23] et les premières déclarations de Boris Johnson qui laissent entendre qu'il veut gagner du temps, beaucoup de temps [24], ainsi que celle de Cameron, qui veut attendre octobre pour que le Royaume Uni envoie la fameuse lettre demandant le déclenchement de l'article 50. [25]
A propos de revirements, faut-il rappeler que Boris Johnson était il y a peu un fervent partisan de l'appartenance britannique à l'UE [26] En 2015 : "Nous ne pouvons pas quitter l'Europe, nous faisons partie du continent Européen. .. Nous faisons de plus en plus partie de l'Europe, psychologiquement". [27]
Rappelons aussi les inepsies, affirmations dénuées de fonfement et formules à l'emporte pièce de Boris Johnson, récentes :
- "Donnons à la Sécurité sociale les 350 millions de livres sterling que nous donnons à l'UE chaque semaine" (voir ci-dessus la déclaration de Nigel Farage, selon laquelle c'était une des erreurs faites lors de la compagne en faveur du Brexit.)
- "l'UE se comporte comme Hitler" [28]
ou plus anciennes :
- "Si vous votez conservateur, votre femme aura de plus gros seins, et vous augmenterez vos chances d'avoir une BMW" [29]
Des Brexiters de plus en plus nombreux pour demander un nouveau vote !
Tant et si bien que de plus en plus d'électeurs pro Brexit se mettent signer la pétition en faveur d'un nouveau référendum ! (3 millions de signature dimanche 26 juin à midi) [30].
"Le profil de l'auteur de la pétition (William Oliver Healey),est en effet très intéressant… puisqu'il s'agit d'un pro-Brexit !" "Cette pétition avait été postée le 25 mai, donc bien avant les résultats du vote. Ce qui explique que le texte évoque la victoire du "remain" ou du "leave". Sauf que le vote en faveur du Brexit, jeudi, n'a justement recueilli que 51,9% des voix, pour une participation de seulement 72% des inscrits !" [31]
"Pris à partie par ses amis pro-Brexit depuis que sa pétition a, contre sa volonté, explosé les compteurs, le jeune homme, étudiant en sciences politiques à l'Université De Montfort, à Leicester en Angleterre, répète inlassablement sur son compte Facebook que "la pétition a été créée il y a plus d'un mois, quand il était encore improbable que le 'leave' gagne le référendum" ! "
Mais il est bien sûr trop tard, et un nouveau vote semble bien improbable ! Ce qui en revanche n'exclut pas des changements importants au niveau politique lors de élections législatives anticipées, qui pourraient bien avoir lieu en septembre octobre 2016, pour trancher les délicates questions à venir (75% des députés britanniques étaient en faveur du "Remain"),
Et ce référendum pourrait bien signifier aussi la fin du Royaume Uni, avec la volonté des Ecossais de prendre leur indépendance par rapport à un Royaume qui est de moins en moins Uni, pour pouvoir rester dans l'UE ! : " Brexit will rather lead to the end of the UK than of the EU" [32]
C'est quand la mer se retire qu'on voit ceux qui sont à poil
Bref, "c'est quand la mer se retire qu'on voit ceux qui nageaient sans maillot" [33] ! Cette citation du légendaire investisseur Warren Buffett se révèle très appropriée à propos des "leaders" Brexiters (si l'on peut nommer ainsi les tenants manipulateurs et très politiciens du Brexit) !
Car si quelque chose est bien clair, c'est que Boris Johnson a choisi le camp du Brexit pour espérer remplacer David Cameron au 10 Downing Street ! Cynisme récompensé par les huées des jeunes britanniques lorsque B. Johnson sortait de son domicile. [34] [35]
La citation est également très appropriée pour les escrocs en tout genre, comme l'
Cette affaire Madoff présente d'ailleurs de nombreuses analogies avec les mensonges et manipulations, répétés depuis des dizaines d'années, par les populistes, nationalistes et autres frontistes : "Le scandale Madoff aurait pu éclater dès 1992" : "Ces 16 dernières années, 6 plaintes ont été déposées contre le financier auprès du gendarme de la Bourse américaine (SEC) qui n'a pourtant rien fait.... « Bien que trois examens et deux inspections aient été effectués, aucune inspection ni examen minutieux et compétent n'a jamais été réalisé »
"A un moment, Madoff a même été pris en flagrant-délit « de mensonge et de déformation des faits », mais les enquêteurs n'ont pas insisté et ont accepté ses explications. De même, quand, en 2004 et 2005, la SEC découvre « avec surprise » que le business de Madoff avec les fonds spéculatifs (hedge funds) gagnait beaucoup plus d'argent que la meilleure société du marché, personne ne trouve rien à redire." Face à cet embarrassant déballage, la présidente de la SEC, Mary Schapiro, n'a pu que faire son mea culpa. « C'est un échec que nous continuons à regretter », a-t-elle réagi, en reconnaissant toutes les occasions manquées de confondre Bernard Madoff
Les tabloïds britanniques (Le Sun notamment, du magnat australien de la presse Robert Murdoch), n'ont-ils pas répété jour après jour des inepsies et énormes contre-vérités au sujet de l'UE ? "The Sun" rappelé à l'ordre pour avoir affirmé que la reine Elizabeth II prônait le Brexit. Et le tabloïd a refusé de présenter ses excuses. [36]
Une bonne partie des médias français n'a-t-elle pas laissé faire, au sujet des aberrations proférées par les populistes de tout poil ; notamment en ne parlant que de ce qui va mal, et en ne mentionnant que rarement les bénéficies de la construction européenne ?
Les hommes politiques d'une bonne partie des pays européens, et notamment la France, n'ont-ils pas trouvé très confortable d'affirmer haut et fort (plus c'est gros et plus ça passe !), depuis des années : quand cela va bien, "c'est grâce à moi", quand cela va moins bien "c'est de la faute de l'UE, de la Commision, de Bruxelles... ! " ? Et ce alors même que la plupart des décisions avaient été prises par ces mêmes 'responsables' politiques, ou leurs leaders, à Bruxelles !
Une UE qu'il faudra bien améliorer de façon drastique
Que les choses soient claires ! Bien sûr tout n'est pas parfait avec l'UE. Qu'il y ait des progrès à faire, c'est bien évident, d'autant que le processus de construction européenne s'est arrêté il y a 10 ou 15 ans.
Rappelons nous : lorsque l'UE faisait face à l'élargissement et au tout aussi nécessaire approfondissement (à 6 la règle de l'unanimité fonctionnait très bien avec le Marché Commun, à 12 ou 15 cela devenait très difficile), les dirigeants des pays européens ont refusé l'obstacle, et ont laissé faire l'élargissement, facile, alors qu'il était très clair que ce qui ne fonctionnait pas bien à 12 ne pouvait pas fonctionnner correctement à 25 ou 30, comme par magie !
Donc il faudra bien améliorer de nombreux aspects, mais de là à :
- comparer la démarche de l'UE avec celle d'Hitler... (B. Johnson)
- affirmer des chiffres totalement fantaisistes sur ce que coûte l'appartenance à l'UE, sans parler de tout ce que l'UE apporte (B. Johnson, Nigel Farage)
- prétendre qu'il serait possible au R.U. d'obtenir un accord du type de celui qu'a la Norvège ou la Suisse avec l'UE, sans dire que ces pays payent des milliards à l'UE à cet effet...
- prétendre à un tel accord du genre Norvège UE, sans dire que la libre circulation des personnes est au coeur de cet accord, alors que cette libre circulation a été fermement contestée par les Brexiters !
- affirmer que les jeunes britanniques pourraient bénéficier des échanges Erasmus, sans dire que cela se fera nécessairement à un coût pour les contribuables britanniques...
il y a un fossé, que seuls les populistes, nationalistes, frontistes peuvent oser franchir (plus c'est gros, plus ça passe) !
En revanche, il faudra bien à certains dirigeants de pays de l'UE repenrdre les choses en main, pour reprendre le travail interrompu il y a 15 ans, afin de dépasser la crise relative aux migrants et permettre à l'Europe de tenir son rang par rapport à l'inéluctable montée en puissance des pays émergents (Chine, Inde, Brésil, Turquie, etc.) !
Cette crise du Brexit est donc une fantastique opportunité pour l'UE (rappelons-nous qu'en Japonais, "crise" s'écrit en deux kanjis : "danger", et "opportunité"), à condition que les dirigeants européens se révèlent (enfin !) à la hauteur de leurs responsabilités, historiques !